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Responsabilité du fait de l’état des choses

Responsabilité du fait de l’état

La responsabilité du fait de l’état est un concept central du droit allemand de la responsabilité civile, représentant une forme particulière d’obligation fondée sur l’état d’une chose ou d’une installation. Elle se distingue de la responsabilité pour faute en ce que la responsabilité s’engage indépendamment de tout comportement fautif. Surtout en droit public, mais aussi en droit privé, la responsabilité du fait de l’état s’étend largement aux domaines du droit de la propriété, du droit du voisinage et du droit de l’environnement.


Définition générale et distinction

On entend par responsabilité du fait de l’état l’obligation pour une personne de répondre de l’état illicite, dangereux ou dommageable d’une chose, d’un terrain ou d’une installation technique, indépendamment du fait que cette personne ait elle-même causé l’évènement dommageable ou commis une infraction. Contrairement à la responsabilité pour acte ou comportement, la responsabilité du fait de l’état ne focalise pas sur l’action ou l’omission, mais uniquement sur l’état de la chose et le danger qui en découle.

Responsabilité du fait de l’état vs responsabilité pour faute

Alors que dans le cadre de la responsabilité pour faute, la mise en œuvre de la responsabilité suppose la preuve d’un comportement fautif (par exemple selon l’article 823 BGB), la responsabilité du fait de l’état se rattache exclusivement à l’état d’une chose ou d’un terrain. La responsabilité peut ainsi être engagée même sans intervention ni connaissance du responsable.

Distinction avec la responsabilité du fait des risques

La responsabilité du fait des risques repose sur le fait qu’une activité ou installation particulièrement dangereuse entraîne un risque accru (par exemple, responsabilité liée à un véhicule automobile, § 7 StVG), tandis que la responsabilité du fait de l’état repose uniquement sur l’existence d’un état dangereux d’une chose ou d’un terrain agissant vers l’extérieur.


Responsabilité du fait de l’état en droit privé

En droit privé, la responsabilité du fait de l’état s’applique principalement dans le domaine de la propriété, en particulier pour les terrains et les bâtiments.

Propriétaires de terrains et de bâtiments

Selon l’article 836 BGB, le propriétaire d’un immeuble est par exemple responsable des dommages causés par l’état défectueux d’un bâtiment ou d’un terrain. La condition est qu’une faute de construction ou d’entretien insuffisant de l’immeuble cause un dommage aux biens juridiques de tiers.

Responsabilité du propriétaire d’immeuble (§ 836 BGB)
  • Faits constitutifs :

Un état défectueux de l’immeuble ou du terrain entraîne une atteinte, par exemple la chute de tuiles ou la présence de bois pourri.

  • Critère de la responsabilité :

La responsabilité est engagée dès lors qu’il existe un lien objectif entre l’état et le dommage, indépendamment du fait que le propriétaire ait agi par négligence grave ou délibérément.

  • Exonération de responsabilité :

Le propriétaire peut prouver qu’il n’est pas responsable s’il a observé la diligence requise par la circulation pour prévenir le danger.

Responsabilité du fait de l’état dans la circulation routière

Un autre exemple est la responsabilité de l’obligé à l’entretien des voies (§ 836 BGB par analogie ainsi que des dispositions spéciales du droit local), par exemple pour l’état des voies publiques, des ponts ou des routes, si leur mauvais état a causé des dommages.


Responsabilité du fait de l’état en droit public

En droit public, la responsabilité du fait de l’état joue un rôle important, notamment dans le domaine de la prévention des dangers et du droit de la police.

Responsabilité du fait de l’état en droit policier

La responsabilité du fait de l’état dans le droit de la police et de l’ordre s’applique lorsqu’une chose constitue un danger pour la sécurité ou l’ordre publics. Ce qui importe ici, c’est le fameux Principe du perturbateur par l’état (§ 6 al. 1, 2 des lois sur la police des Länder) :

  • Perturbateur par l’état :

Est responsable celui qui, par son influence effective ou juridique, peut déterminer l’état de la chose, notamment le propriétaire ou le possesseur.

  • Obligations d’agir :

Les autorités peuvent obliger le responsable à supprimer le danger, indépendamment de tout comportement préalable ou de toute faute.

