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Acte commis sous l’emprise de l’ivresse

Qualification juridique de l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse

Le terme « infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse » (Rauschtat) est issu du droit pénal allemand et désigne la commission d’une infraction alors que l’auteur se trouve dans un état de trouble profond de la conscience dû à l’alcool ou à d’autres substances enivrantes. Cet état peut conduire à une altération significative, voire à une abolition totale de la capacité de culpabilité au sens des §§ 20 et 21 du Code pénal allemand (StGB).

Les aspects juridiques, conditions, conséquences, et dispositions particulières liés à l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse seront présentés ci-après de manière structurée et détaillée.


Définition et conditions légales de réalisation

Explication du terme

On entend par infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse la réalisation d’un élément constitutif d’infraction par une personne qui, en raison de la consommation de substances enivrantes – notamment l’alcool, mais aussi des stupéfiants ou des médicaments –, se trouve au moment des faits dans un état de trouble profond de la conscience. Ce qui importe, c’est que cet état réduise, selon son intensité, la capacité de culpabilité de l’auteur ou la supprime complètement.

Normes applicables

Le Code pénal allemand (StGB) règlemente les effets d’une infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse en particulier aux §§ 20 et 21 concernant la capacité de culpabilité, ainsi qu’au § 323a (“ivresse totale”) à titre de norme subsidiaire. Des règles complémentaires figurent dans la loi sur la justice des mineurs (JGG) pour les jeunes majeurs, et dans la loi sur les stupéfiants (BtMG) en cas d’intoxication aux stupéfiants.


Impact sur la capacité de culpabilité

Abolition de la capacité de culpabilité (§ 20 StGB)

Quiconque commet une infraction dans un état d’abolition totale de la capacité de compréhension ou de contrôle n’est pas pénalement responsable conformément au § 20 StGB. La condition préalable est qu’un état d’exception biologique et psychologique, induit par l’ivresse, supprime la capacité à comprendre l’injustice ou à agir selon cette compréhension.

Capacité de culpabilité diminuée (§ 21 StGB)

Lorsqu’une personne commet une infraction alors que sa capacité de contrôle est significativement, mais non totalement, altérée, il y a diminution de la capacité de culpabilité (§ 21 StGB). Le tribunal peut alors atténuer la peine. Cela requiert un examen attentif au cas par cas, le cas échéant accompagné d’une expertise médico-légale psychiatrique.


Conséquences pénales et particularités

État d’ivresse provoqué intentionnellement ou par négligence

Une infraction commise sous l’emprise d’un état d’ivresse présente un intérêt particulier en droit pénal lorsque l’auteur s’est mis dans cet état intentionnellement ou par négligence. La jurisprudence distingue entre les états d’ivresse imputables et non imputables à l’auteur. Celui qui provoque sciemment un état ayant une portée pénale ne peut invoquer son irresponsabilité pénale.

Norme subsidiaire : ivresse totale (§ 323a StGB)

Le législateur a créé avec le § 323a StGB la notion de « Vollrausch » (ivresse totale) à titre de norme subsidiaire. Celle-ci vise à combler les lacunes pénales qui surviennent lorsqu’une personne commet un acte illicite dans un état d’irresponsabilité pénale selon § 20 StGB, mais ne peut être sanctionnée au titre de l’infraction principale pour cause d’irresponsabilité. Les conditions de la responsabilité pénale selon § 323a StGB sont les suivantes :

  • Se mettre dans un état d’ivresse
  • Commettre une action illicite conforme à une incrimination pendant l’état d’ivresse
  • Incapacité pénale en raison de l’état d’ivresse

La peine applicable correspond à celle prévue pour l’infraction qui aurait été réalisée dans un état de pleine capacité pénale.

Tentative, participation et négligence

Dans le cas d’une infraction sous l’emprise de l’ivresse, la tentative, l’instigation, la complicité et la commission par négligence peuvent aussi avoir une pertinence juridique au cas par cas. Ce qui importe, c’est le degré de la capacité de contrôle ainsi que l’existence des éléments subjectifs et objectifs de la situation.


Concours et questions de distinction

Distinction avec l’actio libera in causa

L’actio libera in causa (« action libre dans la cause ») doit être distinguée de l’infraction classique sous l’emprise de l’ivresse. Dans le cas de l’actio libera in causa, la transférabilité de l’imputabilité à un moment antérieur à l’état d’ivresse fonde la responsabilité pénale. Celui qui s’enivre volontairement pour commettre ultérieurement une infraction dans un état d’irresponsabilité peut alors, selon les règles générales, être puni pour l’infraction principale et non uniquement selon § 323a StGB.

