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Résidence habituelle

Résidence habituelle – Présentation juridique détaillée

Signification et distinction de la résidence habituelle

La notion de « résidence habituelle » occupe une place centrale dans divers domaines du droit. Elle désigne généralement le centre de vie d’une personne et sert à déterminer les points de rattachement personnels en droit national et international. Par opposition au simple « séjour », qui englobe également les séjours de courte durée ou à caractère touristique, la résidence habituelle suppose l’existence d’un centre de vie stable et durable.

Historique du concept et définitions

Bases légales en Allemagne

En droit allemand, la résidence habituelle n’est pas définie de façon homogène. Les principales définitions se trouvent dans divers textes législatifs, par exemple dans le Code civil (BGB) (§ 7 al. 1 BGB), le Code des impôts (§ 8 AO) ainsi que dans la Loi sur le séjour (§ 30 al. 3 AufenthG). Selon une jurisprudence constante, la résidence habituelle s’entend du lieu où une personne séjourne dans des circonstances permettant de conclure qu’elle ne s’y trouve pas seulement de manière temporaire.

Distinction avec d’autres notions de séjour

La résidence habituelle diffère du « domicile » (§ 7 BGB), qui dépend d’une déclaration administrative et d’un lieu de résidence effectif, ainsi que de la « résidence habituelle » appréciée au cas par cas, selon des critères dégagés des seules formalités. Tandis qu’une simple présence ne suffit généralement pas, le critère de stabilité revêt un caractère central.

Conditions de la résidence habituelle

Élément objectif : Présence effective

Il importe que la personne concernée soit présente physiquement à l’endroit en question. Pour la résidence habituelle, les circonstances spatiales et temporelles doivent indiquer que le centre de vie se trouve à ce lieu. La durée n’est pas en soi déterminante ; même des périodes plus brèves peuvent, au vu de circonstances appropriées, constituer une résidence habituelle.

Élément subjectif : Intention d’y séjourner

Outre le critère objectif, la jurisprudence prend en compte l’intention de vivre à cet endroit pendant une certaine période. Les séjours de courte durée, purement touristiques ou provisoires ne suffisent pas ; de même, un séjour imposé (par exemple à l’hôpital ou en détention) ne vaut pas. Ce qui compte, c’est le lien durable et manifeste de la personne avec le lieu, par exemple par la famille, le travail ou d’autres attaches sociales.

Dimension temporelle et durée minimale

La durée à partir de laquelle un séjour est considéré comme habituel n’est pas uniformément définie par la loi. Une règle empirique fréquemment citée est une période de six mois ; toutefois, des circonstances particulières peuvent entraîner une appréciation différente. Une absence pouvant aller jusqu’à six mois n’exclut souvent pas la poursuite d’une résidence habituelle déjà établie.

Portée juridique de la résidence habituelle

Compétence internationale et droit des conflits

En droit international privé (DIP), notamment selon l’art. 3 du Règlement Bruxelles IIa (et successivement Bruxelles IIb) ainsi que la Convention de La Haye sur la protection des enfants (CPC), la résidence habituelle constitue le critère central pour désigner la compétence des tribunaux et le droit applicable. C’est particulièrement vrai en droit de la famille — notamment pour les questions relatives à l’autorité parentale, aux pensions alimentaires, au mariage et au divorce : la résidence habituelle détermine le droit pertinent.

Importance en droit de la famille

En droit de la famille, la résidence habituelle sert souvent à déterminer la juridiction compétente et le droit matériel applicable, par exemple en matière de divorce international, d’autorité parentale, de droit de visite ou d’adoption. Les droits sociaux ou aux allocations familiales sont également régulièrement rattachés à la résidence habituelle.

Droit social et droit des étrangers

En droit social, la résidence habituelle est souvent une condition d’éligibilité pour de nombreuses prestations, par exemple selon le Code de la sécurité sociale (SGB). En droit des étrangers, elle constitue une condition ou un préalable pour l’octroi de certains titres de séjour et permis de séjour permanent. Aux termes de l’article 8 AO, elle est également pertinente pour l’appréciation fiscale (imposition illimitée).

Justification et exigences de preuve

Détermination par les autorités et les tribunaux

La résidence habituelle doit être déterminée au cas par cas. Les attestations de domicile, contrats de location, contrats de travail, certificats de scolarisation ou liens familiaux peuvent servir de preuve. En cas de litige, il appartient à la personne concernée de démontrer les circonstances effectives.

