Lexique juridique

Reichstag

Notion et nature juridique du Reichstag

La notion Reichstag désigne dans le contexte juridique l’organe central de représentation de divers empires historiques de langue allemande, notamment dans le Saint-Empire romain germanique, l’Empire allemand ainsi que dans la République de Weimar. En tant qu’assemblée parlementaire, le Reichstag assurait au niveau de l’Empire des fonctions législatives, consultatives et parfois juridictionnelles. Sa configuration juridique, sa composition et ses compétences dépendaient du droit constitutionnel et impérial en vigueur à chaque époque.

Étymologie et évolution historique

L’expression « Reichstag » se compose des mots « Reich » (au sens d’État ou territoire de souveraineté) et « Tag » (assemblée ou réunion). À l’origine, ce terme désignait le rassemblement des états ou représentants de l’Empire pour débattre et décider des affaires impériales.

Le Reichstag dans le Saint-Empire romain germanique

Fondements juridiques et structure

Dans le Saint-Empire romain germanique, le Reichstag représentait l’organe central de l’assemblée impériale. Ses bases juridiques étaient constituées des lois fondamentales de l’Empire, de nombreux recès impériaux et de privilèges des états. Les séances se tenaient initialement dans différentes villes, puis régulièrement à Ratisbonne.

Composition et statut juridique des membres

Le Reichstag était structuré selon le collège des princes-électeurs, le Conseil des princes de l’Empire et le collège des villes d’Empire. Les membres disposaient de droits de siège et de vote prévus par le droit impérial, déterminés dans les matricules et recès impériaux. L’obligation de participation était régie par la convocation impériale, son non-respect pouvant entraîner des conséquences juridiques.

Compétences et champ d’action

Le Reichstag jouissait de larges droits de codécision en matière de législation impériale, d’approbation des impôts d’Empire (prestations matriculaires), de conduite de la guerre ainsi que pour la promulgation et l’interprétation du droit impérial. L’approbation du Reichstag aux lois impériales était juridiquement obligatoire, aucune mesure ne pouvant acquérir de validité générale sans son accord.

Évolution de la signification dans l’organisation constitutionnelle

La position du Reichstag évolua d’un organe consultatif à une institution autonome dotée de droits de codécision et de veto face à l’Empereur. Avec la fin du Saint-Empire en 1806, le Reichstag disparut en tant qu’organe juridique de cette union.

Le Reichstag sous l’Empire allemand (1871-1918)

Statut constitutionnel

Avec la Constitution impériale de 1871, le terme Reichstag fut repris pour désigner l’organe législatif fédéral élu par l’ensemble des citoyens masculins. La base juridique était la Constitution de l’Empire allemand du 16 avril 1871, qui consacrait le Reichstag comme la représentation populaire centrale.

Droit électoral et durée du mandat

L’élection du Reichstag se faisait au suffrage universel, égal, direct et secret. Les règles juridiques y afférentes étaient fixées par la loi électorale impériale, qui déterminait les modalités du scrutin, de l’acceptation et de la perte du mandat, de l’incompatibilité et des procédures de contrôle électoral.

Compétences et attributions

Les pouvoirs du Reichstag comprenaient notamment le droit d’initiative, la législation impériale, la codécision du budget ainsi que les droits d’interpellation et de contrôle sur le gouvernement impérial. Le Reichstag pouvait instituer des commissions d’enquête (art. 23 RV), consacrant ainsi d’importants droits de contrôle et de renseignement dans la Constitution impériale.

Relations avec le Bundesrat et l’Empereur

La procédure législative exigeait la coopération du Reichstag, du Bundesrat (représentation des États fédérés) et de l’Empereur (chef de l’État). Les lois impériales devaient être approuvées à la fois par le Reichstag et le Bundesrat, puis revêtir la forme officielle par l’Empereur conformément aux normes constitutionnelles.

Le Reichstag durant la République de Weimar (1919-1933)

Base juridique et signification

Avec la Constitution de Weimar de 1919, le Reichstag fut inscrit comme unique représentation populaire de l’Empire aux articles 20 et suivants. L’élection et la composition obéissaient à la représentation proportionnelle, régie par la loi électorale impériale et des règlements électoraux régionaux.

Attributions et statut juridique

Le Reichstag de Weimar disposait de vastes droits en matière de législation, de formation du gouvernement et d’enjeux politiques de confiance. Le vote de défiance contre le chancelier du Reich nécessitait la désignation positive d’un successeur (motion de censure constructive, art. 54 WRV). Le Reichstag avait l’initiative législative, le droit de constituer des commissions et des mécanismes d’enquête pour contrôler le gouvernement du Reich.

