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Représentations

Notion et signification des « representations » en droit

Les « representations » (en allemand : déclarations ou garanties) désignent, dans un contexte juridique et plus particulièrement dans le système de common law anglo-saxon, un instrument contractuel d’une grande importance. Ce terme joue un rôle central en droit des contrats et apparaît notamment lors d’acquisitions d’entreprises, de transactions financières, d’opérations immobilières ainsi que dans le droit des obligations en général. Les « representations » sont des déclarations, contraignantes sur le plan juridique, faites avant ou lors de la conclusion du contrat, par lesquelles une partie s’engage sur certains faits, caractéristiques ou rapports juridiques qui sont significatifs pour la conclusion et l’exécution du contrat concerné.

Classement systématique et distinction

Distinction par rapport à d’autres engagements contractuels

Les « representations » doivent notamment être distinguées des engagements comportementaux (« warranties »), des obligations accessoires contractuelles ainsi que des simples notifications ou déclarations d’intention (« covenants » et « undertakings »). Tandis que les « warranties » concernent des engagements de comportement futur, les « representations » portent en règle générale sur des faits présents ou passés. Dans les contrats de common law, les deux termes sont souvent utilisés conjointement (« representations and warranties »), la distinction exacte devant être appréciée au cas par cas selon l’interprétation contractuelle et le droit applicable.

Notions standard en droit allemand

En droit allemand, il n’existe pas d’équivalent exact aux « representations », mais des parallèles peuvent être établis notamment avec les droits à la garantie, les garanties selon l’article 443 BGB et les déclarations relatives à la qualité ou aux caractéristiques dans le cadre des rapports obligatoires. Elles jouent également un rôle déterminant en lien avec la culpa in contrahendo (c.i.c.) et les manquements précontractuels à une obligation.

Fonctions juridiques et portée

Fonction au sein des contrats

Les « representations » servent à clarifier les conditions essentielles d’un contrat et à répartir les risques. Typiquement, une partie déclare que certaines situations ou circonstances existent au moment de la conclusion du contrat, lesquelles sont d’une importance significative pour l’autre partie – par exemple, la propriété de certains actifs, l’absence de vices juridiques ou l’exactitude des bilans lors d’une cession d’entreprise.

Responsabilité et conséquences juridiques en cas de fausseté

L’inexactitude, l’incomplétude ou l’absence d’une « representation » constituent en principe un manquement à une obligation contractuelle. Les conséquences juridiques varient selon le droit applicable et les stipulations contractuelles, mais peuvent notamment inclure les points suivants :

  • Droit à réparation du préjudice : En cas de « representations » prouvées erronées ou trompeuses, il existe souvent un droit à l’indemnisation du préjudice. Selon la juridiction, cette indemnisation peut porter sur l’intérêt à l’exécution ou – notamment en cas de fausses déclarations précontractuelles – sur l’intérêt à la confiance.
  • Droit de rétractation ou d’annulation : La partie lésée peut, sous certaines conditions, se rétracter du contrat ou former une demande d’annulation, si la fausse déclaration a été commise frauduleusement ou revêt un caractère essentiel.
  • Droits issus d’une garantie : En cas de garanties expressément stipulées, il peut exister une obligation autonome d’exécution au-delà des droits contractuels.

Charge de la preuve et exonérations de responsabilité

La partie ayant fourni la « representation » assume généralement la charge de la preuve quant à sa véracité, sauf stipulation contractuelle contraire. Les contrats prévoient souvent des exclusions ou des limitations de responsabilité qui définissent précisément l’étendue de la responsabilité, notamment en cas de négligence légère ou lorsqu’il y a connaissance par l’acquéreur de certains défauts.

Domaines d’application typiques des « representations »

Contrats d’acquisition d’entreprise (fusions & acquisitions)

Dans le cadre des contrats d’acquisition d’entreprise, les « representations » servent à la divulgation et à la sécurisation d’indicateurs clés, de situations juridiques et de risques existants. Cela inclut par exemple des déclarations sur la situation financière, les contrats en cours, les droits de propriété intellectuelle, les litiges en cours et le respect des obligations réglementaires.

Droit immobilier

En droit immobilier, les « representations » interviennent notamment lors de l’assurance de la propriété libre de charges, de la régularité des autorisations ou des caractéristiques structurelles d’un bien immobilier.