Aspects européens et internationaux

Union européenne

En droit de l’UE aussi, la notion de résidence habituelle est centrale. La Commission européenne a publié à ce sujet différentes lignes directrices, par exemple en matière de coordination des systèmes de sécurité sociale et de libre circulation des personnes au sein de l’UE. L’interprétation s’oriente selon les considérants et objectifs des règlements et directives concernées.

Conventions internationales

Des accords internationaux, tels que la Convention de La Haye sur la protection des enfants, se réfèrent également à la résidence habituelle. Des différences peuvent exister sur des points de détail ou lors de l’interprétation par les États contractants.

Particularités en droit des mineurs

Détermination de la résidence pour les enfants

Pour les enfants mineurs, la résidence habituelle est principalement déterminée par le centre de vie effectif auprès de la personne titulaire de l’autorité parentale. En cas de séparation ou de divorce des parents, ainsi qu’en cas de déménagement international, il convient d’examiner si un véritable changement de résidence habituelle a eu lieu. Ce sont les conditions de vie concrètes de l’enfant qui sont alors déterminantes.

Perte, changement et maintien de la résidence habituelle

La résidence habituelle peut être abandonnée par un transfert délibéré du centre de vie. Toutefois, elle ne prend fin au lieu précédent, en principe, qu’avec la création d’une nouvelle résidence habituelle ailleurs ; une simple absence sans établissement d’une nouvelle résidence habituelle ne suffit pas à la perte.

Distinction avec d’autres formes de séjour

Outre la résidence habituelle et le domicile, le droit reconnaît d’autres formes de séjour, parmi lesquelles :

  • Séjour temporaire: Présence limitée dans le temps sans centre de vie envisagé.
  • Centre des intérêts vitaux: Particulièrement pertinent en matière fiscale, où un lien encore plus fort est requis qu’en matière de résidence habituelle.

Littérature et jurisprudence

L’interprétation et l’application de la notion de résidence habituelle font régulièrement l’objet d’arrêts des plus hautes juridictions, tels que la Cour fédérale de justice (BGH), la Cour constitutionnelle fédérale (BVerfG) et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Des commentaires détaillés peuvent être consultés dans les ouvrages de référence en droit civil, en droit international privé ainsi qu’en droit des étrangers et de la sécurité sociale.


Résumé : La résidence habituelle est un critère central d’attache juridique, aux conséquences étendues pour la compétence, l’application du droit et les conditions d’ouverture de droits dans de nombreux domaines juridiques. Sa détermination exige un examen approfondi au cas par cas, tenant compte de critères objectifs et subjectifs de rattachement d’une personne à un lieu. Les multiples règles légales et internationales soulignent l’importance pratique et théorique du concept dans le système juridique.

Questions fréquemment posées

Une déclaration administrative du domicile est-elle une condition indispensable à la résidence habituelle ?

D’un point de vue juridique, une déclaration administrative du domicile n’est pas une condition indispensable pour établir la résidence habituelle. Certes, la législation allemande impose une obligation d’enregistrement du domicile auprès de l’autorité compétente, mais pour apprécier la résidence habituelle au sens de nombreux domaines du droit (ex : fiscalité, sécurité sociale), ce sont principalement les circonstances effectives qui priment. Les éléments déterminants sont en particulier l’intention de séjourner de façon durable ou pour une période non seulement temporaire à un endroit, ainsi que la réalisation concrète de ce séjour. L’enregistrement peut constituer un indice de l’établissement d’une résidence habituelle, mais ce n’est pas une condition constitutive. L’absence d’enregistrement, malgré un séjour habituel effectif, peut certes entraîner des amendes administratives, mais n’affecte pas fondamentalement l’évaluation juridique du statut de séjour.

Comment la résidence habituelle est-elle déterminée en droit fiscal international ?

En droit fiscal international, la résidence habituelle est déterminante pour la question de l’imposition illimitée. Conformément à l’article 9 du Code des impôts (AO), une personne physique est considérée comme résidant habituellement dans le pays lorsqu’elle ne s’y trouve pas seulement de manière temporaire, mais dans des circonstances indiquant que ce lieu ou cette région constitue son centre de vie. Le seuil pour un séjour non temporaire est généralement fixé à plus de six mois, les interruptions brèves, par exemple pour des vacances ou des déplacements professionnels, n’étant pas prises en compte. Ce n’est pas seulement la volonté de s’établir durablement qui compte, mais aussi les circonstances de vie objectives, telles que la location d’un logement, le regroupement familial ou la prise d’un emploi. Une résidence habituelle parallèle dans plusieurs États est en principe exclue ; il ne peut exister qu’une résidence habituelle à la fois.

