Notion et définition de l’upskirting
L’upskirting désigne le fait de photographier ou de filmer illicitement sous la jupe ou la robe d’une personne – généralement à son insu et sans son consentement. L’acte vise à capturer des zones corporelles intimes, notamment la région génitale ou la lingerie, sur des photos ou des vidéos. L’upskirting constitue une grave atteinte à la vie privée et à l’autodétermination sexuelle.
Évolution historique et contexte sociétal
À l’origine, l’upskirting est apparu surtout avec la diffusion des smartphones et des caméras miniatures. Le progrès technique a permis de prendre des images de manière discrète et pratiquement inaperçue dans les espaces publics. Outre les lieux publics, les transports en commun, les centres commerciaux ou les escaliers sont fréquemment concernés.
Une médiatisation croissante et la pression sociale ont conduit à exiger une sanction pénale, le droit existant n’offrant souvent pas une protection suffisante.
Répression pénale et qualification juridique en Allemagne
Situation juridique antérieure
Avant l’introduction de textes spécifiques, il existait une lacune de protection. Les faits n’étaient souvent pas constitués, car ni le § 201a du Code pénal (StGB) – Atteinte à la vie privée par des enregistrements – ni le § 183 StGB – Exhibitionnisme – ni le § 184k StGB – Diffusion d’images de mineurs – n’étaient véritablement applicables. La preuve était en outre difficile à établir, car le bien juridique protégé n’était pas toujours clairement déterminé.
Introduction de l’interdiction de l’upskirting
Les actions des personnes concernées et de nombreux cas documentés ont conduit, en 2020, à l’introduction en Allemagne d’un nouveau délit spécifique. Par la Loi modifiant le code pénal – Renforcement de la protection de la personnalité lors de la prise de photos l’upskirting a été explicitement incriminé au titre du § 184k StGB, avec effet au 1er janvier 2021.
§ 184k StGB – Interdiction de photographier sous la jupe
Texte légal (extrait) : « Est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans ou d’une amende quiconque, à l’insu d’une autre personne, réalise ou transmet une image de sa zone intime, laquelle est dissimulée par des vêtements. »
Cette disposition protège l’autodétermination sexuelle et la sphère privée la plus personnelle. Alors que le § 201a StGB concerne les prises de vue dans des espaces protégés comme des logements, le § 184k StGB vise explicitement les prises de vue sous les vêtements, dans les espaces publics ou librement accessibles.
Éléments constitutifs de l’infraction
- Acte incriminé : La réalisation ou la transmission d’une image de la zone intime. Cela inclut tout particulièrement les prises de vue sous la jupe ou la robe, ainsi que les images de personnes qui, autrement, couvriraient spécifiquement leurs parties intimes.
- Objet de l’infraction : Toute autre personne dont les parties intimes sont cachées par des vêtements. Peu importe que la victime se rende compte ou non de la prise de vue.
- Moyens utilisés : Il importe peu que la prise de vue soit réalisée avec un smartphone, une mini-caméra ou un autre appareil.
- Intention : Il est nécessaire qu’il existe au moins une intention éventuelle concernant la capture de la zone intime dissimulée.
Échelle des peines et conséquences juridiques
Le barème prévoit une amende ou une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans. Outre la condamnation, le tribunal peut ordonner la destruction des images et la confiscation du matériel utilisé. En outre, des actions civiles, telles qu’une demande d’interdiction ou de dommages et intérêts, sont possibles.
Tentative, préparation et complicité
Étant donné qu’il s’agit d’un délit selon le § 184k StGB, la tentative est en principe punissable. Les formes de participation telles que l’instigation ou l’aide à la commission de l’infraction sont également prises en compte conformément aux règles générales du StGB.
Distinction d’avec des infractions connexes
§ 201a StGB – Atteinte à la vie privée
Le § 201a StGB protège contre les prises de vues non autorisées dans des espaces protégés et laisse subsister de nombreuses lacunes dans les espaces publics, qui sont désormais comblées par le § 184k StGB.
§ 33 Loi sur le droit d’auteur en arts plastiques (KUG) – Droit à l’image
La KUG fonde le droit à l’interdiction et à des dommages-intérêts en cas de publication ou de diffusion de photos contre la volonté de la personne représentée, mais n’offre pas une protection suffisante contre la réalisation d’images dans la forme décrite.
§§ 22-24 KUG – Consentement à la publication d’images
Le consentement concerne la publication ou l’exposition publique, et doit être distingué strictement de la simple prise de vues.
Situation juridique internationale
Autriche
L’upskirting est puni par le § 120 paragraphe 1a du Code pénal autrichien (StGB). Sont sanctionnés « la réalisation ou la transmission non autorisée d’une image de la région génitale, des fesses ou de la poitrine, protégée contre la vue par des vêtements », par une peine de prison pouvant aller jusqu’à un an ou une amende.
Suisse
Selon l’art. 179quinquies du Code pénal suisse, le fait de photographier ou de filmer en cachette la zone intime d’une personne est puni.
Grande-Bretagne
En Angleterre et au Pays de Galles, l’upskirting est puni depuis 2019 conformément au « Voyeurism (Offences) Act ». L’auteur risque jusqu’à deux ans de prison, et il peut être inscrit au registre national des délinquants sexuels.
