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Testament pour les personnes en situation de handicap

Définition et bases juridiques du testament pour personnes handicapées

Das Testament pour personnes handicapées est une forme particulière de disposition testamentaire selon le droit successoral allemand. Il a pour but de transférer le patrimoine d’un défunt de manière à désigner un parent handicapé comme héritier ou légataire, sans que son droit à des prestations sociales étatiques ne soit restreint ou supprimé. Cette modalité poursuit l’objectif de protéger le patrimoine hérité contre l’accès de l’organisme de l’aide sociale tout en assurant durablement la prise en charge de la personne handicapée.

La reconnaissance du testament pour personnes handicapées a été notamment marquée par des décisions de la Cour fédérale de justice (BGH), qui considère cette forme comme licite et compatible avec le droit de l’aide sociale.


Cadre juridique

Bases légales

Le testament pour personnes handicapées s’inscrit à l’interface du Code civil allemand (BGB), du Code de la sécurité sociale (SGB) et de la jurisprudence. Les principales dispositions sont notamment :

  • Règles de droit successoral : §§ 1922 et suivants BGB
  • Rédaction du testament : §§ 2064 et suivants BGB
  • Droit à la réserve héréditaire : §§ 2303 et suivants BGB
  • Droit de l’aide sociale : §§ 90, 93 SGB XII (cessibilité et exploitation du patrimoine, transfert de créance)

Objectif et pertinence pratique

L’objectif d’un testament pour personnes handicapées est d’assurer la qualité de vie et la prise en charge de l’héritier handicapé tout en maintenant l’aide de l’État. Sans une disposition testamentaire spécifique, une partie substantielle du patrimoine hérité serait utilisée pour couvrir les frais d’aide sociale après le décès des parents ou d’un proche, avant que l’intéressé ne puisse profiter de ce patrimoine.


Formes typiques de conception

Désignation en tant qu’héritier temporaire (« Vorerbe ») et héritier subséquent (« Nacherbe »)

La forme classique et la plus courante consiste à nommer la personne handicapée en tant que héritier temporaire (« Vorerbe ») (§§ 2100 et suivants BGB), tout en désignant dans le testament un héritier subséquent (souvent les frères et sœurs de la personne handicapée ou d’autres proches). Cette structure attribue formellement le patrimoine du défunt à la personne handicapée, mais elle est juridiquement et en réalité soumise à des restrictions importantes quant à la disposition du patrimoine :

  • Les actes de disposition sur certains biens nécessitent l’accord de l’héritier subséquent
  • Le patrimoine demeure, en principe, inaccessible à l’organisme de l’aide sociale

Exécution testamentaire

Pour une protection accrue, il est courant que le testament pour personnes handicapées prévoit la désignation d’un(e) Exécution testamentaire (§§ 2197 et suivants BGB). L’exécuteur testamentaire administre la part successorale de la personne handicapée. De cette manière :

  • La gestion et l’utilisation de la succession dans l’intérêt de la personne concernée sont garanties
  • Les droits directs de paiement ou d’exploitation au profit de l’héritier ou de l’organisme de l’aide sociale sont empêchés

Attribution de legs

En alternative ou en complément, un legs (§ 1939 BGB) peut être envisagé, par exemple sous la forme d’un legs d’avantage ou d’un legs viager, orienté vers des prestations claires et dédiées (p. ex., argent de poche, prestations en nature).


Aspects relatifs au droit social

Prise en compte des successions dans le droit de l’aide sociale

Les bénéficiaires de prestations selon le SGB XII doivent, en principe, utiliser leur propre patrimoine pour subvenir à leurs besoins. Cela concerne également les successions reçues lors d’une transmission successorale ordinaire. C’est ici qu’intervient le principe du patrimoine protégé (« Schonvermögen »), qui ne garantit une protection contre la saisie par l’État que dans des limites strictes.

Le testament pour personnes handicapées répond à cette problématique par la construction de l’héritage temporaire, l’exécution testamentaire et l’affectation spéciale, de sorte que l’organisme de l’aide sociale ne peut généralement pas accéder au patrimoine hérité, celui-ci n’étant pas librement disponible juridiquement pour le bénéficiaire.

Récupération et transfert de créance

Dans certains cas, l’organisme de l’aide sociale peut invoquer ce qu’on appelle un droit de récupération transféré (§ 93 SGB XII) contre la personne favorisée par le testament, si la disposition vise principalement à empêcher l’accès de l’État. Toutefois, la jurisprudence (et notamment la BGH) a reconnu, en principe, la validité du testament pour personnes handicapées, à condition qu’il n’y ait pas d’abus de droit (« Gestaltungsmissbrauch »).


Questions relatives au droit à la réserve héréditaire

Réserve héréditaire et droits complémentaires à la réserve

Les proches parents (notamment enfants et conjoints) peuvent faire valoir des droits à la réserve héréditaire (§ 2303 BGB). Pour les personnes handicapées désignées en tant que « Vorerben », il en découle qu’ils pourraient n’avoir qu’un droit à la réserve si le testament ne les favorise pas suffisamment. C’est pourquoi la désignation comme héritier temporaire ou légataire dans le testament permet souvent d’éviter le paiement de la réserve.

