Définition et classification générale des substances enivrantes
Dans le contexte juridique, les substances enivrantes désignent des substances qui, chez l’être humain, entraînent une altération de la perception, des modifications de la conscience ou un état similaire à l’ivresse. Cela inclut notamment des substances dont la prise peut provoquer des effets psychoactifs. L’évaluation juridique et la gestion des substances enivrantes sont largement réglementées en Allemagne et dans de nombreux autres pays et concernent divers domaines du droit pénal, administratif et du droit de l’ordre public.
Bases juridiques en Allemagne
Loi sur les stupéfiants (BtMG)
La loi sur les stupéfiants (BtMG) constitue le cadre principal de la réglementation juridique pour de nombreuses substances enivrantes. Cette loi définit comme stupéfiants les substances listées aux annexes I à III du BtMG. Il est important de souligner que toute substance psychoactive ne relève pas automatiquement du BtMG ; le législateur est lié à la liste explicite des substances et groupes de substances énoncés dans la loi.Exemples de groupes de substances concernés par le BtMG :
- Cannabis et cannabinoïdes
- Opiacés et opioïdes
- Amphétamines et substances stimulantes
- Hallucinogènes
D’autres substances enivrantes non listées dans le BtMG peuvent tout de même être soumises à d’autres réglementations légales.
Loi sur les nouvelles substances psychoactives (NpSG)
La loi sur les nouvelles substances psychoactives (NpSG) régit la gestion des « Legal Highs » ou drogues de synthèse qui ne relèvent pas du BtMG, mais qui sont également psychoactives et potentiellement dangereuses pour la santé. La NpSG interdit la fabrication, le commerce et la possession de certains groupes de substances qui n’étaient pas explicitement couverts par le BtMG auparavant.
Loi sur les médicaments (AMG)
La loi sur les médicaments (AMG) peut également s’appliquer aux substances enivrantes, notamment lorsqu’il s’agit de substances utilisées comme médicaments ou à des fins scientifiques et susceptibles d’être détournées de leur usage pour leurs effets psychotropes. L’AMG concerne ainsi des substances dont l’abus à des fins d’ivresse semble possible.
Droit de la circulation routière
La loi sur la circulation routière (StVG), en particulier l’article 24a de la StVG et l’article 316 du StGB, sanctionne la participation à la circulation sous l’influence de substances enivrantes en tant qu’infraction ou contravention. La simple détection de ces substances dans le sang ou l’air expiré peut suffire à établir une infraction.
Distinction avec d’autres substances
Toute substance psychoactive n’est pas automatiquement une substance enivrante au sens de la responsabilité ou du droit pénal. La qualification juridique dépend généralement de l’inscription de la substance sur les listes d’interdiction concernées et de son effet. Différentes lois peuvent classifier une même substance de manière distincte (ex : éthanol/alccol, considéré comme substance enivrante légale, comparé au cannabis).
Aspects relevant du droit administratif et prévention des dangers
Droit de prévention des dangers
Des réglementations concernant la prévention des dangers existent tant au niveau régional que communal, pouvant limiter ou interdire l’usage de substances enivrantes. Elles permettent, par exemple, de réglementer leur consommation et leur possession dans certains lieux publics (écoles, espaces publics).
Protection de la jeunesse
La loi sur la protection de la jeunesse (JuSchG) limite l’accès des moins de 18 ans aux boissons alcoolisées et aux produits du tabac. L’abus d’autres substances enivrantes par des mineurs entre généralement aussi dans le champ d’application du BtMG ou de l’AMG.
Pertinence pénale
Possession, acquisition et trafic
La loi sur les stupéfiants sanctionne, en général en tant que délit, la possession, l’acquisition et le trafic de substances enivrantes illégales. Même la possession de faibles quantités de certains produits peut être poursuivie, la loi distinguant alors, selon l’article 29 du BtMG, entre usage personnel et trafic.
Consommation
La simple consommation d’une substance enivrante ne constitue pas, en droit pénal allemand, un acte punissable. En revanche, la possession ou l’acquisition préalable est généralement punissable. Il en découle une pénalisation de fait, la consommation supposant souvent la possession.
Commission par négligence ou intentionnelle
Il y a aggravation de la sanction si la personne consommant une substance enivrante met autrui en danger, par exemple sur la route (§ 315c StGB) ou en tant que personne ayant responsabilité de protection (§ 225 StGB).
