Lexique juridique

Salle de données

Définition et qualification juridique de la data room

Ein Data room désigne, dans un contexte juridique, un espace physique ou électronique spécialement sécurisé, dans lequel des documents, dossiers ou données pertinents relatifs à une opération juridique déterminée sont mis à disposition. L’utilisation d’une data room est particulièrement répandue dans le cadre de transactions d’entreprises telles que les ventes d’entreprise, les fusions et acquisitions (M&A), les audits de due diligence, mais aussi dans les litiges, les contrôles de conformité ou les appels d’offres publics. La data room peut également être conçue comme une « data room virtuelle » (VDR, Virtual Data Room).

Les bases juridiques pour les data rooms résultent d’une multitude de réglementations, notamment du droit civil, du droit de la protection des données, du droit commercial et des sociétés ainsi que de régulations sectorielles spécifiques. La data room constitue juridiquement une forme particulière de fourniture et de traitement d’informations, assortie de droits et d’obligations spécifiques pour toutes les parties prenantes.

Fonctionnement et cadre juridique

1. Objectifs et domaines d’application

Les data rooms servent principalement à assurer la mise à disposition et la transmission sécurisée de documents commerciaux à un groupe limité d’utilisateurs. Les domaines d’application typiques sont :

  • Préparation et réalisation de transactions (notamment dans le cadre de ventes d’entreprise)
  • Audits de due diligence
  • Gestion de financements et d’investissements
  • Réalisation d’audits de conformité
  • Documentation dans le cadre de procédures judiciaires

2. Rédaction contractuelle et relations juridiques

a) Accords de confidentialité (Non-Disclosure Agreements, NDA)

Avant d’accorder l’accès à une data room, il est généralement conclu un accord de confidentialité contraignant. Celui-ci détermine notamment :

  • Le cercle des personnes autorisées à accéder
  • L’obligation de confidentialité à l’égard de tiers
  • Les finalités autorisées de l’utilisation de la data room
  • Sanctions en cas de violation de la confidentialité

b) Régulation de l’accès

La gestion de la data room incombe généralement à l’entreprise qui la met en place (dite « vendeur »). Les droits d’accès sont attribués individuellement et selon les besoins. La traçabilité des accès et des transferts fait partie de la sécurisation juridique.

c) Responsabilité et garantie

Si des informations erronées, incomplètes ou trompeuses (intentionnellement ou non) sont fournies dans la data room, cela peut entraîner des demandes de responsabilité civile. Ceci s’applique en particulier aux obligations d’information et de diligence précontractuelles (§§ 311 al. 2, 241 al. 2 BGB). Les risques habituels de garantie existent lors de contrats de transaction reposant sur des informations issues de la data room.

3. Exigences en matière de protection des données

La mise à disposition et le traitement de données à caractère personnel dans une data room sont soumis aux exigences du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Les aspects importants sont :

  • Bases légales pour le traitement des données (par ex. art. 6, 28 RGPD)
  • Mise en œuvre de mesures techniques et organisationnelles (MTO) conformément à l’art. 32 RGPD
  • Sous-traitance et conclusion de contrats appropriés lors du recours à des prestataires externes de data room
  • Droits des personnes concernées tels qu’accès, rectification, suppression et opposition

Pour les transactions transfrontalières, des dispositions internationales relatives à la protection des données s’appliquent, notamment lors du transfert de données vers des pays tiers (voir chapitre V RGPD).

4. Exigences relatives aux data rooms virtuelles

Les data rooms virtuelles (VDR) sont des plateformes basées sur le cloud, dont les exigences techniques et juridiques vont au-delà des archives documentaires classiques. Selon le § 3a BDSG (état de la technique) ainsi que les exigences du RGPD, il doit notamment être assuré :

  • Contrôle d’accès et autorisation des utilisateurs
  • Journalisation et traçabilité des accès (« Audit Trail »)
  • Chiffrement des données lors du transfert et de la conservation
  • Protection contre les accès non autorisés, la manipulation ou la perte de données

L’exploitation d’un VDR peut en outre être soumise à des exigences réglementaires ou sectorielles supplémentaires (par ex. dans le secteur bancaire, la santé ou pour les sociétés cotées en bourse).

