Notion et définition de la modification en droit
La modification est une notion centrale en droit allemand et international, et s’applique dans divers domaines juridiques. Le terme désigne les processus par lesquels un objet existant, une œuvre ou un droit est modifié sur le fond, la forme ou le plan technique, de telle sorte qu’un résultat nouveau, mais dérivé de l’original, en résulte. L’évaluation juridique et la protection des contenus modifiés présentent une grande importance, notamment dans le droit d’auteur, mais également en droit civil, pénal, du travail et en propriété industrielle. Ce qui suit présente de manière exhaustive les différents aspects juridiques, ainsi que la signification et les distinctions de la notion de modification.
Modification en droit d’auteur
Principe et bases légales
La modification occupe une place centrale dans la loi allemande sur le droit d’auteur (UrhG). Selon l’article 23 de l’UrhG, la modification ou tout autre remaniement d’une œuvre protégée par le droit d’auteur requiert en principe l’autorisation de l’auteur. La modification ainsi créée constitue une prestation dérivée qui peut également bénéficier d’une protection autonome par le droit d’auteur, à condition qu’elle remplisse les critères du niveau dit de « création ».
Distinction : modification et utilisation libre
D’après l’ordre juridique, la modification doit être distinguée de l’utilisation libre au sens de l’article 24 UrhG (jusqu’à la réforme du droit d’auteur de 2021). Alors qu’aucun accord de l’auteur initial n’était requis pour une utilisation libre, un consentement était toujours nécessaire pour une modification. Depuis la révision, la notion d’utilisation libre occupe un rôle secondaire en droit d’auteur allemand, de sorte que les modifications restent soumises à autorisation, sauf si elles entrent dans le cadre d’exceptions, telle la citation selon l’article 51 UrhG.
Droit d’auteur du modificateur
Lorsqu’une modification est réalisée avec l’accord du titulaire des droits et atteint son propre niveau de création, le modificateur peut faire valoir des droits d’auteur propres sur l’œuvre modifiée. Toutefois, le droit d’auteur du modificateur est toujours limité par le droit d’auteur originaire (dits « droits dérivés du modificateur »).
Exemples pratiques
Les cas typiques de modification relevant du droit d’auteur sont la traduction de romans, l’arrangement d’œuvres musicales et l’adaptation de pièces de théâtre au cinéma ou à la télévision.
Modification en droit civil
Traitement des objets et conséquences juridiques
En droit civil, la modification comprend généralement la transformation ou le remaniement de choses mobilières (§ 950 BGB). Celui qui, par modification, crée une nouvelle chose mobilière en devient propriétaire, à condition que la valeur de la modification ne soit pas très inférieure à celle de l’objet initial. Ici, les distinctions vis-à-vis de la transformation, du traitement et du mélange selon les §§ 946 et suivants du BGB revêtent une importance particulière.
Modification des contrats
Dans le cadre d’une modification contractuelle – par exemple une adaptation de contrat – le document d’origine est modifié. La licéité et la validité juridiques dépendent de la volonté des parties et des limites de l’autonomie privée.
Modification en droit du travail
Notion en relation de travail
En droit du travail, le terme modification est utilisé pour désigner les activités par lesquelles les salariés traitent ou remanient les résultats du travail d’autrui. Des particularités apparaissent lorsque ces modifications conduisent à des œuvres protégées par le droit d’auteur, car alors, en règle générale, l’employeur reçoit les droits d’utilisation conformément à l’article 43 UrhG, sauf disposition contraire.
Modification en propriété industrielle
Droits de protection en cas d’inventions techniques
En propriété industrielle, notamment en droit des brevets et du design, la modification se réfère à la création de produits dérivés par modification d’objets protégés existants. La modification peut ici, par exemple, constituer une contrefaçon de brevet lorsque des enseignements techniques protégés sont repris ou étendus.
