Définition et distinction du tuteur professionnel
Un tuteur professionnel, selon le droit allemand, est une personne physique ou morale qui prend en charge, à titre professionnel et de façon régulière, des tutelles. La tutelle professionnelle se distingue de la tutelle exercée à titre bénévole, dans laquelle une personne privée assume généralement sans contrepartie financière la tutelle d’une personne mineure ou majeure. Une tutelle professionnelle est notamment ordonnée lorsqu’aucune personne adéquate dans l’entourage social immédiat de la personne concernée ne peut prendre cette responsabilité.
Bases juridiques de la tutelle professionnelle
Ancrage légal
La principale base légale de l’activité du tuteur professionnel est constituée par le Code civil allemand (BGB), en particulier les §§ 1773 et suivants BGB. Les dispositions concernent tant la désignation, les missions et obligations du tuteur que la rémunération et la surveillance de la gestion du mandat.
Dans ce contexte, d’autres dispositions pertinentes figurent dans le droit de la tutelle et de la curatelle, en particulier en lien avec le tribunal des tutelles (§§ 1789 et suivants BGB et la loi sur l’organisation de la tutelle et de la curatelle – VBVG). La compétence du tribunal de la famille est régie selon la loi sur la procédure en affaires familiales et en matière de juridiction gracieuse (FamFG).
Conditions pour la nomination
Un tuteur professionnel est désigné lorsqu’aucune personne physique exerçant à titre bénévole n’est disponible pour la tutelle (§ 1775 BGB). La nomination des tuteurs professionnels est généralement effectuée par le tribunal de la famille. Il peut s’agir de tuteurs professionnels, d’associations ou d’autorités, pour autant qu’ils justifient de la fiabilité et des compétences requises.
Différence avec la tutelle bénévole
Tandis que la tutelle bénévole est exercée par des particuliers, généralement des personnes apparentées ou proches du pupille, la tutelle professionnelle repose sur une activité régulière et rémunérée. Les tuteurs professionnels peuvent être des personnes physiques (par exemple, des tuteurs indépendants ou employés par un organisme privé) ou des personnes morales, telles que des associations ou les services de la jeunesse.
Missions et obligations d’un tuteur professionnel
Champ d’intervention
Le tuteur professionnel assure la représentation légale et la prise en charge de la personne concernée, généralement mineure (le pupille). Il est compétent pour toutes les affaires nécessitant un représentant légal pour le pupille. Ceci comprend notamment :
- Protection de la personne (par ex. droit de déterminer le lieu de résidence, soins de santé)
- Gestion du patrimoine (administration et protection des biens du pupille)
- Représentation du pupille auprès des tribunaux, autorités et tiers
Obligations et restrictions
Le tuteur professionnel est tenu, conformément à l’§ 1800 BGB, de garantir le bien-être du pupille et de prendre en considération ses souhaits et sa volonté dans la mesure où cela est compatible avec son bien-être. Par ailleurs, il doit présenter régulièrement au tribunal de la famille des rapports et des comptes concernant la gestion du patrimoine (§ 1840 BGB).
Certaines opérations juridiques, telles que la vente de biens immobiliers ou la souscription d’un prêt au nom du pupille, nécessitent l’autorisation du tribunal de la famille (§§ 1821, 1822 BGB).
Contrôle et surveillance
L’exercice professionnel de la tutelle est soumis à un contrôle continu du tribunal de la famille compétent. Le tribunal peut à tout moment exiger un rapport sur des affaires importantes et l’état de la gestion patrimoniale. De plus, les services de la jeunesse participent également à certains mécanismes de contrôle.
Rémunération et frais
Droit à la rémunération
Le tuteur professionnel a droit à une rémunération appropriée conformément à la loi sur la rémunération des tuteurs et curateurs (VBVG). Le montant dépend de la complexité et du temps consacré à la tutelle, de l’importance des biens administrés ainsi que de la qualification et de l’expérience professionnelle du tuteur.
Prise en charge des coûts
Les frais de la tutelle professionnelle sont en principe à la charge du pupille ou de ses biens. Si ses ressources financières sont insuffisantes, la prise en charge incombe à l’État dans les limites fixées par la loi.
