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Traité de Versailles

Notion et qualification du traité de Versailles

Le traité de Versailles (officiellement : Traité de paix de Versailles) fut signé le 28 juin 1919 au château de Versailles, près de Paris, entre l’Empire allemand et les Alliés de la Première Guerre mondiale. Il constitua le traité fondamental en matière de droit de la paix, scellant la fin de la Première Guerre mondiale et régissant les relations futures entre l’Allemagne et les puissances victorieuses. Le traité entra en vigueur le 10 janvier 1920. Du point de vue du droit international, le traité de Versailles constitue un traité multilatéral recouvrant de nombreux domaines juridiques, notamment le droit constitutionnel, le droit international public et le droit international économique.

Fondements historiques et juridiques

Genèse

Les négociations de paix débutèrent en janvier 1919 à Paris. L’Allemagne ne fut pas conviée à ces négociations mais reçut en mai 1919 le texte du traité rédigé pour observation. Les objections allemandes furent en grande partie ignorées, si bien que la délégation allemande signa finalement sous réserve le 28 juin 1919. La responsabilité de l’Allemagne et de ses alliés dans le déclenchement de la guerre ainsi que l’acceptation d’obligations étendues furent ainsi rendues contraignantes sur le plan du droit international.

Caractère du traité

Du point de vue du droit international, le traité de Versailles est un traité de paix et de territoire, comprenant, outre des dispositions de paix, des régulations territoriales, militaires, politiques, économiques et sociales. Il a force de loi selon le droit international et obligeait l’Allemagne à appliquer les normes qui y étaient inscrites.

Principaux axes de contenu et effets juridiques

Dispositions territoriales

Cessions territoriales

Le traité imposa d’importants changements aux frontières de l’Empire allemand. Parmi les principales dispositions territoriales figurent :

  • Cession de l’Alsace-Lorraine à la France
  • Cession de la province de Posnanie et de parties de la Prusse occidentale à la Pologne
  • Cession du Nord-Schleswig au Danemark (après plébiscite)
  • Cession du territoire de Memel aux Alliés (puis à la Lituanie)
  • Cession d’Eupen-Malmédy à la Belgique
  • Administration internationale de la Sarre par la Société des Nations
  • Perte de toutes les colonies au profit des Alliés et de la Société des Nations

Ces mesures ont entraîné pour l’Empire allemand une forte réduction du territoire et une redistribution des droits de souveraineté.

Dispositions militaires et de sécurité

Afin de prévenir de futures agressions, le traité de Versailles imposa de strictes restrictions à l’armement :

  • Limitation de l’effectif de l’armée de terre à 100 000 soldats
  • Interdiction du service militaire obligatoire, des sous-marins, chars d’assaut, aéronefs et de l’artillerie lourde
  • Démilitarisation et neutralité permanente de la Rhénanie

Sur le plan du droit international, le traité constitue ainsi un précédent pour les efforts internationaux de désarmement.

Dispositions économiques et financières

Réparations et indemnités

Le traité prévoyait que l’Allemagne et ses alliés soient tenus responsables de tous les dommages de guerre subis par les Alliés. La clause dite de « responsabilité de la guerre » ou de réparation (art. 231 et suivants, « article de la culpabilité de guerre ») servait de fondement juridique pour imposer des paiements de réparations. Les détails, montants et modalités furent fixés par les commissions de réparation suivantes (conférence de Londres, plans Dawes et Young). Le dernier versement eut lieu en 2010.

Clauses économiques

De nombreuses clauses contraignirent l’Allemagne à accepter d’importants désavantages dans les domaines du commerce, de la navigation, du droit des brevets et des structures économiques, au profit des Alliés. Cela incluait l’ouverture des marchés et des douanes allemands, la cession de biens et de droits (notamment les colonies).

Dispositions de droit international

Société des Nations

Le traité de Versailles prévoyait, comme institution novatrice, la fondation de la Société des Nations. Le pacte (Covenant) en constituait une partie intégrante et visait à résoudre les différends internationaux de manière multilatérale, à limiter l’armement et à instaurer un nouvel ordre de sécurité collective.