Quelle est l’importance de la résidence habituelle pour l’autorité parentale et le droit de la famille ?

En droit de la famille, la résidence habituelle joue un rôle essentiel, notamment pour la compétence internationale des tribunaux allemands et l’application du droit allemand, par exemple en matière de divorce, de procédures relatives à l’autorité parentale ou au droit de visite. Selon le règlement Bruxelles IIb (UE 2019/1111), la juridiction normalement compétente pour les questions de responsabilité parentale est celle de l’État où l’enfant a sa résidence habituelle. Ce qui importe, c’est le lieu où l’enfant a le centre de sa vie, c’est-à-dire ses liens effectifs, les personnes qui s’occupent de lui, l’école ou le jardin d’enfants. L’appréciation s’effectue au vu de l’ensemble des circonstances du cas d’espèce. Un changement de domicile ou l’acquisition d’une nouvelle résidence habituelle peut immédiatement influer sur la compétence des juridictions et le droit applicable.

Comment la résidence habituelle évolue-t-elle lors de séjours prolongés à l’étranger ?

Un séjour prolongé à l’étranger peut entraîner l’abandon de la précédente et la constitution d’une nouvelle résidence habituelle, à condition qu’il ne soit pas simplement temporaire, mais qu’il s’inscrive dans la durée et avec une intention correspondante. En droit, il s’agit alors d’un « changement de résidence ». Cette règle vaut indépendamment des formalités telles que la radiation du registre allemand des résidents. Les éléments décisifs sont des circonstances objectives telles que l’acquisition d’un logement, la prise d’un emploi ou l’intégration dans l’environnement social du nouveau pays. Si les séjours à l’étranger sont limités dans le temps et qu’il existe une intention de retour, ou si des liens familiaux, professionnels ou économiques essentiels avec l’ancien lieu sont maintenus, la résidence habituelle reste souvent dans le pays d’origine.

Une personne peut-elle avoir plusieurs résidences habituelles en même temps ?

D’un point de vue juridique, il n’est pas possible d’avoir simultanément plusieurs résidences habituelles. La résidence habituelle est une notion qui se réfère toujours au centre des intérêts de vie d’une personne. Notamment en matière de droit fiscal, social ou de séjour, une répartition claire est nécessaire. Lorsque quelqu’un possède plusieurs logements, par exemple un en Allemagne et un à l’étranger, c’est le centre de vie qui est déterminant : là où se concentrent principalement les relations personnelles, l’activité professionnelle et les activités sociales. En cas de doute, une appréciation globale des circonstances est requise ; les critères objectifs restent toujours décisifs.

Quel rôle joue l’intention de séjour pour établir la résidence habituelle ?

L’intention de séjour constitue un élément central pour déterminer la résidence habituelle, mais n’est pas suffisante en elle-même. Il doit exister un séjour effectif qui dépasse un simple cadre temporaire et dans des conditions laissant présumer une certaine durée. Subjectivement, la volonté d’une installation durable doit être présente ; objectivement, les circonstances de vie doivent la corroborer, par exemple par un logement à long terme, la prise d’un emploi ou le regroupement familial. Les séjours de courte durée, tels que les voyages de vacances ou les déplacements professionnels temporaires, même répétés, ne créent en règle générale pas de résidence habituelle.

Quelles conséquences juridiques découle de la détermination de la résidence habituelle ?

La détermination de la résidence habituelle a des conséquences étendues dans de nombreux domaines du droit. En droit fiscal, elle décide de l’imposition illimitée ; en droit social et familial, elle influe sur les compétences et les conditions d’octroi des prestations sociales ou des allocations familiales ; en droit des étrangers, elle détermine en partie le statut juridique des ressortissants étrangers. Elle est également centrale pour l’entraide internationale, le droit des noms, les assurances sociales et certaines aides publiques. L’attribution peut entraîner des obligations et des droits juridiques différents et fait donc fréquemment l’objet de contentieux.