Notion et qualification juridique du terme Notzucht
La Notzucht est un concept juridique historique, qui désignait en droit pénal allemand l’accomplissement ou la tolérance d’actes sexuels imposés contre la volonté d’une personne, généralement par l’usage de la violence ou la menace d’un danger actuel pour l’intégrité physique ou la vie. Ce terme est aujourd’hui remplacé dans le Code pénal (StGB) par des désignations modernes telles que le « viol », mais conserve une importance dans les contextes historiques, scientifiques et judiciaires. L’article suivant éclaire l’évolution juridique, les conditions préalables, les conséquences juridiques et la distinction avec d’autres infractions.
Développement historique du terme Notzucht
Codification initiale
La notion de Notzucht a fait partie pendant des siècles du droit pénal en Allemagne et dans d’autres systèmes juridiques germanophones. Dans le Code pénal du Reich allemand de 1871 (§ 176 RStGB), la Notzucht était décrite comme l’usage de la violence ou de la menace pour imposer un rapport sexuel.
Évolution jusqu’à la modernisation
Dans le cadre des réformes du droit pénal sexuel et de l’évolution de la société, le terme Notzucht a été jugé progressivement obsolète et stigmatisant. La réforme pénale de 1998 a entraîné le remplacement de la notion de Notzucht par des terminologies plus claires et englobantes comme « viol » et « contrainte sexuelle ». L’infraction de Notzucht qui existait jusque-là a été refondue sur le fond et redéfinie plus précisément.
Aménagement du droit pénal
État de l’infraction de Notzucht (ancienne et actuelle rédaction)
Infraction initiale
La Notzucht classique comprenait le recours à la violence ou à la menace contre une personne afin de contraindre à des actes sexuels. En particulier, les rapports sexuels forcés – même envers le conjoint – étaient visés par cette définition.
Réglementation actuelle : viol et contrainte sexuelle
Depuis la réforme du droit pénal sexuel, les infractions concernées sont régies aux §§ 177 et suivants du StGB. La loi distingue entre le viol (§ 177 StGB) et la contrainte sexuelle, afin d’appréhender de manière différenciée la diversité des attaques et leur gravité.§ 177 StGB – Agression sexuelle ; contrainte sexuelle ; violLa disposition protège l’autodétermination sexuelle. Elle rend passible de poursuites pénales en particulier les actes sexuels accomplis contre la volonté manifeste d’une personne, indépendamment du moyen de contrainte utilisé (violence, menace, exploitation d’une situation sans défense, etc.).
Conditions
Usage de la violence et menace
Traditionnellement, la Notzucht exigeait la contrainte de la volonté de la victime par l’usage de la violence ou de la menace. Les réglementations actuelles incluent également l’exploitation de l’effet de surprise ou de situations sans défense.
Acte sexuel
L’acte sexuel devait représenter une atteinte « significative » à l’autodétermination sexuelle de la victime. Le rapport sexuel et les actes assimilés étaient jugés particulièrement graves.
Opposition de la victime
L’opposition ou le refus explicite de la victime était et reste un élément central de l’infraction.
Distinction avec d’autres infractions
Harcèlement sexuel (§ 184i StGB)
Le harcèlement sexuel vise des atteintes moins graves, ne nécessitant pas l’usage de la violence, et se distingue donc nettement de la Notzucht, c’est-à-dire du viol.
Infractions sexuelles contre des enfants (§§ 176 ss. StGB)
Ces dispositions spéciales protègent les enfants contre les actes sexuels, indépendamment de l’usage de violence ou de leur capacité de résistance, et prévalent sur le droit pénal sexuel général.
Autres qualifications
D’autres infractions, qui s’appuient sur la manière d’agir, les caractéristiques des victimes ou les circonstances, existent notamment en matière d’abus sexuel grave ou très grave ainsi qu’en cas de résultat de mort (§ 178 StGB).