Concours avec d’autres infractions d’ivresse

Toute infraction commise sous l’emprise d’un état d’ivresse ne conduit pas nécessairement à une absence de responsabilité pénale. Il convient d’examiner soigneusement au cas par cas le concours entre la responsabilité pour l’infraction principale en tenant compte des §§ 20, 21 StGB et celle prévue par § 323a StGB.


Ivresse et conséquences civiles

Capacité délictuelle

En droit civil, un état d’ivresse entraînant une perte de la capacité de discernement peut également affecter la capacité délictuelle (§ 827 BGB) et donc la responsabilité pour les dommages. Celui qui se met volontairement en état d’ivresse et devient ainsi incapable d’être tenu responsable reste néanmoins tenu à réparation selon le § 827 phrase 2 BGB.


Prévention, contrôle et pertinence sociale

Le législateur considère que l’application cohérente et l’interprétation rigoureuse des dispositions relatives aux infractions sous l’emprise d’un état d’ivresse constituent une contribution essentielle à la sécurité publique et à la dissuasion contre la mise en danger de soi aux conséquences potentiellement dangereuses pour autrui.


Résumé

L’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse constitue une notion juridique complexe et étendue régissant la responsabilité pénale liée aux états d’ivresse. Alors que le degré de capacité de culpabilité doit être déterminé au cas par cas selon les §§ 20 et 21 StGB, le § 323a StGB prévoit une infraction subsidiaire pour la situation d’ivresse imputable à soi-même. Les conséquences pénales et civiles d’une telle infraction sont clairement définies et servent aussi bien des objectifs de prévention spécifique que générale.


Référence bibliographique :

  • Fischer, commentaire du StGB, sur §§ 20, 21, 323a StGB
  • LK-StGB, commentaire à feuillets mobiles, sur les §§ 20 ss., 323a StGB
  • BGHSt 43, 66 – Arrêt de principe sur § 323a StGB

Références :


Grâce à sa réglementation claire, l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse est aujourd’hui un concept central dans l’appréciation pénale des délits commis sous l’influence de l’alcool ou d’autres substances enivrantes.

Questions fréquentes

Comment l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse se distingue-t-elle de l’acte commis en état de capacité de culpabilité diminuée ?

L’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse est, en droit pénal allemand, un cas particulier où l’auteur commet une infraction sous l’effet d’un état d’ivresse, provoqué par la consommation d’alcool ou d’autres substances enivrantes (§ 323a StGB). Il est notamment décisif que l’auteur ait perdu sa capacité de culpabilité (le plus souvent aux §§ 20, 21 StGB) car il s’est mis dans cet état. Par opposition, l’état de capacité de culpabilité diminuée (§ 21 StGB) désigne une situation où l’auteur souffre d’une atteinte importante de sa capacité de contrôle ou de discernement, sans pour autant être totalement irresponsable. En cas d’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse, la poursuite selon § 323a StGB (« Vollrausch ») est souvent envisagée si l’auteur s’est mis intentionnellement ou par négligence dans un état d’ivresse et commet dans cet état un fait déclencheur qui ne peut pas être prouvé subjectivement. Pour la capacité de culpabilité diminuée, la sanction principale peut en principe être prononcée avec éventuellement une atténuation de peine.

Quelles sont les conditions pour la responsabilité pénale selon le § 323a StGB (« ivresse totale ») ?

Plusieurs conditions doivent être réunies pour qu’il y ait responsabilité pénale conformément au § 323a StGB : Premièrement, l’auteur doit s’être mis dans un état d’ivresse par la consommation de substances enivrantes. Il n’est pas nécessaire que l’auteur ait visé précisément le degré d’ivresse ; la négligence suffit. Deuxièmement, dans cet état, une infraction illicite punissable par la loi (l’« infraction déclencheur ») doit avoir été commise. Il est essentiel que, du fait de l’ivresse, l’auteur soit dénué de responsabilité au sens des §§ 20, 21 StGB, de sorte qu’il ne puisse être sanctionné pour l’infraction déclencheur elle-même. Troisièmement, il doit exister un lien temporel et causal entre l’état d’ivresse et la commission de l’acte. L’acte doit être objectivement répréhensible et non simplement dans l’imagination de l’auteur. Subjectivement, il suffit que l’auteur ait intentionnellement ou par négligence provoqué son état d’ivresse.