Conséquences civiles
Outre la protection pénale, le droit général de la personnalité protège contre l’upskirting. Les personnes concernées peuvent engager une action civile en cessation, en suppression et en destruction des images, ainsi qu’en dommages-intérêts. Par ailleurs, il existe un droit au remboursement des frais d’avocat et, le cas échéant, à des dommages-intérêts pour préjudice moral.
Mesures de prévention et de protection des victimes
De nombreuses initiatives informent sur les dangers de l’upskirting. Afin de faciliter la poursuite pénale, des points de signalement, d’assistance et des campagnes de sensibilisation ont été mis en place. Les victimes sont invitées à signaler les infractions aux autorités compétentes et à conserver les preuves.
Résumé
L’upskirting constitue une atteinte grave aux droits de la personnalité et à l’intégrité sexuelle des personnes concernées. La réglementation pénale introduite en 2021 au § 184k StGB permet de combler efficacement la lacune existante. Outre les conséquences pénales, le droit civil offre d’autres moyens d’action aux victimes. Au niveau international, une tendance croissante vise également à pénaliser l’upskirting afin de répondre de manière adéquate aux évolutions de l’ère numérique.
Questions fréquemment posées
L’upskirting est-il puni en Allemagne ?
Oui, l’upskirting est expressément puni en Allemagne par le § 184k du Code pénal (StGB). Ce paragraphe incrimine la prise et la transmission non autorisées d’images qui concernent généralement la sphère intime des personnes. La loi vise concrètement les photos, vidéos ou transmissions de la zone intime d’une personne lorsqu’elles sont réalisées contre sa volonté, par exemple sous la jupe ou dans le décolleté, dès lors qu’un intérêt légitime à la protection contre de tels clichés existe. Depuis juillet 2020, cet acte est considéré comme une infraction sexuelle distincte et peut être puni d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à deux ans.
Quelles sont les sanctions encourues en cas de violation de l’interdiction de l’upskirting ?
En cas de violation de l’interdiction de l’upskirting prévue par le § 184k StGB, l’auteur encourt, selon la gravité des faits, une amende ou une peine de prison allant jusqu’à deux ans. La peine dépend de plusieurs facteurs tels que la fréquence des actes, la diffusion des images ou l’existence de précédents. Il peut également exister des actions civiles en réparation du préjudice moral ainsi qu’en interdiction ou suppression des images.
Le fait de diffuser ou de posséder des images obtenues par upskirting est-il aussi sanctionné ?
Oui, la diffusion ou la mise à disposition publique d’images obtenues par upskirting est elle aussi pénalement répréhensible. Selon le § 184k StGB, non seulement la prise de ces images, mais également leur diffusion est interdite. La simple transmission, la publication sur les réseaux sociaux ou la tentative de rendre ces images accessibles à un large public peut faire l’objet de poursuites pénales. La détention de telles images est en soi punissable si elle porte atteinte à un intérêt légitime de la personne représentée et qu’elle n’y a pas consenti.
Quelles sont les conditions légales pour qu’un acte soit qualifié d’upskirting ?
Pour qu’un acte soit puni sur le fondement du § 184k StGB, il faut qu’il s’agisse d’une image non autorisée de la zone intime d’une autre personne, se trouvant dans un lieu protégé des regards ou prise de manière cachée sous les vêtements. La prise ou la transmission de l’image doit en outre intervenir contre la volonté de la personne. Un intérêt légitime de la personne concernée à la protection de la sphère intime est présumé. La responsabilité pénale ne saurait être engagée si la personne concernée a expressément consenti ou s’il existe un état de nécessité justifié.
Des auteurs mineurs peuvent-ils aussi être poursuivis pour upskirting ?
Oui, les mineurs peuvent aussi être poursuivis pour upskirting, à partir de l’âge de 14 ans, âge de la responsabilité pénale. À partir de cet âge, le droit pénal des mineurs s’applique, mettant l’accent sur des mesures éducatives. La responsabilité pénale suppose que l’auteur ait la capacité de discerner l’injustice de son acte et d’agir en conséquence.
La tentative d’upskirting est-elle punissable ?
La tentative d’upskirting est punissable en droit pénal allemand. Déjà le fait de préparer l’acte, par exemple en plaçant discrètement une caméra sous une jupe, même si aucun cliché exploitable n’est produit, peut être considéré comme une tentative. Généralement, la tentative est moins lourdement sanctionnée que l’infraction consommée, mais une amende ou une peine de prison peuvent néanmoins être prononcées.
Existe-t-il une différence selon que l’infraction est commise dans un lieu public ou privé ?
Le droit allemand ne distingue pas le lieu de commission en matière d’upskirting. Ce qui compte, c’est que la personne se trouve dans un lieu normalement protégé des regards, par exemple dans les transports en commun, dans la rue, au supermarché ou dans des espaces privés. Le caractère public de l’endroit ne fait pas obstacle à la punissabilité ; au contraire, le besoin de protéger la sphère intime s’applique partout où une personne peut s’attendre à ne pas être photographiée ou filmée dans son intimité sans son consentement.