Lexique juridique

Tiers acquéreur

Notion et qualification juridique de l’acquéreur subséquent

La notion acquéreur subséquent désigne, dans un contexte juridique, une personne ou une entreprise qui acquiert une chose ou un droit non pas directement auprès du propriétaire ou vendeur initial, mais auprès d’un détenteur intermédiaire – le plus souvent un prédécesseur ou un second acquéreur. L’acquéreur subséquent est ainsi généralement l’acheteur au sein d’une chaîne de propriété plurielle. Dans bien des cas, le terme d’acquéreur subséquent est utilisé en lien avec l’acquisition de bonne foi, la cession de créances (cession) ainsi que la protection de l’acquéreur loyal.


Fondements et distinction de l’acquéreur subséquent

Acquéreur subséquent dans la vente de biens

En droit classique de la vente, l’acquéreur subséquent joue un rôle particulier lorsqu’il acquiert un bien meuble ou un immeuble non pas du titulaire originaire, mais d’un autre cédant intermédiaire. Cela soulève des questions juridiques complexes, notamment en matière d’acquisition de bonne foi (§§ 932 s. BGB) ou de distinction entre acquisition originaire et dérivée de la propriété.

Acquéreur subséquent en droit des créances

L’acquéreur subséquent joue également un rôle en matière de créances, lorsque celles-ci sont cédées à plusieurs reprises (ce que l’on nomme une chaîne de cessions). L’acquéreur subséquent est alors le dernier ou l’un des derniers cessionnaires, dont la position juridique dépend essentiellement de la validité des cessions antérieures et de sa bonne foi lors de l’acquisition.


Aspects juridiques et mécanismes de protection

Acquisition de bonne foi de biens

L’acquéreur subséquent peut, sous certaines conditions, acquérir la propriété d’un bien même lorsque le cédant n’avait pas le droit de le transférer. L’acquisition de bonne foi (§§ 932 s. BGB) est alors déterminante. Il est essentiel que l’acquéreur subséquent soit de bonne foi lors de l’achat, c’est-à-dire qu’il n’ait pas connaissance, même par une négligence grave, du défaut de pouvoir du cédant.

Conditions de l’acquisition de bonne foi

  • Acquisition par acte juridique : L’acquisition de la propriété doit résulter d’un acte juridique (par exemple un contrat de vente).
  • Possession ininterrompue : Le transfert de possession doit s’effectuer au sein d’une chaîne de possession sans interruption.
  • Bonne foi : L’acquéreur subséquent ne doit pas savoir au moment de l’acquisition que le cédant n’est pas propriétaire.
  • Pas de perte involontaire : Le bien ne doit pas avoir été perdu malgré le propriétaire, § 935 al. 1 BGB.

Conséquences juridiques et risques

Si l’acquéreur subséquent acquiert de bonne foi, il obtient la propriété originaire. Dans le cas contraire, le propriétaire initial demeure en droit d’exiger la restitution conformément à l’article § 985 BGB. En cas de litige, l’acquéreur subséquent assume le risque de perdre ses droits si la bonne foi n’est pas établie.

Acquéreur subséquent en matière immobilière

En cas d’acquisition de bonne foi d’un bien immobilier, le droit des registres fonciers prévoit une protection particulière de l’acquéreur subséquent : la protection de la bonne foi s’étend à l’exactitude du registre foncier (§ 892 BGB). En cas de transmissions et d’inscriptions multiples, l’ordre d’inscription et la vérification de la situation juridique réelle sont essentiels.


Acquéreur subséquent et droits de créance

Chaînes de cessions et cessions multiples

En matière de cession de créances, une créance peut être cédée à plusieurs reprises. L’acquéreur subséquent est un cessionnaire ultérieur, dont la position juridique dépend de la validité et de la priorité des cessions.

Règle de priorité (§ 398 BGB)

En cas de cession multiple d’une créance, c’est l’ordre chronologique des cessions valables qui détermine la position juridique de l’acquéreur subséquent. Une cession postérieure demeure, en principe, inopposable à une précédente, sauf intervention de mesures de protection légales.

