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Reconnaissance des décisions étrangères

Reconnaissance des décisions étrangères

La reconnaissance des décisions étrangères est une notion centrale du droit international privé ainsi que du droit international de la procédure civile. Elle désigne le processus juridique par lequel une décision judiciaire ou administrative rendue à l’étranger devient effective et contraignante sur le territoire d’un autre État. Ce terme concerne tant les décisions de droit civil que celles du droit de la famille, mais également, dans certains cas, les décisions de droit administratif et pénal. La reconnaissance constitue la condition préalable à l’exécution d’une telle décision sur le territoire national et vise à assurer la paix juridique ainsi qu’à protéger les parties contre la multiplication des procédures (principe Ne bis in idem).

Définition et principes fondamentaux

Définition

On entend par reconnaissance des décisions étrangères le respect et la production d’effets d’une décision rendue en dehors de son propre ordre juridique sur le territoire de celui-ci. La reconnaissance signifie ici l’assimilation de la décision étrangère à une décision nationale en ce qui concerne ses effets juridiques, sans qu’un examen du fond soit effectué par l’État d’exécution.

Bases juridiques

La reconnaissance s’appuie sur des conventions internationales (par exemple, Règlement Bruxelles Ia, Convention de Lugano, conventions de La Haye), des traités bilatéraux ou, subsidiairement, sur le droit national, tel que les §§ 108, 109 et suivants du Code de procédure civile allemand (ZPO) ou la loi sur la reconnaissance administrative (AnErkVwG) en Allemagne.

Domaines d’application

Jugements civils

La forme la plus fréquente concerne les jugements relatifs aux contrats, aux demandes de dommages-intérêts, aux litiges délictuels ou à d’autres revendications civiles. La reconnaissance permet, par exemple, de faire valoir en Allemagne des créances monétaires établies à l’étranger.

Décisions de droit de la famille

Cela comprend notamment les jugements de divorce, les décisions relatives à la garde, à la pension alimentaire et à la filiation. Des dispositions spécifiques, telles que la loi sur l’exécution et la reconnaissance (AVAG), réglementent leur efficacité transfrontalière.

Décisions administratives et pénales

S’agissant d’actes administratifs (par exemple droit du nom, reconnaissance étatique des diplômes) ou de jugements pénaux, il existe des obstacles particuliers à la reconnaissance, en raison souvent d’intérêts internes de l’État concerné ou de l’ordre public (ordre public).

Conditions de la reconnaissance

Compétence du tribunal étranger

Pour la reconnaissance, il convient de vérifier si le tribunal étranger était compétent internationalement au regard du droit applicable. Si la compétence internationale fait défaut, la décision reste sans effet dans le pays.

Principe de l’État de droit et garanties procédurales

La décision doit avoir été rendue dans le respect d’une procédure conforme à l’État de droit. La violation de principes essentiels, tels que le droit d’être entendu ou un procès équitable, entraîne le refus de reconnaissance.

Absence de violation de l’ordre public (ordre public)

Si le contenu de la décision ne correspond pas aux principes fondamentaux du droit national (par exemple en cas de violation manifeste des droits de l’homme), la reconnaissance doit être refusée (voir § 328 alinéa 1 n°4 ZPO).

Force exécutoire de la décision étrangère

Une des conditions de la reconnaissance est que la décision étrangère soit revêtue de la force de chose jugée ou définitive, sauf si le régime de reconnaissance applicable en dispose autrement.

Procédure de reconnaissance

Reconnaissance automatique (ex lege) et formelle

Dans de nombreux cas – notamment pour les jugements civils – la reconnaissance a lieu automatiquement, sans qu’il soit nécessaire d’initier une procédure spécifique. Une constatation distincte de la reconnaissance n’est requise que si une preuve formelle est nécessaire, comme lors de l’inscription au registre foncier ou en vue d’une exécution forcée (procédure d’exequatur).

Procédure d’exequatur

L’exequatur sert à déclarer exécutoire une décision étrangère. Après vérification des conditions susmentionnées, le tribunal compétent délivre l’autorisation de procéder à l’exécution forcée du jugement comme s’il s’agissait d’un jugement national. Les modalités sont réglementées, par exemple, aux §§ 722 et suivants du ZPO, à l’article 38 AVAG ou à l’article 41 du Règlement Bruxelles Ia.

Motifs de refus

La reconnaissance doit être refusée si :

  • la décision est fondée sur une violation de l’ordre public (ordre public),
  • la procédure devant le tribunal étranger était entachée de vices graves (en particulier le défaut d’audition des parties),
  • la décision est en contradiction avec une décision nationale ou une autre décision étrangère reconnue (dits jugements contradictoires),
  • la décision n’est pas encore définitive ou la partie adverse peut encore la contester par une voie de recours régulière.

