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Subprime

Définition et signification du subprime

Le terme subprime désigne, dans le domaine financier, des crédits, prêts ou emprunteurs qui sont considérés comme plus risqués que ceux ayant le statut Prime. Le mot « subprime » est utilisé notamment en lien avec des crédits pour lesquels l’emprunteur présente une solvabilité inférieure à la moyenne. Il s’agit typiquement de personnes ou d’entreprises qui, en raison de leur faible capacité de crédit, n’ont pas accès aux formes traditionnelles de financement sur le marché régulier du crédit.

Les produits subprime s’accompagnent souvent de taux d’intérêt majorés et de conditions contractuelles plus strictes afin de compenser le risque accru de défaut. La question des crédits subprime a joué un rôle central lors de la crise financière de 2007-2008, lorsque des défaillances massives de paiements ont provoqué des turbulences mondiales sur les marchés financiers.

Cadre juridique des crédits subprime

Notation de crédit et exigences légales

Les établissements financiers sont tenus de procéder à une évaluation de la solvabilité lors de l’octroi de crédits. Les bases juridiques en Europe résultent notamment de la Directive sur les crédits immobiliers résidentiels (Directive 2014/17/UE) et de sa transposition en droit national, par exemple aux §§ 505a et suivants du BGB (Allemagne).

Selon ces dispositions, l’octroi d’un crédit à un consommateur n’est autorisé que si, sur la base des informations disponibles et d’une évaluation appropriée, il est possible de supposer que l’emprunteur sera en mesure de respecter le contrat de crédit. Les crédits subprime se situent à l’extrémité inférieure de l’échelle de notation et sont par conséquent soumis à des exigences accrues en matière de transparence, d’information et de documentation.

Protection des consommateurs et obligations d’information

Les banques et autres établissements de crédit sont soumis, dans le cadre de l’octroi de crédits subprime, à des règles spécifiques de protection des consommateurs. Celles-ci visent notamment à prévenir le surendettement des emprunteurs et à garantir un traitement équitable. Les dispositions pertinentes se trouvent notamment dans :

  • §§ 491 et suivants du BGB (crédits aux consommateurs)
  • Réglementation sur l’indication des prix (PAngV)
  • Ordonnance sur les obligations d’information en matière de crédits aux consommateurs

Cela inclut, entre autres, l’obligation d’informer de manière exhaustive sur les coûts et les risques, en particulier en cas de taux d’intérêt variables, ainsi que la remise de la Fiche d’Information Européenne Normalisée (ESIS) avant la conclusion du contrat.

Réglementation par les autorités de surveillance

La responsabilité du contrôle de l’octroi des crédits et du respect des exigences réglementaires en Allemagne incombe à la Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht (BaFin). Au niveau européen, le contrôle est également assuré par la Banque centrale européenne (BCE) ainsi que l’Autorité bancaire européenne (EBA). L’octroi de crédits à des emprunteurs subprime peut entraîner des contrôles prudentiels supplémentaires, notamment concernant l’exigence de fonds propres selon les directives Bâle III.

Aspects de droit civil

Élaboration contractuelle et CGV

Les contrats de crédit subprime doivent, tout comme les contrats de crédit classiques, respecter les exigences des §§ 305 et suivants du BGB relatifs aux conditions générales de vente (CGV). Les dispositions qui désavantagent de manière disproportionnée l’emprunteur ou qui ne répondent pas à l’obligation de transparence sont nulles. Les établissements de crédit sont également soumis à l’obligation de communiquer tous les termes contractuels pertinents, interdisant ainsi les clauses « cachées » ou des coûts non apparents.

Résiliation et rétractation

Puisque les emprunteurs subprime sont exposés à des risques accrus, des mécanismes de protection particuliers sont prévus à leur égard. Selon le § 355 BGB, les consommateurs disposent, dans certains cas, d’un droit de rétractation. Les conditions de résiliation d’un contrat de crédit sont également régies par les §§ 498-499 BGB. En cas de résiliation du prêt par la banque pour cause de retard de paiement, des obligations particulières d’information et de mise en demeure s’appliquent.

Scénarios d’insolvabilité et conséquences

En cas de défaut de paiement sur des prêts subprime, les dispositions de la loi sur l’insolvabilité (InsO) et du droit de l’exécution forcée s’appliquent. Les prêts à des débiteurs subprime figurent régulièrement parmi ceux pour lesquels la probabilité d’une procédure d’insolvabilité est accrue. Dans la gestion des conséquences juridiques, entrent alors en considération notamment les §§ 17 et suivants de l’InsO ainsi que les possibilités de la libération de dette résiduelle selon les §§ 286 et suivants de l’InsO.

Abus et pertinence pénale

L’octroi massif de crédits subprime sans évaluation de la solvabilité appropriée ou en violation délibérée des obligations réglementaires peut entraîner non seulement des conséquences civiles, mais aussi pénales. Les infractions potentielles incluent l’escroquerie (§ 263 du StGB), l’abus de confiance (§ 266 du StGB) ou la violation de la loi sur le secteur bancaire (KWG).

