Définition et bases juridiques du transit
Dans le contexte juridique, le transit désigne le passage de marchandises, de moyens de transport ou de personnes par le territoire d’un État, sans que ceux-ci soient en principe soumis à une procédure douanière d’admission en libre pratique ou, en règle générale, à une autorisation d’importation. Il constitue un élément essentiel des échanges internationaux et joue un rôle majeur en droit douanier comme en droit du commerce international. La notion de transit se distingue de l’importation et de l’exportation et recouvre des procédures et conditions variées en fonction de la législation et des accords internationaux.
Sources juridiques et accords internationaux
Droit international
Sur le plan international, c’est notamment le GATT 1947/1994 (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) qui réglemente la liberté de transit à l’article V (« Freedom of Transit »). Les parties contractantes sont ainsi tenues d’assurer la libre circulation des marchandises sur leur territoire, à condition que le transit poursuive des fins pacifiques et que toutes les conditions soient respectées.
Différents accords de libre-échange ainsi que les conventions douanières de l’Organisation mondiale des douanes, telles que la Convention relative au régime commun de transit ou la Convention TIR (Accord international de transport routier), posent des règles spécifiques pour les procédures de transit en matière de commerce international.
Droit européen
Au niveau européen, les dispositions pertinentes sont ancrées dans le Code des douanes de l’Union (CDU, Règlement (UE) n° 952/2013) et ses règlements d’application (IA, DA et TDA). Le transit y constitue une procédure douanière particulièrement élaborée :
- Transit communautaire/de l’Union : transit de marchandises non Union ou de marchandises Union soumises à certaines mesures, sous contrôle douanier à travers le territoire douanier de l’Union européenne.
- Procédure commune de transit : entre autres pour les transports entre l’UE et les États de l’AELE, la Turquie, l’Ukraine ainsi que d’autres États parties.
Droit allemand
En droit allemand, les dispositions relatives au transit découlent principalement des règles douanières de l’UE, complétées par la Loi sur l’administration des douanes (ZollVG) et d’autres dispositions nationales, notamment en matière de surveillance et d’expédition par les autorités douanières.
La procédure de transit en droit douanier
Conditions requises pour le transit
La condition centrale pour effectuer un transit légal résulte des principes suivants :
- La marchandise doit rester sous surveillance douanière durant tout le transit.
- Le transit ne doit consister qu’en un transport de marchandises sans intervention (comme, par exemple, transformation, vente) sur le territoire national.
- Les frais ne peuvent être perçus que pour couvrir les coûts effectivement engagés (exclusion de mesures protectionnistes).
- Les dispositions douanières et autres réglementations applicables doivent être respectées (par exemple, interdictions et restrictions relevant du droit du commerce extérieur, de la législation sur les médicaments, les armes, etc.).
Déroulement d’une procédure de transit
La procédure juridique de transit s’effectue en plusieurs étapes :
- Présentation des marchandises auprès du bureau de douane d’entrée : déclaration des marchandises en transit, présentation des documents d’accompagnement (ex. : document T1/T2 en transit douanier Union).
- Surveillance douanière pendant le transport : éventuelles garanties, plombage, obligation de transport sans modification.
- Clôture (sortie du territoire) : signalement au bureau de sortie, contrôle de l’intégrité de l’envoi, fin du transit.
Procédures particulières de transit
Sous certaines conditions, il existe des procédures particulières de transit, notamment :
- Procédures de perfectionnement passif et actif avec entreposage temporaire
- stockage temporaire
- Procédures avec carnet TIR, carnet ATA, carnet CPD (notamment dans le transport international routier)
Transit et interdictions ou restrictions
Le transit est soumis à la condition qu’aucune interdiction ou restriction nationale ou de l’Union ne s’y oppose. Toutes les marchandises ne peuvent pas être transportées librement par un territoire national ; cela concerne notamment :
- Matériels de guerre et biens à double usage
- Stupéfiants et médicaments
- Marchandises protégées en vertu du droit de la protection des espèces (CITES)
- Sanctions économiques et commerciales à l’encontre de certains pays ou personnes
Différences douanières par rapport à l’importation et à l’exportation
À la différence de l’importation, le transit ne requiert pas de déclaration douanière pour la mise en libre pratique. Des droits de douane ou la TVA à l’importation ne s’appliquent que si les procédures prévues (par exemple, non-clôture du transit) ne sont pas respectées ou si une opération d’importation (pouvant être pénalement répréhensible) est réalisée. Le transit vise exclusivement la poursuite légale du transport, sans utilisation économique sur le territoire de transit.
Sanctions en cas de non-respect des règles de transit
Les violations des prescriptions douanières en matière de transit peuvent entraîner des conséquences importantes, en particulier :
- Redressements de droits de douane (par ex. perception de droits de douane et de TVA à l’importation)
- Amendes administratives
- Conséquences pénales en cas de violation intentionnelle ou par négligence (ex. contrebande, transit illicite de marchandises interdites)
Transit en droit allemand du commerce extérieur
La loi sur le commerce extérieur (AWG) et le règlement relatif au commerce extérieur (AWV) déterminent dans quelles conditions les marchandises en transit relèvent du commerce extérieur . Certaines marchandises ou biens soumis à sanctions peuvent être interdits de transit ; les contrôles et obligations d’autorisation sont, en droit allemand, étroitement coordonnés avec la réglementation européenne.
Conclusion
Le transit constitue une notion autonome et juridiquement complexe dans le commerce international. Il est régi par un ensemble de règles internationales, européennes et nationales, soumis à de nombreux règlements et vise la protection des intérêts publics ainsi que le bon déroulement du commerce. Le respect des prescriptions douanières et des interdictions est indispensable pour éviter tout risque juridique et financier lié au transit des marchandises.