  • Fondements juridiques :

Les fondements juridiques figurent dans les lois de police des Länder (par exemple, art. 8 BayPAG, § 10 PolG NRW). La responsabilité concerne les terrains, bâtiments, véhicules, animaux ou autres choses d’où émane un danger.

Responsabilité du fait de l’état en matière d’environnement

Le droit de l’environnement prévoit divers mécanismes de responsabilité du fait de l’état, notamment selon la loi sur les dommages environnementaux (USchadG), la loi sur la protection des sols (BBodSchG) ou la loi sur la gestion de l’eau (WHG). Ici, le détenteur d’une installation dangereuse pour l’environnement peut être tenu responsable des dommages environnementaux, indépendamment de toute faute.


Conditions et étendue de la responsabilité du fait de l’état

Pour que la responsabilité du fait de l’état s’applique, les conditions suivantes sont déterminantes :

  • Existence d’un état dangereux ou contraire aux obligations d’une chose, d’une installation ou d’un terrain
  • Responsabilité du détenteur, possesseur ou propriétaire
  • Lien de causalité entre l’état et le dommage
  • Aucune nécessité d’un comportement fautif

L’étendue de la responsabilité comprend tant la suppression de l’état dangereux (prévention des dangers) que les droits à réparation des tiers, si un dommage est intervenu.


Conséquences juridiques de la responsabilité du fait de l’état

La responsabilité du fait de l’état entraîne diverses conséquences juridiques :

Prévention des dangers et mesures administratives

En droit public, l’autorité peut ordonner que le détenteur tenu pour responsable prenne les mesures nécessaires pour éliminer le danger (par exemple, sécurisation d’un immeuble délabré ou élimination de sols contaminés).

Réparation des dommages

En droit privé, la responsabilité du fait de l’état ouvre souvent à des tiers lésés un droit à réparation à l’encontre des propriétaires ou possesseurs de la chose, dès lors qu’un dommage est survenu à cause d’un état dangereux.


Signification et fonctions de la responsabilité du fait de l’état

La responsabilité du fait de l’état remplit diverses fonctions au sein du système juridique allemand :

  • Fonction préventive :

Les responsables doivent s’efforcer d’éviter ou de supprimer toute situation dangereuse ou dommageable.

  • Répartition des risques :

La responsabilité est transférée à la personne qui maîtrise et peut influencer l’état, et non à la victime.

  • Protection de l’intérêt général :

La responsabilité du fait de l’état favorise la sécurité sur les terrains privés et publics, bâtiments ou installations.


Références bibliographiques et sources complémentaires

  • Brand, Oliver : Die Zustandshaftung im deutschen und europäischen Recht. Mohr Siebeck, Tübingen 2006.
  • Battis, Klaus : Allgemeines Polizei- und Ordnungsrecht. 16. Auflage, Vahlen, München 2022.
  • Münchener Kommentar zum BGB, tome 5, §§ 823-853, 8e édition.
  • Finkelnburg, Wolfgang : Polizeirecht in der Praxis. 11. Auflage, C.F. Müller, Heidelberg 2022.

En résumé la responsabilité du fait de l’état est un concept central du droit allemand de la responsabilité civile, appliqué en particulier en droit privé et en droit public. Elle se base sur l’état objectif, dangereux ou illicite d’une chose et accorde une protection étendue aux tiers, en imposant la responsabilité indépendamment de toute faute individuelle.

Questions fréquemment posées

Quand la responsabilité du fait de l’état s’applique-t-elle en droit public ?

La responsabilité du fait de l’état trouve à s’appliquer en droit public lorsqu’un terrain, une installation ou un certain état constitue un danger ou une nuisance pour la sécurité ou l’ordre publics, indépendamment du fait que le propriétaire ou le possesseur ait lui-même causé ce danger. Elle ne se réfère qu’à la maîtrise effective du bien source de danger et non à un comportement fautif. Le principe de la prévention des dangers est ici déterminant : les autorités d’ordre interviennent sur la base de la responsabilité du fait de l’état notamment lorsqu’il s’agit, de façon immédiate, de supprimer ou prévenir des dangers existants ou imminents résultant de l’état d’une chose (par exemple un bâtiment en mauvais état, un pont dangereux, des véhicules défectueux ou des terrains non clôturés). Les mécanismes de la responsabilité du fait de l’état sont surtout appliqués en droit de la police et de l’ordre des Länder, mais ils jouent aussi un rôle important en droit de la construction et de l’environnement. La concrétisation juridique et l’application pratique peuvent cependant varier selon le droit local et la matière concernée.

