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Trahison d’État à des fins journalistiques

Concept et signification de la trahison d’État journalistique

Der trahison d’État journalistique est une notion en droit pénal allemand qui concerne la publication ou la transmission de secrets d’État par des acteurs des médias. L’accent est mis ici sur la nécessité de concilier la protection des intérêts nationaux de sécurité et la liberté de la presse. Les dispositions pertinentes se trouvent dans le Code pénal (StGB) et font partie du droit pénal spécial de protection de l’État.

Fondements juridiques

Code pénal (StGB) – §§ 93 et suivants StGB

Les dispositions juridiques relatives à la trahison d’État se trouvent aux §§ 93 à 100a StGB. La dénommée trahison d’État journalistique est notamment définie au § 93 StGB (Définition du secret d’État) ainsi qu’au § 96 StGB (Publication, transmission de secrets d’État à des États étrangers ou à des particuliers). Le § 97 StGB, qui précise la répression de certaines modalités de publication, revêt toutefois une importance particulière dans le contexte journalistique.

Distinction par rapport à la trahison d’État générale

Contrairement à la trahison d’État générale, qui vise également les membres de l’administration, les détenteurs de secrets militaires ou politiques, la trahison d’État journalistique concerne spécifiquement la diffusion de secrets d’État par les membres de la presse, de la radiodiffusion et d’autres médias d’information.

Éléments constitutifs

Notion de secret d’État

Selon le § 93 StGB, un secret d’État existe lorsqu’un fait n’est connu que d’un cercle restreint de personnes et que sa divulgation pourrait fortement porter préjudice à la République fédérale d’Allemagne. Cela concerne par exemple des informations sur la défense militaire, les stratégies de politique étrangère ou des installations sensibles en matière de sécurité.

Cercle des auteurs

Der Cercle des auteurs dans le contexte de la trahison d’État journalistique comprend notamment les rédactrices et rédacteurs, éditeurs, personnes publiant ainsi que les personnes techniquement impliquées dans la publication – qu’il s’agisse de médias imprimés, de la radio ou de plateformes en ligne.

Acte criminel

La répression nécessite la publication ou la transmission sous une autre forme d’un secret d’État, cet acte devant s’inscrire dans une activité à visée publique, donc par exemple via la presse, la radio ou les télémedias.

Intention

Au moins une intention éventuelle est exigée : l’auteur doit savoir ou accepter que l’information constitue un secret d’État et que sa publication est susceptible de mettre en danger la République fédérale d’Allemagne.

Protection de la liberté de la presse

Portée de l’article 5 de la Loi fondamentale (GG) – La liberté de la presse

La liberté de presse selon l’article 5 GG protège la recherche, la présentation et la diffusion d’informations et d’opinions par la presse. Le législateur doit donc établir un équilibre entre la protection de l’intérêt public et la liberté d’action des médias.

Limites à la liberté de la presse

La liberté de la presse n’est pas illimitée. Elle est restreinte par la loi générale, le droit à l’honneur et la protection de la jeunesse (art. 5, al. 2 GG). En cas de trahison d’État journalistique, cela signifie une mise en balance des intérêts de sécurité et du devoir d’information des médias.

Dispositions particulières pour les personnes publiant (§ 97 StGB)

Le § 97 StGB limite la répression en matière de publication en exigeant que certains actes « ne soient pas illégaux », tant qu’ils servent à remplir une mission d’information publique et qu’il n’existe pas un intérêt manifeste et prépondérant de l’État à la préservation du secret.

Spécificités procédurales

Enquête et poursuites pénales

La poursuite pénale pour trahison d’État journalistique est soumise à des conditions particulières : selon le § 353b StGB (Violation du secret de service et d’une obligation spéciale de confidentialité) et le § 97 StGB, l’ouverture d’une enquête dépend généralement de l’accord de certaines autorités fédérales. Par ailleurs, dans le cadre de la liberté de la presse, des restrictions supplémentaires existent en matière de mesures coercitives contre les médias.

Droit de refus de témoigner

En procédure pénale, les professionnels des médias bénéficient d’un droit spécial de refus de témoigner (§ 53 StPO). Ils peuvent refuser de communiquer des informations concernant leurs sources et contextes, ce qui limite encore les enquêtes.

