Lexique juridique

Ville

Notion et statut juridique de la ville

Définition de la ville dans le contexte juridique

Le terme « ville » désigne au sens juridique une collectivité territoriale communale dotée d’un statut particulier d’ordre historique, politique ou administratif. La ville constitue une forme spécifique de commune et se démarque des autres types de communes par des dispositions légales propres. Ses droits et obligations résultent du droit régional applicable, puisque l’organisation des structures communales en République fédérale d’Allemagne relève de la compétence législative des Länder.

Développement historique de la notion de ville

Historiquement, la notion de ville s’est développée à partir de la fondation de villes au Moyen Âge, avec l’octroi de privilèges particuliers tels que le droit de marché, le droit de fortification et une juridiction propre. Jusqu’à aujourd’hui, le droit urbain – généralement sous la forme d’un droit octroyé ou par succession de droits – influence l’organisation et la structure juridique des villes. Le droit urbain d’autrefois constitue la base de l’actuel statut d’autonomie communale.

Fondements juridiques et cadres légaux

Les villes dans le droit régional

L’ancrage légal de la ville se trouve principalement dans les constitutions communales des Länder, telles que le code communal (GO) ou les lois sur la constitution communale. On y définit sous quelles conditions une commune peut porter le titre de « ville ». Les critères varient selon les Länder, mais comprennent généralement un certain nombre d’habitants, une fonction d’approvisionnement centrale et une offre infrastructurelle particulière.

Attribution et retrait du droit de cité

L’attribution du droit de cité intervient par un acte juridique de l’autorité régionale compétente. Elle requiert généralement une demande écrite de la commune, la preuve de la satisfaction des critères légaux et la consultation d’organismes concernés (comme les communes voisines). Le droit de cité peut également être retiré dans des cas exceptionnels, par exemple en cas de réformes administratives majeures ou de réformes territoriales.

Droit de cité et autonomie communale

Le droit de la ville à l’autonomie administrative découle de l’article 28, alinéa 2, de la Loi fondamentale, et est précisé dans les codes communaux. En tant que collectivité territoriale, la ville est une personne morale de droit public et dispose de l’autonomie organique et financière, de l’autonomie en matière de personnel, de l’autonomie statutaire ainsi que de la compétence pour administrer ses propres affaires.

Organisation interne et organes de la ville

Organes constitutionnels de la ville

Les villes disposent généralement de deux organes centraux : l’organe représentatif communal (souvent appelé conseil municipal, assemblée communale ou assemblée des délégués municipaux) et l’organe exécutif (maire ou maire principal). Les dénominations exactes et les compétences sont fixées par le droit régional.

Conseil municipal et assemblée des délégués municipaux

Le conseil municipal constitue l’organe décisionnaire pour les questions fondamentales de la ville, telles que le budget, l’adoption de règlements, la planification locale des infrastructures et la surveillance de l’administration.

Maire/Maire principal

Le maire est généralement le représentant légal de la ville à l’extérieur et assure la gestion courante. Dans les grandes villes indépendantes, un maire principal peut être élu. La durée du mandat, les modalités d’élection et la répartition des tâches varient selon les Länder, et parfois considérablement entre les différentes villes.

Autres organes particuliers

Certaines villes disposent en outre de commissions spéciales, de délégations d’arrondissement ou de conseils consultatifs, sous réserve que cela soit prévu par le droit constitutionnel communal. Cela sert à permettre la participation dans des questions spécifiques ou à représenter des secteurs particuliers de la ville.

Droits et obligations de la ville

Missions et obligations publiques

En tant que partie de l’autonomie communale, les villes exercent un large éventail de missions publiques, comprenant notamment les services d’intérêt général (ex. approvisionnement en eau, énergie), la planification urbaine, le maintien de la sécurité et de l’ordre publics, la gestion des établissements scolaires et la promotion de l’intérêt général. Les obligations légales découlent avant tout des normes fédérales et régionales.

Autonomie statutaire et autres compétences

Dans le cadre de l’autonomie statutaire, la ville peut adopter des règlements de droit public, par exemple en matière d’urbanisme, de changement d’affectation, de tarification ou d’organisation de la vie communale. Cette compétence reflète l’autonomie administrative garantie par la Constitution.

Ressources financières et droit budgétaire

Les villes disposent du droit d’élaborer et de gérer leur propre budget. Le financement repose sur les recettes fiscales communales, subsides, contributions et autres fonds publics. Le droit budgétaire est régi par le droit régional et soumis à un contrôle financier communal pour garantir la bonne utilisation des fonds.

