Définition juridique du Reliance
Définition du terme Reliance
Le terme Reliance (en anglais pour « confiance » ou « se fier à ») désigne, dans le contexte juridique, la confiance fondée d’une partie en une certaine assurance, déclaration ou comportement d’une autre partie dans le cadre d’une relation juridique. Reliance est principalement d’importance dans les systèmes de Common Law, notamment en droit des contrats, en droit de la responsabilité délictuelle et dans le domaine des demandes d’indemnisation. En droit allemand, le terme trouve principalement son application dans le cadre des institutions de la protection de la confiance et de la responsabilité fondée sur la confiance.
Principes de base du principe de Reliance
Le principe de Reliance occupe une position centrale lorsque deux ou plusieurs parties sont en relation juridique et qu’une partie se fie au comportement ou aux déclarations de l’autre partie pour prendre ses propres dispositions. Ces dispositions fondées sur la Reliance peuvent entraîner des risques et des conséquences juridiques, notamment lorsque la confiance s’avère a posteriori non fondée.
Reliance en droit des contrats
Importance en droit anglo-américain des contrats
En droit anglo-américain des contrats, la Reliance constitue un élément central, en particulier dans le contexte du reliance damages, c’est-à-dire la réparation du préjudice de confiance subi par une partie qui s’est fiée à une promesse ou à un accord et a, en conséquence, engagé des dépenses.
Reliance et Promissory Estoppel
L’institution juridique du Promissory Estoppel empêche une partie de révoquer une assurance ou une promesse donnée sur laquelle l’autre partie a agi dans une confiance légitime et reconnaissable et de ce fait a subi un préjudice. Le droit protège ici la Reliance d’une partie, éventuellement même en l’absence de contrat formellement contraignant.
Reliance Damages
Reliance Damages désignent le préjudice patrimonial subi par une partie du fait qu’elle, en se fiant à une promesse ou à l’exécution d’un contrat, a effectué des dépenses qui sont perdues en cas de non-exécution. L’objectif de ce type d’indemnisation est de rétablir la situation patrimoniale comme si la partie ne s’était jamais fiée à la promesse ou au comportement de l’autre partie.
Reliance en droit des contrats allemand
En droit allemand, il n’existe pas de véritable institution autonome de la Reliance. Toutefois, des principes juridiques comparables, comme la culpa in contrahendo (faute lors de la conclusion du contrat, § 311 al. 2 BGB) et l’institution juridique du venire contra factum proprium (interdiction du comportement contradictoire), protègent les intérêts des parties ayant confiance de bonne foi.
Reliance en droit de la responsabilité délictuelle
En matière de responsabilité délictuelle, la Reliance peut jouer un rôle si une partie subit un dommage du fait d’un comportement déloyal ou négligent après s’être fiée à des actes matériels ou à des promesses. En particulier dans le cas des reliance torts – par exemple dans le cas de la fraude (fraudulent misrepresentation) – les intérêts de confiance de la victime sont protégés et des demandes d’indemnisation peuvent en découler.
Reliance dans le contexte de la négociation contractuelle et de la responsabilité précontractuelle
Pre-contractual Reliance
Dans le cadre de la phase précontractuelle (pre-contractual phase), une partie peut, sur la base de négociations préalables ou d’assurances précontractuelles, prendre des dispositions. Si cela entraîne un dommage, par exemple en raison d’un désistement ultérieur ou de l’échec des négociations, la question d’un droit à réparation fondé sur la Reliance se pose. En droit allemand, de tels droits existent dans le cadre de la responsabilité précontractuelle (§ 311 al. 2, al. 3 BGB, culpa in contrahendo).
Fondements de la responsabilité
Les principaux fondements de la responsabilité découlent notamment de :
- § 311 al. 2 BGB (initiative de la relation d’obligation)
- § 242 BGB (principe de la bonne foi et de la protection de la confiance)
- § 826 BGB (préjudice intentionnel contraire aux bonnes mœurs)
Reliance dans les relations juridiques internationales
Distinction avec l’Expectation Interest
En droit international des contrats, on distingue entre le reliance interest (intérêt de confiance) et le expectation interest (intérêt d’attente). Alors que l’Expectation Interest vise l’attente d’exécution, le Reliance Interest porte sur la compensation du préjudice de confiance causé par des investissements ou actions engagés en se fiant à la conclusion ou à l’exécution du contrat.