Acquisition de créance de bonne foi (§ 405 BGB)

En cas de cession de titres au porteur ou en cas de légitimation appropriée, le § 405 BGB protège l’acquéreur de bonne foi. L’acquéreur subséquent peut, sous certaines conditions, devenir créancier même si le cédant initial n’était pas habilité à disposer.


Acquéreur subséquent en droit des faillites

Droit de séparation et action en nullité

Si un vendeur intermédiaire fait faillite dans la chaîne, cela peut également avoir des conséquences pour l’acquéreur subséquent. L’ouverture d’une procédure d’insolvabilité chez le premier acquéreur peut permettre à l’acquéreur subséquent de faire valoir, dans certains cas, un droit de séparation conformément à l’article § 47 InsO. Par ailleurs, certains actes juridiques dans la chaîne peuvent être contestés (§§ 129 s. InsO), ce qui peut, notamment, mettre en péril l’acquisition de l’acquéreur subséquent.


Protection de l’acquéreur subséquent en droit international privé

Dans le commerce international de biens et de créances, des règles de conflit de lois déterminent le droit applicable à l’acquisition de propriété par l’acquéreur subséquent. Sont notamment déterminants le droit du lieu de situation du bien ou la Convention sur la cession internationale de créances.


Portée pratique et exemples d’application

Les acquéreurs subséquents interviennent dans de nombreux actes juridiques, par exemple :

  • Commerce de véhicules d’occasion : Acquisition d’un véhicule auprès d’un intermédiaire qui n’était pas lui-même premier acquéreur.
  • Commerce de participations d’entreprise : Vente d’actions ou de participations sociales via plusieurs intermédiaires.
  • Commerce de créances : Acquisition de créances dans le cadre du factoring ou par titrisation.

Le statut de l’acquéreur subséquent influence de manière déterminante la sécurité juridique et la négociabilité des biens et droits. La possibilité d’une acquisition de bonne foi et l’étendue de la protection juridique dont il bénéficie sont des enjeux essentiels.


Résumé

L’acquéreur subséquent est une figure centrale dans de nombreuses situations juridiques, en particulier en droit des biens, des créances et des procédures collectives. Sa situation juridique dépend de la nature de l’objet, de la chaîne d’acquisition, de la bonne foi et d’autres conditions légales. Les mécanismes de protection comme l’acquisition de bonne foi ou des règles spéciales en droit des créances contribuent à sécuriser les chaînes d’acquisition à plusieurs niveaux et à stabiliser le commerce juridique. Le traitement différencié de l’acquéreur subséquent assure que tant l’acquisition par acte juridique que les intérêts du titulaire initial soient correctement pris en compte.

Questions fréquemment posées

Quels sont les droits et obligations de l’acquéreur subséquent dans le cadre de l’acquisition de propriété d’un bien meuble ?

En droit, l’acquéreur subséquent désigne une personne qui acquiert un bien meuble d’une autre personne qui n’est pas elle-même le propriétaire initial. Les droits de l’acquéreur subséquent lors de l’acquisition de la propriété sont principalement régis par les §§ 932 s. BGB (acquisition de bonne foi auprès d’un non-propriétaire). Un acquéreur subséquent de bonne foi peut acquérir la propriété d’un bien meuble, pour autant que le bien lui ait été remis par le cédant et qu’il soit, au moment de l’acquisition, de bonne foi quant à la qualité de propriétaire du cédant. Sont exceptés les biens perdus, les moyens de paiement non monétaires et les cas de dol ou de négligence grave. L’acquéreur subséquent doit faire preuve de la diligence requise en matière de transaction (obligation de vérification), mais il peut néanmoins devenir propriétaire dans le cadre de la protection des transactions juridiques. Ses obligations incluent notamment le paiement du prix d’achat ainsi que le respect des obligations légales de diligence lors de l’acquisition.

Que se passe-t-il si l’acquéreur subséquent acquiert, par contrat de vente, un objet volé ?

