Notion et définition : Stalking
Le terme stalking désigne la poursuite persistante et répétée, le harcèlement ou la menace d’une personne, ce qui perturbe gravement son mode de vie. Souvent, le stalking se manifeste par des prises de contact non désirées, la filature, la surveillance, des menaces ainsi que le fait de se présenter sur le lieu de travail ou au domicile de la victime. Le stalking ne comprend pas uniquement les filatures physiques, mais aussi des formes de harcèlement électronique, notamment par le biais de moyens de communication numériques tels que courriel, messageries instantanées ou réseaux sociaux.
Dans le contexte juridique, le stalking vise surtout des actes pénalement répréhensibles portant atteinte au droit général de la personnalité, au droit à la vie privée et, le cas échéant, à d’autres biens protégés.
Évolution historique et contexte sociétal
Le stalking, en tant que phénomène social et pénal, a suscité une attention internationale croissante à partir des années 1990. À l’origine, le mot provient de l’anglais (“to stalk” : approcher furtivement, traquer) et était employé principalement en lien avec le harcèlement de personnalités célèbres. Avec l’augmentation des cas de stalking au sein de l’ensemble de la population, un besoin d’action s’est fait sentir tant dans la société que sur le plan politique, menant à l’adoption de diverses réglementations légales.
Réglementation pénale du stalking en Allemagne
Introduction du § 238 StGB
En 2007, le législateur a instauré avec § 238 Code pénal allemand (StGB) – Harcèlement obsessionnel une infraction pénale spécifique afin de répondre précisément aux dangers particuliers du stalking. Cette disposition a été réformée en 2017 pour renforcer la protection des victimes et abaisser le seuil de la punissabilité.
Éléments constitutifs de l’infraction selon § 238 StGB
Éléments objectifs de l’infraction
Le § 238 StGB sanctionne le harcèlement persistant lorsque celui-ci perturbe gravement le mode de vie de la victime. Selon la loi, plusieurs comportements peuvent être qualifiés de harcèlement (§ 238 al. 1 StGB). Il s’agit notamment : les visites répétées dans la proximité spatiale de la personne concernée, les tentatives de prise de contact par des moyens de télécommunication ou tout autre moyen de communication, la commande de biens ou de services au nom de la personne concernée, le fait d’inciter des tiers à prendre contact avec la victime, l’utilisation abusive de données personnelles pour initier divers actes au détriment de la victime.
Élément subjectif de l’infraction
Un dol quant aux différents éléments constitutifs ainsi que la conscience de l’atteinte grave possible au mode de vie de la victime sont nécessaires.
Atteinte grave au mode de vie
Une variante de l’acte suppose que la victime soit gravement affectée dans son mode de vie par le harcèlement. Cela est à supposer, par exemple, si la victime doit déménager ou changer de lieu de travail par peur, ou modifier fondamentalement sa vie quotidienne.
Peine encourue et circonstances aggravantes
Le régime de base de l’article § 238 al. 1 StGB prévoit une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans ou une amende. Dans les cas particulièrement graves, par exemple en cas de danger de mort ou d’atteinte psychique durable, la peine d’emprisonnement peut aller jusqu’à cinq ans (§ 238 al. 2 StGB). Si l’acte entraîne la mort de la victime, la peine encourue est l’emprisonnement d’un à dix ans.
Tentative et repentir actif
Le simple fait de tenter de commettre des actes de harcèlement est déjà punissable (§ 238 al. 4 StGB). Dans les cas moins graves, le tribunal peut renoncer à une peine selon § 238 al. 5 StGB, notamment si l’auteur s’efforce de façon volontaire et sérieuse de réparer le préjudice causé par l’acte.
Protection civile contre le stalking
En plus des mesures pénales, les personnes concernées disposent de droits civils en matière d’injonction et de protection.
Ordonnances de protection selon la Loi sur la Protection contre la Violence (GewSchG)
Das La Loi sur la protection contre la violence offre aux victimes de stalking de larges possibilités de protection. Selon § 1 GewSchG, le tribunal peut, sur demande, ordonner notamment à l’auteur de s’abstenir de : pénétrer dans le domicile de la personne concernée, se trouver dans les environs immédiats du domicile ou du lieu de travail, prendre contact (de quelque nature que ce soit).
Le non-respect d’une telle ordonnance judiciaire constitue, selon § 4 GewSchG, une infraction pénale (emprisonnement jusqu’à un an ou amende).
Droit à l’injonction et indemnisation
Les victimes de stalking peuvent faire valoir des droits civils à l’injonction et à la suppression selon les §§ 1004, 823 BGB. Sous certaines conditions, un droit à une indemnité pour préjudice moral ou à des dommages-intérêts peut également exister.