Qui doit être considéré comme « responsable de l’état » au sens de la responsabilité du fait de l’état ?

Dans le cadre de la responsabilité du fait de l’état, sont en règle générale considérés comme responsables les propriétaires, possesseurs ou détenteurs de la maîtrise effective de la chose à l’origine du danger. La responsabilité s’étend aux personnes légalement ou factuellement autorisées à disposer de l’objet et à en modifier ou influencer l’état. La propriété suffit habituellement, mais n’est pas indispensable : locataires, fermiers ou usufruitiers peuvent aussi être tenus responsables s’ils ont la maîtrise effective de la chose. Les autorités examinent dans la pratique qui peut réellement influencer l’état – ce qui compte, c’est la suppression immédiate et effective du danger, indépendamment des questions de propriété ou d’un comportement antérieur.

Quelles sont les mesures types que les autorités peuvent prendre au titre de la responsabilité du fait de l’état ?

Les autorités peuvent, sur la base de la responsabilité du fait de l’état, ordonner diverses mesures de prévention des dangers. Cela comprend notamment des ordres de suppression immédiate de la situation dangereuse, par exemple l’obligation de sécuriser ou de démolir un immeuble menaçant ruine, de consolider des éléments détachés d’un bâtiment, d’enlever de la maçonnerie défectueuse ou d’entourer une source de danger d’une clôture. Selon l’urgence, l’autorité peut aussi procéder elle-même aux mesures (exécution d’office aux frais du responsable de l’état). Les mesures doivent être adaptées à l’état constaté, nécessaires et proportionnées.

Quel est le rapport entre la responsabilité du fait de l’état et la responsabilité pour comportement fautif ?

La responsabilité du fait de l’état et la responsabilité pour comportement fautif sont deux fondements différents de l’obligation en droit de l’ordre public. Alors que la responsabilité pour comportement fautif se rapporte à un comportement précis, illicite ou dangereux d’une personne (action ou omission), la responsabilité du fait de l’état ne dépend que de l’état dangereux d’une chose, indépendamment du comportement d’une personne déterminée. Les deux formes de responsabilité existent parallèlement et l’autorité doit, dans chaque cas concret, décider laquelle s’applique. Si les deux conditions sont réunies, elle dispose d’un pouvoir d’appréciation. En général cependant, l’autorité s’adressera d’abord à l’auteur du comportement, s’il est identifiable et en mesure de supprimer l’état.

Quelles limites juridiques encadrent la mise en cause des responsables d’un état dangereux ?

La mise en cause des responsables d’un état dangereux est soumise à des restrictions légales. Condition centrale : la présence effective d’un état dangereux constitutif d’un risque concret pour la sécurité ou l’ordre publics. L’ordre administratif doit être proportionné, c’est-à-dire ne pas aller au-delà de ce qui est nécessaire pour prévenir le danger, ne pas imposer de charges excessives et respecter en particulier le principe d’égalité de traitement et d’exigence de précision. Si plusieurs responsables existent, l’administration doit exercer son pouvoir d’appréciation de manière compréhensible. La responsabilité du fait de l’état est en outre limitée en principe à la durée de la maîtrise effective de la chose. Dans certains cas, il peut même exister un droit à indemnisation, notamment si la mesure administrative s’apparente à une expropriation.

Que se passe-t-il si la responsabilité du fait de l’état entre en concurrence avec des règles du droit privé (telles que l’indemnisation) ?

La responsabilité du fait de l’état en droit public s’applique indépendamment de toute faute et vise la prévention des dangers dans l’intérêt général. Elle se distingue ainsi des actions civiles, telles que prévues à l’article 823 BGB (indemnisation pour acte illicite), qui supposent généralement une faute et un dommage. L’action administrative visant à éliminer le danger n’exclut pas les recours civils ; les deux voies coexistent. Toutefois, les mesures de droit public (par exemple, la remise en état par exécution d’office) peuvent influer sur d’éventuelles demandes civiles entre les parties, notamment si les coûts sont répercutés sur le responsable ou ouvrent des possibilités de recours entre eux.