Effets juridiques de la reconnaissance

Par la reconnaissance de la décision étrangère, ses effets juridiques sont transférés à la République fédérale d’Allemagne ou à un autre État reconnaissant. Il est notamment attribué au titre la même valeur qu’à une décision nationale ; il produit ainsi un effet contraignant, exclusif et, le cas échéant, exécutoire.

Instruments juridiques internationaux et spécificités européennes

Union européenne

Au sein de l’Union européenne, le Règlement Bruxelles Ia (Règlement (UE) n° 1215/2012) établit un vaste système de reconnaissance et d’exécution mutuelles des décisions judiciaires sans procédure d’exequatur. Les décisions d’un État membre doivent être, en principe, reconnues dans tous les autres États membres.

Conventions de La Haye

Au niveau international, de nombreuses conventions de La Haye (notamment concernant les enlèvements d’enfants, la tutelle, les pensions alimentaires, les divorces internationaux) régissent la reconnaissance et l’exécution. Par la signature et la ratification, les États s’engagent à respecter les normes et procédures reconnues.

Autres accords multilatéraux ou bilatéraux

En l’absence de conventions internationales ou de règlements de l’UE, des accords bilatéraux conclus individuellement entre États s’appliquent. Leurs dispositions sont alors d’application prioritaire.

Différence avec l’exécution des décisions étrangères

La reconnaissance concerne l’effet juridique sur le territoire national, en particulier l’effet contraignant et exclusif. Ce n’est qu’après la reconnaissance, si nécessaire, que l’exécution a lieu, pour laquelle l’exequatur est nécessaire. Reconnaissance et exécution constituent donc deux étapes successives, mais juridiquement distinctes.

Résumé

La reconnaissance des décisions étrangères est un processus complexe, largement codifié, qui garantit la sécurité juridique et l’efficacité dans l’intérêt des relations juridiques internationales. Ses fondements juridiques découlent de normes supranationales, internationales et nationales. L’examen des conditions de la reconnaissance s’effectue sur la base de critères clairement définis. Compte tenu de la mondialisation croissante et de la mobilité des personnes et des entreprises, l’importance de ce domaine du droit demeure particulièrement actuelle.


Indications bibliographiques

  • Kropholler, Compétence internationale et reconnaissance des décisions étrangères, 10e éd., Mohr Siebeck.
  • Schlosser, Explications relatives au Règlement Bruxelles Ia et à la Convention de Lugano, in : commentaire ZPO, Beck.
  • Palandt, BGB (commentaire sur les questions de reconnaissance en droit de la famille).

Liens web

  • Ministère fédéral de la Justice – <a href="https://www.bmj.de/DE/Themen/Internationales/InternationalesZivilverfahrensrecht/AnerkennungVollstreckung/AnerkennungVollstreckungnode.html”>Reconnaissance et exécution des décisions étrangères
  • Commission européenne – Justice civile : reconnaissance et exécution des décisions

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conditions juridiques à remplir pour la reconnaissance d’une décision étrangère en Allemagne ?

Pour que la reconnaissance d’une décision étrangère soit effective en Allemagne, diverses conditions juridiques prévues par le droit international privé allemand ainsi que les accords bilatéraux ou multilatéraux, le cas échéant, doivent être remplies. Il est essentiel que la décision étrangère ait été rendue par une autorité ou un tribunal compétent selon les règles de compétence internationale. En outre, la décision ne doit pas être contraire à l’ordre public allemand, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas méconnaître les principes fondamentaux du droit allemand, en particulier ceux de la Loi fondamentale. Elle doit également être revêtue de la force de chose jugée et être exécutoire, si cela est requis. Une double instance, soit le fait qu’une décision d’un tribunal allemand ou d’une décision étrangère déjà reconnue existe sur la même affaire et entre les mêmes parties, doit être évitée. Dans certains cas, par exemple en matière de divorce, il est en outre nécessaire qu’aucune procédure nationale ne soit en cours ou achevée. Des exigences linguistiques peuvent rendre nécessaire une traduction en allemand par un traducteur assermenté.

Une procédure spécifique doit-elle être engagée pour la reconnaissance d’une décision étrangère ?

La nécessité d’une procédure spéciale de reconnaissance dépend du type de décision et du domaine juridique concerné. En principe, l’article 108, alinéa 1, de la FamFG prévoit que, notamment pour les décisions de droit familial (par exemple, divorces internationaux), une procédure formalisée de reconnaissance auprès du ministère régional de la justice compétent est requise. En dehors du droit de la famille, la reconnaissance des jugements civils étrangers se fait généralement ipso iure, c’est-à-dire sans décision souveraine dans le cadre d’une procédure concrète, à condition qu’aucune objection ne soit soulevée. Cependant, les conditions de reconnaissance mentionnées auparavant doivent être présentes et sont contrôlées en cas de litige par les tribunaux. Pour les décisions en provenance de certains pays, des conventions internationales, comme le Règlement Bruxelles Ia dans les affaires civiles et commerciales au sein de l’UE, peuvent prévoir une reconnaissance automatique. Pour les pays non membres de l’UE, la ZPO est déterminante.