Mesures policières et protection des victimes
Des mesures de prévention policières, comme les rappels à l’ordre, les interdictions de séjour ou les interdictions de contact, peuvent être prises avant même la fin d’une procédure pénale dès lors qu’il existe un danger imminent.
Les personnes concernées peuvent également s’adresser à des organismes d’aide aux victimes et à des centres de conseil psychosocial, qui proposent un accompagnement et un soutien. Les victimes de stalking peuvent en outre saisir la justice (par exemple par une ordonnance de référé) et faire valoir leurs droits à l’information dans la procédure d’enquête.
Le stalking en droit international
Le stalking n’est pas seulement l’objet de législations nationales, il a également été reconnu dans des documents internationaux comme un problème. À titre d’exemple, on peut citer la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe (art. 34), qui oblige ses États membres à lutter de manière adéquate contre le harcèlement obsessionnel et le harcèlement, et à mettre en place des mesures efficaces de protection des victimes.
De nombreux États ont édicté des lois spécifiques anti-stalking ou ont adapté leur droit pénal existant afin de faire face à ce phénomène.
Cyberstalking et harcèlement numérique
Avec la numérisation croissante, les formes dites de cyberstalking se multiplient. On entend par cyberstalking le harcèlement ou la menace ciblés et répétés à l’aide de moyens de communication numériques. Relèvent également du cyberstalking la publication intentionnelle de données privées (doxing), le vol d’identité ou la surveillance numérique. Ces actes sont également punissables selon § 238 StGB, sous réserve que les éléments constitutifs de l’infraction soient remplis.
Des dispositions supplémentaires, telles que le § 202a StGB (espionnage de données) ou le § 201a StGB (atteinte à la vie privée par prises de vue), peuvent également s’appliquer.
Distinction avec d’autres infractions et biens juridiques
Le stalking peut recouper d’autres infractions telles que la menace (§ 241 StGB), l’injure (§ 185 StGB), la contrainte (§ 240 StGB), les violences (§ 223 StGB) ou la violation de domicile (§ 123 StGB). L’application du § 238 StGB est privilégiée lorsque le harcèlement dure sur une période prolongée de façon persistante et entraîne une atteinte grave au mode de vie.
Mesures de prévention et conseils pour les personnes concernées
Pour les victimes de stalking, il est primordial de documenter de manière exhaustive toutes les prises de contact et incidents, de rechercher une aide dès que possible et de porter plainte. Des mesures techniques de protection, telles que le blocage de numéros de téléphone et sur les réseaux sociaux, contribuent aussi à la prévention. Pour faire valoir en justice une ordonnance de protection, une conservation détaillée des preuves est d’une importance capitale.
Littérature et bases juridiques complémentaires
Code pénal allemand (StGB), notamment § 238 Harcèlement obsessionnel Loi sur la protection contre la violence (GewSchG) Code civil allemand (BGB) Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe (2011)
* BKA : Statistiques policières de la criminalité – Stalking
Cette présentation complète de la notion de stalking offre une vue détaillée sur sa qualification juridique, les principales règles pénales et civiles applicables, ainsi que sur les possibilités de protection pour les personnes concernées. Elle prend en compte les évolutions législatives récentes et propose des conseils pratiques pour se prémunir contre le harcèlement obsessionnel.
Questions fréquemment posées
À partir de quand le stalking est-il puni pénalement ?
Le stalking, juridiquement désigné sous le terme « harcèlement obsessionnel », est sanctionné en Allemagne selon § 238 du Code pénal (StGB) sous certaines conditions. Il devient pénalement pertinent lorsqu’une personne poursuit ou harcèle de manière persistante autrui d’une façon susceptible de porter gravement atteinte à sa vie, son organisation de vie ou sa sécurité. Cela comprend particulièrement les actes répétés de traque – tels que le fait de guetter, surveiller, appeler de façon non désirée, importuner via les réseaux sociaux ou envoyer des messages. Il est également requis que les actes soient de nature à entraîner un changement significatif du mode de vie de la victime, comme un déménagement, un changement d’emploi, une modification des routines quotidiennes ou des troubles psychiques représentant une atteinte importante à la liberté personnelle. Pour qu’il y ait infraction, il n’est généralement pas nécessaire que la victime ait expressément donné son accord ; il suffit que les faits soient objectivement de nature à constituer une atteinte grave. Le dépôt de plainte par la victime n’est pas une condition préalable obligatoire à l’engagement des poursuites, mais peut faciliter et accélérer l’enquête.
Comment une personne concernée peut-elle agir contre le stalking ?