Nomination et choix du tuteur professionnel
Nomination par le tribunal de la famille
Le tribunal de la famille nomme un tuteur professionnel lorsqu’aucune personne bénévole n’est disponible. Il examine alors avec soin l’aptitude du candidat, tenant compte notamment de sa fiabilité personnelle, de sa compétence et de ses disponibilités.
Critères de sélection
Conformément à l’§ 1776 BGB, la priorité pour la sélection revient aux associations de tutelle reconnues, appelées « Vereinsvormünder », suivies des tuteurs institutionnels (généralement les services de la jeunesse). Ce n’est que si aucune de ces institutions n’est disponible qu’on considère les tuteurs professionnels indépendants.
Fin de la tutelle professionnelle
La tutelle professionnelle prend fin de plein droit avec la disparition du motif de la nomination, généralement à la majorité du pupille, en cas d’adoption, de retrait de l’autorité parentale ou au décès du pupille (§ 1881 et § 1882 BGB). Dans certains cas, le tuteur peut être démis de ses fonctions par le tribunal en cas de manquement à ses obligations ou sur sa propre demande.
Distinction avec d’autres formes de protection
Le terme « tuteur professionnel » doit être clairement distingué de l’activité de curateur selon le droit de la protection juridique pour les personnes majeures. Tandis que la tutelle concerne exclusivement les mineurs ou, exceptionnellement, des majeurs sous certaines conditions, la représentation légale des adultes à capacité juridique limitée relève du champ de la protection juridique.
Résumé et importance de la tutelle professionnelle
Les tuteurs professionnels assument un rôle essentiel dans le système juridique allemand en garantissant la protection et la représentation légale des personnes mineures, voire rarement majeures, dépourvues de proches. Par une réglementation claire, un contrôle public et une rémunération encadrée, le législateur établit un cadre contraignant pour l’exercice responsable de cette mission. L’institution du tuteur professionnel vise le bien de l’enfant et la protection effective des personnes vulnérables dans la société.
Questions fréquemment posées
Qui peut être nommé tuteur professionnel et quelles conditions doivent être remplies ?
Selon l’§ 1789 BGB, tout majeur capable juridiquement peut en principe être nommé tuteur professionnel à condition de démontrer les connaissances requises, la fiabilité et l’aptitude personnelle pour exercer une tutelle. Il s’agit généralement de personnes exerçant cette activité à titre professionnel, souvent comme indépendants ou dans le cadre d’une association ou d’une autorité. Les conditions incluent également l’absence de conflits d’intérêts entre la personne du tuteur et le pupille ou ses intérêts. Lors de la sélection, le tribunal de la tutelle vérifie notamment si le candidat possède de l’expérience en travail social, en curatelle ou en droit, ainsi que s’il peut justifier d’une assurance responsabilité professionnelle. Les tuteurs professionnels doivent en outre, conformément à l’§ 23 al. 1 VBVG, être soumis à la surveillance du tribunal de la famille et sont régulièrement contrôlés quant à leur aptitude.
Quelles missions et obligations incombent au tuteur professionnel selon la loi ?
Les missions et obligations du tuteur professionnel sont exhaustivement réglées dans le Code civil (BGB) et la loi sur l’organisation de la tutelle et de la protection judiciaire (VBVG). Les principales missions incluent la représentation légale et la prise en charge de la personne et du patrimoine du mineur dans la limite fixée par le tribunal familial. Le tuteur professionnel doit représenter juridiquement le pupille, gérer correctement ses biens, examiner les droits à pension alimentaire, demander des prestations sociales, veiller à la résidence, à la formation et à la santé. Il a l’obligation d’entretiens personnels et de contacts réguliers avec le pupille. Il existe également une obligation détaillée de rapport envers le tribunal de la famille, ainsi que l’obligation de soumettre un compte-rendu annuel des biens. Sont également à respecter l’obligation de loyauté et l’interdiction de mêler ses propres intérêts économiques à ceux du pupille.
Comment le tribunal procède-t-il à la nomination d’un tuteur professionnel ?