Quelle est la situation juridique si une personne se met volontairement dans un état d’ivresse ?

Celui qui se met volontairement dans un état d’ivresse et commet une infraction dans cet état peut être sanctionné en vertu du § 323a StGB (« ivresse totale »), dès lors qu’un acte illicite a été commis pour lequel l’auteur ne peut pas être tenu pénalement responsable en raison de son ivresse. Cette disposition vise principalement à combler les lacunes pénales : si l’auteur n’était pas ivre, il pourrait être pénalement responsable – mais comme il est devenu irresponsable du fait de l’auto-intoxication, le § 323a StGB joue alors ce rôle subsidiaire. Il est aussi important de noter que la responsabilité au titre du § 323a StGB est exclue si l’état d’ivresse est involontaire, par exemple en raison d’une contrainte ou d’une tromperie.

Quelle est la portée de l’« infraction déclencheur » dans le cadre de l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse ?

L’« infraction déclencheur » est l’infraction commise pendant l’état d’ivresse. Elle est déterminante pour la responsabilité pénale selon le § 323a StGB, car ce dernier suppose qu’un acte puni par la loi (l’infraction déclencheur) ait été commis sous ivresse. Toutefois, il n’est pas question de sanctionner l’auteur pour l’infraction déclencheur elle-même, puisqu’il n’est pas responsable pénalement ; le § 323a a ainsi une fonction subsidiaire ou de remplacement. L’infraction déclencheur doit être réalisée objectivement, tandis que les éléments subjectifs tels que l’intention ne sont exigés que pour la provocation de l’état d’ivresse. La sévérité de la sanction pour l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse dépend du cadre légal de la peine prévue pour l’infraction déclencheur, sans pouvoir le dépasser.

Existe-t-il des exceptions où, malgré l’état d’ivresse, il n’y a pas de responsabilité au titre du § 323a StGB ?

La responsabilité au titre du § 323a StGB ne s’applique pas si l’auteur se trouve involontairement dans l’état d’ivresse – par exemple à cause d’une réaction inattendue à un médicament ou d’une administration subreptice de la substance enivrante. De plus, le § 323a StGB n’est pas applicable si des motifs particuliers d’exclusion ou d’excuse de la faute existent, comme l’état de nécessité ou de légitime défense. L’absence de responsabilité s’applique également lorsque l’acte commis pendant l’ivresse n’est pas pénalement sanctionné (par exemple une simple infraction administrative). Enfin, il faut rappeler qu’un acte n’est considéré comme infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse au sens du § 323a StGB que si, au moment de l’infraction déclencheur, l’auteur est, en raison de l’ivresse, exclu de toute responsabilité pénale au sens des §§ 20, 21 StGB ou que cette capacité est grandement diminuée.

Quel est l’impact de l’infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse sur la détermination de la peine ?

Lors de la détermination de la peine pour une infraction sous l’emprise d’un état d’ivresse selon § 323a StGB, il convient de noter que le cadre légal de la peine applicable correspond à l’infraction déclencheur, sans pouvoir excéder sa durée maximale. Lors du prononcé de la peine, le tribunal prend en considération notamment le degré de responsabilité personnelle de l’auteur, la nature et la gravité de l’infraction déclencheur, ainsi que les circonstances de l’ivresse. Un effet atténuant peut résulter du fait que l’auteur ne pouvait pas prévoir les conséquences de son comportement en état d’ivresse, tandis que la provocation intentionnelle ou un niveau particulier de dangerosité peuvent constituer des circonstances aggravantes.

Les victimes d’infractions commises sous l’emprise d’un état d’ivresse disposent-elles de droits particuliers dans la procédure pénale ?

En principe, les victimes d’infractions commises sous l’emprise d’un état d’ivresse disposent des mêmes droits que les victimes d’autres infractions, car l’acte déclencheur a été réalisé objectivement par l’auteur, même si certains éléments subjectifs font défaut. Elles peuvent se constituer parties civiles, faire valoir des droits à réparation et dommages et intérêts, et bénéficient d’un droit à l’assistance et au conseil aux victimes. Le fait que l’auteur ne puisse être sanctionné pour l’infraction déclencheur elle-même, mais uniquement sur la base du § 323a StGB, ne modifie en rien les droits civils contre l’auteur. Dans certains cas, la responsabilité civile peut toutefois être limitée en raison d’une culpabilité résiduelle, surtout lorsqu’aucune négligence ne peut être reprochée à l’auteur.