Renonciation à la réserve et conséquences en matière d’aide sociale

Une renonciation contractuelle à la réserve peut entraîner, en droit social, une éventuelle récupération conformément au § 528 BGB (donation), car les organismes publics peuvent considérer cette renonciation comme « une donation ». Ainsi, le testament pour personnes handicapées est ordinairement conçu de façon à ne pas nécessiter de renonciation active à la réserve.


Jurisprudence et évolutions récentes

Cour fédérale de justice (BGH)

La BGH (notamment l’arrêt du 20 octobre 1993, IV ZR 231/92 et l’arrêt du 15.02.2017, IV ZR 6/16) a confirmé que la suppression totale ou partielle de la réserve par la nomination d’un héritier temporaire ou la désignation d’un exécuteur testamentaire est licite et que le testament pour personnes handicapées ne constitue pas un abus de droit au sens du § 826 BGB ni une violation des règles du droit de l’aide sociale.

Juridictions sociales

Les tribunaux sociaux ont également jugé de façon constante que le patrimoine protégé par l’exécution testamentaire, la restriction de disposition et le mécanisme d’héritier temporaire n’est pas considéré comme un bien valorisable au sens du SGB XII lors du règlement de la succession.


Aspects fiscaux du testament pour personnes handicapées

Les successions sont en principe soumises à l’impôt sur les successions selon la loi sur l’impôt sur les successions et donations (ErbStG). Pour le testament pour personnes handicapées, les abattements fiscaux prévus par l’ErbStG pour les enfants ou les proches (§ 16 al. 1 n° 2 ErbStG) s’appliquent également. De plus, les personnes handicapées bénéficient, sous certaines conditions, d’abattements fiscaux supplémentaires selon § 13 al. 1 n° 8 ErbStG, à condition que la succession soit exclusivement affectée à la subsistance et aux soins.


Risques, limites et critiques

Points de contestation possibles

Malgré l’acceptation juridique, certains risques subsistent :

  • Contestations par les ayants droit déshérités
  • Examen de l’iniquité ou de l’abus
  • Modifications récentes du droit de l’aide sociale (réformes législatives)

Délimitation par rapport à l’abus de conception

Si un testament pour personnes handicapées est établi uniquement dans le but d’obtenir indûment des prestations sociales ou de léser la collectivité, il peut être invalidé. La jurisprudence exige alors une disposition fondée sur l’intérêt de la personne handicapée.


Conclusion

Le testament pour personnes handicapées constitue un instrument juridique qui permet aux proches d’assurer la sécurité financière d’enfants handicapés ou d’autres membres de la famille après leur propre décès, sans que les organismes d’aide sociale puissent accéder à la succession. Sa rédaction nécessite une élaboration précise en tenant compte des exigences successorales, sociales et fiscales. Cette conception repose généralement sur la combinaison d’un héritage temporaire, d’une exécution testamentaire et d’une attribution de legs. La jurisprudence suprême a confirmé de manière générale son efficacité et sa licéité.


Bibliographie

  • BGH, arrêt du 20.10.1993, IV ZR 231/92 (« Behindertentestament »)
  • Palandt, commentaire du BGB, §§ 2100 et suivants, §§ 2197 et suivants, § 2303
  • LPK-SGB XII, § 90, § 93 (protection du patrimoine en droit de l’aide sociale)
  • Meincke, Erbschaftsteuer- und Schenkungsteuergesetz, § 13

Liens internet

  • Ministère fédéral de la Justice – Code civil allemand (BGB)
  • <a href="https://www.bundesgerichtshof.de/DE/Entscheidungen/entscheidungennode.html”>Cour fédérale de justice – Décisions en texte intégral
  • <a href="https://www.gesetze-im-internet.de/sgb12/”>Code de la sécurité sociale (SGB) – Textes législatifs en ligne

Questions fréquentes

Quels avantages un testament pour personnes handicapées offre-t-il par rapport à une succession classique ?

Un testament pour personnes handicapées offre, par rapport à la succession légale ordinaire, l’avantage particulier de protéger le patrimoine destiné à une personne handicapée contre l’accès de l’organisme de l’aide sociale. Grâce à son agencement spécifique, notamment à travers la règle de la pré-hérédité et de la post-hérédité ainsi qu’à l’exécution testamentaire, le patrimoine hérité ne fait pas partie des biens exploitables de la personne handicapée et n’est pas pris en compte dans le calcul des prestations sociales en cours, telles que l’allocation de subsistance ou l’aide aux soins. Cela permet à l’héritier handicapé de continuer à recevoir des avantages de la succession tout en percevant l’aide sociale, sans devoir craindre une utilisation ou une récupération totale du patrimoine par l’État. À l’inverse, dans le cadre de la succession légale, la fortune héritée devrait être presque entièrement épuisée avant que les prestations sociales ne soient à nouveau versées.

L’organisme de l’aide sociale peut-il accéder au patrimoine hérité en cas d’existence d’un testament pour personnes handicapées ?

