Définition et qualification juridique des warrants
Les warrants sont des valeurs mobilières négociables qui confèrent à leur titulaire le droit, mais non l’obligation, d’acquérir ou de céder un nombre déterminé de sous-jacents (par exemple actions, matières premières ou indices) à un prix fixé à l’avance (« prix d’exercice » ou « Strike Price »), et ce, dans un délai déterminé. Il s’agit donc d’instruments financiers dérivés qui lient des droits personnels à des conditions d’émission spécifiques.
En droit allemand, les warrants sont régis par différents textes légaux, les principales dispositions figurant dans la loi sur le commerce des valeurs mobilières (WpHG), le Code civil allemand (BGB), ainsi qu’accessoirement dans le règlement (UE) n° 600/2014 (MiFIR) et d’autres directives européennes.
Distinction par rapport aux instruments financiers apparentés
Différenciation par rapport aux options
Les warrants sont similaires aux options classiques, mais s’en distinguent notamment par leur émission par un établissement de crédit ou une autre société et par leur négociabilité en tant que valeurs mobilières sous forme de titres au porteur. Alors que les options sont souvent négociées sur des marchés à terme tels que l’Eurex, les warrants relèvent du marché de gré à gré (OTC) ou sont proposés sur des marchés réglementés en tant que dérivés titrisés.
Différence avec les droits préférentiels de souscription et les certificats d’option
En allemand, le terme Warrant est souvent assimilé à celui d’Optionsschein (certificat d’option), ce dernier constituant le terme générique alors que le warrant en désigne une forme particulière. Les droits préférentiels de souscription donnent quant à eux le droit de souscrire de nouvelles actions, tandis que les warrants confèrent généralement un droit d’acquérir des valeurs mobilières déjà existantes.
Nature juridique et structuration contractuelle
Structuration des droits et obligations issus du contrat
D’un point de vue juridique, les warrants représentent un engagement contractuel de droit des obligations entre l’émetteur et le titulaire. En cas d’exercice, une livraison du sous-jacent ou un règlement en espèces a lieu. La relation juridique naît avec l’achat et l’inscription du warrant dans le compte-titres de l’acquéreur.
Implications en droit des sociétés
En particulier dans le cas des warrants sur actions, l’exercice du droit de souscription peut avoir des conséquences en droit des sociétés, telles qu’une augmentation de capital ou une dilution des participations existantes, informations devant être communiquées aux actionnaires et aux organes conformément à la loi sur les sociétés par actions (AktG).
Émission, acquisition et transfert
Émission et obligation de prospectus
Les warrants sont généralement émis par des banques ou d’autres émetteurs. Selon la loi sur le prospectus des valeurs mobilières (WpPG), ils sont en principe soumis à une obligation de prospectus s’ils sont proposés publiquement ou admis à la négociation sur un marché organisé. Le prospectus d’émission doit contenir toutes les informations pertinentes sur le fonctionnement, les risques et les conditions contractuelles du warrant.
Acquisition et transférabilité
La négociation des warrants s’effectue sur des plateformes boursières ou de gré à gré. Le transfert suit les règles applicables au commerce des valeurs mobilières et à la loi sur le dépôt des titres. La détention est attestée par l’inscription dans le compte-titres de l’acquéreur, les titres au porteur étant généralement transférables sans formalité.
Fonctionnement et types de warrants
Call et put warrants
- Call warrants donnent le droit d’acheter le sous-jacent au prix d’exercice (« position longue »).
- Put warrants confèrent le droit de vendre le sous-jacent au prix d’exercice (« position courte »).
Modes d’exercice
- Warrants américains : Exercice possible à tout moment jusqu’à la date d’échéance.
- Warrants européens : Exercice possible uniquement à la date d’échéance.
Livraison physique et règlement en espèces
Selon sa structure, le warrant prévoit qu’à l’exercice, le sous-jacent est livré physiquement (livraison physique) ou qu’un règlement en espèces d’un montant égal à la différence entre le prix de marché et le prix d’exercice a lieu (règlement en espèces).
Droits et obligations des parties
Droits du titulaire
Le titulaire dispose d’un droit d’exercice titrisé, sans obligation correspondante. D’autres droits (par exemple droits à l’information, dividendes ou droits de vote pour les warrants sur actions) n’existent généralement pas, sauf stipulation contractuelle expresse.
Obligations de l’émetteur
L’émetteur a l’obligation d’exécuter les prestations stipulées dans le warrant en cas d’exercice par le titulaire, c’est-à-dire livrer le sous-jacent ou procéder au règlement en espèces. Le respect des prescriptions légales, en particulier en matière d’obligation d’information et de présentation des risques, est impératif.
