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Responsabilité collective des familles

Notion et définition de la responsabilité de la parenté

La notion responsabilité de la parenté désigne la responsabilité juridique, sociale ou de fait des membres de la famille ou d’autres personnes proches pour les actes d’un individu. À l’origine, l’expression faisait référence à la responsabilité collective des membres d’un clan pour le comportement d’un seul d’entre eux. Le terme dérive du vieux haut allemand « sippe », qui signifie groupe de parenté, et caractérise une forme d’imputation où la responsabilité et les sanctions ne touchent pas seulement l’auteur direct de l’acte, mais tout l’entourage social – en particulier les proches.

De nos jours, le terme de responsabilité de la parenté est principalement utilisé dans le contexte de graves violations des droits de l’homme, ainsi que comme synonyme du transfert illicite de la faute.

Évolution historique et origines

Préhistoire et application dans l’Antiquité

Déjà dans les sociétés préétatiques – comme dans les clans ou les tribus – la sanction des infractions n’était souvent pas individuelle, mais collective. Ainsi, par exemple, les ordres juridiques germaniques, gréco-antiques ou orientaux pouvaient tenir pour responsables les proches, ou les membres d’un même clan, du comportement fautif d’un individu. La responsabilité de la parenté servait ainsi de mécanisme de sanction mais aussi de prévention, permettant de contrôler les conduites individuelles par le biais des liens sociaux.

Développement médiéval et moderne

Les principes de la responsabilité de la parenté se retrouvaient également au Moyen Âge européen, notamment dans le contexte des vendettas, où l’on s’en prenait à des familles entières ou à des communautés villageoises. Ce n’est qu’avec le développement du droit pénal moderne, fondé sur la culpabilité individuelle et la responsabilité personnelle, que cette forme de responsabilité collective a progressivement reculé et a été de plus en plus rejetée à l’époque des Lumières.

Responsabilité de la parenté dans l’Allemagne nazie

Le terme responsabilité de la parenté a pris une portée historique particulière à travers son utilisation abusive et systématique dans l’Allemagne nazie. À partir de 1937, les autorités étatiques et policières national-socialistes ont utilisé la responsabilité de la parenté comme moyen de répression contre les opposants politiques et les critiques du régime. Les proches – conjoints, enfants, parents et autres membres de la famille – étaient alors emprisonnés, privés de leurs droits, déportés ou tués pour des délits, réels ou présumés, d’un seul individu. Un exemple frappant est constitué par les mesures prises après l’attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler. L’application de la responsabilité de la parenté violait de manière flagrante les principes fondamentaux de l’État de droit, et constitue aujourd’hui un avertissement face au danger de l’attribution collective de la culpabilité.

Qualification et appréciation juridiques

Responsabilité de la parenté en droit allemand

En droit allemand moderne, la responsabilité de la parenté est expressément interdite. Le droit pénal ne connaît que la faute personnelle (§ 46 al. 1 Code pénal, principe de la responsabilité individuelle). Le principe de la culpabilité personnelle est consacré dans la Loi fondamentale (art. 1 al. 1, art. 20 al. 3 GG) ainsi que dans les conventions internationales relatives aux droits de l’homme (par ex. art. 11 al. 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme). La responsabilité collective s’oppose au principe « nulla poena sine culpa » (Pas de peine sans culpabilité).

L’interdiction de la responsabilité de la parenté s’étend aussi bien aux sanctions pénales qu’à celles de nature administrative, civile ou réglementaire. Les sanctions ne peuvent viser que l’auteur ou le participant à l’infraction, jamais leurs proches. Toute mesure sanctionnant un proche pour l’acte d’autrui est illégale et anticonstitutionnelle.