Statuts particuliers et formes spéciales des villes

Villes-États

En Allemagne, il existe trois villes-États : Berlin, Hambourg et Brême. Elles possèdent à la fois le statut de commune et de Land, et bénéficient ainsi de droits particuliers au sein du système fédéral.

Villes indépendantes et villes rattachées à un arrondissement

Les villes indépendantes remplissent, outre celles de la commune, également les missions de l’arrondissement. Les villes rattachées à un arrondissement agissent en tant que communes au sein d’un arrondissement et font ainsi partie de l’entité territoriale correspondante.

Particularités : grande ville d’arrondissement, droits de cité en Europe et dans le monde

Dans certains Länder, il existe la forme spéciale de la « grande ville d’arrondissement », dotée de compétences administratives élargies. Au niveau international, les dispositions relatives à la notion de ville varient considérablement ; tous les pays n’accordent pas un statut juridique particulier ni des droits spécifiques à l’autonomie communale.

Les villes et leurs relations juridiques

Les villes en relation avec d’autres collectivités territoriales

Les relations juridiques avec d’autres collectivités territoriales, telles que les arrondissements et les communes, relèvent régulièrement des règles du droit constitutionnel communal ainsi que d’autres dispositions spécifiques, par exemple dans le cas de syndicats intercommunaux ou de la coopération entre établissements publics.

Entreprises municipales et participations

Les villes sont autorisées à créer leurs propres entreprises (ex. régies municipales) ou à participer à de telles structures. Le cadre juridique est défini par le droit communal, le droit de la concurrence, les règles de passation des marchés publics et le droit budgétaire.

Litiges et protection juridique

Juridiction administrative

Les litiges juridiques résultant des activités administratives de la ville, tels que les contestations de règlements, de questions de droit de l’urbanisme ou de recours contre des actes administratifs, relèvent de la juridiction administrative.

Contrôle administratif

Les autorités de tutelle administrative des Länder exercent un contrôle de légalité et de spécialité sur les villes. Elles doivent veiller au respect des obligations légales, des prescriptions budgétaires communales et à l’exercice correct de l’autonomie communale.

Références bibliographiques et normes complémentaires

  • Code communal ou lois sur la constitution communale des Länder
  • Loi fondamentale (art. 28, al. 2 GG)
  • Législation relative aux villes et octroi du droit de cité
  • Littérature spécialisée sur le droit communal et le développement urbain

Résumé : La notion de ville est largement réglementée en droit allemand et désigne une forme juridique communale particulière dotée de compétences et d’obligations étendues. Son organisation concrète, sa structure interne, ses droits d’autonomie ainsi que ses formes administratives spécifiques sont déterminés selon le droit du Land concerné. En tant que collectivité territoriale, la ville assure des missions centrales dans le système fédéral et constitue un acteur majeur de l’autonomie locale.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conditions juridiques requises pour l’octroi du droit de cité à une commune ?

L’octroi du droit de cité à une commune suit les prescriptions des constitutions régionales et des codes communaux des Länder en Allemagne. Une commune peut devenir ville si elle remplit certains critères structurels, comprenant généralement un seuil de population, une administration performante et une fonction centrale d’approvisionnement pour la région environnante. La demande d’octroi du droit de cité doit être adressée à l’autorité régionale compétente – le plus souvent le ministère de l’Intérieur. La procédure inclut la vérification du respect des critères légaux, par exemple ceux des §§ 11-13 du code communal concerné (par ex. GemO BW). Après examen positif, le droit de cité est attribué par décret ou par un acte officiel qui règle généralement le nom, les droits et obligations ainsi que la date d’accession au statut de ville. La procédure est de nature administrative et, en cas de refus, peut être contestée par voie de recours administratif ou devant la juridiction administrative.

Quelles missions et obligations incombent à une ville selon le droit allemand ?

Selon le droit allemand, notamment tel que défini dans les codes communaux des Länder, les villes ont pour mission de régler elles-mêmes, dans le cadre des lois, les affaires locales (article 28, alinéa 2 GG, droit à l’autonomie communale). Cela comprend des missions obligatoires telles que la délimitation de zones à bâtir, la création et l’entretien des infrastructures locales (routes, écoles, services d’incendie), la garantie de la sécurité et de l’ordre publics (ex. adoption de règlements et d’ordonnances de police), les services d’intérêt général (approvisionnement en eau, gestion des déchets), ainsi que des missions facultatives telles que la promotion de la culture et du sport. Les villes sont également soumises à des obligations particulières concernant la gestion budgétaire (droit budgétaire), la perception d’impôts et taxes locaux (ex. taxe foncière, taxe professionnelle), et l’organisation régulière des élections communales. Les grandes villes notamment assument des missions étendues en tant que « villes indépendantes », notamment celles d’autorités administratives locales (ex. services de permis de conduire et d’immatriculation).