La désignation d’un tuteur professionnel est exclusivement effectuée par le tribunal de la famille après vérification de l’aptitude personnelle et professionnelle du candidat. La nomination judiciaire est soumise à une procédure officielle, dans laquelle le tribunal constate d’abord la nécessité d’une tutelle (par exemple après le décès des parents ou la destitution d’un tuteur). Ensuite, le tribunal vérifie s’il n’existe pas un tuteur bénévole, par exemple dans la famille, avant de recourir à un tuteur professionnel (§ 1779 al. 2 BGB). S’ensuit une sélection rigoureuse, prenant en compte des critères personnels et professionnels, éventuellement après consultation des services de la jeunesse et en tenant compte de l’intérêt supérieur du mineur. La nomination définitive est prononcée par décision judiciaire notifiée au tuteur professionnel, au pupille et éventuellement au service de la jeunesse. La tutelle ne prend effet qu’après la réception de cette décision.
Comment les tuteurs professionnels sont-ils contrôlés et supervisés ?
Pour garantir une administration conforme à la mission, les tuteurs professionnels sont soumis à un contrôle judiciaire particulier. La surveillance relève du tribunal de la famille compétent, qui procède à des contrôles réguliers. Cela inclut l’obligation de transmettre chaque année un compte des biens et des rapports sur le bien-être personnel et éducatif du pupille. En outre, le tribunal peut à tout moment exiger des informations ou attestations supplémentaires. En cas de manquements graves, le tribunal dispose de divers moyens de sanction, dont la révocation du tuteur professionnel. Par ailleurs, les services de la jeunesse jouent un rôle de conseil et de soutien. Des contrôles externes, comme par la Cour des comptes fédérale, sont également possibles dans certains cas, notamment lorsque le tuteur intervient sur décision de financeurs publics.
Quelle rémunération perçoit le tuteur professionnel et comment est-elle réglementée ?
La rémunération des tuteurs professionnels est régie par la loi sur la rémunération des tuteurs et des curateurs (VBVG). Contrairement au tuteur bénévole, le tuteur professionnel reçoit une rémunération forfaitaire, dont le montant dépend de l’étendue des missions, de la qualification et de la situation patrimoniale du pupille. Les §§ 3, 4 VBVG déterminent les taux horaires et forfaits spécifiques selon les domaines d’activité. Les demandes de rémunération doivent être régulièrement adressées au tribunal de la famille et sont soumises à autorisation. En règle générale, les frais sont d’abord pris en charge par le patrimoine du pupille ; si celui-ci est insuffisant, l’État assure leur prise en charge par recours. Les dépenses supplémentaires peuvent être remboursées à condition d’être jugées nécessaires.
Quelle responsabilité incombe au tuteur professionnel en cas de manquements ?
Les tuteurs professionnels sont responsables, conformément aux principes généraux de la responsabilité civile, de tout manquement à leurs obligations, notamment en cas de violation fautive de leurs devoirs de diligence (§ 1833 BGB). La responsabilité porte tant sur les dommages aux biens que sur les dommages corporels subis par le pupille. Une négligence grave ou une violation intentionnelle entraîne systématiquement une obligation d’indemnisation. La loi distingue entre simple et grave négligence, l’exigence de responsabilité étant adaptée au caractère professionnel et à l’expérience du tuteur. C’est pourquoi ils sont tenus de souscrire une assurance responsabilité professionnelle adéquate pour se protéger contre d’éventuelles demandes de dommages-intérêts.
Dans quelles circonstances le mandat du tuteur professionnel prend-il fin ?
Le mandat du tuteur professionnel prend fin, conformément à l’§ 1882 BGB, automatiquement à la majorité du pupille, à son décès ou par levée de la tutelle par le tribunal de la famille. Le tuteur professionnel peut également être démis pour motif grave, par exemple en cas de perte d’aptitude, de manquement grave, ou sur sa propre demande en justifiant d’un motif sérieux. La révocation intervient toujours par décision judiciaire. Après la fin de la tutelle, le tuteur professionnel doit, conformément à l’§ 1837 BGB, présenter un rapport de clôture récapitulant tous les mouvements de patrimoine et mesures prises durant le mandat.