Pratique et jurisprudence

Affaires connues et effets

La notion de trahison d’État journalistique a acquis une notoriété particulière avec la « Affaire Spiegel » (1962), qui a attiré l’attention nationale. La rédaction du magazine d’actualité « Der Spiegel » a fait l’objet de poursuites pénales pour la publication d’un article sur la capacité de défense de la Bundeswehr. L’affaire a conduit à une réévaluation sociétale et juridique de la tension entre la protection de l’État et la liberté de la presse.

Cour constitutionnelle fédérale et liberté de la presse

La Cour constitutionnelle fédérale a souligné à plusieurs reprises, dans des décisions fondamentales, la primauté de la liberté de la presse lors de la publication de secrets d’État – tant qu’aucun intérêt sécuritaire supérieur ne prévaut. La proportionnalité des restrictions étatiques par rapport à l’intérêt public à l’information est ici déterminante.

Critiques et débats sur la réforme

Problématique de la mise en balance

La délimitation, souvent difficile, du point où l’intérêt d’information du public supplante l’intérêt de l’État à la préservation du secret est sujette à critique. Cette pondération entraîne dans la pratique une insécurité juridique, ce qui concerne en particulier les journalistes d’investigation.

Réflexions sur la réforme

Dans les débats politiques et sociaux, une clarification des éléments constitutifs et une meilleure protection des sources pour les médias sont régulièrement demandées, afin d’éviter un « chilling effect », c’est-à-dire un effet dissuasif sur le journalisme d’investigation.

Aspects internationaux

Dispositions comparables à l’étranger

D’autres États connaissent aussi des infractions relatives à la publication non autorisée de secrets d’État. La mise en œuvre varie néanmoins : tandis que dans certains pays la protection de la sécurité nationale reste prioritaire, d’autres privilégient plutôt la liberté de la presse et la protection des lanceurs d’alerte (« whistleblowers »).

Résumé

La trahison d’État journalistique se situe à l’interface entre protection de l’État et liberté d’opinion. Les dispositions légales assurent un équilibre entre l’intérêt public à la préservation du secret d’État et la mission d’information des médias sur des dysfonctionnements. La grande complexité de cette matière découle de la nécessaire mise en balance au cas par cas entre droits fondamentaux et intérêts de sécurité. Des affaires marquantes comme l’Affaire Spiegel et des jurisprudences de référence soulignent l’importance de ce thème dans l’État de droit démocratique.


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Questions fréquemment posées

Quelles sont les conditions juridiques requises pour l’accusation de trahison d’État journalistique selon le § 94 StGB conjointement avec le § 97 StGB ?

Plusieurs conditions juridiques sont nécessaires pour retenir l’accusation de trahison d’État journalistique. Il faut d’abord un objet susceptible d’infraction : la divulgation de ce que l’on appelle des secrets d’État, c’est-à-dire des faits, objets ou connaissances accessibles uniquement à un cercle restreint de personnes et dont la divulgation présente un risque sérieux pour la sécurité extérieure de la République fédérale d’Allemagne. L’auteur doit également agir en tant que membre d’un organe de presse, de la radio ou d’un autre établissement journalistique, ce qui vise principalement les journalistes et rédacteurs. La publication doit permettre au public de prendre connaissance des secrets d’État. Il est également essentiel que l’auteur agisse volontairement, c’est-à-dire qu’il envisage la divulgation et le risque éventuel pour la sûreté de l’État comme une conséquence possible. Enfin, un équilibre doit être fait entre l’intérêt public à la publication et celui à la préservation du secret ; en cas d’intérêt public primordial, une cause de justification peut s’appliquer.

Quelles sanctions encourt-on en cas de condamnation pour trahison d’État journalistique ?

En cas de condamnation pour trahison d’État journalistique, le Code pénal prévoit au § 94 StGB une peine d’emprisonnement d’au moins un an, et dans les cas particulièrement graves, de cinq ans à la réclusion à perpétuité. Notamment si l’acte a entraîné un risque sérieux de préjudice pour la République fédérale d’Allemagne, la peine est aggravée. En cas de négligence, les peines sont nettement inférieures, généralement une amende ou un emprisonnement maximal de cinq ans. Pour les journalistes qui s’appuient sur leur activité dans le cadre de leur travail journalistique, une forme de privilège est souvent envisagée selon le § 97 StGB, de sorte que des poursuites ne peuvent être engagées que sous des conditions très strictes.

Quel est le rôle de la liberté de la presse lors d’enquêtes pour trahison d’État journalistique ?

