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Responsabilité différentielle

Définition et nature de la responsabilité pour différence

Die Responsabilité pour différence est un concept de responsabilité civile qui revêt une importance particulière dans le droit allemand des sociétés, des marchés de capitaux et en droit de la responsabilité civile. Elle décrit l’obligation, pour un débiteur, de compenser la différence entre l’état patrimonial visé par la loi et celui effectivement atteint par le créancier. Dans le cadre de la responsabilité pour différence, il ne s’agit pas d’un poste de préjudice concret, mais d’un paiement insuffisant ou d’une différence de désavantage résultant d’un comportement fautif précis. La responsabilité pour différence se distingue strictement de la responsabilité d’exécution ou de la responsabilité pour manquement aux obligations.

Domaines d’application de la responsabilité pour différence

Responsabilité pour différence en droit des sociétés

En droit allemand des sociétés, la responsabilité pour différence concerne notamment la constitution de sociétés de capitaux, en particulier la société anonyme (AG) et la société à responsabilité limitée (GmbH). Elle veille à ce que le capital minimum statutaire soit mis à disposition de façon intégrale et définitive.

Constitution d’une GmbH

Lors de la constitution d’une GmbH conformément au § 9a GmbHG, les associés répondent de la différence entre le capital effectivement versé et la part du capital social convenue dans le contrat de société. Par exemple, si un apport en nature est surévalué de manière injustifiée, une obligation de versement complémentaire à hauteur de la différence de valeur existe. L’objectif est de protéger l’actif social contre tout appauvrissement et de préserver les intérêts des créanciers.

Société anonyme (AG)

La responsabilité pour différence est également d’une importance centrale dans le droit de la société anonyme (§§ 9, 54, 56 AktG). Lorsque des parties du capital social manquent en raison d’une sous-évaluation d’apports en nature ou du non-respect des prescriptions relatives à la constitution du capital, les fondateurs, les personnes agissantes ou les acquéreurs répondent de la différence correspondante. Cette responsabilité vise à garantir que le capital social reste effectivement disponible dans son intégralité.

Responsabilité pour différence en droit de la responsabilité civile

En droit de la responsabilité civile, la responsabilité pour différence s’applique lors du calcul du dommage réparable selon la théorie dite de la différence. Le critère est la différence entre l’état du patrimoine avec et sans l’événement dommageable. La responsabilité couvre donc la différence entre la situation patrimoniale effective et celle qui existerait si l’événement dommageable n’était pas survenu.

Cela est illustré à titre d’exemple par le § 249 BGB : le responsable doit rétablir l’état qui existerait si l’événement dommageable ne s’était pas produit. L’évaluation se fait par comparaison entre la situation patrimoniale actuelle et celle qui aurait existé hypothétiquement.

Responsabilité pour différence en droit des marchés de capitaux

En droit des valeurs mobilières et des marchés de capitaux, la responsabilité pour différence est particulièrement pertinente en matière de responsabilité due à un prospectus. Si des investisseurs sont amenés à investir en raison d’informations inexactes ou incomplètes contenues dans le prospectus, la responsabilité englobe en principe la différence entre le prix d’acquisition effectivement payé pour les titres et leur valeur réelle au moment de l’acquisition. Cette responsabilité fonde un droit à indemnisation du préjudice dit « de confiance ».

Bases juridiques et mise en œuvre

Conditions de la responsabilité

Pour engager une responsabilité pour différence, les conditions suivantes doivent généralement être remplies :

  • Survenance d’une différence patrimoniale : Le créancier doit avoir subi un préjudice patrimonial du fait de l’action ou de l’omission du débiteur.
  • Causalité : Le préjudice doit résulter directement du comportement fautif.
  • Violation d’obligation : Dans la plupart des cas, il doit y avoir eu violation d’une obligation légale ou contractuelle (sauf en droit de la responsabilité civile en cas de responsabilité du fait du risque imposée par la loi).

