Refus de prêter serment : définition et qualification juridique
Le refus de prêter serment est un terme du droit allemand qui désigne l’abstention volontaire et déclarée de prêter serment par une personne priée de le faire. Le droit de refuser de prêter serment revêt une importance particulière en droit pénal procédural, en droit processuel civil ainsi que dans les procédures administratives. Il détermine dans quelles conditions une personne a le droit ou l’obligation de refuser de prêter serment et décrit les conséquences juridiques d’un refus injustifié de prêter serment.
L’importance du serment en droit allemand
Fonction du serment
Le serment, en droit allemand, est une affirmation solennelle de la véracité ou de la justesse d’une déclaration ou d’une affirmation. Prêter serment confère une crédibilité et une force particulière au témoignage. Le serment joue un rôle central devant les tribunaux, notamment pour les témoignages ou dépositions de parties.
Fondements juridiques
Les dispositions relatives à la prestation et au refus de serment se trouvent dans le Code civil (BGB), le Code de procédure civile (ZPO), le Code de procédure pénale (StPO), la Loi sur l’organisation judiciaire (GVG) ainsi que dans diverses lois de spécialité et lois de procédure administrative.
Refus de prêter serment en procédure civile
Réglementations légales
En procédure civile, l’article 393 du ZPO régit le refus de prêter serment. Les témoins, parties ou tiers invités à prêter serment peuvent refuser la prestation du serment pour certains motifs prévus par la loi.
Motifs admissibles de refus de serment
- Lien de parenté : Les proches parents des parties au procès peuvent, conformément à l’article 383 du ZPO, refuser de témoigner et donc également de prêter serment.
- Risque d’auto-incrimination : Selon l’article 384 du ZPO, les témoins peuvent refuser de témoigner et donc de prêter serment dans la mesure où leur déclaration les exposerait à un risque de poursuite pénale.
- Titulaires de secrets professionnels : Certaines personnes telles que les ecclésiastiques, médecins ou avocats sont habilitées à refuser de prêter serment si elles sont tenues au secret professionnel (§ 385 ZPO).
Conséquences d’un refus injustifié de prêter serment
Le refus injustifié de prêter serment constitue une infraction administrative ou pénale et peut, selon l’article 409 ZPO, être sanctionné par une amende ou une détention disciplinaire. L’exécution forcée de la prestation du serment est toutefois exclue.
Refus de prêter serment en procédure pénale
Cadre légal
En procédure pénale, les articles 52 et suiv. du StPO déterminent les conditions et les conséquences d’un refus légitime ou illégitime de prêter serment. Le refus de prêter serment se distingue du droit de refuser de témoigner, qui concerne l’abstention totale de déclaration.
Catégories de personnes admises à refuser le serment
Les personnes suivantes sont autorisées à refuser le serment conformément aux articles 52, 53, 55 StPO :
- Les proches de l’accusé (par exemple conjoints, parents, enfants)
- Détenteurs de secrets professionnels comme les médecins, ecclésiastiques, journalistes
- Témoins qui, par leur déclaration, s’exposeraient eux-mêmes ou exposeraient leurs proches à un danger
Refus injustifié de prêter serment : sanction pénale
Le refus injustifié de prêter serment constitue selon l’article 70 StPO une irrégularité procédurale. Dans les cas graves, une sanction pénale est également possible, notamment lorsqu’un témoin refuse sans motif valable de prêter serment. Les sanctions légales vont de l’amende à la détention disciplinaire.
Refus de prêter serment en procédure administrative
Dispositions générales
Dans les procédures administratives, la prestation de serment peut être exigée, par exemple dans le cadre d’attestations sur l’honneur. La Loi sur la procédure administrative (§ 28 VwVfG) prévoit pour certains actes administratifs la possibilité de demander un serment.
Droit au refus de prêter serment
En procédure administrative également, le droit de refuser le serment sous les conditions prévues par le droit processuel s’applique. Ainsi, par exemple, les proches parents ainsi que les détenteurs de secrets professionnels peuvent, pour protéger les secrets privés, refuser de prêter serment.