Application dans l’arbitrage et les contrats commerciaux
Dans l’arbitrage international, notamment en matière commerciale et de protection des investissements, la Reliance peut jouer un rôle décisif lorsque des entreprises engagent des dépenses importantes en se fiant à des engagements ou promesses d’investissement. Il n’est pas rare que des demandes d’indemnisation soient invoquées sur la base de la Reliance, même en dehors de relations contractuelles classiques.
Particularités de la Reliance en droit des sociétés et en droit du travail
En droit des sociétés, la Reliance peut intervenir lorsque des associés font des déclarations ou adoptent des comportements sur lesquels des tiers ou d’autres associés se fient et engagent en conséquence des dispositions. Il en va de même en droit du travail, par exemple lors de promesses faites dans le cadre de négociations contractuelles ou en lien avec des changements organisationnels auxquels les salariés se fient et tirent des conséquences.
Conditions du droit à l’indemnisation du préjudice de confiance (Reliance Damages)
Les conditions générales d’un droit à indemnisation d’un dommage causé par la Reliance – par exemple en droit allemand dans le cadre de la responsabilité précontractuelle – sont les suivantes :
- Accomplissement d’un acte juridiquement pertinent dans la confiance légitime en une déclaration, une assurance ou un comportement.
- Lien de causalité entre l’acte et le dommage subi.
- Caractère digne de protection de la confiance, notamment absence d’intérêts opposés de la partie adverse.
- Garantie ou engagement de responsabilité de la part du participant potentiellement responsable (de manière explicite ou implicite).
Importance politique et propositions de réforme
La Reliance et l’assurance institutionnelle des intérêts de confiance des parties jouent un rôle croissant dans le droit économique moderne, notamment en ce qui concerne la flexibilisation des négociations contractuelles, la numérisation des relations d’affaires ou la protection des investissements. Les discussions de politique juridique portent donc sur le renforcement de la protection de la confiance et de la Reliance, par exemple par la codification légale des relations précontractuelles et des relations de pourparlers.
Conclusion
Le terme Reliance constitue un concept juridique central pour la protection de la confiance légitime, qui, tant en Common Law que dans le droit allemand et européen, revêt une importance fondamentale. La Reliance comprend des mécanismes de protection juridique pour les parties qui se fient à des promesses, comportements ou offres contractuelles et, sur cette base, prennent des dispositions importantes. La protection de cette confiance constitue, dans de nombreux domaines du droit – du droit des contrats à la responsabilité délictuelle, en passant par le droit des sociétés –, une base essentielle pour la fiabilité et la prévisibilité des relations juridiques. Les demandes d’indemnisation et les cas de responsabilité correspondants garantissent que la protection de la confiance et la Reliance sont au cœur des systèmes juridiques modernes.
Questions fréquemment posées
Quels sont les risques juridiques liés à l’utilisation de la Reliance dans le commerce international ?
L’utilisation de la Reliance, c’est-à-dire la confiance accordée aux déclarations, actes ou assurances d’un partenaire contractuel, comporte des risques juridiques particuliers dans le commerce international. Un problème central est que les ordres juridiques nationaux traitent la Reliance de manière différente ; notamment en Common Law, comme en Angleterre ou aux États-Unis, la Reliance peut, selon le principe du Promissory Estoppel, créer un engagement contractuel même sans offre formelle. En revanche, les pays de droit civil comme l’Allemagne exigent en général des conditions plus strictes pour reconnaître la responsabilité précontractuelle résultant de la Reliance. Ainsi, dans le commerce international, des incertitudes peuvent surgir si le droit applicable au contrat ou aux relations précontractuelles n’est pas expressément défini. Si une partie omet d’introduire des clauses de choix de la loi applicable ou de vérifier attentivement les conditions de la responsabilité fondée sur la Reliance, elle peut s’exposer à des réclamations pour préjudices résultant d’une confiance déçue, par exemple lorsqu’une partie a pris des dispositions sur la base d’une promesse non tenue. L’incertitude fréquente concernant la portée et la reconnaissance du principe de la Reliance peut donc entraîner d’importants risques financiers et procéduraux.