Subprime dans le droit des marchés de capitaux et de la surveillance bancaire

Titrisation et surveillance des valeurs mobilières

Les crédits subprime sont souvent « regroupés » dans le cadre de titrisation (« Asset-Backed Securities », ABS) et négociés sur le marché des capitaux sous forme de valeurs mobilières. Le traitement réglementaire de ces titres est soumis à des exigences strictes, par exemple, via le Règlement européen sur la titrisation (Règlement (UE) 2017/2402). Les dispositions imposent une responsabilité accrue en matière de transparence, de surveillance des évaluations et de répartition des risques.

Conséquences sur les exigences en fonds propres

Pour les banques qui octroient ou détiennent des crédits subprime, des exigences accrues en matière de fonds propres s’appliquent selon Bâle III. En vertu du Règlement sur l’adéquation des fonds propres (CRR, UE 575/2013), les crédits présentant un risque de défaut élevé doivent être assortis d’une plus grande dotation en fonds propres afin de garantir la stabilité du secteur financier.

Aspects internationaux

En dehors de l’Europe

Aux États-Unis, les crédits et hypothèques subprime sont notamment régis par le Truth in Lending Act (TILA) ainsi que de nombreux autres textes fédéraux et étatiques de protection des consommateurs. La crise qui a débuté en 2007 a entraîné un durcissement massif des exigences légales en matière de transparence, d’évaluation du crédit et d’obligations d’information.

Réglementation des marchés financiers et normes internationales

Des organisations internationales telles que le Financial Stability Board (FSB) et la Bank for International Settlements (BIS) surveillent les développements dans le domaine du subprime et édictent des cadres réglementaires pour leur traitement prudentiel.

Résumé

Le terme subprime désigne des crédits ou des débiteurs présentant une probabilité accrue de défaut en raison d’une solvabilité limitée. Le cadre juridique en matière d’octroi, de structuration et de gestion des crédits subprime est complexe et fait l’objet d’une réglementation étendue tant au niveau européen que national et international. L’objectif des prescriptions légales est d’assurer la protection des consommateurs, la stabilité du marché financier et la transparence dans le secteur du crédit. Les violations des règles lors de l’octroi de crédits subprime peuvent entraîner des sanctions civiles et pénales et font l’objet d’une évolution réglementaire continue.

Questions fréquemment posées

Quels sont les risques juridiques liés à la conclusion d’un contrat de prêt subprime ?

La conclusion d’un contrat de prêt subprime comporte de nombreux risques juridiques pour les deux parties contractantes. Pour l’emprunteur, le principal risque réside dans le fait que les conditions contractuelles sont plus strictes en raison de la faible solvabilité et comportent souvent des taux d’intérêt élevés ainsi que des garanties complémentaires. À cela s’ajoutent parfois des clauses peu claires qui peuvent nuire à la transparence. Dans certains cas, elles peuvent être considérées comme des dispositions surprenantes ou défavorables au sens des §§ 305c ou 307 BGB et devenir nulles. Les prêteurs sont soumis à des obligations documentaires renforcées, notamment en lien avec l’évaluation de la solvabilité (§§ 491a, 505a BGB). S’ils manquent à ces obligations, cela peut entraîner des demandes de réparation ou la résiliation du contrat. De plus, le risque de rétractation est plus élevé, par exemple en cas d’information erronée concernant le droit de rétractation selon § 355 BGB. Le droit des CGV s’applique également à de nombreux contrats subprime afin de protéger le consommateur contre des clauses défavorables. Le respect de la réglementation sur la protection des données (RGPD, BDSG) lors de la conservation et du traitement des données personnelles constitue un autre risque.

En quoi les contrats de crédit subprime diffèrent-ils juridiquement des contrats de crédit ordinaires ?

Les contrats de crédit subprime s’en distinguent juridiquement principalement par une réglementation accrue en faveur de la protection du consommateur. Ils comportent souvent des dispositions spécifiques sur les garanties, des taux d’intérêt plus élevés et des indemnités de remboursement anticipé. Les prêteurs doivent apporter la preuve d’un examen renforcé de la solvabilité (§ 505a BGB, directive européenne sur les crédits aux consommateurs) et sont tenus d’informer l’emprunteur en cas de difficultés financières, concernant les options de rééchelonnement ou de report. Contrairement aux crédits standards, les risques particuliers, tels que le risque de défaut, sont souvent réglementés dans le contrat. Par ailleurs, les adaptations de taux ou de frais ne sont possibles que dans le cadre de clauses claires et transparentes, sous peine de nullité au regard du droit des CGV. Enfin, les crédits subprime font plus fréquemment l’objet de litiges, ce qui présente des défis juridiques spécifiques.

Quelles sont les dispositions légales encadrant l’octroi des crédits subprime en Allemagne ?