Quel est le rôle de l’ordre public dans la reconnaissance des décisions étrangères ?

L’ordre public représente une limite essentielle à la reconnaissance des décisions étrangères. Il implique que les jugements étrangers ne doivent pas être reconnus si leur contenu est manifestement incompatible avec les principes fondamentaux du droit allemand, notamment avec les principes fondamentaux du droit constitutionnel, tels que les droits issus de la Loi fondamentale. Cela concerne, par exemple, les violations du droit d’être entendu, l’interdiction de discrimination ou le principe d’égalité de traitement. Les appréciations de fond sont également importantes, lorsqu’elles sont en opposition avec le droit allemand sur des questions centrales, comme, par exemple, en cas de clauses contractuelles contraires aux bonnes mœurs ou d’atteintes flagrantes aux droits de la personnalité.

La reconnaissance des décisions étrangères inclut-elle également leur exécution en Allemagne ?

La reconnaissance réussie d’une décision étrangère est une condition préalable, mais ne correspond pas automatiquement à son exécution sur le territoire national. En règle générale, une procédure autonome de déclaration d’exécutabilité doit être menée, qui fait suite à la reconnaissance constatée. La partie souhaitant l’exécution doit déposer une demande de déclaration d’exécutabilité ; le tribunal compétent examine alors les conditions matérielles et formelles, en particulier les conditions de reconnaissance ainsi que la notification régulière du débiteur d’exécution. Pour les jugements européens, la procédure est fortement simplifiée grâce aux règlements de l’UE et il n’est souvent plus nécessaire d’obtenir une déclaration d’exécutabilité spécifique. Pour les décisions émanant de pays tiers, la loi d’exécution et de reconnaissance (AVAG) ainsi que les dispositions pertinentes du ZPO s’appliquent en règle générale.

Dans quelle mesure les parties peuvent-elles contester la reconnaissance ou le refus de reconnaissance ?

La partie concernée peut contester la reconnaissance d’une décision étrangère par les voies de recours prévues par le droit allemand. Si, par exemple, dans le domaine du droit de la famille, la reconnaissance est prononcée par le ministère régional de la justice, il existe la possibilité d’un recours juridictionnel administratif (recours en annulation ou en constatation), si un intérêt digne de protection existe. En cas de refus de reconnaissance d’une décision civile, il est également possible, sous certaines conditions, d’intenter une action en constatation des effets de la reconnaissance ou, dans le cadre de l’exécution forcée, de demander la reconnaissance judiciaire. Lors de l’examen, le tribunal évalue à nouveau le respect des dispositions légales, notamment en matière de procédure et d’ordre public.

Quels documents doivent être fournis pour la procédure de reconnaissance ?

Pour engager une procédure de reconnaissance, certains documents doivent généralement être présentés. Il s’agit en règle générale d’une copie intégrale de la décision étrangère avec la mention de la force exécutoire, d’une traduction officielle certifiée du jugement par un traducteur assermenté, de preuves relatives à la notification régulière de la partie concernée conformément aux prescriptions de l’État ayant rendu la décision et, le cas échéant, de certificats concernant la compétence du tribunal étranger. Pour les décisions de droit de la famille, d’autres documents peuvent être requis, tels que des actes de mariage ou de naissance. La liste concrète dépend du droit national applicable et d’éventuels traités internationaux. L’absence de documents pertinents peut entraîner le rejet ou la suspension de la procédure en raison d’une demande incomplète.

Les décisions étrangères reconnues ont-elles un effet contraignant pour les tribunaux allemands ?

Oui, la décision étrangère reconnue déploie en principe un effet contraignant pour les tribunaux allemands, dans la mesure où elle concerne le même objet et les mêmes parties. Cela signifie qu’aucune nouvelle procédure ne doit être menée devant un tribunal allemand, ni de décision divergente rendue, sur une affaire déjà définitivement tranchée à l’étranger (principe de l’autorité de la chose jugée). Il n’y a d’exception que si la décision a été reconnue en violation de l’ordre public ou si des raisons ultérieures justifient la disparition de ses effets. Toutefois, l’effet contraignant ne s’étend pas nécessairement à toutes les décisions accessoires, comme les questions d’exécution. Lors de la procédure de reconnaissance, le tribunal allemand examine également si les conséquences accessoires sont incluses ou doivent être appréciées séparément.