Rôle de la data room dans le cadre de la due diligence

La mise à disposition détaillée et vérifiable des documents dans la data room est un élément central de la conduite juridiquement fiable d’un audit de due diligence. L’objectif est de réduire l’asymétrie d’information entre les parties contractantes et de fonder les négociations contractuelles sur une base solide.

a) Obligations de divulgation et risques de responsabilité

Une divulgation complète, véridique et en temps utile dans la data room peut limiter la responsabilité du vendeur en cas de réclamations ultérieures (dite « Disclosure »). En revanche, la rétention délibérée ou le masquage de documents peuvent engager la responsabilité.

b) Fonction de preuve et charge de la preuve

La data room sert d’archive inaltérable pour prouver les faits divulgués. La journalisation et l’horodatage permettent d’identifier clairement quelles informations étaient accessibles, à quel moment et pour qui. Ceci est d’une importance centrale en cas de litiges ultérieurs, par ex. sur des questions de garantie ou de responsabilité.

Confidentialité, droits de protection et propriété intellectuelle

La publication et la mise à disposition de données sensibles dans une data room soulèvent régulièrement des questions de protection des secrets d’affaires et commerciaux (§§ 2 et suivants GeschGehG). Les contenus protégés par le droit d’auteur, les brevets, les marques ou le savoir-faire doivent être sécurisés légalement par des mesures de protection supplémentaires (par exemple filigranes, restrictions d’accès).

Les informations non divulguées ou divulguées de manière sélective peuvent être protégées en outre par des clauses dans le contrat d’achat ou de coopération. Cela comprend en particulier les accords de non-divulgation et de non-utilisation.

Data room dans le cadre de procédures judiciaires

Dans le cadre de procédures ordonnées par un tribunal (par ex. litiges en droit de la concurrence, demandes d’information, discovery), des data rooms peuvent être mises en place afin de permettre aux parties d’accéder, dans le respect de la confidentialité, à des données sensibles. Des règles procédurales spécifiques s’appliquent alors, issues par exemple du code de procédure civile (ZPO) ou de diverses lois spéciales.

Résumé et perspectives

Le concept de data room présente une grande variété et complexité juridique. La fonction principale de la data room est de fournir des informations de façon sécurisée, traçable et transparente, tout en respectant la confidentialité et la protection des données. La conception, l’exploitation et l’utilisation d’une data room nécessitent la prise en compte de nombreuses exigences relevant du droit civil, de la protection des données et de la propriété intellectuelle. L’importance des solutions numériques dans le contexte de la data room ne cesse de croître, apportant en permanence de nouveaux défis pour la sécurité juridique, la protection des données et la sécurité informatique.

Questions fréquemment posées

Quelles exigences juridiques doivent être respectées lors de la création d’une data room ?

Lors de la mise en place d’une data room dans un contexte juridique, notamment lors de transactions M&A ou d’audits de due diligence, les entreprises doivent respecter diverses obligations légales. Cela comprend notamment les règles relatives à la protection des données personnelles conformément au RGPD dans l’UE, ainsi que des prescriptions spécifiques issues du droit commercial, fiscal ou des sociétés. Parmi les exigences centrales figurent le choix de mesures techniques et organisationnelles appropriées afin de garantir la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données stockées. Il faut garantir que seules les personnes autorisées aient accès aux informations sensibles et que toutes les opérations dans la data room puissent être correctement consignées. De plus, des accords de confidentialité ou de non-divulgation (NDA) doivent être conclus avec tous les utilisateurs autorisés avant l’activation de l’accès. Une documentation complète des documents et informations mis à disposition est indispensable pour la preuve en cas de litige, et contribue aussi à limiter les risques de responsabilité liés à la non-divulgation ou à la communication erronée d’informations.

Quel est le rôle du RGPD en lien avec les data rooms ?

Dans le cadre de l’utilisation d’une data room, le RGPD revêt une importance centrale dès lors que des données à caractère personnel y sont traitées. Les entreprises responsables doivent préalablement vérifier quelles informations personnelles sont déposées et si leur traitement repose sur une base juridique suffisante, comme l’exécution d’un contrat, un intérêt légitime ou le consentement des personnes concernées. Les obligations d’information à l’égard des personnes concernées doivent également être respectées : celles-ci doivent être informées que et comment leurs données sont traitées dans une data room et, le cas échéant, transmises à des tiers (p. ex. acquéreurs potentiels). Les exigences en matière de sécurité des données et de limitation de l’accès sont particulièrement importantes, ce qui implique la mise en œuvre de mesures techniques telles que le chiffrement et l’authentification à deux facteurs. Si la data room est fournie par un prestataire externe, il faut veiller à ce que la sous-traitance soit conforme à l’article 28 RGPD et sécurisée par des contrats appropriés.

Dans quelle mesure les prestataires et les utilisateurs d’une data room sont-ils responsables en cas de fuite de données ?

