Lexique juridique

Trahison

Définition et qualification juridique de la trahison

Le terme « trahison » désigne, dans un contexte juridique, un comportement par lequel une personne communique ou divulgue à des tiers, de manière déloyale, une information, un secret ou une obligation qui lui a été confié ou rendu accessible, portant ainsi atteinte à la confiance d’un individu, d’une organisation ou de l’État. En droit allemand, les infractions de trahison ont une importance particulière là où les intérêts de confidentialité de biens juridiquement protégés – tels que secrets d’État, secrets privés ou secrets d’affaires – sont en jeu. La trahison englobe principalement des actes pénalement répréhensibles, mais revêt également une importance en droit civil et en droit disciplinaire.


La trahison au sens du droit pénal

Trahison de secrets d’État

Le Code pénal (StGB) réglemente diverses infractions de trahison dans le chapitre « Trahison contre la nation et atteinte à des intérêts extérieurs » (§§ 94 et suivants StGB). Il s’agit notamment de la trahison contre la nation (§ 94 StGB), qui concerne la divulgation de secrets d’État. Un secret d’État existe lorsqu’un fait n’est connu que d’un cercle restreint de personnes et que sa révélation est susceptible de mettre en danger la sécurité extérieure de la République fédérale d’Allemagne.

État de fait et peine encourue

L’auteur se rend coupable de trahison contre la nation s’il transmet ou rend accessible un secret d’État à une puissance étrangère ou à l’un de ses agents. La peine prévue va de l’emprisonnement d’au moins un an jusqu’à la réclusion à perpétuité, selon le degré de mise en danger.

Trahison de secrets de service (§ 353b StGB)

La trahison de secrets de service concerne principalement les titulaires de charge publique ou les personnes ayant des devoirs particuliers envers la fonction publique. Celui qui dévoile intentionnellement un secret qui lui a été confié dans le cadre de ses fonctions et dont la révélation peut causer un dommage important à la République fédérale d’Allemagne ou à un autre organisme, réalise l’infraction au sens de l’article § 353b StGB. Les révélations effectuées par négligence peuvent également être sanctionnées comme infraction administrative ou comme faute disciplinaire.

Divulgation de secrets privés (§ 203 StGB)

La protection des secrets privés, en particulier ceux relevant du secret professionnel (par exemple dans les professions médicales, auprès des Rechtsanwalt ou des notaires), est régie par l’article § 203 StGB. La divulgation d’un secret d’autrui, connu dans le cadre d’une relation de confiance particulière, est réprimée par la loi et passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an ou d’une amende.

Espionnage économique et trahison de secrets d’affaires

La trahison de secrets d’affaires ou d’entreprise est également punissable (§§ 17, 18 UWG – Loi contre la concurrence déloyale). La transmission, l’utilisation ou l’exploitation non autorisée de secrets d’affaires, notamment envers des concurrents, constitue une infraction pénale ou administrative et peut entraîner des sanctions sévères.


Aspects civils de la trahison

Dommages-intérêts et actions en cessation

En droit civil, la divulgation non autorisée de secrets, outre l’aspect pénal, ouvre généralement droit à une action en cessation et/ou à une demande de dommages-intérêts conformément aux dispositions relatives aux actes illicites (§§ 823 et suivants BGB). Le bien juridique concerné – par exemple le droit général de la personnalité ou le droit au secret commercial – bénéficie d’une protection contre les atteintes illicites par des tiers.

Importance en droit du travail

En droit du travail, la trahison par un salarié de secrets de fabrique ou d’affaires peut avoir de graves conséquences, pouvant aller jusqu’au licenciement sans préavis. De plus, il existe des obligations contractuelles accessoires visant à garantir la confidentialité.


Perspectives de droit international et historiques

Espionnage et trahison en droit international

Dans le contexte international, la trahison est souvent envisagée en lien avec l’espionnage. Le droit international considère l’espionnage comme un acte illicite au regard de ce droit. Les États se réservent le droit de poursuivre pénalement les espions découverts conformément à leur législation nationale.

