Notion et signification des titres étrangers
Titres étrangers désignent, sur le plan juridique, les décisions judiciaires, jugements, ordonnances, injonctions d’exécution ou autres actes d’autorité rendus par un tribunal ou une autorité compétente en dehors de l’État d’origine. Ce terme est principalement utilisé en droit international de la procédure civile, mais il revêt également une importance pratique en droit pénal ainsi qu’en droit administratif.
Les titres étrangers font notamment l’objet de discussions concernant leur reconnaissance et leur exécution, car ils ne produisent pas automatiquement les mêmes effets sur le territoire national que dans l’État d’origine. Leur mise en œuvre nécessite des conditions et des procédures juridiques spécifiques.
Fondements juridiques des titres étrangers
Droit international privé (DIP)
Le droit international privé (DIP) fixe les règles fondamentales qui déterminent quel droit national est applicable à une situation présentant un élément d’extranéité. Il régit également les conditions dans lesquelles des décisions judiciaires étrangères peuvent être reconnues et exécutées dans le pays.
Conventions multilatérales et bilatérales
De nombreux États, dont l’Allemagne, sont parties à de multiples conventions multilatérales régissant le traitement des titres étrangers. On peut notamment citer :
- La Convention de Bruxelles (Convention de Bruxelles sur la compétence judiciaire et l’exécution des décisions en matière civile et commerciale) ainsi que les règlements successifs (Règlement Bruxelles I/Bruxelles Ia)
- Convention de Lugano pour certains États européens
- Convention de La Haye sur la reconnaissance et l’exécution des jugements étrangers
Par ailleurs, des accords bilatéraux entre deux États peuvent contenir des dispositions particulières.
Lois nationales
Dans le droit allemand, les règles essentielles concernant les titres étrangers se trouvent notamment dans les lois suivantes :
- Code de procédure civile (ZPO), en particulier §§ 328, 722 et suivants ZPO
- Loi d’introduction au code de procédure civile (EGZPO)
- FamFG pour les affaires relevant du droit de la famille
- AVAG (Loi sur la reconnaissance et l’exécution des décisions étrangères en matière civile et commerciale)
Reconnaissance des titres étrangers
Notion et conditions
Die La reconnaissance d’un titre étranger signifie qu’une décision rendue à l’étranger est reconnue juridiquement comme contraignante sur le territoire national. La reconnaissance peut être explicite (par décision de justice) ou implicite (sans acte de reconnaissance exprès, par exemple dans le cadre d’une autre procédure). Les conditions requises pour la reconnaissance sont généralement les suivantes :
- Compétence du tribunal étranger selon les critères internationaux
- Absence de violation de l’ordre public allemand (« ordre public »)
- Garantie du droit d’être entendu des parties lors de la procédure initiale
- Autorité de chose jugée du titre étranger
Respect des exigences d’intérêt public
La reconnaissance est notamment refusée si la décision est incompatible avec les principes fondamentaux du droit allemand, en particulier les droits fondamentaux ou les exigences essentielles de la procédure (exception d’ordre public).
Reconnaissance automatique et constitutive
Parfois, la reconnaissance est automatique (par exemple, au sein de l’Union européenne selon le Règlement Bruxelles Ia) ; dans d’autres cas, une procédure judiciaire de reconnaissance est nécessaire.
Exécution des titres étrangers
Notion et procédure
Die L’exécution d’un titre étranger désigne la mise en œuvre forcée d’une décision judiciaire étrangère par la justice d’un autre État. Les conditions et les procédures dépendent du droit interne applicable et des conventions internationales pertinentes.
En Allemagne, un titre étranger n’est en principe exécutoire qu’à partir du moment où un tribunal allemand l’a déclaré exécutoire (procédure dite d’« exequatur »).