Droit des modèles et du design
En droit du design (loi sur les modèles déposés), la modification comprend le changement d’un design enregistré. La question de savoir si la modification dispose d’une capacité autonome de protection dépend du degré de création et d’originalité par rapport à la forme d’origine.
Modification en droit pénal
Atteinte au droit d’auteur par modification non autorisée
Des infractions pénales surviennent notamment en droit d’auteur lorsque des œuvres sont modifiées et exploitées illégalement (§ 106 UrhG). Une modification non autorisée peut entraîner des demandes civiles en cessation et en dommages-intérêts ainsi que des sanctions pénales.
Modification en droit administratif
Traitement des dossiers et démarches administratives
En droit administratif, le terme modification désigne souvent le traitement de dossiers, de demandes ou d’actes administratifs par des autorités. Les dispositions juridiques applicables figurent notamment dans les lois sur la procédure administrative de la fédération et des Länder (par ex. § 10 VwVfG).
Distinctions et particularités
Modification, traitement et remaniement
Il est nécessaire de distinguer clairement la modification d’autres notions proches comme le traitement ou le remaniement. La modification concerne avant tout le changement ciblé d’un objet intellectuel ou matériel existant, l’œuvre ou l’objet d’origine restant reconnaissable dans ses traits essentiels.
Pertinence à l’ère du numérique
À l’ère numérique, la modification de contenus numériques (par ex. remixes, collages, mash-ups) prend de plus en plus d’importance. La protection juridique et la distinction vis-à-vis des œuvres autonomes ou des formes d’utilisation autorisées font l’objet de débats continus et d’évolutions juridiques permanentes.
Résumé
La modification est un concept utilisé de manière diversifiée et d’une grande portée juridique. Elle va des modifications relevant du droit d’auteur et des transformations civiles aux aspects du droit du travail, en passant par la propriété industrielle, ainsi que par les questions de droit pénal et administratif. Au centre demeure toujours la légalité de la modification et les conséquences juridiques qui en résultent pour les parties concernées. Pour l’évaluation de chaque modification, un examen approfondi des dispositions légales applicables ainsi qu’une distinction minutieuse avec d’autres notions apparentées s’avèrent nécessaires.
Questions fréquemment posées
Quand la modification d’une œuvre protégée par le droit d’auteur est-elle juridiquement admissible ?
La modification d’une œuvre protégée par le droit d’auteur – par exemple par traduction, adaptation, réduction, extension ou autrement – n’est en principe admissible selon l’art. 23 UrhG qu’avec l’accord de l’auteur ou du titulaire des droits. Une exception s’applique seulement lorsqu’il s’agit d’une utilisation libre, où la nouvelle œuvre acquiert une telle autonomie par rapport à l’original que le caractère créatif de l’original s’estompe (art. 24 UrhG ancien ; à compter du 7 juin 2021 modifié par la « Loi sur les fournisseurs de services d’œuvres » et le passage à de nouvelles règles sur l’utilisation libre). En l’absence d’utilisation libre, toute modification sans l’accord du titulaire des droits constitue une violation du droit d’auteur et peut entraîner des conséquences civiles et pénales. De plus, il convient de noter que même en cas de modification autorisée, les droits d’exploitation de celle-ci (par ex. publication ou reproduction) ne peuvent être exercés qu’avec l’accord du titulaire des droits.
Le modificateur d’une œuvre doit-il également être cité comme auteur ?
Lorsque la modification d’une œuvre va au-delà d’une simple exécution technique et présente une création intellectuelle personnelle, le modificateur peut acquérir des droits d’auteur sur la modification (§ 3 UrhG). Dans ce cas, le modificateur a également droit à la reconnaissance de sa qualité d’auteur selon l’art. 13 UrhG, par exemple par la mention de son nom lors de la publication de la modification. Toutefois, cela ne porte pas atteinte aux droits de l’auteur initial sur l’œuvre originale ; l’exploitation exclusive d’une modification reste en principe exclue sans l’accord de l’auteur original, sauf si la modification est admissible en tant qu’utilisation libre.
