Lexique juridique

Wiki»Legal Lexikon»M&A»Vertical

Vertical

Notion et signification juridique du « Vertical »

Le terme « Vertical » est majoritairement utilisé dans un contexte juridique en lien avec le droit de la concurrence et le droit antitrust. Il désigne les accords, relations ou structures verticales entre des entreprises opérant à différents niveaux de la chaîne de production ou de distribution, par exemple entre un fabricant et ses distributeurs. Contrairement aux accords horizontaux qui concernent des entreprises au même niveau du marché, le « Vertical » se concentre sur les interactions le long des différentes étapes de la chaîne de valeur. Ce qui suit présente la portée juridique des Verticals dans différents domaines du droit et précise les réglementations légales à respecter.

Accords verticaux en droit de la concurrence

Définition et distinction

Les accords verticaux sont des ententes, conventions ou comportements concertés entre deux ou plusieurs entreprises qui appartiennent respectivement à différents niveaux de la chaîne de production ou de distribution. Exemples typiques : contrats entre fabricants et grossistes, ou entre grossistes et détaillants.

Cadre juridique selon le droit européen et national

Le droit de la concurrence européen tout comme allemand consacre aux Verticals de larges champs d’application. Selon l’art. 101, par. 1 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) ainsi que l’§ 1 de la Loi contre les restrictions de concurrence (GWB), les accords qui restreignent la concurrence sont en principe interdits et nuls.

Cependant, de nombreuses exceptions s’appliquent aux accords verticaux, notamment via le Règlement d’exemption par catégorie pour accords verticaux (Règlement Vertical ou Règlement UE n° 330/2010). Ce règlement précise à quelles conditions les accords verticaux sont admissibles, malgré certaines restrictions de concurrence qu’ils contiennent.

Restrictions fondamentales concernant les Verticals

Ne sont pas couvertes par l’exemption du Règlement Vertical, et sont donc interdites, certaines « restrictions fondamentales » spécifiques (art. 4 du Règlement Vertical) :

  • Fixations de prix de revente (par ex. prix de vente fixes ou prix minimums)
  • Restrictions sur la zone géographique ou la clientèle à laquelle un distributeur peut activement vendre des biens ou services
  • Interdictions sur la vente passive aux clients finaux dans le cadre de la distribution exclusive
  • Restriction sur l’approvisionnement en pièces détachées pour les clients finaux
  • Fournitures croisées dans les systèmes de distribution sélective

Accords verticaux autorisés

Nombre d’accords verticaux, tels que la fixation de prix de vente maximum, les exigences qualitatives pour les partenaires de distribution, les règles relatives à l’image de marque ou encore les accords d’exclusivité, peuvent – sous réserve des exceptions prévues par la loi – être légitimes. Il est toutefois nécessaire que la part de marché des entreprises concernées ne dépasse pas certains seuils (en principe 30 % pour chacune).

Systèmes de distribution sélective et exclusive

Les accords verticaux concernent fréquemment la mise en place de systèmes de distribution sélective ou exclusive, soumis à des conditions spécifiques de droit de la concurrence. Dans la distribution sélective, un cercle déterminé de distributeurs est autorisé à commercialiser des biens ou services sous réserve de critères qualitatifs et/ou quantitatifs. L’exclusivité de distribution peut impliquer l’octroi de droits exclusifs à un ou plusieurs distributeurs et est soumise à des limitations strictes afin de préserver la concurrence.

Structures verticales en droit de la distribution

Types de contrats en distribution

Les structures verticales sont régulièrement mises en œuvre par divers types de contrats en droit de la distribution :

  • Contrats d’agent commercial
  • Contrats de concessionnaire
  • Contrats de franchise
  • Contrats de commission

Tous ces contrats régissent la coopération commerciale le long de la chaîne de valeur et sont soumis à des obligations légales spécifiques, telles que le Code de commerce allemand (par exemple, §§ 84 et suivants HGB pour les agents commerciaux) ou des directives européennes particulières.

Obligations et droits des parties

La structuration juridique de la coopération verticale fixe non seulement le cadre économique, mais détermine aussi les droits et obligations des parties, comme l’exclusivité, les clauses de non-concurrence, les obligations de livraison ou les aspects relatifs à la protection de la clientèle.

Structures verticales en droit des sociétés et contrôle des concentrations

Groupes d’entreprises, structures de groupe et concentrations verticales

En droit des sociétés, le terme Vertical désigne aussi les relations internes à un groupe d’entreprises, notamment entre sociétés mères et filiales à différents niveaux de la chaîne de valeur. Lors de fusions d’entreprises (fusions, acquisitions), on distingue les concentrations verticales (« vertical mergers ») des concentrations horizontales. Le contrôle des concentrations examine également, dans les cas de concentrations verticales, si le positionnement des parties sur plusieurs niveaux de la chaîne de valeur risque d’entraver la concurrence (§§ 35 et suivants GWB, règlement européen sur le contrôle des concentrations).