Effets juridiques et mécanismes de contrôle

L’instabilité politique des années de Weimar se reflétait dans un recours fréquent aux droits de contrôle parlementaires. La procédure législative et le contrôle budgétaire étaient précisément réglementés par la Constitution, accordant au Reichstag d’importantes prérogatives de légitimation et de sanction.

Cas particuliers : le Reichstag dans le contexte d’autres systèmes constitutionnels

Landtag prussien et Reichstag

Avant et parallèlement aux Reichstags de l’Empire allemand, le terme Reichstag fut utilisé pour désigner divers parlements régionaux, par exemple dans le royaume de Prusse et d’autres États membres de la Confédération germanique. Leurs compétences juridiques découlaient des constitutions régionales respectives.

Le Bundestag allemand en tant qu’institution successorale

Avec la fondation de la République fédérale d’Allemagne en 1949, la dénomination Reichstag fut abandonnée. Historiquement, le terme demeura en tant que synonyme du bâtiment du Reichstag à Berlin. Les fonctions juridiques et institutionnelles furent désormais assurées par le Bundestag allemand en tant que nouveau parlement fédéral.

Importance historique et institutionnelle

Reichstag et évolution du droit constitutionnel

Le Reichstag a fortement marqué le développement de la représentation parlementaire et du droit constitutionnel germanique. En tant qu’organe législatif et consultatif, il constituait un lien entre la monarchie et la participation des ordres ou la codécision démocratique. Les innovations en matière de droit électoral et parlementaire ont transité par le Reichstag pour entrer dans le droit en vigueur.

Conséquences dans le droit public allemand

L’évolution historique du Reichstag a influencé le droit parlementaire, le droit des institutions de l’État ainsi que le droit constitutionnel des États successeurs. Le terme Reichstag représente donc, juridiquement, le développement d’institutions centrales représentatives et démocratiques ainsi que de procédures législatives dans le droit étatique allemand.

Conclusion

La notion Reichstag représente dans le contexte juridique un organe parlementaire central de différents empires allemands, dont les compétences, la composition et les missions étaient intégralement régies par le droit constitutionnel respectif et la législation impériale. L’évolution du Reichstag au fil de l’histoire constitutionnelle allemande témoigne autant de la transition d’une représentation monarchique et d’ordres vers l’organisation parlementaire démocratique, que du développement de principes centraux de l’État de droit dans le domaine du droit public.

Questions fréquentes

Quel statut juridique avait le Reichstag dans l’Empire allemand ?

Le Reichstag de l’Empire allemand (1871-1918) était un organe constitutionnel central dont le statut juridique était fixé par la Constitution impériale de Bismarck du 16 avril 1871. Il était le seul organe législatif élu directement au niveau de l’Empire et détenait le droit d’initiative législative conjointement avec le Bundesrat et l’Empereur. La législation ne pouvait être adoptée qu’avec l’accord du Reichstag. Toutefois, ses compétences étaient limitées par les éléments fédéraux et surtout par la position dominante du Bundesrat et du monarque. Le Reichstag contrôlait le droit budgétaire (notamment pour le budget impérial), mais il ne disposait initialement que de droits d’approbation limités à un an pour le budget militaire (septennat, puis budget militaire de sept ans). L’exécutif, c’est-à-dire le chancelier et le gouvernement, n’était pas responsable devant lui et ne pouvait être évincé par un vote de défiance. Les députés bénéficiaient de l’indemnité et de l’immunité, ce qui garantissait leur protection juridique dans le cadre de leur activité parlementaire.

Quelles compétences juridiques le Reichstag possédait-il dans la République de Weimar ?

Dans la République de Weimar (1919-1933), le Reichstag formait, avec le Reichsrat et le président du Reich, l’organe central de la législation. La Constitution de Weimar de 1919 a renforcé la position du Reichstag : lui seul adoptait toutes les lois impériales et contrôlait le gouvernement (le chancelier et les ministres du Reich lui étaient politiquement responsables) et pouvait les démettre par un vote de défiance constructif (§54 WRV). Il disposait en outre du droit budgétaire, d’approuver la déclaration de guerre, du droit de contrôle de l’exécution des lois et de la possibilité de révoquer certains ministres. Des mécanismes de démocratie directe par initiative populaire et référendum étaient prévus, un droit qui complétait, sans l’annuler, la primauté législative du Reichstag. Ses compétences furent toutefois restreintes par les pouvoirs d’exception du président du Reich (art. 48 et 25 WRV), qui pouvait dissoudre le Reichstag et gouverner par décret dans certaines circonstances.

Dans quel cadre juridique le Reichstag pouvait-il être dissous ?