Protection juridique et risques
Protection des investisseurs
La commercialisation des warrants est soumise à des règles strictes de protection des investisseurs, notamment par la loi sur le commerce des valeurs mobilières (WpHG), imposant l’obligation d’informer de manière appropriée sur les opportunités et les risques, ainsi que le droit d’accès à toutes les informations essentielles concernant le warrant et son émetteur.
Aspects liés à la procédure d’insolvabilité
En cas d’insolvabilité de l’émetteur, le titulaire d’un warrant est considéré comme créancier chirographaire ordinaire. Les créances issues des warrants sont le plus souvent traitées comme des dettes non garanties, de sorte qu’en cas de faillite, il existe un risque significatif de non-paiement total ou partiel.
Traitement fiscal
Les profits et pertes liés aux warrants sont en principe considérés comme des revenus de capitaux et imposés conformément au droit fiscal allemand (prélèvement forfaitaire). Le traitement fiscal précis dépend de la situation individuelle et des dispositions légales applicables.
Cadre réglementaire et de surveillance
Admission à la négociation
L’admission des warrants sur des marchés réglementés requiert le respect des prescriptions applicables de la bourse concernée ainsi que l’autorisation de l’autorité de surveillance compétente, en particulier de la Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht (BaFin).
Obligations de transparence et de déclaration
Les émetteurs ainsi que les participants au marché sont soumis à de vastes obligations de déclaration et de publication afin d’empêcher la manipulation du marché et les délits d’initiés. Le respect de ces obligations constitue un élément central des exigences réglementaires dans le domaine des titres structurés.
Aspects internationaux
Droit européen et commercialisation transfrontalière
Outre les dispositions allemandes, des règles européennes s’appliquent également aux warrants dans l’Union européenne, par exemple la directive MiFID II et le règlement européen sur le prospectus. Cela concerne notamment l’admission à la commercialisation publique et la négociation transfrontalière.
Droit américain
L’émission de warrants aux États-Unis est soumise au cadre réglementaire de la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC), en particulier au Securities Act de 1933. En cas d’émissions transfrontalières, les réglementations nationales respectives doivent également être observées.
Conclusion
En tant qu’instruments financiers dérivés titrisés, les warrants représentent une construction juridique complexe et polyvalente dans le droit des marchés de capitaux. Ils permettent au titulaire d’élaborer des stratégies d’investissement flexibles, mais requièrent une connaissance approfondie du cadre juridique et une gestion consciente des risques. Tant les émetteurs que les acquéreurs doivent veiller au respect des prescriptions légales, notamment en matière d’obligations d’information, de transparence et de documentation, afin de garantir la conformité et une protection efficace des investisseurs.
Questions fréquentes
Comment les warrants sont-ils juridiquement qualifiés dans le système juridique allemand ?
En droit allemand, les warrants sont généralement considérés comme des instruments financiers au sens de la loi sur le commerce des valeurs mobilières (WpHG). Étant des options titrisées, ils relèvent des dispositions concernant le commerce des valeurs mobilières, l’obligation de prospectus, les délits d’initié et les abus de marché. Les articles 2 et 2a WpHG sont particulièrement pertinents, puisqu’ils définissent les warrants comme des instruments dérivés. Lors de l’émission publique, les warrants sont également soumis à l’obligation de prospectus conformément à la loi sur le prospectus (WpPG). Une attention particulière est portée à la protection du consommateur, surtout dans le cadre des contrats à distance et des protocoles de conseil selon l’article 34 WpHG. En cas de prêt de titres ou de négociation via des systèmes multilatéraux, d’autres réglementations comme MiFID II et les prescriptions de la BaFin s’appliquent également. Les implications fiscales, par exemple en matière de prélèvement sur les revenus de capitaux conformément à la loi sur l’impôt sur le revenu (EStG), doivent également être prises en compte.
Quelles obligations d’information et de conseil incombent aux émetteurs et intermédiaires de warrants ?
Les émetteurs de warrants ainsi que les intermédiaires (ex. banques, courtiers) sont soumis à de larges obligations d’information et de conseil vis-à-vis de leurs clients. Selon les articles 63 et suivants WpHG, toutes les informations pertinentes pour la décision d’investissement, sur les opportunités, risques, fonctionnement ainsi que les aspects économiques et les coûts des warrants, doivent être communiquées à temps et de manière compréhensible. En cas d’offre publique, un prospectus approuvé par la BaFin doit être présenté, conformément à l’article 3 WpPG, détaillant tous les éléments essentiels du warrant et les risques, notamment en ce qui concerne le risque de perte totale. Pour les conseils aux clients privés, l’adéquation et l’aptitude du service d’investissement doivent être vérifiées dans le cadre d’un test d’appropriéité (article 64 WpHG). L’inobservation de ces obligations peut entraîner des demandes de dommages-intérêts et des sanctions administratives.