Contrats de marché des capitaux et de financement

En droit bancaire et des marchés de capitaux, des « representations » relatives à la solvabilité, aux pouvoirs, à la capacité de représentation ainsi qu’à l’absence de difficultés de paiement sont régulièrement émises, afin de sécuriser par exemple les décaissements de prêts et de réguler les droits de restitution.

Jurisprudence et rédaction contractuelle en pratique

Clauses types et exemples de formulations

Dans les modèles de contrats internationaux, on retrouve des formulations standardisées, par exemple :
« The Seller hereby represents and warrants that the Company has complied with all applicable laws and regulations as of the Closing Date. »
De telles clauses sont ensuite adaptées aux accords particuliers lors des négociations contractuelles, l’étendue et la précision revêtant une importance centrale pour leur force exécutoire ultérieure.

Délais d’exclusion contractuels et clauses de notification

Les contrats prévoient souvent des délais d’exclusion dans lesquels les droits issus de la violation de « representations » doivent être exercés. À cela s’ajoutent des exigences de forme telles que la signification écrite des fausses déclarations (« notice of claim »).

Droit international privé et application en droit contractuel allemand

Droit applicable

Pour les opérations transfrontalières, la détermination du droit applicable est fondamentale pour l’interprétation et la validité des « representations ». Tandis que le common law admet des conséquences de responsabilité relativement larges, le droit allemand requiert un degré plus élevé d’individualisation et leur inclusion expresse au contrat.

Transposition au droit contractuel allemand

Pour éviter les malentendus et les risques de responsabilité, il est fréquent que les contrats en langue allemande précisent quelles déclarations doivent être considérées comme « representations », « warranties » ou « garantie » au sens du Code civil allemand. Il est également recommandé d’apporter une définition différenciée des termes dans le texte du contrat.

Résumé

L’institution juridique des « representations » constitue en droit économique international un élément central de la répartition des risques, de la transparence et de la réglementation de la responsabilité dans les contrats. Leur mise en œuvre exacte exige une concertation contractuelle minutieuse, en particulier pour les transactions transfrontalières. Tandis que le common law offre des mécanismes de protection étendus en matière de « representations », le droit contractuel allemand requiert des règles précises pour les fondements des droits et leur exécution afin d’éviter les malentendus et les risques de responsabilité.


La présente contribution offre une présentation exhaustive de la notion de « representations » dans le contexte juridique, illustre les domaines d’application typiques, les fonctions juridiques ainsi que l’application en droit contractuel allemand, et distingue systématiquement cette notion d’autres engagements ou obligations.

Questions fréquemment posées

Quand une representation est-elle valide au sens juridique ?

Une representation dans un contexte juridique est valable si elle est émise de manière contraignante au moment de sa déclaration envers le destinataire, et qu’elle satisfait à toutes les exigences légales d’une déclaration juridique. En particulier, la representation doit être claire, déterminée et véridique ainsi qu’éventuellement établie par écrit ou sous une autre forme légalement prescrite. Selon la branche du droit (par exemple droit des contrats, droit des sociétés ou opérations de M&A), il existe différentes exigences en matière de forme et de contenu. Aucun interdit légal ou contenu contraire aux bonnes mœurs ne doit par ailleurs exister. Il est crucial que celui qui fournit la representation y soit habilité et mandaté. Si une telle autorisation fait défaut ou si la personne agit au-delà de ses pouvoirs, la representation peut être nulle ou entraîner une responsabilité personnelle.

Quelles sont les conséquences juridiques d’une representation erronée ?

Si une partie fournit une fausse representation, cela peut entraîner de graves conséquences juridiques. En droit des contrats, cela peut conduire à l’annulation pour dol conformément à l’article 123 BGB ou à des demandes contractuelles de dommages et intérêts, si la representation a été convenue comme garantie ou accord sur les qualités. En droit des sociétés et lors de transactions, les fausses representations sont souvent couvertes par des clauses de garantie et d’indemnisation, accordant au partenaire contractuel de larges droits. Une responsabilité pour violation d’obligation accessoire selon l’article 280 BGB peut également s’appliquer. Dans les cas les plus graves, par exemple en cas de faute intentionnelle ou de négligence grave, il peut même y avoir une responsabilité délictuelle selon l’article 823 BGB voire une responsabilité pénale.