Trahison en droit militaire

Dans le droit militaire et le droit pénal militaire, la trahison, notamment sous la forme de défection, de révélation de secrets militaires ou de désobéissance en temps de guerre, est poursuivie avec une sévérité particulière. Par le passé, cela pouvait être qualifié de haute trahison voire de crime de guerre.


Distinctions et notions connexes

Haute trahison (§ 81 StGB)

La haute trahison se distingue strictement de la trahison ordinaire. Selon l’article § 81 StGB, elle concerne des actes dirigés contre l’ordre constitutionnel ou l’existence même de l’État et visant, par exemple, à éliminer la République fédérale d’Allemagne par la force.

Violation de la fidélité et abus de confiance

Les notions de violation de la fidélité ou d’abus de confiance sont des infractions distinctes, concernant d’autres manquements aux obligations, telles que la gestion non autorisée de biens d’autrui (§ 266 StGB).


Conséquences juridiques et procédures

En cas de trahison avérée, le droit pénal prévoit la poursuite par les autorités compétentes. Outre les sanctions pénales, peuvent également être envisagées des actions civiles en dommages-intérêts, des mesures disciplinaires et des procédures en droit du travail.


Références bibliographiques et légales

– Code pénal (StGB), notamment §§ 94 et suivants, 203, 353b
– Loi contre la concurrence déloyale (UWG), §§ 17, 18
– Code civil (BGB), §§ 823 et suivants


Résumé

La notion de trahison couvre un large éventail de comportements juridiquement pertinents. Selon la nature du secret ou de l’intérêt trahi, diverses normes légales sont applicables, prévoyant des sanctions civiles, pénales et parfois même de droit public en cas d’infraction. La protection globale des intérêts en matière de confidentialité est un élément central du droit, afin de préserver et protéger les intérêts individuels, économiques et étatiques.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conséquences juridiques que peut entraîner la trahison selon le droit pénal allemand ?

En droit pénal allemand, la trahison est réprimée sous différentes formes, notamment comme trahison contre la nation (§§ 94 et suivants StGB), trahison de secrets (§ 203 StGB) ou trahison de secrets de service (§ 353b StGB). La trahison contre la nation, par exemple, concerne la divulgation de secrets d’État à une puissance étrangère ou à son profit, mettant ainsi en danger la République fédérale d’Allemagne ou sa Constitution. Ce délit est passible de très lourdes peines d’emprisonnement et est fréquemment poursuivi par le parquet fédéral, avec possibilité de mesures d’enquête spéciales telles que des écoutes téléphoniques ou des perquisitions. En cas de trahison de secrets de service, la responsabilité pénale concerne surtout les titulaires de fonctions publiques et les personnes soumises à une obligation particulière de confidentialité professionnelle. Des amendes ou des peines d’emprisonnement peuvent alors être prononcées, variant selon la gravité des faits et la diffusion ou l’exploitation des informations. Outre les sanctions pénales, des droits civils à indemnisation peuvent également découler de manière ponctuelle.

Existe-t-il différentes formes de trahison ?

Le droit allemand distingue différentes formes de trahison selon le bien juridique concerné. Le cas le plus grave est la trahison contre la nation (§§ 94 et suivants StGB), visant à protéger l’État et ses institutions fondamentales. Il existe également des infractions de trahison de secrets protégeant des secrets professionnels, d’entreprise ou personnels (§ 203 StGB : violation du secret privé, § 17 UWG : trahison de secrets d’affaires et d’entreprise). Le droit pénal distingue en outre la trahison par transmission active (divulgation) et la trahison par simple mise à disposition ou divulgation par négligence. Chacune de ces infractions a ses propres définitions, sanctions et champs de protection.

Qui peut être poursuivi pénalement pour trahison ?