Les warrants sont-ils soumis à l’obligation de prospectus ?
Les warrants proposés publiquement ou admis sur un marché organisé sont généralement soumis à l’obligation de prospectus selon la loi sur le prospectus (WpPG). L’émetteur doit publier un prospectus approuvé contenant toutes les informations pertinentes sur les titres et les risques associés. Certaines exceptions existent, par exemple en cas d’offre uniquement destinée aux investisseurs qualifiés ou à moins de 150 personnes par État membre sur douze mois (article 3 alinéa 2 WpPG). Cette obligation vise à garantir la transparence et à protéger les investisseurs contre les asymétries d’information. Le non-respect de cette obligation peut donner lieu à des droits civils de l’acquéreur et à des sanctions par la BaFin.
Comment les warrants sont-ils traités juridiquement en cas d’insolvabilité de l’émetteur ?
En cas d’insolvabilité de l’émetteur, les warrants sont inscrits au passif de la masse en faillite. Étant des créances obligataires, les titulaires de warrants ne peuvent en principe inscrire leurs créances que comme créanciers chirographaires non garantis sur la table des créances. Les warrants non garantis sont généralement servis en dernier et exposés au risque de perte totale, sauf si des mécanismes spécifiques de garantie (ex. trust ou fiducie) ont été mis en place. Les systèmes d’indemnisation des dépôts ne s’appliquent en principe pas aux warrants, car il ne s’agit pas de dépôts au sens de la loi sur la garantie des dépôts (EinSiG). La situation juridique doit donc être vérifiée au cas par cas, notamment à partir des conditions d’émission et des éventuelles garanties contractuelles.
Quelles particularités présente le traitement fiscal des warrants ?
Le traitement fiscal des profits et pertes provenant des warrants relève en Allemagne des règles de la loi sur l’impôt sur le revenu (EStG). En principe, les revenus tirés du commerce de warrants sont considérés comme des revenus de capitaux (§ 20 al. 2 EStG). Les plus-values et pertes doivent être imposées selon le principe de l’impôt forfaitaire à 25 % (plus contribution de solidarité et éventuellement impôt ecclésiastique). Les pertes peuvent être compensées selon le régime de compensation des pertes capitalistiques (§ 20 al. 6 EStG), mais il existe des limitations pour leur imputation, notamment pour les pertes résultant de transactions à terme (dont les warrants peuvent faire partie), qui ne sont déductibles que de façon limitée (compartiment-loss). Pour les investisseurs professionnels, les règles générales de détermination des bénéfices (§ 4 ou 5 EStG) s’appliquent. Des dérogations peuvent résulter de conventions de double imposition ou de structures d’investisseurs spécifiques.
Existe-t-il une réglementation spécifique pour le marché secondaire des warrants ?
La négociation des warrants sur le marché secondaire est fortement réglementée. Les plateformes de négociation des warrants sont placées sous la surveillance de la BaFin et sont soumises aux dispositions pertinentes de la loi sur les marchés financiers et de la MiFID II. Cela concerne notamment les exigences en matière de transparence des prix, la prévention de la manipulation de marché, ainsi que la réglementation du marché boursier et du marché de gré à gré (OTC). L’acquisition et la cession via des banques ou des courtiers en ligne sont assorties d’obligations accrues de déclaration et de documentation. Des règles spécifiques s’appliquent aussi à la lutte contre les délits d’initiés et les abus de marché conformément au règlement européen MAR. Les investisseurs ont droit à une transparence des prix et à une exécution correcte des ordres conformément à l’article 82 WpHG.
Quels sont les risques juridiques lors de l’acquisition de warrants ?
L’acquisition de warrants s’accompagne de divers risques juridiques. Outre le risque émetteur général, c’est-à-dire la possibilité d’une perte partielle ou totale en cas de faillite, existent aussi des risques liés à la transparence, à une information ou un conseil erroné ou incomplet, voire à des informations produit potentiellement trompeuses. S’y ajoute le risque d’exécution défectueuse ou tardive de la livraison du sous-jacent, notamment en cas de problèmes techniques ou juridiques dans le processus de règlement. Des modifications réglementaires peuvent également affecter les droits et obligations des investisseurs existants. Des interventions étatiques, telles qu’une interdiction de négociation ou un retrait de la cote, peuvent exceptionnellement entraîner un paiement anticipé ou la caducité du warrant. En cas d’acquisition transfrontalière, des divergences nationales d’interprétation et d’application du droit peuvent jouer un rôle. Les investisseurs doivent donc examiner attentivement les conditions d’émission et, en cas de doute, consulter un conseil juridique.