Aspects pénaux du refus injustifié de prêter serment
Sanction pénale selon le StGB
Le refus injustifié de prêter serment peut, en vertu de l’article 70 StPO, en lien avec les infractions de faux témoignage et de parjure (§§ 153 et suiv. StGB), revêtir une importance pénale. Celui qui refuse à tort de prêter serment ou refuse de dire la vérité devant le tribunal peut être poursuivi pour faux témoignage ou parjure.
Détermination de la peine et conséquences juridiques
Les peines pour un refus injustifié de prêter serment peuvent aller de l’emprisonnement à l’amende. La conséquence juridique précise dépend des circonstances de chaque cas, en particulier du degré de faute et de l’importance du serment pour la procédure.
Différence : droit de refuser de témoigner et refus de serment
Le droit de refuser de témoigner permet au témoin de ne rien dire du tout, tandis que le droit de refuser le serment vise uniquement à ne pas prêter serment tout en faisant une déclaration. Les deux droits peuvent être exercés simultanément ou indépendamment l’un de l’autre.
Aperçu des principales dispositions
Domaine | Base légale | Droit au refus de prêter serment |
---|---|---|
Procédure civile | §§ 383-393 ZPO | Oui, sous certaines conditions |
Procédure pénale | §§ 52-55, 70 StPO | Oui, pour certaines personnes |
Procédure administrative | § 28 VwVfG, dispositions spécifiques au domaine | Oui, avec restrictions |
Droit pénal | §§ 153-156 StGB | Sanction pénale en cas de refus injustifié |
Résumé : importance du refus de prêter serment en droit allemand
Le refus de prêter serment constitue une garantie procédurale importante qui sert aussi bien à la protection des droits individuels qu’à la recherche de la vérité dans la procédure judiciaire. Il est clairement réglementé par la loi et soumis à des conditions strictement définies. Les limites entre refus légitime et illégitime de prêter serment sont définies par la loi et vérifiées au cas par cas par la juridiction compétente. Un refus injustifié de prêter serment peut entraîner de graves conséquences juridiques.
Voir aussi :
- Droit de refuser de témoigner
- Faux témoignage
- Parjure
- Protection des témoins
- Droit processuel
Littérature :
- Münchener Kommentar zur Zivilprozessordnung
- Löwe-Rosenberg, Commentaire sur le StPO
- Palandt, Code civil allemand
- Fischer, Code pénal allemand
Liens web :
Questions fréquemment posées
Qui a le droit de faire valoir le refus de serment dans la procédure pénale allemande ?
Le refus de serment dans la procédure pénale allemande peut en principe être invoqué par certains témoins dont les conditions sont prévues dans le Code de procédure pénale (StPO). Selon l’article 61 StPO, il s’agit notamment de l’accusé, de son conjoint ou partenaire de vie, de son/sa fiancé(e), de ses parents ou beaux-parents jusqu’au troisième degré, qui ont le droit de refuser de prêter serment. Ces témoins sont qualifiés de « témoins privilégiés » et bénéficient d’une protection particulière afin d’éviter les conflits de loyauté et les risques d’auto-incrimination. En outre, il existe un droit général de refuser de prêter serment pour les témoins déjà protégés par des droits ou obligations de refus de témoigner au sens des §§ 52-53a StPO. Il convient également de noter que les mineurs n’ayant pas atteint l’âge de seize ans au moment de leur audition peuvent également refuser de prêter serment (§ 60 n°1 StPO).
Le refus de serment doit-il être déclaré expressément et quelle forme doit-il respecter ?
Le refus de serment doit être exprimé de manière explicite et sans équivoque. Le tribunal est tenu d’informer le témoin, avant la prestation de serment, de son droit de refuser le serment lorsque les conditions sont remplies. En l’absence de déclaration explicite, il ne peut être présumé que le témoin a refusé. Un silence ou une réponse évasive n’est pas suffisant – le témoin doit clairement faire savoir qu’il use de son droit de refus de prêter serment. Aucune forme particulière n’est prescrite, la déclaration peut être faite oralement ou par écrit ; en pratique elle a généralement lieu oralement lors de l’audience devant le tribunal ou l’autorité d’enquête. La déclaration est consignée au procès-verbal.