La responsabilité en cas de fuite de données dans une data room incombe à la fois à l’opérateur technique de la data room et aux utilisateurs responsables du contenu. L’opérateur est responsable, en particulier au regard du droit civil et, le cas échéant, du droit de la protection des données, si des défaillances techniques ou organisationnelles favorisant une fuite de données sont constatées. Les utilisateurs, quant à eux, répondent de la licéité des documents déposés, notamment si des informations sensibles sont divulguées sans autorisation ou en l’absence des consentements requis. Dans de nombreux cas, des clauses contractuelles précisent la répartition des responsabilités dans le cadre de la participation à la data room, et peuvent fixer des plafonds ou des limites de responsabilité pour le prestataire ou les utilisateurs. De plus, en cas de violation du RGPD, un risque significatif d’amende existe pour les deux parties, la responsabilité devant être examinée au cas par cas.

Quelles règles juridiques s’appliquent à la suppression des données dans la data room ?

La suppression des données dans une data room est soumise principalement aux exigences du RGPD, selon lesquelles les données à caractère personnel doivent être supprimées dès qu’elles ne sont plus nécessaires à la finalité prévue ou que la base légale vient à disparaître. Les exploitants doivent prévoir des fonctionnalités techniques permettant une suppression complète et définitive, ceci incluant également les copies de sauvegarde (« backups ») et les stockages temporaires. Certaines pièces comptables ou commerciales restent toutefois soumises à des obligations de conservation commerciales et fiscales (par ex. selon le HGB ou l’AO en Allemagne) dont le dépassement impose la suppression. Il est recommandé de définir contractuellement les processus et délais de suppression, et d’en surveiller et documenter régulièrement le respect afin d’éviter des litiges ultérieurs ou des interventions des autorités.

Quels points juridiques doivent être pris en compte lors de l’utilisation transfrontalière d’une data room ?

En cas d’utilisation internationale ou transfrontalière d’une data room, des questions telles que la protection des données transfrontalière et le contrôle des exportations prennent une importance particulière. Dès lors que des données personnelles de citoyens de l’UE sont transférées vers des pays en dehors de l’UE ou de l’EEE, les « mécanismes de protection » du RGPD s’appliquent, comme l’exigence d’un niveau de protection adéquat dans le pays de destination ou la conclusion de clauses types de protection des données. Des réglementations nationales en matière de contrôle des exportations peuvent également s’appliquer, en particulier lors de la fourniture d’informations techniques sur des biens ou technologies sensibles. Les entreprises doivent donc effectuer une analyse des risques en matière de protection des données (« Transfer Impact Assessment ») en amont et, le cas échéant, mettre en œuvre d’autres mesures de conformité (certificats de sécurité informatique, restrictions d’accès spécifiques, etc.).

Quels aspects juridiques doivent être respectés lors de la journalisation des accès ?

La journalisation des accès à une data room est essentielle tant du point de vue de la preuve que de la conformité. Il est particulièrement important de déterminer quelles données personnelles peuvent être enregistrées. La journalisation doit être conforme aux principes du RGPD, c’est-à-dire que seules les informations nécessaires à la traçabilité et à la sécurité doivent être stockées. Les utilisateurs concernés doivent être clairement informés de l’étendue, de la finalité et de la durée de conservation des données d’accès. Les logs doivent être protégés contre tout accès non autorisé et supprimés après expiration des délais de conservation ou de prescription éventuels. Les intérêts en matière de confidentialité et de secret doivent également être préservés.

Quelles particularités s’appliquent aux data rooms virtuelles lors de ventes d’entreprise ?

Les data rooms virtuelles jouent un rôle central dans le cadre des ventes d’entreprise (transactions M&A) et sont soumises à des exigences juridiques spécifiques. En plus des exigences générales en matière de protection des données et de sécurité informatique, des obligations plus strictes de confidentialité et de vérification s’appliquent. Le vendeur a l’obligation de mettre à disposition, dans la data room, toutes les informations pertinentes (y compris d’éventuels éléments négatifs/disclosure) de façon complète et véridique, faute de quoi il risque une responsabilité pour dissimulation ou rétention d’information. L’acheteur, de son côté, doit examiner soigneusement les documents divulgués, afin de ne pas pouvoir se prévaloir ultérieurement de l’absence de certaines informations. En outre, des accords de confidentialité très détaillés sont généralement conclus en amont, définissant la nature, la portée et la durée de l’utilisation de toutes les données dans la data room. Les droits de garantie ou les clauses de responsabilité sont également souvent liés aux informations mises à disposition dans la data room. Une gestion conforme à la loi de l’ensemble des processus – de la gestion des accès à la documentation, jusqu’à la suppression après la finalisation de la transaction – est donc indispensable.