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Réserve pénale

Notion et définition de la réserve pénale

Der Réserve pénale est un concept central du droit allemand et européen, notamment pertinent dans le cadre de l’entraide judiciaire internationale, de l’intégration de la responsabilité pénale et en cas de conflits de normes multiples. La réserve pénale désigne la possibilité juridique pour un État de refuser la reconnaissance de certaines décisions ou mesures pénales étrangères ou de l’assortir à certaines conditions.

La réserve pénale est particulièrement discutée dans le contexte de l’extradition, de la reconnaissance et de l’exécution de sanctions étrangères, ainsi que de l’application de normes pénales étrangères. Elle vise à protéger les intérêts et biens juridiques nationaux et constitue un instrument essentiel pour garantir la souveraineté d’un État en matière pénale.

Bases juridiques et domaines d’application

Droit national

En droit pénal allemand, la réserve pénale revêt une importance particulière dans le contexte des infractions commises à l’étranger (§ 7 StGB, § 9 OWiG). Il s’agit ici de cas dans lesquels une personne a commis une infraction en dehors de l’Allemagne, mais où des poursuites ou une exécution de la peine doivent avoir lieu sur le territoire national.

La réserve pénale permet de limiter les poursuites ou la reconnaissance des décisions étrangères si certaines conditions ne sont pas remplies, par exemple :

  • Absence de réciprocité
  • Atteinte aux principes essentiels de l’ordre juridique allemand (ordre public)
  • Faible gravité de l’infraction ou de la peine
  • Prescription selon le droit allemand

Droit international et droit européen

Dans le contexte international, la réserve pénale est ancrée dans de nombreux traités et conventions. Un exemple central est la Convention européenne d’extradition (EuAlÜbk) ainsi que la Convention européenne sur le transfèrement des personnes condamnées. Ces textes admettent régulièrement que certaines demandes d’extradition ou condamnations pénales étrangères sont soumises à une réserve pénale nationale.

La réserve pénale est également maintenue dans le cadre de la reconnaissance mutuelle des décisions de justice au sein de l’Union européenne (par exemple lors de la mise en œuvre de la décision-cadre sur le mandat d’arrêt européen) afin de respecter les particularités nationales et les exigences constitutionnelles.

Réserves typiques en droit international

  • Infractions politiques
  • Infractions militaires ou fiscales (dite réserve fiscale)
  • Risque de double incrimination (ne bis in idem)
  • Garanties fondamentales des droits de l’homme

But et fonction de la réserve pénale

La réserve pénale remplit plusieurs fonctions :

  • Préservation de la souveraineté étatique : Aucun État ne doit être obligé de permettre des actes en contradiction avec ses valeurs ou principes juridiques fondamentaux.
  • Protection des principes juridiques fondamentaux : La réserve permet de garantir le respect des droits de l’homme et du citoyen, ainsi que des principes du procès pénal équitable.
  • Contrôle de l’entraide judiciaire : Les autorités judiciaires et administratives nationales peuvent examiner au cas par cas si un soutien ou une reconnaissance peut être accordé.

Formes et conséquences juridiques

Réserve pénale en matière d’extradition

En matière d’extradition, la réserve pénale permet à l’État requis de refuser la remise d’une personne à un autre État si les conditions selon le droit national ne sont pas réunies. Des motifs typiques de refus sont, par exemple, le fait que l’infraction ne soit pas punissable selon le droit allemand (principe de la double incrimination) ou qu’elle ait un caractère politique.

Réserve pénale lors de l’exécution de décisions étrangères

La reconnaissance et l’exécution de condamnations pénales étrangères sont également, en règle générale, soumises à une réserve pénale. Il est régulièrement vérifié si la décision étrangère peut être exécutée selon les critères nationaux et si elle est compatible avec les principes fondamentaux de son propre système juridique.

Réserve pénale en droit des conflits de lois

Le droit international privé prévoit lui aussi des réserves pénales, notamment en lien avec l’application de normes étrangères, par exemple l’article 6 EGBGB (réserve d’ordre public). L’application d’une disposition étrangère peut ainsi être refusée si elle est incompatible avec les principes fondamentaux nationaux.

Distinction et notions apparentées

Réserve d’ordre public

Der Réserve d’ordre public est un concept apparenté, selon lequel la reconnaissance ou l’application du droit étranger n’est pas admise si celui-ci entre en conflit avec les valeurs fondamentales de l’ordre juridique national. À la différence de la réserve pénale, la réserve d’ordre public concerne toutefois l’ensemble du système juridique et non uniquement les dispositions pénales.

Réserve fiscale

Pour la Réserve fiscale , l’entraide judiciaire en matière d’infractions fiscales et financières est généralement restreinte ou exclue. Cela revêt une importance particulière en droit de l’extradition et pour l’entraide administrative réciproque.

Importance et évolutions actuelles

La réserve pénale revêt une importance croissante face à l’internationalisation du droit pénal et à la criminalité transfrontalière. L’essor de la coopération internationale – notamment au sein de l’Union européenne – nécessite de définir et de limiter les réserves pénales nationales, sans compromettre les principes fondamentaux de son propre système juridique.

Au niveau européen, l’harmonisation des motifs de refus et de réserve fait régulièrement l’objet de discussions afin de garantir la sécurité juridique et une poursuite pénale transfrontalière efficace.