Quelles règles juridiques s’appliquent à la participation citoyenne dans les affaires d’une ville ?

Dans le cadre de l’autonomie communale, les codes communaux des Länder prévoient de larges droits de participation pour les citoyens. Cela inclut notamment le droit de présenter une demande citoyenne (§ 23 GemO NRW), une pétition citoyenne et un référendum local (§§ 26, 27 GemO BW), ainsi que le droit d’être consulté dans des projets spécifiques tels que la planification urbaine (§ 3 BauGB). Les modalités de chaque procédure sont fixées par le droit régional applicable : elles concernent le nombre minimal de signatures, les délais, le contenu et le déroulement de la participation. De plus, de nombreux Länder obligent la ville à adopter un règlement sur la liberté d’information qui précise le droit d’accès aux documents administratifs des habitants. Dans les affaires ayant des incidences majeures (par ex. règlements budgétaires ou plans d’occupation des sols), il existe généralement des obligations de publication, y compris l’exposition publique et le droit des citoyens de faire des observations.

Comment la surveillance et le contrôle de légalité de l’administration municipale sont-ils assurés ?

Le contrôle juridique de l’administration municipale s’articule en plusieurs niveaux : il y a d’abord le contrôle administratif exercé par l’autorité de tutelle compétente (généralement la préfecture ou le district), qui veille au respect des prescriptions légales et des instructions de contrôle (§§ 117 et suivants GemO BW). En outre, les actes individuels de l’administration (ex. décisions, règlements) peuvent être contestés par les personnes concernées au moyen de recours administratifs ou de plaintes devant le tribunal administratif. Les villes sont tenues d’agir uniquement dans le cadre de leurs compétences et attributions légales, en respectant les règles générales de gestion administrative. En outre, les séances du conseil municipal sont en principe publiques, ce qui permet un contrôle social. Les maires ou maires principaux, en tant que chefs de l’administration, sont également garants de la légalité de l’administration et peuvent être saisis à ce titre.

Dans quel cadre juridique les villes peuvent-elles adopter des règlements et des ordonnances ?

Les villes disposent de l’autonomie statutaire, qui leur est accordée par l’article 28, alinéa 2 GG, et plus précisément par les codes communaux des Länder. Dans le cadre réglementaire, elles peuvent adopter des règlements (par ex. règlements tarifaires, règlements de voirie) et des ordonnances de police (visant au maintien de la sécurité et de l’ordre publics) ayant une force obligatoire locale. Le règlement doit être établi dans le respect de la législation, ne peut enfreindre des normes de rang supérieur (réserve de la loi, hiérarchie des normes) et est limité en termes de contenu, de durée et de portée géographique. La procédure d’élaboration est précisément réglée par le droit régional : elle comprend des obligations d’audition au conseil municipal, la prise de décision régulière, la signature et la publication officielle. La validité et la contestation des règlements relèvent du contrôle de l’autorité de tutelle et du contrôle de la légalité prévue par l’art. 47 VwGO devant les tribunaux administratifs.

Quels droits et obligations particuliers ont les maires principaux dans les villes allemandes ?

Le maire principal ou maire, conformément aux codes communaux et statuts internes des villes, est à la fois chef de l’administration et représentant de la ville à l’extérieur. Il est chargé de la gestion courante, de la préparation et de l’exécution des décisions du conseil municipal ainsi que de l’examen juridique de leur conformité avec le droit en vigueur. Dans les grandes villes, cette fonction élective est exercée à plein temps et confère un statut particulier au maire principal : il doit respecter un devoir de neutralité, est soumis à des obligations spécifiques de transparence et de rapport envers le conseil municipal et l’autorité de tutelle, et dispose souvent d’un droit d’initiative pour les projets budgétaires. Les maires principaux sont souvent supérieurs hiérarchiques du personnel communal, prennent des actes administratifs et représentent la ville en justice et hors justice. Leurs droits et devoirs sont régis par le droit électoral communal ainsi que par les règles disciplinaires et de retraite spécifiques applicables aux fonctionnaires temporaires ou stagiaires.