L’admissibilité des crédits subprime en Allemagne est notamment régie par le Code civil allemand (BGB), la réglementation sur l’indication des prix (PAngV) et la loi sur le secteur bancaire (KWG). Le BGB introduit, avec les règles sur les crédits aux consommateurs (§§ 491 et suivants du BGB), des obligations spécifiques d’information et de transparence. Notamment, le taux effectif global doit être indiqué et tous les coûts clairement précisés. Selon le KWG, les prêteurs doivent obtenir une autorisation, sous peine de sanctions pénales en cas d’infraction (§ 32 KWG). Des taux excessifs peuvent également être considérés comme usuraires (§ 138 BGB), en particulier lorsqu’il existe un déséquilibre manifeste entre la prestation et la contrepartie. Le droit des CGV (§§ 305 et suivants du BGB) intervient également pour prévenir des clauses contractuelles abusives, de même que le § 491a al. 3 BGB concernant les modes de distribution (ex. contrats à distance).

Peut-on contester ultérieurement un contrat subprime pour usure ou contrariété aux bonnes mœurs ?

Oui, les contrats de prêt subprime peuvent être contestés ultérieurement pour usure ou pour contrariété aux bonnes mœurs. Un contrat est considéré comme usuraire (§ 138 al. 2 BGB) lorsqu’il existe un déséquilibre manifeste entre la prestation (ex. taux d’intérêt) et la contre-prestation, et que le prêteur profite de la situation de contrainte, d’inexpérience ou de faiblesse de l’emprunteur. Un contrat est contraire aux bonnes mœurs (§ 138 al. 1 BGB) s’il va à l’encontre du sentiment commun de justice et d’équité, ce qui est notamment le cas en cas de taux très excessifs pour des personnes inexpérimentées et à faible revenu. La jurisprudence considère en général le double ou le triple du taux normal du marché comme usuraire. Une contestation entraîne la nullité du contrat, ce qui oblige les parties à restituer les prestations reçues.

Quelles sont les obligations particulières d’information et de conseil des prêteurs pour les crédits subprime ?

Pour les crédits subprime, les prêteurs sont soumis à des obligations renforcées d’information et de conseil. Celles-ci consistent notamment à fournir des informations précontractuelles selon le § 491a BGB ainsi qu’une présentation claire de toutes les conditions contractuelles, notamment du taux effectif global, de tous les frais et de tous les autres coûts. De plus, un projet de contrat explicitant tous les éléments essentiels doit être remis au consommateur. Le prêteur doit informer expressément l’emprunteur des conséquences financières, notamment en cas de défaut de paiement ou d’exécution forcée. Les risques potentiels, comme l’augmentation des taux ou les coûts additionnels, doivent également être clairement indiqués. En cas de pratiques de vente hors établissement ou à distance, il existe d’autres obligations d’information, parfois harmonisées au niveau de l’UE. L’omission de ces informations obligatoires peut justifier la rétractation ou la contestation du contrat.

Quel rôle juridique jouent les sociétés de recouvrement dans le cas de crédits subprime en difficulté ?

Les sociétés de recouvrement interviennent fréquemment dans le recouvrement de crédits subprime en difficulté. Elles sont soumises à la loi sur les services juridiques (RDG) et doivent être enregistrées auprès des autorités. Elles ne peuvent recouvrer que des créances exigibles et non contestées, et ne peuvent demander que des honoraires légalement autorisés. La cession de créance (cession) doit être communiquée en toute transparence au débiteur (§ 409 BGB). Les normes de protection des données doivent être strictement respectées, notamment en ce qui concerne le traitement des données personnelles en vue du recouvrement (RGPD, BDSG). De plus, si elles enfreignent les règles de protection du consommateur, les sociétés de recouvrement ne peuvent utiliser des pratiques déloyales (par exemple : pression illicite, frais de recouvrement supérieurs aux plafonds légaux), sous peine de sanctions par les autorités de surveillance ou d’indemnisation du débiteur.

En quoi les financements subprime sont-ils concernés par les restrictions en matière de protection des données ?

Les financements subprime sont particulièrement soumis au respect strict de la RGPD et du BDSG, car l’évaluation de la solvabilité et l’octroi du crédit nécessitent la collecte, l’enregistrement et le traitement de nombreuses données personnelles. L’obtention de renseignements de la SCHUFA ou d’autres organismes de scoring n’est possible qu’avec le consentement préalable éclairé de l’emprunteur. Les prêteurs doivent informer les personnes concernées sur la finalité et les modalités de la gestion des données ; celles-ci disposent d’un droit d’accès, de rectification et de suppression de leurs données (art. 15-17 RGPD). En cas de transmission des données à des tiers, comme des sociétés de recouvrement ou des agences de notation, le respect des exigences en matière de protection des données doit être total. Les infractions peuvent entraîner de lourdes amendes et parfois l’invalidité des clauses concernées du contrat.