Conséquences juridiques et détermination de la peine
Échelle des peines
Déjà en droit ancien, la Notzucht constituait un crime, puni de lourdes peines d’emprisonnement. Aujourd’hui encore, le § 177 StGB (viol et infractions apparentées) constitue un crime passible d’emprisonnement d’au moins deux ans. Dans les cas particulièrement graves, comme ceux commis en réunion ou ayant entraîné de graves atteintes à la santé, des peines aggravées sont prévues (§ 177 al. 6 StGB).
Prescription
Les infractions sexuelles telles que le viol et ses formes autrefois dénommées Notzucht sont soumises à de longs délais de prescription, prorogés en cas de victime mineure (§ 78b StGB).
Aspects procéduraux
Dépôt de plainte et poursuites pénales
Le viol (Notzucht) est une infraction poursuivie d’office et les autorités sont tenues d’agir d’initiative. La poursuite ne suppose plus nécessairement le dépôt d’une plainte de la part de la victime.
Droits des victimes
Les victimes disposent de droits étendus au cours de la procédure pénale, notamment l’assistance d’un avocat, des mesures de protection des témoins et, dans certains cas, un droit à l’accompagnement psychosocial durant le procès.
Historique du terme et emploi en dehors du Code pénal
Dans l’usage courant, la littérature et la jurisprudence
Le terme Notzucht demeure présent dans le langage courant ainsi que dans la littérature et la jurisprudence, bien qu’il soit juridiquement obsolète. On le retrouve encore dans d’anciennes décisions, commentaires et lois ; il joue un rôle dans l’interprétation de situations historiques ou de l’application d’anciennes dispositions.
Situation juridique internationale
Infractions comparables à l’étranger
D’autres États connaissent également des infractions correspondant à la notion historique de Notzucht. Les définitions varient cependant selon le droit national, tant sur le plan terminologique que sur celui des conditions préalables.
Conclusion
D’un point de vue historique, la Notzucht désigne une forme grave d’agression sexuelle accompagnée de violence ou de menace. En droit actuel, l’infraction est définie de manière plus large et plus précise par les dispositions sur le viol et la contrainte sexuelle. Les cadres juridiques protégeant l’autodétermination sexuelle ont évolué au fil du temps et se sont adaptés aux exigences sociales. Les règles matérielles et procédurales du droit pénal sexuel constituent une composante essentielle de la protection légale des victimes en Allemagne.
Questions fréquemment posées
Quelle peine encourt-on en cas de condamnation pour Notzucht selon le droit allemand ?
En cas de condamnation pour Notzucht, qui est désormais réglementée à l’article 177 du Code pénal allemand (StGB) sous la dénomination de « contrainte sexuelle ; viol », une peine d’emprisonnement est encourue. Selon la gravité du cas d’espèce et les moyens utilisés (violence, contrainte), la sanction peut varier. En principe, la loi prévoit une peine de prison d’au moins un an. Si l’infraction est commise en réunion, avec usage d’une violence particulièrement grave ou sous la menace de mort, la peine peut aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement. Dans les cas les plus graves, par exemple si la victime meurt des suites des faits, une peine de réclusion à perpétuité est possible. Les circonstances précises, l’âge et d’éventuels antécédents du prévenu, ainsi que l’ampleur des séquelles psychologiques ou physiques pour la victime, sont pris en compte lors de la fixation de la peine.
Sous quelle forme une plainte pour Notzucht peut-elle être déposée et qui en a le droit ?
Une plainte pénale pour Notzucht peut en principe être déposée par toute personne ayant connaissance d’une telle infraction, qu’elle soit victime ou non. Cela peut concerner aussi bien la victime elle-même que des tiers (p. ex. membres de la famille, amis ou personnel médical). La plainte peut être formulée librement auprès de tout poste de police, du ministère public, ou dans certains cas, même par écrit ou en ligne. Il n’est pas nécessaire que la victime fournisse des preuves ; les autorités sont tenues, à réception d’une plainte, d’ouvrir une enquête et de vérifier si des infractions ont été commises. La Notzucht est une infraction poursuivie d’office, c’est-à-dire que l’État a l’obligation, indépendamment de la volonté de la victime, de poursuivre l’infraction.