La procédure d’exequatur
La procédure d’exequatur est une procédure judiciaire visant à vérifier si les conditions d’exécution d’un titre étranger sont réunies. Les éléments centraux en sont :
- Demande de déclaration d’exécution auprès du tribunal régional compétent
- Examen des conditions formelles et matérielles
- Possibilité pour la partie concernée de présenter des objections
Ce n’est qu’avec la déclaration d’exécution que le titre est traité comme un titre national et peut être mis en œuvre par les organes d’exécution.
Titres européens
Au sein de l’Union européenne, la procédure d’exequatur a été supprimée pour certains titres (par exemple, titre exécutoire européen pour les créances incontestées, Règlement Bruxelles Ia). Il suffit souvent de présenter un formulaire standardisé.
Types de titres étrangers
Les titres étrangers peuvent relever de différents domaines du droit, notamment :
- Titres de droit civil : Jugements, ordonnances et transactions en matière civile et commerciale (par exemple, jugements de paiement, titres alimentaires).
- Titres de droit pénal : Demandes d’extradition, décisions d’exécution des peines.
- Titres de droit public : Actes administratifs, décisions relatives à des créances de droit public.
La possibilité de reconnaissance et d’exécution dépend essentiellement du type de titre concerné, des ordres juridiques impliqués et des accords internationaux existants.
Importance et pertinence pratique
Les titres étrangers revêtent une grande importance pratique dans un monde de plus en plus globalisé pour la mise en œuvre transfrontalière des droits. Ils concernent notamment les affaires commerciales internationales, les affaires matrimoniales et familiales, les pensions alimentaires, l’exécution internationale et la coopération en matière pénale.
Le cadre international assure un équilibre entre la souveraineté des États et la nécessité d’une mise en œuvre efficace du droit.
Résumé
Les titres étrangers constituent une notion centrale en droit procédural international et national. Ils permettent la mise en œuvre de droits et de créances au-delà des frontières nationales, pour autant que les conditions de reconnaissance et d’exécution soient remplies. Le traitement des titres étrangers est encadré par une variété de normes internationales, supranationales et nationales, la compatibilité avec les principes fondamentaux du droit devant toujours être garantie.
Mots-clés complémentaires : Exequatur, droit international de la procédure civile, reconnaissance, exécution, Bruxelles Ia, ordre public, jugements internationaux, mise en œuvre transnationale du droit
Questions fréquemment posées
Est-il permis d’utiliser en Allemagne des diplômes et titres académiques étrangers ?
L’utilisation de diplômes et titres académiques étrangers est autorisée en Allemagne sous certaines conditions juridiques, mais elle est strictement réglementée. Le fondement légal repose notamment sur les décisions de la Conférence des ministres de la culture ainsi que sur les réglementations des Länder concernées. Un grade universitaire étranger ne peut en principe être porté que s’il a été décerné régulièrement par une université reconnue de l’État concerné. En règle générale, le grade doit être utilisé sous la forme originale et l’abréviation telles qu’attribuées dans le pays d’origine ; la spécialité et l’université doivent également être précisées (par exemple : « Master of Science (University of Oxford) »). Dans certains cas, une reconnaissance officielle ou une évaluation du diplôme par le Centre d’information sur la reconnaissance des diplômes étrangers (ZAB) peut être nécessaire, en particulier si des doutes subsistent quant à l’équivalence. Il est interdit de transposer un diplôme étranger à un diplôme allemand équivalent sans reconnaissance correspondante, car cela pourrait être considéré comme trompeur.
Quels documents faut-il fournir pour la reconnaissance d’un titre étranger ?
Pour la reconnaissance et l’usage légal d’un titre étranger, il est préférable de présenter les documents originaux du diplôme. Dans la plupart des cas, il faut fournir des copies certifiées conformes ainsi que des traductions réalisées par des traducteurs assermentés, si les documents ne sont pas rédigés en allemand ou en anglais. En outre, une évaluation du diplôme par le ZAB est fréquemment requise, afin de vérifier la comparabilité du diplôme avec un diplôme universitaire allemand. Pour certaines professions, il peut en outre être légalement nécessaire de compléter la reconnaissance par une autorisation d’exercer, par exemple pour les professions réglementées telles que la médecine ou l’ingénierie.