Questions fréquemment posées
Qui est légalement responsable du respect des prescriptions en matière de transit ?
La responsabilité juridique du respect des règles de transit incombe en principe au transporteur, c’est-à-dire à l’entreprise ou à la personne chargée du transport des marchandises à travers le pays de transit concerné. Dans certains cas, par exemple lors de la déclaration en douane pour le transit, cette responsabilité peut être transférée au déclarant (transitaire, agent en douane). Les responsabilités découlent des règles douanières, telles que le Code des douanes de l’Union (CDU) pour les transits au sein de l’Union européenne ou des lois douanières nationales pour les transits par des pays tiers. Les infractions aux dispositions, telles qu’une documentation incomplète ou erronée, le non-respect des obligations de garantie ou la violation d’interdictions, sont généralement imputées au responsable et peuvent être sanctionnées tant sur le plan administratif que pénal.
Quels sont les documents juridiquement obligatoires pour un transit ?
Pour le transit, certains documents d’accompagnement prévus par la loi doivent toujours être disponibles et présentés lors du franchissement de la frontière ainsi que tout au long du transit. Parmi les principaux figurent le titre de transit en cours de validité (par ex. T1 ou T2 dans l’espace UE), le document d’accompagnement dûment rempli (ABD), les documents de transport (lettre de voiture, CMR), le cas échéant les certificats d’origine et factures commerciales, ainsi que des autorisations ou licences spéciales pour les biens sensibles (par ex. biens à double usage, marchandises dangereuses, espèces animales ou végétales protégées au titre de la CITES). À cela peuvent s’ajouter des obligations de preuve découlant de réglementations transfrontalières et multilatérales (telles que la Convention relative au régime commun de transit – NCTS). Le défaut de présentation ou l’invalidité de ces documents entraîne généralement la suspension du transport ou même la saisie de la marchandise.
Existe-t-il des restrictions légales concernant le transit de certaines marchandises ?
Oui, de nombreuses restrictions juridiques existent pour le transit de certaines catégories de marchandises. Les matériels de guerre, biens à double usage, médicaments, certains produits chimiques et espèces reprises à la CITES font l’objet de contrôles nationaux et internationaux stricts. Une autorisation spéciale est souvent requise (par exemple de l’Office fédéral allemand de l’économie et du contrôle des exportations – BAFA), et le transit peut être refusé à tout moment si le transport présente un risque pour la sécurité publique, l’environnement ou les intérêts de politique étrangère. Les sanctions et embargos visant certains pays ou entreprises doivent également être pris en compte, car un transit non autorisé dans ce contexte peut constituer une infraction grave passible de lourdes sanctions.
Dans quelle mesure les parties impliquées dans le transit sont-elles responsables en cas de violation des dispositions douanières ?
Les parties impliquées dans le transit, notamment le déclarant et le transporteur, peuvent être tenues civilement et pénalement responsables en cas de violation des règles douanières. Cela concerne en particulier l’absence de présentation des documents de transit requis, la manipulation ou le prélèvement de marchandises pendant le transit, des indications erronées ou incomplètes ainsi que la violation d’interdictions et de restrictions. La responsabilité s’étend au paiement des droits de douane dus, taxes à l’importation, amendes et éventuellement sanctions pénales dans le cadre des délits ou contraventions. Les bases de la responsabilité se trouvent notamment dans le Code des douanes de l’Union (art. 77, 84 CDU) ainsi que dans les règles douanières nationales.
Quels délais doivent être respectés lors d’un transit et comment sont-ils contrôlés juridiquement ?
Le transit de marchandises est soumis à des délais légalement fixés, qui découlent tant du droit international que national. Les délais les plus importants concernent la durée de transport entre le bureau de douane de départ et celui de destination : celui-ci est généralement déterminé par la douane lors du dédouanement du transit et se base sur la durée normale de transport. La mention figurant sur le document d’accompagnement est déterminante. Tout retard ou modification dans le déroulement du transport doit être immédiatement et spontanément signalé à l’autorité douanière compétente. En cas de dépassement injustifié des délais, des sanctions peuvent s’appliquer, parmi lesquelles l’obligation de payer des droits supplémentaires ou la perception de droits à l’importation.
En quoi le transit se distingue-t-il douanièrement de l’importation et de l’exportation ?
La distinction douanière entre le transit, l’importation et l’exportation repose tant sur l’objectif du transport des marchandises que sur leur statut douanier. Lors de l’importation, les marchandises entrent dans la circulation économique du pays (avec perception des droits correspondants), et lors de l’exportation elles quittent le territoire douanier ; en transit, les marchandises demeurent en principe hors du territoire fiscal et ne font que traverser le territoire sous surveillance douanière. Toutefois, il est juridiquement déterminant qu’en cas de non-respect des règles de transit (par exemple, utilisation ou vente non autorisée des marchandises dans le pays de transit), une importation douanière soit présumée, avec toutes les obligations de paiement et sanctions qui en découlent.
Quelles sont les bases juridiques nationales et internationales qui régissent le transit des marchandises ?
Les bases juridiques concernant le transit des marchandises sont multiples et résultent de dispositions internationales, européennes et nationales. Au niveau international, jouent un rôle déterminant la Convention TIR, la Convention sur le régime commun de transit, la Convention CITES et divers accords commerciaux internationaux. Au sein de l’UE, c’est principalement le Code des douanes de l’Union (CDU), complété par des règlements délégués et d’exécution, qui s’applique. Au niveau national, outre la législation douanière, il existe des dispositions spécifiques dans des domaines tels que le droit du commerce extérieur, de la sécurité des marchandises dangereuses et le droit pénal. L’harmonisation s’effectue souvent par des traités et accords multilatéraux, les violations étant en principe poursuivies tant au niveau national qu’international.