Protection des minorités et des droits de l’homme

Le traité comportait de nombreuses dispositions relatives à la protection des minorités, en particulier dans les régions concernées par les cessions territoriales. Des droits de protection et d’égalité furent codifiés au niveau international.

Dispositions judiciaires et pénales

Le traité de Versailles contenait des dispositions pénales innovantes. Ainsi, l’ancien empereur allemand Guillaume II et d’autres présumés criminels de guerre devaient être traduits devant un tribunal international. La mise en œuvre échoua toutefois pour des raisons politiques, ce qui n’en constitua pas moins un précédent juridique international pour la juridiction pénale internationale.

Mise en œuvre, contrôle et conséquences juridiques internationales

Application et surveillance

Une multitude de commissions et d’organes internationaux furent mis en place pour surveiller l’exécution du traité, notamment :

  • Commissions militaires interalliées de contrôle
  • Commissions de réparation
  • Commissions internationales d’administration pour des territoires comme la Sarre ou Dantzig

Leur pouvoir juridique de disposition était directement établi dans le traité.

Conséquences juridiques pour l’Empire allemand

Le non-respect de certaines clauses du traité pouvait entraîner des sanctions internationales, comme dans le cas de l’occupation de la Ruhr en 1923. Les obligations de l’Allemagne découlaient directement des prescriptions du droit international et n’étaient initialement pas négociables unilatéralement.

Révision et évolution

Une grande partie des dispositions perdit progressivement de sa vigueur avec la montée du national-socialisme et les événements des années 1930. Certaines stipulations demeurèrent toutefois applicables à l’échelle internationale bien après la Seconde Guerre mondiale et furent reprises dans des accords ultérieurs tels que les Accords de Paris et le traité deux plus quatre.

Signification sur le plan de l’histoire juridique et répercussions

Effet de précédent en droit international

Le traité de Versailles est considéré comme un exemple type des traités de paix internationaux du XXe siècle et a fortement marqué le droit de la guerre, de l’État et international moderne. De nombreux traités et accords ultérieurs s’y réfèrent explicitement ou implicitement aux dispositions codifiées à Versailles.

Critiques et controverses juridiques

Le traité fut critiqué de diverses parts comme une « paix dictée », l’Allemagne n’ayant en fait aucun droit de participation et se voyant imposer de lourdes obligations. La question de la culpabilité de la guerre fut particulièrement discutée sur le plan juridique et politique, constituant un point d’ancrage pour le révisionnisme.

Résumé

Le traité de Versailles incarne un instrument juridique international complet, englobant une pluralité de matières et de formes juridiques. Il reste une étape clé dans l’évolution du droit des traités internationaux et du droit de la paix, et offre, du point de vue de la science du droit, de nombreux points d’ancrage pour l’analyse des interactions entre la politique de puissance, la consolidation de la paix et l’État de droit à l’échelle mondiale. Ses dispositions ont eu une grande influence sur le droit international, les relations internationales et le développement de systèmes de contrôle du respect des obligations collectives.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les obligations juridiques qui sont nées pour les États signataires avec le traité de Versailles ?

Par le traité de Versailles, les États signataires souscrivirent des obligations juridiquement contraignantes, obligatoires au regard du droit international. Pour l’Empire allemand et les Alliés, cela signifiait l’entrée en vigueur de frontières redéfinies, des restrictions de souveraineté militaire pour l’Allemagne et des paiements de réparations. L’article 231 (connu sous le nom d’« article de la culpabilité de la guerre ») établit, par exemple, la responsabilité exclusive de l’Allemagne et de ses alliés pour la Première Guerre mondiale, ce qui servit de base à d’autres prétentions juridiques contre l’Allemagne. Le respect des limitations militaires et des cessions de territoire instaurées par le traité était également une obligation de droit international et soumis au contrôle des Alliés ; en cas de manquement, des sanctions et interventions pouvaient être décidées.

Quels mécanismes de mise en œuvre des dispositions du traité le traité de Versailles prévoyait-il ?