Fixation verticale des prix et ses limites juridiques

Un enjeu central dans le contexte des relations verticales est la fixation verticale des prix, notamment la détermination par le fournisseur de prix minimums ou fixes. La situation juridique est claire : les fixations verticales des prix de revente sont généralement illicites, car les autorités et tribunaux considèrent qu’elles constituent un risque direct pour la concurrence.

Accords verticaux en droit du travail

Le droit du travail présente aussi des structures verticales, par exemple en matière de responsabilité de groupe ou dans la mise à disposition de personnel le long de chaînes d’approvisionnement complexes. Cette structuration verticale peut avoir des répercussions sur la responsabilité, la codétermination ainsi que sur les contrats de travail et les conventions collectives.

Intégration verticale et digitalisation

Avec la digitalisation croissante et le développement de nouveaux modèles d’affaires, de nouvelles structures verticales sont apparues, par exemple dans les plateformes en ligne, le e-commerce ou les services Cloud. Ici aussi, les exigences du droit de la concurrence et de la régulation du marché s’appliquent ; en outre, les aspects de protection des données et du droit d’auteur deviennent pertinents.

Jurisprudence et application

La jurisprudence nationale et européenne s’occupe en permanence de l’évaluation des accords verticaux, notamment dans le domaine de la fixation des prix, des systèmes de distribution et des accords d’exclusivité. Les autorités de régulation comme le Bundeskartellamt ou la Commission européenne imposent des exigences et peuvent infliger des amendes sévères en cas d’infraction.

Résumé

La notion de Vertical désigne, d’un point de vue juridique, des relations et accords globaux et complexes le long de la chaîne de valeur. Si le droit de la concurrence et le droit antitrust sont généralement centraux, les concentrations de sociétés, les contrats de distribution ou les questions de droit du travail peuvent également être concernés. L’admissibilité des structures et accords verticaux dépend de nombreuses conditions et exceptions, ce qui implique une analyse juridique approfondie dans chaque cas d’espèce. Les réglementations applicables servent à protéger la concurrence, à garantir le bon fonctionnement du marché et à éviter la fermeture des marchés ou les distorsions de concurrence.

Questions fréquentes

Quelles sont les conditions juridiques applicables aux modèles économiques verticals en Allemagne ?

Les modèles économiques verticaux évoluent dans un cadre juridique complexe, car ils impliquent souvent différents niveaux d’acteurs et de secteurs au sein d’une chaîne d’approvisionnement. Les principales réglementations sont issues du droit commercial (notamment le Code de commerce allemand – HGB), du droit de la concurrence, de la Loi contre les restrictions de concurrence (GWB) ainsi que de règlements européens tels que le Règlement d’exemption par catégorie pour accords verticaux (Règlement Vertical). Les relations contractuelles entre fabricants et distributeurs sont également soumises à des limites de concurrence, par exemple pour la protection territoriale, les systèmes de distribution sélective ou l’encadrement des prix (fixation de prix de revente illicite). S’y ajoutent des réglementations sectorielles, comme la sécurité des produits, la responsabilité des produits défectueux ou la conformité en matière de développement durable. Pour les Verticals numériques, les exigences du RGPD sur la protection des données ainsi que la réglementation sur la protection des consommateurs sont déterminantes. L’interconnexion de ces différents domaines juridiques exige généralement un conseil interdisciplinaire.

Quels sont les risques en droit de la concurrence en matière d’accords verticaux ?

Les accords verticaux – par exemple entre producteurs et distributeurs – sont soumis à un contrôle strict au regard du droit de la concurrence. Selon le droit allemand et européen, sont notamment interdits les accords qui restreignent sensiblement la concurrence (§ 1 GWB, art. 101 TFUE). Les risques typiques concernent la fixation de prix de revente, les accords d’exclusivité, les clauses de partage de marché ou de protection territoriale, ainsi que les systèmes de distribution sélective. Ces réglementations ne doivent pas restreindre l’accès au marché des concurrents de façon disproportionnée. Le Règlement Vertical (Règlement (UE) 2022/720) définit les conditions dans lesquelles certaines restrictions sont permettant (critères d’exemption), par exemple lorsque des seuils de parts de marché ne sont pas dépassés. En cas de violation de ces dispositions, d’importantes amendes, l’invalidité des clauses concernées ainsi que des demandes de dommages-intérêts peuvent être encourues.

Comment la responsabilité est-elle réglementée dans les chaînes de valeur verticales ?