Étendue de la responsabilité

La responsabilité se limite en principe à la différence entre la valeur versée en trop ou en moins et la valeur due. Par exemple, si des apports en nature d’un montant de 50 000 euros sont effectués alors que leur valeur réelle n’est que de 30 000 euros, une responsabilité complémentaire de 20 000 euros existe.

Créanciers et débiteurs de la responsabilité pour différence

La responsabilité pour différence vise en premier lieu les fondateurs, les associés et les organes ayant une responsabilité. Les créanciers sont généralement titulaires des droits, soit la société elle-même, soit ses créanciers, ces derniers bénéficiant souvent uniquement d’une protection indirecte.

Distinction avec d’autres formes de responsabilité

Différence avec la responsabilité d’exécution

Contrairement à la responsabilité d’exécution, qui vise à l’exécution des obligations principales, la responsabilité pour différence vise uniquement les préjudices patrimoniaux résultant de l’écart entre l’état attendu et l’état réel.

Différence avec la responsabilité d’apport

La responsabilité d’apport concerne l’omission de l’apport intégral, tandis que la responsabilité pour différence s’étend aussi à la surévaluation ou à la dévaluation des apports, allant ainsi souvent au-delà.

Importance pratique de la responsabilité pour différence

La responsabilité pour différence protège la substance du patrimoine social et vise notamment, en cas d’insolvabilité, à garantir des avantages aux créanciers. En matière de droit des marchés de capitaux, elle constitue un fondement central pour la réparation des investissements erronés résultant d’informations inexactes.

Jurisprudence et doctrine

La responsabilité pour différence fait l’objet de nombreux arrêts de la Cour fédérale de justice allemande et d’ouvrages doctrinaux pertinents en droit des sociétés et en droit de la responsabilité civile. L’application de la théorie de la différence pour le calcul du préjudice et la préservation du capital minimum dans les sociétés de capitaux en sont des principes essentiels.

Conclusion

La responsabilité pour différence est un mécanisme essentiel de responsabilité en droit civil allemand, qui joue un rôle central en droit des sociétés et en droit de la responsabilité civile. Elle sert à compenser les préjudices patrimoniaux résultant d’une exécution inadéquate, d’un apport de capital insuffisant ou de violations d’obligation, et constitue ainsi un mécanisme fondamental de protection des créanciers.

Questions fréquemment posées

Dans quels cas la responsabilité pour différence s’applique-t-elle ?

La responsabilité pour différence s’applique dans les situations où un associé d’une société de capitaux – notamment une GmbH – n’a pas intégralement rempli son obligation d’apport ou bien l’a effectuée d’une manière non conforme aux prescriptions légales. Cela concerne surtout les cas où l’apport en numéraire a été réalisé partiellement ou en contournant les exigences légales (par exemple par des apports en nature déguisés ou des flux financiers de va-et-vient), de telle sorte que le patrimoine social n’est pas librement disponible à hauteur requise. En cas d’insolvabilité de la société, il est vérifié quelle aurait dû être la valeur du patrimoine social et quel est le montant effectivement disponible. La différence entre l’état attendu et l’état effectif doit être couverte par la responsabilité pour différence ; les ayants droit, tels que l’administrateur judiciaire, peuvent s’appuyer sur le § 9 GmbHG (notamment al. 1 et 3). La responsabilité pour différence constitue donc un cas particulier de responsabilité pour l’exécution de l’obligation d’apport.

Qui est tenu d’exécuter dans le cadre de la responsabilité pour différence ?

En principe, c’est l’associé qui n’a pas rempli correctement son obligation d’apport qui est tenu à l’exécution dans le cadre de la responsabilité pour différence. Il convient de distinguer si l’associé peut se prévaloir d’un apport préalable déjà pris en compte ou s’il est responsable d’un manque dans le patrimoine social en raison d’un comportement fautif (comme, par exemple, une restitution occulte des apports). Selon la configuration des faits, des ayants droit (acquéreur de parts sociales, par exemple) ou des débiteurs solidaires (en cas de pluralité d’associés concernés) peuvent également être tenus responsables. Il est fréquent que plusieurs associés soient responsables solidairement pour les manques à gagner selon le § 24 GmbHG.