Responsabilité de la parenté en droit international

Internationalement, la responsabilité de la parenté contrevient aux principes fondamentaux du droit international public et des droits de l’homme. La Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention européenne des droits de l’homme garantissent le droit à un traitement équitable, le principe de la culpabilité personnelle et la protection contre les sanctions collectives. En particulier dans le droit international humanitaire, tel que la Quatrième Convention de Genève, les sanctions collectives et la responsabilité de la parenté sont expressément interdites (art. 33 IVe Convention de Genève).

Distinction d’autres notions juridiques proches

Sanction collective

La sanction collective désigne la punition d’un groupe pour le comportement d’un ou de quelques-uns de ses membres. La responsabilité de la parenté est un cas particulier de sanction collective fondé sur les liens familiaux ou de parenté.

Principe de culpabilité (faute individuelle)

Le principe de culpabilité est l’antithèse de la responsabilité de la parenté : il signifie que seule la personne ayant commis l’infraction en assume la responsabilité, sans que la faute puisse être transférée à d’autres. Ce principe caractérise de manière décisive le droit pénal moderne.

Responsabilité des proches en droit civil

Contrairement à la responsabilité de la parenté, les situations de responsabilité en droit civil, par exemple dans le cadre de contrats conjoints ou de cautions, ne sont pas considérées comme une responsabilité collective au sens propre, mais reposent sur des obligations juridiques indépendantes.

Importance actuelle et aspects de politique juridique

La responsabilité de la parenté est aujourd’hui juridiquement proscrite et socialement condamnée. Néanmoins, il existe encore dans certains pays et systèmes juridiques des cas de responsabilité collective, sous forme de représailles dirigées contre les membres de famille de dissidents politiques ou de criminels. Les sociétés internationales et les organisations de défense des droits de l’homme condamnent ces pratiques comme de graves violations des droits humains.

En sciences juridiques, le terme de responsabilité de la parenté sert aujourd’hui essentiellement à la réflexion critique sur les éléments de responsabilité collective et rappelle l’importance de préserver le principe de la culpabilité individuelle.

Bibliographie

  • Wolfgang Benz : Sippenhaft. In : Enzyklopädie des Nationalsozialismus. dtv, München 2007.
  • Michael Stolleis : Sippenhaftung. In : Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte. Erich Schmidt Verlag, 1998.
  • Stefan Aust : 20. Juli 1944. Die Sippenhaft nach dem Attentat. Rowohlt, Reinbek 2004.

Résumé

responsabilité de la parenté désigne l’imputation de la faute et la sanction qui en découle d’un groupe de personnes – notamment les proches – pour l’acte d’une seule personne. La responsabilité collective est aujourd’hui en contradiction avec les principes fondamentaux de l’état de droit et des droits humains. Les ordres juridiques modernes, dont le droit pénal allemand et le droit international, rejettent strictement la responsabilité de la parenté et protègent le principe de la culpabilité personnelle. L’évolution historique et notamment les abus dans les régimes dictatoriaux montrent les dangers et la nécessité de proscrire la responsabilité de la parenté.

Questions fréquemment posées

Quelle est la portée de l’interdiction de la responsabilité de la parenté en droit allemand ?

En droit allemand, l’interdiction de la responsabilité de la parenté constitue un principe fondamental qui découle directement de la dignité humaine (art. 1 GG) et du principe de la culpabilité (art. 20 al. 3 GG). Selon ces principes, nul ne peut être tenu responsable ou puni pour des actes commis par d’autres personnes, simplement parce qu’il est parent, allié ou lié d’une quelconque manière à l’auteur de l’infraction. Ce principe d’individualisation est pleinement reconnu tant en droit pénal qu’en droit administratif des infractions. Une sanction collective visant les proches familiaux ou membres d’un clan, telle que pratiquée sous le national-socialisme par le biais de la responsabilité de la parenté, est aujourd’hui strictement interdite par le droit constitutionnel et pénal allemand.

Existe-t-il des exceptions à l’interdiction de la responsabilité de la parenté en droit allemand ?