Usage médical et autorisations exceptionnelles
Certaines substances enivrantes peuvent être utilisées légalement à des fins médicales, par exemple comme analgésiques sur prescription médicale (opioïdes, cannabis médical). Leur délivrance est strictement encadrée et documentée, les exceptions étant examinées et autorisées au cas par cas par les autorités compétentes.
Aspects internationaux
Des conventions internationales (par ex. la Convention unique sur les stupéfiants de 1961) encadrent la possession et l’usage de substances enivrantes à l’échelle mondiale et influencent fortement les législations nationales. De nombreuses substances sont ainsi contrôlées internationalement.
Évaluation juridique des substituts et Legal Highs
Les fabricants et distributeurs de nouvelles substances psychoactives contournent souvent les interdictions légales par de légères modifications chimiques. Le NpSG comble ces lacunes en réglementant des groupes entiers de substances, indépendamment de leur composition chimique précise.
Sanctions et conséquences juridiques
Les infractions aux lois concernant les substances enivrantes sont punies par des peines d’emprisonnement ou d’amende, le retrait ou la suspension du permis de conduire, des obligations de déclaration ou encore la privation du droit de conduire. En droit pénal des mineurs, des mesures éducatives ou des travaux d’intérêt général peuvent être ordonnés.
Substances enivrantes et droit du travail
Un salarié sous l’influence de substances enivrantes met en danger sa propre sécurité et celle d’autrui et contrevient à ses obligations contractuelles. Un avertissement ou un licenciement sans préavis peuvent être légalement justifiés si la sécurité au travail est compromise.
Littérature spécialisée et jurisprudence
La législation sur les substances enivrantes évolue en permanence du fait de nouvelles lois et décisions de justice. De nombreux arrêts et publications scientifiques traitent de cas d’espèce et de questions de principe sur l’interprétation des lois.
Résumé
Les substances enivrantes font l’objet d’une réglementation juridique complète et concernent de nombreux domaines, dont le droit pénal, administratif et du travail. Leur classification dépend de définitions légales, de listes officielles et de leurs mécanismes d’action. Les législateurs et tribunaux réagissent régulièrement aux évolutions concernant les substances psychoactives, afin de lutter efficacement contre l’abus, les dangers et l’insécurité juridique.
Questions fréquemment posées
Quand la possession d’une substance enivrante constitue-t-elle une infraction pénale ?
La possession d’une substance enivrante est pénalement sanctionnée lorsqu’une personne exerce un pouvoir réel sur une substance qualifiée d’illégale au sens du Betäubungsmittelgesetz (BtMG), du Neue-psychoaktive-Stoffe-Gesetz (NpSG) ou d’autres lois pertinentes. Cela couvre aussi bien la possession physique directe (par exemple, porter sur soi, dans les poches ou contenants) que la possession indirecte, comme le stockage à domicile dès lors que la personne décide de l’utilisation de la substance. Il n’est pas nécessaire d’en être propriétaire : seul compte le pouvoir d’utilisation ou de transmission selon sa propre volonté. La possession, même brève, est considérée comme telle si la personne est consciente de l’illicéité et de la nature enivrante de la substance. De plus, il faut que la possession ne soit pas couverte par une autorisation : si c’est le cas, elle n’est généralement pas pénalisée.
Quand la consommation de substances enivrantes constitue-t-elle une infraction pénale ?
La simple consommation de substances enivrantes n’est en principe pas punie, car le droit pénal allemand vise la préparation, l’acquisition, la production, la possession, la cession, le commerce ou la fabrication. Des exceptions existent, par exemple en cas de consommation illicite dans des établissements particulièrement protégés (écoles, etc.) ou lors de la consommation au volant pouvant conduire à une mise en danger (§316 StGB). La possession ou l’acquisition pour usage personnel avant ou pendant la consommation demeure pénalisée lorsqu’aucune dérogation (par ex. ordonnance médicale) n’existe. Sont également passibles d’infraction les actes connexes, comme l’obtention illicite ou la possession durant la consommation. Le droit pénal des mineurs comprend en outre des règles spécifiques punissant ou réglementant la consommation de certaines substances.
Quelles sont les conséquences juridiques en cas de trafic de substances enivrantes ?