Quelle est la distinction juridique entre representations et warranties ?

Bien que « representations » et « warranties » soient souvent traduits ensemble en droit allemand (par exemple dans les contrats internationaux de M&A comme « déclarations et garanties »), il s’agit juridiquement de concepts différents. Une representation est une affirmation de fait relative à des circonstances présentes ou passées, tandis qu’une warranty est un engagement contractuel ou une garantie concernant l’existence ou l’arrivée d’une circonstance déterminée. Cette distinction est juridiquement pertinente, notamment pour savoir si une inexactitude ouvre la voie à une action en dommages-intérêts (notamment contractuelle), ou à un droit de rétractation voire à une annulation pour dol. En common law, une representation erronée conduit plutôt à des actions pour misrepresentation, alors qu’une warranty erronée fonde principalement des droits contractuels à indemnisation.

Dans quelle mesure les representations peuvent-elles être exclues ou modifiées contractuellement ?

Les parties à un contrat peuvent, en principe, aménager librement la portée des representations, sous réserve qu’aucun interdit légal ou disposition impérative n’y fasse obstacle. Il est courant dans les contrats internationaux d’adopter des clauses dites « entire agreement » stipulant que les representations faites en dehors du contrat restent sans effet. Il est également possible de convenir d’exclusions de responsabilité (disclaimers) ou de limitations portant sur la connaissance et les obligations de diligence dans le contrat. Cependant, cela n’est possible que dans la mesure où ces stipulations ne contreviennent pas à des règles d’ordre public, en particulier celles de la protection des consommateurs ou du droit des conditions générales (§§ 305 et suiv. BGB). Dans des cas particuliers, certaines representations, par exemple en ce qui concerne la commercialisation d’un bien, peuvent être soumises à des exigences légales minimales qui ne peuvent pas être écartées par contrat.

Qui supporte la charge de la preuve en cas de litige sur la véracité d’une representation ?

La charge de la preuve quant à l’exactitude d’une representation incombe en principe à celui qui conteste sa véracité, typiquement à la partie contractante à qui la declaration a été faite. Celle-ci doit prouver, en cas de litige, que la representation donnée était effectivement inexacte et qu’elle en a subi un dommage. Pour les garanties ou les assurances contractuelles expressément stipulées comme telles, la charge de la preuve peut toutefois être inversée, obligeant le garant à prouver que la situation garantie existe réellement. La pratique judiciaire et la rédaction contractuelle jouent ici un rôle essentiel, de même que la formulation de règles de preuve dans le contrat lui-même (clauses « burden of proof »).

Quel rôle jouent les representations lors des acquisitions d’entreprises (opérations de M&A) ?

Lors des opérations de M&A, les representations sont d’une importance centrale parce qu’elles permettent à l’acquéreur d’avoir un aperçu des aspects juridiques et économiques essentiels de la société cible. Les exemples classiques sont les declarations relatives à la propriété d’actions ou d’actifs, à la régularité de la comptabilité, à l’existence de procédures judiciaires en cours ou au respect des règles de conformité. Elles servent à l’acquéreur pour identifier les risques et sécuriser la transaction, par exemple par des réductions de prix, des retenues sur le prix d’achat ou des clauses d’indemnisation. Les representations erronées ou incomplètes peuvent entraîner d’importantes réclamations en dommages-intérêts et garanties, et constituent souvent le point de départ de litiges longs après la conclusion de la vente.

Comment juger les representations à l’aune du droit allemand de la protection des consommateurs ?

En droit allemand de la consommation, les representations sont soumises à des restrictions particulières et à des exigences de transparence. Si, par exemple, une representation sur l’état d’un bien est donnée à un consommateur, celui-ci bénéficie d’une protection étendue par le droit de la garantie et contre les indications trompeuses selon les §§ 434 et suiv. BGB ainsi que la loi contre la concurrence déloyale (UWG). Les exclusions ou limitations des representations à l’égard du consommateur sont souvent inopposables si elles constituent un désavantage déraisonnable (§ 309 BGB). En outre, l’entrepreneur est tenu de fournir des informations vraies, complètes et non trompeuses sous peine d’amendes, d’avertissements ou de demandes de dommages-intérêts.