Les conditions juridiques et les procédures de dissolution du Reichstag variaient selon les époques historiques. Dans l’Empire allemand, le Bundesrat, sur demande de l’Empereur, pouvait décider la dissolution du Reichstag, ce qui imposait l’organisation de nouvelles élections dans les 60 jours (§24 RV 1871). Dans la République de Weimar, seul le président du Reich pouvait dissoudre le Reichstag selon l’art. 25 de la Constitution, mais il devait organiser de nouvelles élections dans un délai de 60 jours. Dans les deux cas, la dissolution constituait un instrument important du pouvoir exécutif ou du souverain, servant de moyen de pression politique contre l’opposition parlementaire. Sous le national-socialisme, le Reichstag fut en réalité privé de tout pouvoir et finit par s’auto-dissoudre, sans base constitutionnelle valable.

Quelles immunités les députés du Reichstag possédaient-ils ?

Les membres du Reichstag bénéficiaient de protections juridiques particulières afin de garantir l’indépendance du Parlement. Cela incluait l’indemnité et l’immunité. L’indemnité signifiait que les députés ne pouvaient être poursuivis en justice pour leurs propos ou leurs votes au Reichstag (par exemple §37 RV 1871, art. 36 WRV 1919). L’immunité protégeait les membres contre toute poursuite ou arrestation pendant leur mandat sans l’autorisation du Reichstag, sauf en cas de flagrant délit (art. 37, 38 WRV). De plus, ils étaient exempts de certaines obligations civiques telles que le service militaire ou des fonctions de fonctionnaire durant leur mandat. L’immunité parlementaire pouvait être levée à la demande de la justice par un vote à la majorité du Parlement.

Comment la procédure législative était-elle conçue juridiquement au sein du Reichstag ?

La procédure législative au Reichstag obéissait à des règles juridiques précises. Dans l’Empire allemand, l’initiative pouvait venir du Bundesrat, du Reichstag ou du gouvernement impérial. Une loi n’entrait en vigueur qu’après approbation du Reichstag et du Bundesrat, ainsi qu’après promulgation et publication par l’Empereur. Dans la République de Weimar, le Reichstag lui-même, le Reichsrat ou le gouvernement pouvaient présenter des propositions de loi. Le Reichstag débattait et adoptait les lois, qui entraient en vigueur après contresignature du président du Reich et publication au Journal officiel impérial. Le droit d’initiative pouvait aussi être exercé par référendum ou pétition populaire (art. 73 sqq. WRV).

Le Reichstag disposait-il du droit absolu de s’auto-dissoudre ?

Un droit d’auto-dissolution du Reichstag n’existait ni dans l’Empire allemand ni dans la République de Weimar. La dissolution ne pouvait être décidée que par des instances étatiques extérieures – dans l’Empire allemand par le Bundesrat sur proposition de l’Empereur, dans la République de Weimar uniquement par le président du Reich. Le Parlement ne disposait d’aucun moyen juridique de se dissoudre lui-même par un simple vote. En revanche, le délai entre dissolution et nouvelle élection était juridiquement strictement fixé, garantissant une reprise rapide de l’activité parlementaire.

Comment le contrôle juridique du Reichstag sur le gouvernement était-il organisé ?

Dans l’Empire allemand, il n’existait pas formellement de responsabilité juridique du gouvernement envers le Reichstag. Le chancelier et les ministres impériaux étaient uniquement responsables devant l’Empereur et ne pouvaient être révoqués par un vote de défiance parlementaire. Dans la République de Weimar, en revanche, le gouvernement était politiquement et juridiquement responsable devant le Reichstag. Un vote de défiance constructif majoritaire pouvait à tout moment révoquer le chancelier du Reich et par conséquent le gouvernement. Cette construction visait à instaurer un contrôle parlementaire sur l’exécutif. Les ministres pouvaient également être révoqués par décision majoritaire négative (art. 54 WRV). Le contrôle comportait aussi des commissions d’enquête, des questions et des interpellations.

Quelles dispositions juridiques régissaient l’élection du Reichstag ?

Dans l’Empire allemand, l’élection du Reichstag était fondée sur le suffrage universel, direct et secret pour tous les citoyens masculins de plus de 25 ans, régi par la loi électorale impériale de 1871. Les élections se déroulaient au scrutin majoritaire uninominal. Dans la République de Weimar, le droit électoral fut profondément réformé par la Constitution de Weimar : les femmes obtinrent le droit de vote et d’éligibilité, l’âge fut abaissé à 20 ans et la répartition des sièges se fit selon la représentation proportionnelle sur des listes régionales. Les bases juridiques établirent les conditions d’une plus grande légitimité démocratique et traduisaient la vocation du Reichstag comme organe représentatif. L’organisation des élections a toujours été définie en détail dans des lois spécifiques.