La liberté de la presse, protégée par l’article 5 de la Loi fondamentale, joue un rôle central dans les enquêtes et poursuites en cas de trahison d’État journalistique et limite considérablement les pouvoirs d’intervention des autorités étatiques. En particulier, la perquisition des locaux de rédaction ou la saisie de documents ne sont autorisées que dans des conditions particulièrement strictes et sur ordonnance judiciaire. La Cour constitutionnelle fédérale a rappelé à plusieurs reprises que la liberté de la presse ne couvre pas seulement la publication, mais aussi la recherche et la protection des sources. Lors des enquêtes, il doit donc toujours être examiné si l’intérêt sécuritaire de l’État prévaut sur l’intérêt fondamentalement protégé de la liberté de la presse, ce qui doit être vérifié de façon très restrictive dans de nombreux cas.

Qui décide si la publication d’un secret d’État constitue la trahison d’État journalistique punissable ?

La qualification d’une publication comme trahison d’État journalistique punissable est déterminée selon une procédure en plusieurs étapes. Les autorités d’enquête – en général le ministère public et éventuellement l’Office fédéral de police criminelle – vérifient, avec les services spécialisés de protection du secret, si les critères du secret d’État sont remplis. Dans la phase suivante, un tribunal doit apprécier la répression pénale, les expertises spécialisées étant souvent sollicitées pour évaluer l’ampleur du risque. Lorsqu’il s’agit de publications de presse, le ministère fédéral de la Justice est également concerné, car, compte tenu de l’importance particulière de la liberté de la presse, des enquêtes contre des journalistes selon le § 353b, al. 4 StGB, ne peuvent être engagées qu’avec l’accord de la plus haute autorité fédérale ou régionale.

Dans quelle mesure le § 97 StPO protège-t-il les journalistes contre les mesures de procédure pénale en cas de soupçon de trahison d’État journalistique ?

Le § 97 StPO accorde aux journalistes un droit de refus de témoigner concernant leurs sources d’information. Ainsi, les saisies de documents et supports de données utilisés dans l’activité journalistique ne peuvent en principe pas être effectuées. Cela s’applique en particulier lorsque de telles mesures coercitives pourraient mettre en péril l’anonymat des sources. Toutefois, ce privilège de protection peut être levé dans des cas exceptionnels stricts, lorsque l’intérêt public à la poursuite pénale prime de façon prépondérante sur celui au secret professionnel, notamment si la sécurité de l’État est gravement menacée. L’application de mesures coercitives doit donc toujours être contrôlée par un tribunal et justifiée de manière particulière.

Existe-t-il des précédents ou des jugements connus sur la trahison d’État journalistique en Allemagne ?

Un précédent marquant est la dénommée Affaire SPIEGEL de 1962, au cours de laquelle des journalistes et rédacteurs du magazine d’information DER SPIEGEL ont fait l’objet d’enquêtes pour la publication de secrets d’État. Les enquêtes ont suscité une vive protestation publique et ont finalement été reconnues par la Cour constitutionnelle fédérale. Celle-ci a clairement établi que la liberté de la presse jouit d’un rang élevé et ne peut être supplantée par des intérêts sécuritaires que dans des circonstances exceptionnelles. L’affaire a conduit à un renforcement durable de la protection constitutionnelle de la presse et au fait que les enquêtes contre des journalistes sont désormais menées de façon beaucoup plus restrictive.

Quel est le rapport entre la trahison d’État journalistique et la protection dite des lanceurs d’alerte (whistleblowers) ?

La protection des lanceurs d’alerte concerne les personnes qui, depuis l’intérieur d’entreprises, d’administrations ou d’organisations, révèlent publiquement des violations ou actes illégaux. Une trahison d’État journalistique peut exister lorsque des journalistes publient des secrets d’État obtenus de lanceurs d’alerte. En Allemagne, il n’existe à ce jour aucune protection légale exhaustive des lanceurs d’alerte, mais la liberté de la presse protège également les journalistes qui publient des informations provenant de lanceurs d’alerte, lorsqu’un intérêt public important est en jeu. Dans chaque cas, une mise en balance minutieuse entre le devoir de confidentialité et l’intérêt public est nécessaire, la jurisprudence reconnaissant de plus en plus la protection des lanceurs d’alerte et des sources journalistiques, tant qu’aucun danger grave pour la sécurité de l’État ne subsiste.