En cas de conception juridique correcte du testament pour personnes handicapées, l’accès direct de l’organisme de l’aide sociale au patrimoine hérité est en principe exclu. Cela est assuré par la nomination simultanée d’un héritier temporaire et d’un héritier subséquent, combinée à la désignation d’un exécuteur testamentaire. La personne handicapée est souvent seulement héritier temporaire et l’exécuteur testamentaire est le véritable administrateur de la succession. L’héritier temporaire n’a pas le pouvoir de disposition juridique sur l’héritage et ne peut donc pas s’en servir pour couvrir des prestations d’aide sociale. Cela correspond à la jurisprudence constante de la Cour fédérale de justice (BGH). L’organisme de l’aide sociale ne peut prendre en compte que la part de réserve héréditaire, si elle existe et n’a pas été valablement exclue, comme patrimoine exploitable.

Quelles sont les obligations de l’exécuteur testamentaire dans le cadre d’un testament pour personnes handicapées ?

L’exécuteur testamentaire est un élément central du testament pour personnes handicapées. Sa principale obligation est d’administrer l’héritage selon les instructions fixées dans le testament et exclusivement au profit de l’héritier handicapé, sans qu’il ne soit procédé à un versement immédiat de la fortune à celui-ci. Il veille à ce que les avantages issus de la succession ne soient pas comptabilisés comme prestation sociale (par exemple, sous forme de prestations en nature, d’activités de loisirs ou d’améliorations du niveau de vie hors du champ des besoins couverts par l’aide sociale). Il est en outre tenu à une reddition de comptes complète et peut, dans certains cas, être soumis au contrôle judiciaire. Les fonctions de l’exécuteur testamentaire prennent généralement fin au décès de l’héritier handicapé ou au terme fixé dans le testament.

Comment la réserve héréditaire est-elle prise en compte dans le cadre du testament pour personnes handicapées ?

La réserve héréditaire constitue un enjeu central pour le testament pour personnes handicapées. Même si le droit à la réserve ne peut pas être exclu juridiquement, il est fréquent de chercher à la minimiser par des dispositions ciblées, telles que l’attribution de legs à d’autres héritiers ou la répartition spécifique de la succession. Les personnes ayant droit à la réserve (selon § 2303 BGB, généralement enfants ou conjoint) ont toujours droit à une somme d’argent équivalente à leur réserve, indépendamment de la volonté du défunt. Dans le cas d’enfants handicapés, il existe donc un risque que l’organisme de l’aide sociale revendique la part de réserve. Une rédaction juridiquement sûre du testament pour personnes handicapées doit traiter explicitement cette problématique – par exemple en prévoyant des dispositions adaptées visant à limiter la charge de la réserve ou en obligeant l’héritier à verser la réserve.

Quelles sont les exigences formelles à respecter pour établir un testament pour personnes handicapées ?

Le testament pour personnes handicapées doit, sous forme, satisfaire aux mêmes exigences que tout autre testament écrit de la main du testateur conformément au § 2247 BGB : il doit être manuscrit et signé ou authentifié par un notaire. En raison de la complexité des exigences de fond et fiscales, il est toujours conseillé, dans l’intérêt de la sécurité juridique, d’envisager une rédaction notariale avec un avocat spécialisé en droit des successions ou un notaire. L’identification précise des héritiers temporaires et subséquents, la définition claire de la mission de l’exécuteur testamentaire ainsi que des instructions détaillées relatives à la gestion et à l’utilisation de l’héritage sont particulièrement importantes. Une rédaction imprécise ou erronée du testament peut compromettre la protection recherchée pour l’héritier handicapé et la succession.

Quel rôle joue la post-hérédité dans le testament pour personnes handicapées ?

La désignation d’un héritier subséquent joue un rôle central dans le testament pour personnes handicapées. L’héritier handicapé est alors nommé héritier temporaire – il n’a droit qu’aux fruits de la succession, sans disposer de l’ensemble du patrimoine. Ce n’est qu’après son décès ou la réalisation d’un événement déterminé que l’héritier subséquent – souvent un frère, une sœur ou un autre proche – devient héritier définitif. Cette structure empêche l’administration de considérer l’héritage comme un bien valorisable pour la personne handicapée. L’héritier subséquent doit cependant être clairement désigné dans le testament afin d’éviter des litiges ou des incertitudes ultérieures sur l’ordre de succession.

Un testament pour personnes handicapées peut-il être modifié ou révoqué ultérieurement ?

Un testament, y compris le testament pour personnes handicapées, peut toujours être modifié ou révoqué du vivant du testateur, tant que celui-ci est libre et capable de tester (§ 2253 BGB). Il est possible de rédiger un nouveau testament ou d’annuler l’existant, ou encore de l’abroger expressément par un testament ultérieur. Après le décès du testateur, les dispositions prises dans le testament deviennent contraignantes ; une modification ultérieure est alors exclue. En raison de la complexité et des règles de protection particulières, il est conseillé de toujours faire accompagner juridiquement et notarialement toute modification.