Notion et signification juridique du risque de collusion
Die Risque de collusion est une notion centrale du droit allemand de la procédure pénale. Elle désigne le risque qu’une personne suspectée ou accusée, au cours d’une procédure d’enquête pénale, détruise, modifie, falsifie, dissimule des preuves ou exerce une influence sur des témoins ou des coaccusés de manière à entraver ou rendre impossible l’administration de la preuve. Le risque de collusion constitue un motif de détention préventive important. Son organisation juridique et son application sont régies par plusieurs dispositions du code de procédure pénale (StPO).
Fondements juridiques
Risque de collusion dans le code de procédure pénale
La réglementation essentielle relative au risque de collusion se trouve à l’article 112 alinéa 2 n° 3 du StPO. Selon celle-ci, la détention provisoire peut être ordonnée lorsque “sur la base de faits déterminés, le comportement du prévenu fait naître de graves soupçons qu’il entrave la recherche de la vérité dans l’enquête”. Cela peut notamment se manifester par :
- la destruction, la modification, la dissimulation, la falsification ou la dissimulation de preuves
- l’influence exercée sur des coaccusés, des témoins ou des experts
se produire ou être envisagée.
Autres dispositions
Le risque de collusion est également pertinent à l’article 112a StPO dans le cadre de motifs de détention élargis ainsi qu’aux articles 113 et suivants du StPO concernant le contrôle et la prolongation de la détention.
Conditions du risque de collusion
Nécessité de faits précis
Une détention provisoire pour risque de collusion n’est envisageable que si des faits précis existent, qui démontrent clairement ce comportement du prévenu ou permettent de le prévoir. Les seules considérations générales ou suppositions ne suffisent pas. Les faits précis incluent surtout des indices concrets tels que :
- tentatives d’inciter des témoins à un faux témoignage
- appels téléphoniques avérés avec des coaccusés pour coordonner des déclarations
- l’élimination ou la destruction non autorisée de documents
- éléments de preuve dissimulés
- menaces ou pressions exercées sur des témoins
Exemples tirés de la jurisprudence
La jurisprudence exige une base factuelle spécifique. De simples soupçons ou le fait qu’un accusé ait connaissance de la procédure d’enquête ne suffisent pas. Il faut des indices individuels et vérifiables qui concernent directement l’accusé et son comportement.
Distinction avec d’autres motifs de détention
Risque de fuite et risque de collusion
Il existe une distinction claire entre le risque de collusion et les autres motifs de détention tels que le risque de fuite ou de récidive. Alors que le risque de fuite vise à empêcher le prévenu de se soustraire à la procédure, le risque de collusion cherche à garantir que l’établissement de la vérité au cours de la procédure ne soit pas entravé.
Non-applicabilité pour les infractions mineures
Pour les infractions de moindre gravité, le risque de collusion en tant que motif de détention recule au second plan. Dans ces cas, l’intérêt pour une recherche complète de la vérité est généralement jugé inférieur au droit fondamental à la liberté individuelle.
Conséquences juridiques de la reconnaissance du risque de collusion
Ordonnance de détention provisoire
En présence d’un risque de collusion, un mandat de dépôt peut être délivré conformément à l’art. 112 alinéa 2 n° 3 StPO. Le risque de collusion doit être d’une importance telle que des mesures comme l’obligation de se présenter ou les interdictions de contact ne suffisent plus à garantir la préservation des preuves.
Durée de la détention provisoire pour risque de collusion
La détention provisoire en raison d’un risque de collusion n’est admissible que tant que subsiste un risque réel d’entrave à la preuve. Dès que ce risque disparaît, par exemple lorsque la collecte des preuves est terminée, la détention doit être levée. Le parquet et le tribunal ont l’obligation de vérifier en permanence si les conditions sont toujours remplies.