Bibliographie et informations complémentaires

  • Schroeder, Strafrecht Allgemeiner Teil, 7e édition, 2020
  • Kreicker, Strafrechtliche Zusammenarbeit in Europa, 2e édition, 2019
  • Joecks/Miebach (dir.), Strafprozessordnung mit GVG, EGGVG und EMRK, édition en cours
  • Fischer, Strafgesetzbuch und Nebengesetze, Commentaire, actualisé annuellement

La notion de réserve pénale constitue ainsi un mécanisme essentiel de protection du droit pénal national et garantit que la coopération internationale en matière de justice reste toujours conforme à ses propres principes juridiques et constitutionnels.

Questions fréquemment posées

Quand la réserve pénale s’applique-t-elle en droit international ?

La réserve pénale en droit international devient surtout pertinente lorsque plusieurs États pourraient revendiquer la compétence pénale pour la même infraction. Cela peut par exemple être le cas lorsqu’un acte est commis à l’étranger mais est également réprimé par le droit de l’État d’origine. De nombreux droits nationaux – tels que le StGB allemand (§ 7, § 9 StGB) – prévoient alors que la poursuite et la sanction d’un acte commis à l’étranger sont subordonnées au fait que l’auteur n’ait pas déjà été jugé à l’étranger (ne bis in idem) ou que la poursuite y ait eu ou ait lieu. La réserve pénale protège ainsi contre la double incrimination mais garantit aussi qu’il ne subsiste pas d’impunité lorsque l’État étranger n’agit pas. Le droit international, par exemple la Convention européenne d’extradition et la Convention d’application de Schengen, prévoit également des dispositions visant à la coordination et à éviter les poursuites concurrentes.

Comment la réserve pénale affecte-t-elle la poursuite d’infractions commises à l’étranger en Allemagne ?

Lorsqu’une infraction commise à l’étranger fait l’objet de poursuites selon le droit allemand, cela dépend fréquemment de conditions supplémentaires, notamment de la réserve pénale (§ 7 al. 2 n°2 StGB). Cela signifie que la poursuite en Allemagne peut dépendre du fait qu’aucune poursuite ni jugement n’ait déjà eu lieu à l’étranger. Il est également vérifié si une condamnation a déjà été prononcée contre l’auteur à l’étranger, si elle a été exécutée ou peut l’être encore. Même si une sanction étrangère a déjà été infligée, celle-ci peut influencer une accusation nationale – jusqu’à la consommation de l’action publique. En pratique, la réserve pénale implique que les parquets et tribunaux examinent au préalable si des poursuites étrangères ont eu lieu, leur ampleur, et si une nouvelle poursuite nationale est admissible.

Quelles sont les conséquences juridiques de la violation de la réserve pénale ?

Le non-respect de la réserve pénale peut entraîner d’importantes conséquences juridiques : si une personne est poursuivie en Allemagne pour un fait ayant déjà donné lieu à un jugement définitif à l’étranger, cela viole le principe « ne bis in idem », c’est-à-dire l’interdiction de la double poursuite. Une telle violation entraîne l’irrecevabilité de la procédure nationale, et les tribunaux sont tenus de la clôturer ou – s’il y a condamnation malgré tout – d’annuler la décision. Il s’agit d’un obstacle procédé qui doit être pris en compte durant toute la procédure pénale et doit être examiné à tout moment d’office. En cas de violation d’accords internationaux prévoyant une réserve pénale, des difficultés diplomatiques peuvent également survenir.

Comment la réserve pénale est-elle prise en compte en matière d’extradition ?

En matière d’extradition, la réserve pénale est particulièrement importante. Elle garantit qu’une personne déjà poursuivie ou condamnée dans un autre État pour la même infraction ne soit pas à nouveau extradée pour répondre une seconde fois de ce même fait. La plupart des conventions bilatérales et multilatérales d’extradition – comme la Convention européenne d’extradition – contiennent des règles explicites concernant la réserve pénale et l’interdiction de la double poursuite. En droit d’extradition allemand, ces principes sont intégrés notamment par le § 3 IRG (Loi sur l’entraide judiciaire internationale en matière pénale). Avant toute extradition, il est donc systématiquement vérifié si le risque juridique d’une double poursuite existe et si une sanction étrangère a déjà été exécutée.

Quel rôle joue la réserve pénale lors de la reconnaissance de jugements pénaux étrangers ?

Lors de la reconnaissance et de l’exécution de jugements pénaux étrangers en Allemagne ou dans l’UE, la réserve pénale est un critère essentiel. Il faut d’abord s’assurer que les faits concernés n’ont pas ou pas complètement fait l’objet de poursuites à l’étranger, ou que la décision ne fait pas obstacle à de nouvelles poursuites en Allemagne. Des procédures comme le principe de la reconnaissance mutuelle du cadre juridique (par exemple le mandat d’arrêt européen) servent à vérifier si les conditions de la réserve pénale sont remplies. Un jugement étranger peut faire obstacle à une poursuite nationale, à condition que l’infraction soit identique et ne tombe pas sous une exception (par exemple faits nouveaux, nouvelles preuves).

Dans quelle mesure la réserve pénale peut-elle être modifiée par des accords bilatéraux ou multilatéraux ?

La réserve pénale est en principe prévue dans le droit national mais peut être aménagée ou limitée par des traités internationaux. Les États peuvent, par des accords bilatéraux ou multilatéraux, déterminer comment traiter la concurrence de compétences pénales et la réserve de poursuites. Un exemple notable en est la Convention d’application de Schengen qui, aux articles 54 s., consacre l’interdiction de la double poursuite (ne bis in idem) et réglemente la réserve pénale au niveau communautaire. Les traités internationaux peuvent également imposer des directives aux parquets et tribunaux quant au traitement des demandes de poursuites ou de transfèrement, et préciser quand la réserve pénale s’applique ou peut être levée.