Existe-t-il des obligations particulières en matière de droit d’auteur lors de modifications d’œuvres dans le cadre d’une relation de travail ou de commande ?
En particulier dans une relation de travail ou de commande, la situation dépend de la rédaction du contrat. Il est fréquent que les droits de modification et d’utilisation des œuvres soient transférés de manière large à l’employeur ou au donneur d’ordre dans le cadre du contrat de travail. À défaut de transfert de droits, en totalité ou en partie, tous les droits d’auteur – y compris ceux sur les modifications – restent en principe au salarié ou au prestataire. L’employeur ne peut alors utiliser l’œuvre modifiée que dans la limite des droits qui lui ont été concédés. Il est donc vivement recommandé de prévoir une réglementation claire au contrat, notamment en ce qui concerne les modifications ultérieures et les droits d’utilisation qui y sont liés.
Quelles peuvent être les conséquences juridiques d’une modification non autorisée ?
Une modification sans le consentement requis du titulaire des droits constitue une violation du droit d’auteur. Le titulaire peut exercer contre le modificateur des droits à cessation et à réparation (§§ 97 ss. UrhG). En outre, il peut y avoir des poursuites pénales au titre du § 106 UrhG. Il convient également de noter que la modification elle-même – si elle repose sur une base illicite (l’œuvre modifiée sans droit) – ne peut généralement pas être exploitée, même si des prestations créatives autonomes y ont été introduites.
Quel rôle joue le droit moral de l’auteur lors de la modification d’une œuvre ?
Outre les droits patrimoniaux, la loi sur le droit d’auteur protège également les droits moraux de l’auteur, notamment le droit au respect de la paternité et le droit à la protection contre la déformation (§ 14 UrhG). Cela signifie que l’auteur a en principe le droit d’interdire des modifications de son œuvre susceptibles de porter atteinte à ses intérêts intellectuels et personnels légitimes dans l’œuvre. Cela peut s’appliquer même si par ailleurs le modificateur est habilité à exploiter l’œuvre modifiée – par exemple lorsqu’une modification conduit à une altération ou une dévalorisation de l’œuvre.
La modification d’œuvres tombées dans le domaine public est-elle régie par le droit d’auteur ?
Si l’œuvre originale est tombée dans le domaine public, c’est-à-dire que le droit d’auteur est éteint (généralement 70 ans après le décès de l’auteur), des modifications peuvent, en principe, être réalisées sans restrictions liées au droit d’auteur. Toutefois, de nouveaux droits d’auteur peuvent également naître dans ces cas si la modification constitue elle-même une création intellectuelle personnelle. L’œuvre dérivée nouvellement créée bénéficie alors à nouveau de la protection du droit d’auteur. Toute participation d’anciens droits (par ex. droits sur l’image ou droits de la personnalité) est toutefois exclue, sauf si elle relève d’un autre domaine de droit.
Dans quelle mesure le droit de modification s’applique-t-il aussi aux œuvres numériques et aux programmes informatiques ?
Le droit de modification s’applique également aux œuvres numériques et aux programmes informatiques. Les programmes informatiques sont eux aussi protégés comme œuvres selon l’art. 2, al. 1, n° 1 UrhG. Les modifications, extensions ou traductions d’un code source constituent des modifications et relèvent exclusivement du titulaire des droits conformément à l’article 69c UrhG. Seules des exceptions limitées existent pour les adaptations nécessaires dans le cadre d’une utilisation autorisée (p. ex. correction d’erreurs ou interopérabilité), qui doivent être interprétées strictement. Pour les autres œuvres numériques (p. ex. images, audio, vidéo), il n’y a pas de particularités : le droit de modifier et d’exploiter la modification reste au titulaire des droits, sauf octroi de droits de jouissance au titre d’exceptions.