Comment une partie peut-elle limiter ou exclure contractuellement à l’avance sa responsabilité découlant de la Reliance ?
Une partie peut limiter la responsabilité en matière de Reliance de différentes manières dans le contrat. Il est courant d’insérer une clause d’exonération de responsabilité dans un protocole d’accord, une lettre d’intention (Letter of Intent) ou un contrat non contraignant, qui précise explicitement qu’aucune obligation juridique ni responsabilité pour des dispositions fondées sur la confiance n’est encourue. Toutefois, de telles clauses doivent être formulées de façon claire et non équivoque pour être valables et éviter tout litige ultérieur. Surtout en Common Law, il est essentiel de spécifier qu’aucune « reasonable Reliance » ne doit être déclenchée et qu’aucun « Promissory Estoppel » ne doit s’appliquer. À l’inverse, dans les ordres juridiques de droit continental, la validité de telles clauses de non-responsabilité est plus strictement limitée, en particulier en cas de dol ou de tromperie délibérée. Une partie peut également prévoir des limitations du montant de l’indemnisation ou des plafonds de responsabilité pour rendre le risque plus prévisible en cas de préjudice fondé sur la confiance. Il est toujours conseillé, en cas de doute, de consulter un avocat, car la validité de telles clauses dépend de la jurisprudence et du droit applicable choisi.
Quelles conditions une partie doit-elle remplir pour faire valoir une demande d’indemnisation en cas de responsabilité fondée sur la Reliance ?
Dans le contexte juridique, diverses conditions doivent être réunies pour faire valoir une demande d’indemnisation fondée sur la Reliance, conditions qui varient selon les systèmes juridiques. En Common Law (par exemple Promissory Estoppel), les points suivants sont particulièrement requis : une partie doit avoir donné une assurance crédible ou adopté un comportement sur lequel l’autre partie pouvait raisonnablement se fier ; la partie qui s’est basée sur la confiance doit avoir pris une décision ou investi d’une manière économiquement défavorable ; il doit également apparaître inéquitable ou injuste de lui refuser l’indemnisation du préjudice en résultant. En droit allemand, la responsabilité fondée sur la Reliance se justifie principalement sur la base du principe de la faute lors des négociations contractuelles (culpa in contrahendo, § 311 al. 2, § 241 al. 2 BGB) : il doit exister un contact juridique entre les parties, un fondement légitime de confiance doit avoir été créé et celui-ci doit avoir été détruit par le comportement de l’autre partie, entraînant ainsi un préjudice patrimonial pour la partie initiale. La faute de l’autre partie, par exemple par tromperie ou autre violation d’obligations accessoires, est également décisive. Le préjudice doit être causé de manière causale par la confiance légitime et les décisions prises.
Dans quelle mesure la Reliance est-elle juridiquement pertinente dans le contexte des « Letters of Intent » ?
Les Letters of Intent (LoI) sont des instruments couramment utilisés dans les transactions commerciales internationales pour attester de la volonté de négocier entre les parties ; juridiquement, elles sont toutefois généralement conçues comme non contraignantes. Malgré cela, la Reliance peut, dans le contexte d’un LoI, créer des obligations juridiques, par exemple lorsqu’une partie développe une confiance légitime dans la conclusion d’un contrat et prend des dispositions sur cette base. Les tribunaux examinent alors si, à partir du texte, du comportement des parties et des circonstances du cas concret, une offre contraignante ou une assurance pouvait être déduite sur laquelle l’autre partie pouvait raisonnablement se fier. Plus un LoI est rédigé de manière détaillée et concrète, plus il y a de risques qu’un tribunal reconnaisse la Reliance et donc la responsabilité précontractuelle. Il est donc essentiel de rédiger les LoI avec soin afin d’éviter d’éventuels effets contraignants non désirés et la responsabilité de Reliance qui en découle – par exemple, en précisant explicitement leur absence de caractère obligatoire. Les entreprises doivent également veiller à ne pas inclure dans les LoI d’indications d’action ou de promesses spécifiques susceptibles de déclencher la Reliance.