Voies de recours contre une détention pour risque de collusion
Contrôle de la détention et recours
Le prévenu peut à tout moment demander le contrôle de la détention (§ 117 StPO) ainsi que faire appel du mandat d’arrêt (§ 304 StPO). Le tribunal doit alors toujours vérifier lui-même si un risque de collusion concret (existe encore). Il est tenu au principe de proportionnalité, tant en ce qui concerne la durée qu’en ce qui concerne l’intensité de la mesure privative de liberté.
Exigences de l’État de droit
La privation de liberté pour risque de collusion porte une atteinte sensible aux droits fondamentaux. D’un point de vue constitutionnel, il est impératif que l’ordonnance de détention provisoire soit fondée sur un examen strict et individualisé et que des éléments concrets de danger soient établis (art. 104 GG). Une suspicion générale est inadmissible.
Risque de collusion dans la comparaison internationale
D’autres ordres juridiques prévoient également des motifs de détention comparables au risque de collusion allemand. Ainsi, le droit procédural pénal autrichien ou suisse prévoit des réglementations similaires pour la protection de l’administration de la preuve. Dans le droit anglo-américain, cela relève de ce qu’on appelle l’« obstruction of justice ».
Conclusion
Le risque de collusion est un motif de détention important mais strictement encadré dans la procédure pénale allemande. Il vise principalement à protéger la conduite efficace et non entravée des enquêtes et de l’administration de la preuve. L’ordonnance de mesures de détention provisoire fondée sur le risque de collusion suppose l’existence de faits clairs et individualisés et est accompagnée de mécanismes de contrôle stricts et conformes à l’État de droit. Le respect du principe de proportionnalité et des droits fondamentaux des personnes concernées en est une condition indispensable.
Littérature pertinente et sources complémentaires
- Löwe-Rosenberg, commentaire StPO, édition actuelle
- Meyer-Goßner/Schmitt, Code de procédure pénale
- Kremper, Détention provisoire et libertés individuelles, NJW 2021, 1211
- BVerfG, ordonnance du 15.10.1997 – 2 BvR 672/97
- § 112 et suivants du Code de procédure pénale (StPO), Ministère fédéral de la Justice (gesetze-im-internet.de)
Questions fréquemment posées
Quelle est la signification du risque de collusion en droit de la détention provisoire ?
Le risque de collusion est, en droit allemand de la procédure pénale, l’un des motifs de détention importants conformément à l’art. 112 al. 2 n° 3 StPO (Code de procédure pénale). Il justifie l’ordonnance ou la prolongation de la détention provisoire lorsqu’il existe un risque que l’accusé exerce une influence illicite sur les preuves. Cela peut, par exemple, prendre la forme de la destruction, de la modification ou de la suppression de traces ou de preuves, ou encore de l’influence sur des témoins, des coaccusés ou des experts. Le risque de collusion vise ainsi exclusivement à garantir le déroulement du procès pénal et plus particulièrement la préservation des preuves. Il est essentiel que des indices concrets fondés sur des faits existent, permettant de craindre que l’accusé interfère avec les preuves. Le motif de détention ne doit pas reposer uniquement sur des suppositions ou sur la gravité des faits reprochés.
Quelles exigences la jurisprudence impose-t-elle à la présence du risque de collusion ?
La jurisprudence exige que le risque de collusion ne soit pas fondé sur de simples suppositions ou craintes abstraites. Il faut, au contraire, des indices concrets et des circonstances factuelles qui laissent supposer une tentative du prévenu d’influencer la collecte de preuves. Ces indices peuvent résider, par exemple, dans des actes déjà accomplis de dissimulation ou dans le comportement du prévenu après les faits (par exemple, contact avec des témoins potentiels, tentatives d’influence ou menaces envers des coaccusés ou témoins). Les tribunaux doivent procéder à une analyse minutieuse de ce motif d’incarcération et le risque de collusion doit être exposé de manière individuelle et spécifique à chaque cas. Par ailleurs, la jurisprudence précise qu’il n’existe pas de risque de collusion général pour toutes les infractions, mais qu’une appréciation des circonstances particulières de chaque cas est toujours nécessaire.