Pour contrôler et faire respecter le traité, celui-ci prévoyait une multitude de mécanismes de surveillance et de sanction. Les Alliés mirent en place, par exemple, la Commission interministérielle militaire de contrôle, habilitée à superviser le désarmement et l’application des dispositions militaires sur place. En cas de violation du traité, les puissances victorieuses se réservaient, conformément à l’article 430, le droit d’occuper militairement certains territoires, notamment la Rhénanie, ou d’adopter des mesures économiques punitives. La mise en œuvre se fit donc non seulement sur le plan diplomatique, mais parfois aussi par la contrainte directe et l’occupation.

Quel fut le rôle du droit international dans la mise en œuvre et l’interprétation du traité de Versailles ?

Le droit international forma le cadre juridique fondamental du traité de Versailles. En tant qu’accord multilatéral, il était contraignant selon les principes du droit international alors en vigueur et devait être appliqué par les États signataires. L’interprétation du contenu du traité incombait principalement aux Alliés, ce qui causa notamment des conflits à propos des cessions de territoires et des réparations. Faute d’une juridiction internationale indépendante à l’époque pour en surveiller l’exécution, l’interprétation relevait principalement des organes institutionnalisés des Alliés et la Société des Nations créée en 1919 n’exerçait qu’un rôle consultatif, non contraignant.

Quels recours juridiques restaient ouverts à l’Empire allemand contre les dispositions du traité ?

L’Empire allemand ne disposait que de voies juridiques très limitées pour contester les dispositions du traité. Puisque le traité était dicté unilatéralement par les vainqueurs, il n’existait réellement pas de recours juridiques tels qu’appel, arbitrage international ou révision. Il existait bien dans le traité quelques commissions d’arbitrage pour des questions spécifiques – par exemple les réparations ou les litiges frontaliers – mais celles-ci étaient contrôlées par les Alliés et ne pouvaient modifier les principes fondamentaux du traité. Une révision était en principe possible par renégociation internationale ou par des accords bilatéraux ultérieurs (par exemple l’Accord de Locarno de 1925).

En quoi le traité de Versailles a-t-il influencé le droit international des traités ?

Le traité de Versailles a constitué un précédent juridique en matière de droit international des traités, notamment en tant que « paix dictée », c’est-à-dire un traité conclu sans partenaires de négociation équitables. Cela a suscité dans la doctrine du droit international des débats sur la validité et la légitimité de tels traités. Avec le recul, le traité a été considéré comme problématique, car il a ignoré des principes fondamentaux comme la souveraineté et l’autodétermination des peuples et a laissé la possibilité aux États vainqueurs de modifier unilatéralement le traité. L’expérience du traité de Versailles a ainsi contribué, en particulier après la Seconde Guerre mondiale, à l’élaboration de principes modernes du droit international.

Quelles dispositions juridiques le traité de Versailles a-t-il prises en ce qui concerne les cessions de territoires ?

Le traité de Paix de Paris précisait en détail les territoires que l’Allemagne devait céder. Ces cessions de territoires furent régies par des dispositions claires du droit international, transférant la souveraineté sur les territoires concernés aux États voisins (par exemple la Pologne, la France et le Danemark). Le traité représente ainsi l’un des premiers cas, dans l’histoire moderne, d’un changement de frontières étatiques rendu internationalement contraignant par traité. Pour statuer sur d’éventuels différends d’interprétation des frontières, des commissions d’arbitrage internationales furent instaurées. Les territoires concernés furent soumis à des administrations transitoires et à des plébiscites (par exemple en Haute-Silésie ou au Schleswig), dont le déroulement loyal était placé sous contrôle allié.

De quelle manière le traité de Versailles a-t-il été mis en œuvre dans la Constitution de Weimar ?

La Constitution de Weimar (1919) fit référence aux obligations imposées par le traité de Versailles et intégra les engagements internationaux dans le droit national. La ratification du traité nécessitait l’approbation des organes législatifs, mais fut finalement imposée en invoquant l’urgence de la situation extérieure. Beaucoup des lois et actes administratifs exigés par le traité – comme la mise en œuvre des cessions territoriales, la limitation des forces armées et la réglementation des réparations – furent expressément validés et appliqués par le Parlement, garantissant ainsi le respect du traité international dans la législation nationale.