Comment le diplôme étranger doit-il être utilisé dans les transactions juridiques allemandes ?
Dans les transactions juridiques allemandes, les diplômes étrangers doivent généralement être utilisés sous la forme conférée dans l’État d’origine et en mentionnant l’institution qui l’a attribué. Une traduction ou une transformation en forme allemande n’est pas légalement permise, sauf en cas de reconnaissance spécifique (nostrification). L’utilisation d’une forme germanisée ou inadéquatement abrégée d’un diplôme étranger peut être considérée comme un usage illicite et, dans certains cas, constituer une infraction ou un délit au sens du § 132a du Code pénal allemand (abus de titres, désignations professionnelles et emblèmes). Il doit également être clairement indiqué que le diplôme a été acquis à l’étranger, par exemple au moyen d’additifs comme « (USA) » ou « (Russie) ».
Quels risques présente l’usage illicite de titres étrangers ?
L’usage illicite, c’est-à-dire non reconnu ou incorrect, d’un titre étranger peut avoir de graves conséquences juridiques. On peut citer à ce titre des procédures pour infraction administrative, des amendes et, dans les cas extrêmes, des conséquences pénales conformément au § 132a StGB, si l’impression est donnée que le diplôme a été obtenu en Allemagne. Un avertissement peut également être émis par des associations de protection de la concurrence ou des concurrents lésés, notamment dans un contexte professionnel si le titre est utilisé pour obtenir des avantages économiques. Les personnes concernées s’exposent également à des sanctions disciplinaires dans la fonction publique ou à la révocation de contrats de travail si le diplôme constituait une condition d’embauche.
Existe-t-il des différences dans la reconnaissance des diplômes de l’UE et des diplômes hors UE ?
Oui, la réglementation diffère. Pour les diplômes délivrés par des États membres de l’UE/EEE, des facilités sont généralement prévues en matière de reconnaissance des qualifications professionnelles, conformément aux dispositions du droit de l’Union (par exemple, Directive européenne 2005/36/CE sur la reconnaissance des qualifications professionnelles). Pour les grades universitaires de pays tiers (hors UE), un examen détaillé d’équivalence est souvent effectué, notamment en ce qui concerne le contenu et le niveau universitaire du diplôme. Les autorités nationales ou le ZAB déterminent dans quelle mesure une équivalence avec un diplôme allemand existe. S’agissant des professions réglementées telles que la médecine, le droit ou l’ingénierie, un examen et une reconnaissance explicite sont indispensables.
Peut-on également porter des titres professionnels étrangers ?
Les titres professionnels non académiques, tels que les diplômes de formation professionnelle, ne peuvent en principe pas être directement adoptés ou portés, car ils sont soumis à des réglementations nationales spécifiques. L’usage de ces titres est souvent réglementé et peut être soumis à la loi sur la protection des désignations professionnelles. Ainsi, les désignations telles que « Ingénieur », « Médecin » ou « Psychothérapeute » sont protégées en Allemagne et ne peuvent être utilisées qu’après reconnaissance de la formation étrangère par les autorités compétentes. Un usage non autorisé peut entraîner des conséquences juridiques.
Qui décide au cas par cas de la reconnaissance et de l’autorisation de porter un titre étranger ?
La compétence pour la reconnaissance et l’usage de diplômes universitaires étrangers relève en principe des différents Länder, en particulier des ministères de la Culture ou des organismes compétents de reconnaissance locaux. L’évaluation et l’équivalence des diplômes universitaires sont en général du ressort du Centre d’information sur la reconnaissance des diplômes étrangers (ZAB) à Bonn. En ce qui concerne les professions réglementées, ce sont les autorités ou les chambres professionnelles concernées qui décident de la reconnaissance et du droit d’usage. Un examen individuel est systématiquement effectué, tenant compte notamment du niveau d’études, du contenu et de l’accréditation de l’université délivrant le diplôme. En cas d’incertitudes, une consultation auprès de l’organisme compétent est recommandée.