Existe-t-il un délai de prescription pour les poursuites en cas de Notzucht ?
Oui, le droit pénal allemand prévoit des délais de prescription, y compris pour les infractions sexuelles telles que la Notzucht (aujourd’hui dénommée contrainte sexuelle ou viol). Le délai de prescription normal pour ces délits est de 20 ans conformément à l’article 78, alinéa 3, n° 2 StGB, sauf en cas de conséquences plus graves, telles que la mort de la victime. Dans les cas les plus graves, notamment en cas de décès de la victime ou si celle-ci était mineure au moment des faits, la prescription peut être encore prolongée, voire suspendue. Il est important de noter que le délai de prescription ne commence à courir qu’à l’achèvement de la 30ᵉ année de la victime, si celle-ci n’avait pas encore 18 ans au moment des faits. Cette règle vise à tenir compte des besoins particuliers de protection des enfants et des jeunes.
Quels droits la victime possède-t-elle dans la procédure pénale en cas de plainte pour Notzucht ?
Les victimes de Notzucht bénéficient de nombreux droits spécifiques au cours de la procédure pénale. Il s’agit notamment du droit à un accompagnement psychosocial au procès, particulièrement pour les enfants, les adolescents et les adultes particulièrement vulnérables. Elles disposent aussi du droit d’être assistées par un avocat (représentation en partie civile), qui les assiste et représente tout au long de la procédure. Les victimes peuvent demander à consulter le dossier, présenter des requêtes, poser des questions ou faire des déclarations lors de l’audience principale. En outre, elles peuvent prétendre à une indemnisation et à des dommages-intérêts pour préjudice moral. Si elles le souhaitent, la victime peut témoigner derrière un écran ou par visioconférence afin d’éviter toute confrontation directe avec l’accusé. Les autorités policières et judiciaires sont tenues de renseigner le plaignant sur l’avancée de certaines étapes de la procédure.
Quel rôle joue la déposition de la victime dans une procédure pour Notzucht ?
La déclaration de la victime constitue souvent le principal moyen de preuve dans les affaires de Notzucht, car la violence sexuelle survient fréquemment en l’absence de témoins ou d’éléments matériels probants (tels que des traces ADN, témoins oculaires, etc.). Le tribunal doit donc apprécier tout particulièrement la crédibilité du témoignage. Pour ce faire, il fait souvent appel à des policiers spécialement formés et à des psychologues experts chargés d’évaluer la qualité de la déposition. Le fait que l’affaire repose parfois sur la parole de la victime contre celle de l’accusé n’exonère pas le tribunal d’une évaluation approfondie des preuves. Toutefois, il faut noter que la seule déclaration de la victime, pourvu qu’elle soit crédible et cohérente, peut suffire à une condamnation.
La Notzucht doit-elle obligatoirement donner lieu à des poursuites pénales, même si la victime ne souhaite pas porter plainte ?
Oui, la Notzucht – comme tous les crimes sexuels graves – est une infraction poursuivie d’office et fait l’objet de poursuites par les autorités. Cela signifie que dès lors que les autorités ont connaissance de faits potentiellement constitutifs, elles sont tenues d’enquêter, même si la victime n’a pas porté plainte ou ne souhaite pas de poursuite pénale. Néanmoins, les autorités et les tribunaux ont le devoir de protéger la victime contre un nouveau traumatisme et de respecter ses droits. Certaines situations particulières peuvent mener à un classement sans suite si l’intérêt public à la poursuite est nié ; pour la Notzucht, ceci est toutefois extrêmement rare en raison de la gravité des faits.