Si un bien volé, perdu ou égaré de toute autre manière est vendu à l’acquéreur subséquent, une règle particulière s’applique selon le § 935 BGB : l’acquisition de bonne foi auprès d’un non-propriétaire est ici exclue. La propriété de l’objet volé reste attachée au propriétaire initial, indépendamment de la bonne foi de l’acquéreur subséquent. Toutefois, l’acquéreur subséquent peut faire valoir des droits contre le vendeur (le non-propriétaire), par exemple demander la résolution du contrat de vente ou des dommages-intérêts. Cette règle ne s’applique pas aux espèces, titres au porteur ou objets acquis lors de ventes aux enchères publiques, pour lesquels la propriété peut être acquise même sur un bien perdu.

Quels recours le propriétaire initial peut-il faire valoir à l’encontre de l’acquéreur subséquent ?

Si l’acquéreur subséquent a acheté le bien auprès d’un non-propriétaire, sans que l’acquisition de bonne foi selon § 932 BGB soit possible (notamment en cas d’objet perdu), le propriétaire initial dispose d’un droit de restitution conformément à l’article § 985 BGB. Cette « action en restitution de propriété » permet au propriétaire initial de réclamer le bien à l’acquéreur subséquent. Sous certaines conditions, il peut également faire valoir une demande de dommages-intérêts, par exemple si l’acquéreur subséquent a endommagé ou revendu le bien de façon fautive. En cas de perte de possession, il peut également prétendre à la protection de la possession (§ 861 BGB).

Quelle est l’importance de la bonne foi de l’acquéreur subséquent lors de l’acquisition d’un bien immobilier ?

Contrairement aux biens meubles, l’acquisition de propriété immobilière en droit allemand (§§ 892, 893 BGB) exige l’inscription au registre foncier et la bonne foi dans la véracité du registre foncier. Un acquéreur subséquent peut être inscrit comme propriétaire de bonne foi dans le registre, à condition de ne pas avoir eu connaissance du défaut d’autorisation ou de n’avoir pas agi par négligence grave. La protection de l’acquéreur subséquent dans l’acquisition d’un bien immobilier revêt une grande importance pratique, car la confiance dans le registre foncier est protégée. Sont exclues les inscriptions manifestement inexactes ou en cas d’opposition inscrite au registre.

Dans quelle mesure l’acquéreur subséquent est-il protégé contre les demandes de restitution du propriétaire initial ?

La protection de l’acquéreur subséquent contre les revendications du propriétaire initial dépend principalement du respect des conditions d’une acquisition de bonne foi. Si l’acquéreur subséquent est de bonne foi et acquiert un bien meuble conformément aux §§ 932 s. BGB ou un immeuble selon les §§ 892, 893 BGB, sa position juridique est en principe très protégée : le propriétaire initial ne peut plus exiger la restitution du bien. Cela ne s’applique pas si une négligence grave, le dol ou la connaissance effective du défaut d’autorisation peuvent être reprochés à l’acquéreur subséquent, ou si l’acquisition a porté sur un bien meuble perdu.

Quelles obligations incombent à l’acquéreur subséquent en cas de soupçon d’absence de propriété du cédant ?

En cas de soupçon concernant la légitimité du cédant – notamment en présence de circonstances inhabituelles lors de l’achat ou d’un prix d’achat fortement réduit –, l’acquéreur subséquent doit satisfaire à des obligations de vérification accrues. Le non-respect de ces obligations peut être considéré comme une négligence grave, ce qui exclut l’acquisition de bonne foi selon § 932 II BGB. L’acquéreur subséquent doit, dans son intérêt, vérifier par exemple les justificatifs d’achat, les preuves de propriété ou l’identité du cédant. S’il ne respecte pas ces obligations, il perd sa protection juridique et peut être poursuivi par le propriétaire initial en restitution ou en dommages-intérêts.

Quel rôle jouent les ventes aux enchères publiques dans l’acquisition de propriété par un acquéreur subséquent ?

Pour les ventes aux enchères publiques, le § 935 II BGB permet l’acquisition de bonne foi sur des biens qui ont été égarés ; il s’agit d’une exception à la règle générale. Un acquéreur subséquent qui acquiert un bien meuble lors d’une vente aux enchères publique peut donc acquérir la propriété même sur des objets volés ou égarés, à condition qu’il n’y ait pas eu négligence grave ou dol. L’acquisition lors de ventes aux enchères publiques bénéficie ainsi d’une protection particulière en droit allemand en faveur de l’acquéreur subséquent.