Quelles sont les conséquences d’un refus injustifié de prêter serment ?
Si le serment est refusé sans justification, c’est-à-dire qu’aucun des motifs légaux de refus de serment n’est rempli alors que le témoin est invité à prêter serment, cela peut donner lieu à des mesures disciplinaires. Le témoin peut, selon l’article 70 StPO, se voir imposer une amende et, en cas de récidive, une détention disciplinaire afin de l’inciter à témoigner et à prêter serment. Par ailleurs, le refus injustifié de prêter serment peut être assimilé à un refus de témoigner, entraînant d’autres conséquences juridiques. Si toutefois il existe un motif légitime de refus, aucun préjudice ne peut en résulter pour le témoin et aucune contrainte à la prestation de serment n’est admissible.
Le refus de prêter serment diffère-t-il entre la procédure civile et la procédure pénale ?
Oui, des dispositions spécifiques s’appliquent à la procédure civile. Tandis que le Code de procédure pénale réglemente très précisément le refus de serment en liaison avec les droits de refus de témoigner ou de répondre, le Code de procédure civile (ZPO), à l’article 478, prévoit également la possibilité de refuser le serment, mais ce droit est essentiellement accordé aux témoins bénéficiant aussi d’un droit de refus de témoignage. Il existe en matière civile également des dispositions particulières, par exemple pour les témoins parties, experts ou de documents. La délimitation et l’application des règles de refus de serment dépendent souvent de la fonction concrète du témoin et de l’état d’avancement de la procédure.
Quelles obligations de collaboration subsistent malgré le refus de prêter serment ?
Le refus de serment ne libère pas entièrement le témoin de ses obligations dans la procédure. Ainsi, le témoin reste en général tenu de déposer, sauf s’il invoque également un droit au refus de témoigner. Le refus de prêter serment ne concerne que l’obligation de confirmer sous serment ce qui a été dit. Le témoin doit, malgré son refus de prêter serment, comparaître, témoigner sur le fond et dire la vérité, sauf s’il bénéficie d’un droit de refus de témoignage ou n’en fait pas usage. L’obligation de dire la vérité existe indépendamment de la prestation de serment, seule la confirmation solennelle par serment fait défaut. À noter ici que le faux témoignage peut être pénalement répréhensible même en l’absence de prestation de serment.
Comment un refus de serment influence-t-il la force probante et le jugement ?
Le refus de prêter serment peut influencer l’appréciation de la preuve par le tribunal, car une déclaration sans prestation de serment a en général moins de poids qu’une déclaration assermentée. Le tribunal doit, dans le cadre de son libre pouvoir d’appréciation des preuves (§ 261 StPO), évaluer la fiabilité et la crédibilité de la déclaration d’un témoin même sans serment. Dans certains cas, l’absence de serment peut être relevée dans le jugement et conduire à une analyse plus critique du témoignage, en particulier en l’absence d’autres éléments à charge ou à décharge. Cependant, l’exercice du droit de refuser le serment ne doit pas être interprété à la défaveur du témoin, c’est-à-dire qu’aucun préjudice ne peut découler du seul exercice de ce droit.
Existe-t-il des exceptions au droit de refus de prêter serment dans des cas particuliers ?
Des exceptions au droit de refus de prêter serment ne sont prévues que dans les cas exactement déterminés par la loi. Dans les procédures contre certaines personnes (par exemple contre un proche parent), le droit de refuser le serment est particulièrement protégé. À l’inverse, ce droit est limité lorsque le témoin est entendu en relation avec ses propres actes (co-inculpé), car ici le principe de non-auto-incrimination (nemo tenetur) tout comme la position de garant jouent un rôle central. Les professionnels tenus au secret (par exemple membres du clergé, médecins, avocats), qui disposent d’un droit de refus de témoignage, bénéficient également du droit de refuser de prêter serment, mais dans ces cas une vérification au cas par cas est nécessaire pour constater si les conditions sont réunies. En somme, le droit de refus de prêter serment est appliqué de façon restrictive et strictement conforme à la loi.