Les configurations Vertical entraînent souvent des questions complexes de responsabilité, par exemple en cas de produits ou services défectueux ayant transité par plusieurs parties. En principe, chaque acteur de la chaîne d’approvisionnement est responsable aussi bien au titre du contrat (ex. : garantie, responsabilité pour défauts dans les relations B2B selon HGB et BGB) qu’au regard de la loi (loi sur la responsabilité du fait des produits – ProdHaftG). En cas de dommages corporels causés par des produits défectueux, s’applique une responsabilité du producteur indépendante de la faute. Par ailleurs, la responsabilité peut être complétée par des clauses contractuelles au sein du modèle Vertical, mais ne peut être exclue dans certaines situations (ex. : faute intentionnelle ou négligence grave). Un rôle particulier revient aussi aux droits de recours au sein de la chaîne, par exemple selon l’§ 478 BGB (recours fournisseur). De plus, il existe des obligations spécifiques d’information et de rappel tout le long de la chaîne de valeur verticale.

Quelles sont les exigences pour la rédaction de contrats dans les systèmes de distribution verticaux ?

Les contrats dans les systèmes Verticals requièrent une définition précise des droits et obligations de toutes les parties. Les clauses contractuelles doivent être conformes aux exigences impératives du droit de la concurrence, du commerce et des contrats. Les conditions classiques portent sur les modalités de livraison, les obligations de prise en charge, les normes de qualité et de sécurité, les droits d’exclusivité, la protection territoriale, la confidentialité, la protection des données et la répartition des responsabilités. Cependant, la liberté contractuelle est limitée lorsque les règles du droit de la concurrence ou la législation protectrice du consommateur s’appliquent de manière impérative. Une vigilance particulière est nécessaire en matière de fixation des prix, de distribution sélective et de délimitations territoriales. Pour assurer la sécurité juridique, il est indispensable d’adapter les contrats aux situations individuelles et de procéder à des contrôles réguliers.

Quelles exigences de protection des données doivent être respectées dans les modèles économiques verticaux ?

Les modèles économiques verticaux impliquent régulièrement le traitement de données à caractère personnel, par exemple lors de la transmission de données clients tout au long de la chaîne de distribution ou lors de l’intégration de plateformes numériques. Les exigences déterminantes sont principalement celles du RGPD. Elles imposent notamment une collecte, un traitement et une conservation licites des données personnelles, le respect des droits des personnes concernées (ex. : accès, suppression), la conclusion de contrats de sous-traitance en cas de transfert de données, l’existence d’un fondement juridique valable (ex. : exécution du contrat, intérêt légitime), ainsi que la mise en place de mesures de protection techniques et organisationnelles appropriées. Les violations des obligations en matière de protection des données peuvent entraîner de lourdes amendes et des atteintes à la réputation. Le respect des obligations d’information envers les clients finaux et partenaires commerciaux est également impératif.

Quelles particularités sectorielles doivent être prises en compte dans les modèles Verticals ?

Les modèles économiques Verticals doivent toujours être évalués dans le contexte du secteur concerné, car des exigences spécifiques peuvent exister. Dans le commerce, par exemple, les règles de sécurité des produits, d’étiquetage et de traçabilité sont importantes. Le secteur alimentaire est soumis à des exigences supplémentaires en droit alimentaire, tandis que le secteur des dispositifs médicaux ou pharmaceutiques exige le respect de normes juridiques propres. Dans l’IT et le digital, les exigences majeures sont notamment le droit d’auteur, la protection des données et le droit des télécommunications. Par ailleurs, des réglementations sectorielles professionnelles ou déontologiques peuvent s’appliquer, comme dans l’assurance ou les services financiers (agréments de régulation, exigences de licence).

Comment les conflits et litiges dans les relations commerciales verticales sont-ils résolus ?

Les conflits dans les relations commerciales verticales sont principalement résolus sur la base des conventions contractuelles, les clauses d’arbitrage, de juridiction et de droit applicable jouant un rôle central. S’agissant des Verticals transfrontaliers, la compétence internationale et le droit applicable doivent être définis clairement (ex. selon le règlement Rome I, règlement Bruxelles Ia). On y recourt fréquemment à des mécanismes extrajudiciaires de règlement des différends, comme la médiation ou l’arbitrage, afin d’éviter des procédures judiciaires longues et coûteuses. En cas de litige, les juridictions civiles nationales sont compétentes, avec possibilité de chambres spécialisées (ex. chambres de la concurrence pour les litiges en droit de la concurrence). Le règlement des litiges de consommation est par ailleurs régi par des procédures alternatives selon la loi sur le règlement des litiges de consommation (VSBG).