Comment le montant de la responsabilité pour différence est-il calculé ?

Le calcul du montant de la responsabilité pour différence se fait en comparant le patrimoine effectivement disponible dans la société avec le montant qui aurait dû être disponible après versement complet et régulier des apports. On ne prend pas seulement en compte les montants nominaux, mais aussi les prestations complémentaires, comme les agios ou d’autres apports à imputer. Sont à déduire les montants qui ont été apportés légalement et de façon démontrable. En cas de restitution d’apports, d’opérations de financement occultes ou d’apports en nature déguisés, la différence entre le patrimoine attendu et le patrimoine réel fait l’objet de la demande en responsabilité.

Quels droits ont les créanciers en cas de responsabilité pour différence ?

Dans le cadre de la responsabilité pour différence, les créanciers ne peuvent pas agir eux-mêmes directement contre l’associé. L’exercice de ce droit appartient en principe à la société, ou, en cas d’insolvabilité, à l’administrateur judiciaire en tant que représentant légal de l’ensemble des créanciers. L’administrateur judiciaire peut faire valoir la créance issue de la responsabilité pour différence afin d’augmenter la masse de l’actif à répartir selon les règles de la loi sur l’insolvabilité. Une action directe des créanciers est en règle générale exclue, sauf si des fondements particuliers de responsabilité personnelle (comme § 826 BGB — préjudice dolosif contraire aux bonnes mœurs) s’appliquent.

Comment se prescrit une action fondée sur la responsabilité pour différence ?

Les créances résultant de la responsabilité pour différence sont en principe soumises au délai de prescription triennal conformément au § 195 BGB, qui commence à courir à la fin de l’année au cours de laquelle la créance est née et où le créancier avait connaissance (ou aurait dû avoir connaissance sans faute lourde) des faits générateurs (§ 199 BGB). En cas d’insolvabilité, la prescription recommence selon le § 146 InsO à compter de l’ouverture de la procédure d’insolvabilité. Pour les cas de responsabilité pour différence liés à la constitution par apports en nature ou à l’émission d’un agio d’apports en nature, la loi prévoit parfois des dates de départ ou des durées différentes.

Un acquéreur de parts sociales de bonne foi est-il concerné par la responsabilité pour différence ?

Oui, un associé acquéreur de bonne foi peut également être tenu, dans certaines conditions, à la responsabilité pour différence. Selon le § 16 al. 3 GmbHG, le nouvel associé acquiert cependant la part sociale « libre de charges », à condition qu’aucune mention contraire ne figure sur la liste des associés inscrite au registre du commerce. Si toutefois les obligations d’apport n’ont pas été (ou partiellement) remplies, et que cela n’est pas clairement visible dans les documents du registre pour l’acquéreur, des risques de responsabilité peuvent subsister au cas par cas, notamment si l’acquéreur avait une connaissance positive du manquement ou s’il agit de manière gravement négligente. La jurisprudence sur ce point est nuancée et exige en général un examen attentif des registres et des contrats.

Quels moyens de défense juridiques existent contre une mise en cause au titre de la responsabilité pour différence ?

Un associé ne peut généralement se défendre contre la responsabilité pour différence qu’en faisant valoir des moyens liés à l’exécution régulière ou déjà effectuée de son obligation d’apport. Cela inclut la preuve de la réalisation effective et intégrale de l’apport, la prise en compte valable d’apports antérieurs ou d’éventuels accords sociaux qui fixent clairement l’obligation d’apport et n’envisagent aucune manœuvre de contournement (mot-clé : interdiction de constitution en nature par la « porte de derrière »). L’associé peut s’exonérer notamment s’il peut prouver objectivement que la somme litigieuse n’existe pas (ou plus). Un contrat de société défectueux ou une inscription au registre erronée n’offrent en revanche pas de protection fiable contre une mise en cause.