Le trafic de substances enivrantes constitue un délit grave selon les articles 29 et suivants du BtMG et est sévèrement puni. On entend par trafic toute activité visant la commercialisation de stupéfiants, qu’elle soit lucrative ou non, payante ou gratuite, consistant à se procurer, vendre ou servir d’intermédiaire, peu importe si la transaction a effectivement abouti. Le simple essai est aussi punissable. Les sanctions vont de l’amende à plusieurs années d’emprisonnement, selon la nature et la quantité de la substance, et la présence de circonstances aggravantes (par ex. trafic impliquant des enfants, en bande organisée, port d’armes, trafic à but lucratif, etc.). D’autres mesures peuvent être ordonnées comme la confiscation des profits et l’interdiction de conduire ou d’exercer une activité commerciale.
Dans quelles conditions la conduite sous l’influence de substances enivrantes constitue-t-elle une infraction ?
La conduite d’un véhicule sous l’influence de substances enivrantes est interdite par l’article 316 du StGB et l’article 24a du StVG. Est pénalement responsable toute personne ayant une incapacité à conduire résultant des effets de substances enivrantes et conduisant malgré tout. Sont concernés l’alcool, le cannabis, les amphétamines, la cocaïne, les opiacés ou certains médicaments. De faibles quantités, inférieures aux seuils légaux, entraînent généralement une procédure pour infraction administrative ; au-delà de certains seuils ou en cas de perte de contrôle, l’infraction pénale est constituée. Les sanctions comprennent amendes, interdiction de conduire, retrait du permis et peines d’emprisonnement. En cas d’accident, des conséquences civiles peuvent également s’appliquer.
La culture ou la fabrication personnelle de substances enivrantes est-elle permise ?
La culture ou production personnelle de substances enivrantes est en principe interdite sauf autorisation administrative spécifique (par ex. pour un usage médical). Ceci s’applique notamment aux stupéfiants au sens du BtMG. La culture illégale (ex : cannabis sans autorisation) ou la fabrication de substances (drogues synthétiques, etc.) constituent un délit selon les articles 29 ou 30 du BtMG. La sanction dépend de la quantité et de la finalité, la production à des fins commerciales étant particulièrement réprimée. Seuls certains organismes scientifiques, industriels ou médicaux disposent d’autorisations particulières.
Quel rôle joue la « faible quantité » dans la gestion pénale des substances enivrantes ?
La notion de « faible quantité » permet, selon l’article 31a du BtMG, au parquet de renoncer à des poursuites dans certains cas d’usage personnel. La définition de la « faible quantité » varie selon les Länder et dépend notamment de la substance (ex : cannabis) et de sa concentration en principe actif. Il s’agit d’un aménagement de la sanction mais pas d’une dépénalisation : la possession demeure interdite, seul l’intérêt public à poursuivre pénalement peut disparaître selon les circonstances. L’absence de condamnations antérieures, la possession pour usage personnel et d’autres conditions sont pris en compte.
Quelles sont les limites d’âge concernant l’usage de substances enivrantes ?
Le droit pénal des mineurs, la loi sur les stupéfiants et la loi sur la protection de la jeunesse imposent des restrictions particulières à l’usage de substances enivrantes par les mineurs. De manière générale, la consommation de telles substances est strictement interdite aux mineurs. L’acquisition, la possession et l’usage de Legal Highs, d’alcool et de tabac sont soumis à des règles d’âge spécifiques précisées dans la loi sur la protection de la jeunesse (ex : alcool à partir de 16 ou 18 ans selon le type de boisson). La violation conduit à des procédures administratives ou pénales à l’encontre des mineurs et des tiers impliqués. Des mesures éducatives, le retrait du permis de conduire et d’autres conséquences peuvent également être imposées.
Comment les substances enivrantes sont-elles saisies au cours d’une procédure pénale et quels droits concernent la personne visée ?
En cas de soupçon d’infractions en lien avec des substances enivrantes, la police et le parquet peuvent ordonner, sur décision judiciaire ou, en cas d’urgence, sans celle-ci, des perquisitions et des saisies (§ 94 et suivants StPO). Les substances saisies servent de preuves et sont généralement détruites si l’interdiction judiciaire est confirmée. Les personnes concernées ont le droit de contester la saisie, de consulter un avocat et de demander à consulter le dossier. Leur restitution n’est possible que si l’infraction n’est pas caractérisée, ce qui arrive très rarement pour les stupéfiants. Si des actes préparatoires, possession ou autres délits sont prouvés, les substances peuvent être confisquées et détruites ou réaffectées de façon définitive.