Quel rôle joue le droit applicable dans les demandes liées à la Reliance ?
Le droit applicable a une importance décisive pour les demandes relatives à la Reliance, car les différents ordres juridiques nationaux traitent de manière très différente le principe de la Reliance. Dans la Common Law, comme nous l’avons déjà expliqué, le principe du Promissory Estoppel s’est développé comme fondement autonome de la demande, tandis qu’en droit allemand, c’est principalement la relation précontractuelle qui sert de point d’ancrage. Le droit applicable est déterminé par des clauses de choix de loi ou, en leur absence, par les règles du droit international privé (par exemple, le règlement Rome I dans l’UE). Les différences en termes de régimes de responsabilité, de règles de preuve et de limitations de responsabilité exigent d’envisager dès la conclusion du contrat les effets et risques potentiels des demandes fondées sur la Reliance selon le droit choisi. Toute omission à ce stade peut exposer une partie à des risques de responsabilité imprévus ou rendre difficile la mise en œuvre de droits légitimes. À l’inverse, un choix habile du droit applicable peut minimiser ou rendre prévisible les risques liés à la Reliance.
En quoi la responsabilité fondée sur la Reliance diffère-t-elle de la responsabilité classique pour violation de contrat ?
La responsabilité fondée sur la Reliance se distingue sensiblement de la responsabilité classique pour violation de contrat (responsabilité contractuelle). Pour cette dernière, il faut un contrat valable existant qui a été violé ; les dommages-intérêts sont alors accordés pour les préjudices résultant de la non-exécution des obligations contractuelles (ce que l’on appelle l’intérêt à l’exécution). À l’inverse, la responsabilité de la Reliance réside généralement dans la confiance légitime pendant les négociations précontractuelles ou l’exécution du contrat, donc déjà avant ou parallèlement au contrat proprement dit. Elle vise à compenser les préjudices patrimoniaux subis par une partie sur la base de la confiance dans les déclarations ou les actes de l’autre partie (dit intérêt négatif). Le champ de protection est ainsi plus large, mais peut, en pratique, aussi être limité, par exemple si aucun lien de causalité adéquat ne peut être prouvé. La responsabilité fondée sur la Reliance constitue donc un instrument permettant de combler les lacunes de la protection classique du droit des contrats, mais elle ne constitue pas une alternative pleine et entière à la responsabilité contractuelle.
Quand la Reliance est-elle particulièrement pertinente en droit allemand pour l’interprétation des clauses contractuelles ?
En droit allemand, la Reliance est particulièrement pertinente dans l’interprétation des clauses contractuelles lorsqu’il s’agit de comprendre et de délimiter la portée des engagements précontractuels, des accords annexes ou des obligations spécifiques. Cela vaut surtout lorsque des formulations ambiguës ou contradictoires existent, créant ainsi une situation de confiance sur laquelle une partie fondait ses décisions. La jurisprudence examine alors, à la lumière des §§ 133, 157 BGB (interprétation selon la volonté réelle et la bonne foi), si une situation nécessitant la protection de la confiance d’une partie existe. Lors de l’interprétation contractuelle complémentaire, la Reliance peut également devenir significative, par exemple en cas de risque de lacune dans les règles ou de développement imprévu, lorsqu’une partie se prévaut du fait qu’elle aurait compté sur certains accords annexes. Ici, la Reliance peut jouer un rôle décisif pour ajuster le résultat de l’interprétation à la lumière de la confiance légitime des parties et, le cas échéant, pour créer également des règlements complémentaires au contrat.