En quoi le risque de collusion diffère-t-il des autres motifs de détention ?
Le risque de collusion se différencie sensiblement des autres motifs de détention prévus par le Code de procédure pénale, tels que le risque de fuite (§ 112 al. 2 n° 2 StPO) ou de récidive (§ 112a StPO). Alors que le risque de fuite repose sur la crainte que l’accusé se soustraie à la procédure, et le risque de récidive sur la prévision de nouvelles infractions graves, le risque de collusion se concentre exclusivement sur la possibilité d’influencer les preuves – indépendamment d’une éventuelle fuite ou de futures infractions. Ce n’est donc pas la gravité des faits qui est décisive, mais le risque concret que la procédure soit manipulée et l’établissement de la vérité compromis ou entravé.
Quelles obligations incombent aux autorités de poursuite en cas de risque de collusion ?
En cas de soupçon d’un risque de collusion, les autorités d’enquête sont tenues de documenter de manière exhaustive les faits et de motiver sur quels éléments concrets leur appréciation repose. Il convient en outre de procéder à un examen approfondi pour déterminer si des mesures moins contraignantes que la détention provisoire seraient suffisantes pour faire face au risque de collusion (principe de proportionnalité). Il s’agit par exemple d’obligations telles que l’interdiction de contact, l’obligation de se présenter périodiquement ou la saisie provisoire des moyens de communication. Ce n’est que si ces mesures moins strictes ne suffisent pas que la détention provisoire est admissible. Cet examen et cette pondération doivent être consignés dans le dossier et sont également soumis à un contrôle juridictionnel.
Quelles sont les limites temporelles de la détention provisoire pour risque de collusion ?
La détention provisoire pour risque de collusion ne peut être maintenue que tant que le risque subsiste et que la détention est nécessaire à la sauvegarde de la preuve. Selon la jurisprudence, le risque de collusion cesse généralement dès lors que les preuves décisives ont été sécurisées ou que les témoins menacés ont été entendus et leurs déclarations consignées. Un maintien supplémentaire de la détention n’est alors plus justifié. L’administration judiciaire doit donc veiller à ce que l’enquête soit conduite avec célérité. Une prolongation répétée de la détention provisoire sans motivation substantielle est inadmissible et peut, dans certains cas, constituer une violation de l’interdiction de la surcharge et de l’exigence de célérité.
Des éléments du passé du prévenu peuvent-ils justifier un risque de collusion ?
En principe, les éléments tirés du passé ou du comportement actuel du prévenu ne peuvent justifier un risque de collusion que s’ils présentent un lien concret avec l’infraction actuelle et la possibilité d’influencer les preuves. Les condamnations antérieures pour des infractions similaires ou une certaine propension générale à des comportements délictueux ne suffisent pas à satisfaire aux exigences du risque de collusion. Ce n’est que si, à partir du comportement passé du prévenu – par exemple, par des actes antérieurs de dissimulation ou des menaces connues contre des témoins – il est possible de déduire un risque concret pour la collecte des preuves que ce motif de détention est établi.
Quel rôle joue la défense en lien avec le risque de collusion ?
La défense du prévenu a le droit de faire contrôler par la justice la présomption de risque de collusion, notamment dans le cadre des examens de détention et des recours. Elle peut soulever des objections contre les risques allégués de collusion et attirer l’attention du juge sur d’éventuelles lacunes dans l’enquête, des fondements de soupçon infondés ou la possibilité d’appliquer des mesures moins sévères. De plus, elle a le droit de faire contrôler régulièrement la prolongation de la détention provisoire pour risque de collusion (§ 117 StPO) et, le cas échéant, de demander la libération si les preuves ont été sécurisées ou si des circonstances favorables sont survenues. La défense contribue ainsi de manière essentielle à l’équilibre de l’État de droit dans la procédure pénale.