Des exceptions à l’interdiction de la responsabilité de la parenté n’existent en principe pas en droit allemand. Surtout en droit pénal, il est interdit d’imposer des sanctions à des membres de la famille ou à des tiers en raison de fautes commises par autrui. Même des charges indirectes, telles que des mesures qui frappent de fait des tiers, mais qui sont juridiquement uniquement dirigées contre l’accusé, peuvent être critiquées lorsqu’elles risquent d’affaiblir l’interdiction de la responsabilité de la parenté. Toutefois, les « effets secondaires indirects » (par exemple, perte de réputation sociale ou souffrances émotionnelles) ne sont pas considérés juridiquement comme une responsabilité de la parenté, tant qu’ils ne résultent pas d’une mesure étatique ciblée contre des personnes non impliquées.

Quelles sont les origines historiques de la responsabilité de la parenté en droit allemand ?

La responsabilité de la parenté puise ses racines dans le droit du haut Moyen Âge, en particulier dans le droit pénal germanique, où elle était considérée comme un moyen légitime d’engager la responsabilité collective d’un clan. Pendant la période nationale-socialiste, la responsabilité de la parenté a été utilisée intentionnellement comme instrument de répression, notamment pour poursuivre, arrêter ou punir les proches des résistants à titre d’intimidation ou de représailles. Après la Seconde Guerre mondiale et avec l’introduction de la Loi fondamentale, la responsabilité de la parenté a été expressément rejetée et remplacée par le principe de la culpabilité individuelle, afin d’exclure les abus de pouvoir étatique et les sanctions collectives.

Comment l’interdiction de la responsabilité de la parenté est-elle encadrée par les standards internationaux des droits de l’homme ?

L’interdiction de la responsabilité de la parenté ne fait pas seulement partie intégrante de la Loi fondamentale allemande, elle est également garantie par des instruments internationaux de protection des droits de l’homme, tels que la Convention européenne des droits de l’homme (notamment l’art. 6 CEDH – droit à un procès équitable) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP, notamment l’art. 14). Ces normes internationales consacrent elles aussi le principe de la faute individuelle et interdisent de tenir une personne responsable pour les délits d’autrui. Les États qui méconnaissent cette interdiction s’exposent à des condamnations internationales et à la violation de leurs engagements en matière de droits de l’homme.

Quelle est la portée de l’interdiction de la responsabilité de la parenté en droit civil et administratif ?

En droit civil, le principe de la culpabilité s’applique également, de sorte qu’une responsabilité civile n’est engagée que si la personne concernée porte elle-même une responsabilité, par exemple en raison d’une faute personnelle ou d’une disposition légale telle que la responsabilité des parents (§ 832 BGB). Le simple lien familial ou l’appartenance à une certaine famille ou groupe ne suffit pas. En droit administratif, l’interdiction de la responsabilité de la parenté revêt une importance particulière en matière de police et de droit des ordonnances, lorsque des mesures d’ordre public ou des avis de frais ne doivent pas frapper des personnes non impliquées. Toute mesure ne s’adressant pas à la personne individuellement responsable serait ici illégale.

Existe-t-il encore aujourd’hui en Allemagne des situations rappelant la responsabilité de la parenté ?

Même si le principe de la responsabilité de la parenté est clairement rejeté dans le droit allemand, il arrive qu’il soit l’objet de débats publics ou juridiques à propos de mesures qui évoqueraient une certaine forme de responsabilité collective, comme la responsabilité des héritiers ou la coresponsabilité dans certaines mesures de prévention policière. Dans tous ces cas, il est cependant essentiel que la loi exige toujours une responsabilité propre ou un fondement juridique concret, et qu’une simple appartenance ne suffise pas à fonder une responsabilité ou une sanction. Si une mesure reposait effectivement uniquement sur une appartenance familiale, elle serait contraire à l’interdiction de la responsabilité de la parenté et, en règle générale, anticonstitutionnelle.