La poursuite pénale pour trahison dépend de certaines conditions. En cas de trahison contre la nation, toute personne peut, en principe, être poursuivie, y compris les étrangers, si l’infraction vise la République fédérale d’Allemagne. Pour la divulgation de secrets privés (§ 203 StGB), seules sont punissables les personnes soumises de par leur profession ou leur fonction à une obligation spéciale de secret, comme les médecins, les Rechtsanwalt, les travailleurs sociaux ou les titulaires d’une fonction publique. Quant à la trahison de secrets d’entreprise (§ 17 UWG), elle vise les personnes ayant eu connaissance d’informations sensibles dans le cadre de leur activité professionnelle. Des tiers peuvent également être poursuivis s’ils incitent à la trahison ou y apportent une aide.

Quel est le rôle de l’intention dans la trahison pénalement répréhensible ?

L’intention, c’est-à-dire la connaissance et la volonté de l’acte ainsi que de son illégalité, est généralement une condition essentielle de la responsabilité pénale pour trahison. En cas de trahison contre la nation, par exemple, l’auteur doit au moins avoir accepté que des secrets soient transmis à un service de renseignement étranger et que la sécurité de la République fédérale puisse être compromise. Pour la trahison de secrets d’affaires ou de service, l’intention est également requise dans la plupart des cas, même si certains comportements particulièrement négligents peuvent être punis (par exemple, en cas de violation par négligence de secrets de service selon § 353b al. 4 StGB). La preuve de l’intention est donc déterminante pour la poursuite pénale.

Les actes préparatoires et la tentative de trahison sont-ils aussi punissables ?

Dans le domaine de la trahison, certains actes préparatoires ainsi que la tentative sont également punissables. Ainsi, selon le § 96 StGB (préparation d’une trahison contre la nation), le fait d’obtenir, de fabriquer ou de livrer des documents en sachant qu’ils peuvent être utilisés pour la trahison est déjà passible de sanctions. La tentative de trahison contre la nation est également punissable (§ 23 al. 1 StGB en lien avec § 94 StGB), de sorte que l’offre d’un secret d’État à une puissance étrangère peut entraîner une responsabilité pénale, même si la trahison n’a pas été pleinement exécutée. Pour les infractions de divulgation de secrets, la tentative est réprimée selon des modalités diverses selon l’infraction.

Quel rôle joue le consentement du détenteur du secret dans la trahison ?

Le consentement de la personne concernée par la divulgation peut, dans certains cas, exclure la responsabilité pénale pour trahison – par exemple, en cas de divulgation de secrets. Tant que la personne dont le secret est en cause donne expressément et en connaissance de cause son consentement à la transmission, la responsabilité pénale disparaît car le bien juridique n’est plus lésé. Il est toutefois nécessaire de s’assurer que ce consentement est donné librement, de façon concrète et éclairée. Pour la trahison contre la nation, le consentement est en principe sans effet, car des intérêts supérieurs de l’État sont en cause et ne sauraient faire l’objet d’une libre disposition individuelle.

Dans quelles circonstances une procédure pénale pour trahison peut-elle être classée ?

Une procédure pénale pour trahison peut être classée pour divers motifs. Un classement intervient fréquemment en l’absence de soupçon suffisant ou lorsque des éléments à décharge apparaissent au cours de l’enquête. En cas de manquements mineurs à l’obligation de confidentialité en contexte professionnel, le parquet peut classer la procédure selon § 153 StPO, notamment en l’absence d’intérêt public à la poursuite. En cas de trahison contre la nation, la poursuite est en général obligatoire et le classement n’est possible que dans des conditions très strictes (par exemple, classement pour faible gravité dans des circonstances exceptionnelles selon § 153a StPO avec l’accord du tribunal). Par ailleurs, le procureur général fédéral peut classer la procédure si aucune menace pour la sécurité de l’État n’est plus à craindre.