Les victimes de stalking disposent de plusieurs moyens juridiques pour se protéger. D’une part, elles peuvent déposer plainte auprès de la police ou du procureur, déclenchant ainsi une procédure d’enquête formelle, au cours de laquelle les preuves sont recueillies et le suspect entendu. D’autre part, elles peuvent solliciter une protection civile en vertu de la Loi sur la protection contre la violence, en déposant une requête auprès du tribunal de la famille compétent afin d’obtenir une ordonnance de protection. Le tribunal peut interdire au harceleur de prendre contact avec la victime, de se rendre à son domicile ou sur son lieu de travail, et de recourir à certains moyens de communication. En cas de non-respect de ces interdictions, des amendes ou des peines d’emprisonnement peuvent être prononcées. Les victimes peuvent également envisager des mesures techniques ou contacter des structures spécialisées pour un soutien complémentaire. Dans les cas de stalking, il est souvent conseillé de consulter un avocat afin d’examiner toutes les démarches juridiques appropriées.
Quelles peines encourt-on en cas de stalking avéré ?
Le stalking selon § 238 StGB est puni d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans ou d’une amende. Dans les cas particulièrement graves – par exemple si les poursuites mettent la vie de la victime en danger ou si l’auteur utilise une arme – la peine peut être portée jusqu’à cinq ans. Le stalking répété ou à l’égard d’une personne vulnérable (par exemple un enfant, une femme enceinte) est également considéré comme une circonstance aggravante. La tentative est déjà punissable. Les conséquences pénales dépendent toujours des circonstances concrètes de l’affaire et tiennent compte de l’intensité, de la durée et des répercussions sur la victime. Des mesures de contrôle judiciaire ainsi que des interdictions de contact ou d’approche peuvent également être prononcées à titre de peines accessoires.
Quelles preuves sont pertinentes dans une procédure pour stalking ?
Dans les procédures pour stalking, toute preuve documentant un comportement systématique, répété et persistant de la part de la personne mise en cause à l’encontre de la victime est pertinente. Cela comprend, par exemple, les messages conservés (e-mails, SMS, messageries instantanées), les relevés d’appels téléphoniques, les témoignages, les enregistrements vidéo, les photos, les notes ou journaux tenus par la victime, ainsi que la preuve d’un suivi GPS ou d’autres méthodes de surveillance. Il est particulièrement important de documenter de manière exhaustive les incidents afin de pouvoir montrer l’étendue de l’atteinte et ses répercussions sur la vie quotidienne de la victime. Police et tribunaux évaluent ces éléments lors de l’enquête comme du procès. Il est donc recommandé aux personnes concernées de commencer à rassembler les preuves le plus tôt possible.
Existe-t-il un délai de prescription pour les faits de stalking ?
Oui, la poursuite pénale des délits de stalking est soumise à un délai de prescription. Pour le harcèlement selon § 238 StGB, une prescription de cinq ans à compter du dernier acte s’applique en principe. Cela signifie que l’auteur n’est, en règle générale, pénalement poursuivable que pendant ce délai. Cependant, quand le stalking s’est étalé sur une certaine période, la prescription ne commence à courir qu’à la fin des agissements. Ainsi, s’il y a eu stalking sur une longue période, des poursuites restent possibles jusqu’à cinq ans après le dernier fait établissant le harcèlement. En cas de circonstances aggravantes (par exemple graves dommages à la santé ou danger de mort pour la victime), la prescription peut être prolongée.
Peut-on porter plainte pour stalking sans preuves concrètes ?
Il est possible de déposer une plainte pour stalking même en l’absence de preuves tangibles. La plainte déclenche une procédure d’enquête au cours de laquelle des preuves peuvent être collectées. Cependant, la présence de preuves solides est particulièrement importante pour le succès de la poursuite pénale comme pour les mesures judiciaires. Les autorités d’investigation sont tenues d’agir même en cas de simple présomption et de mener les investigations nécessaires. Néanmoins, une documentation aussi précise que possible des incidents et un maximum de preuves concrètes augmentent nettement les chances de succès et peuvent accélérer le traitement. Les victimes devraient donc, parallèlement à la plainte, conserver tous les éléments de preuve disponibles.
Quel rôle joue le ressenti subjectif de la victime dans le contexte juridique ?
D’un point de vue juridique, ce n’est pas uniquement le ressenti subjectif de la victime qui est déterminant, mais l’aptitude objective des actes à perturber gravement le mode de vie de la victime. Bien que le préjudice psychique et la perception individuelle soient pris en compte dans la procédure d’enquête et devant le tribunal, ce qui est décisif juridiquement, c’est de savoir si une « victime moyenne raisonnable » réagirait de la même façon et se sentirait réellement atteinte dans sa liberté ou son mode de vie. Les tribunaux apprécient donc la situation sous les angles subjectif et objectif afin d’exclure les abus et d’identifier les situations de danger réelles.