Recherche scientifique – Définition juridique et classification
Notion et nature de la recherche scientifique
La recherche scientifique désigne un processus méthodique et systématique visant à générer de nouvelles connaissances par l’application de méthodes scientifiques. Dans un contexte juridique, ce terme englobe tant la recherche fondamentale que la recherche appliquée, à condition qu’elles soient menées de manière ouverte et traçable. L’observation des standards scientifiques est déterminante, parmi lesquels la transparence, la vérifiabilité et la documentation de l’acquisition des connaissances.
Protection constitutionnelle de la recherche scientifique
Liberté de la science conformément à la Loi fondamentale
La recherche scientifique bénéficie d’une protection constitutionnelle en Allemagne. L’article 5, alinéa 3, phrase 1 de la Loi fondamentale (Grundgesetz – GG) garantit la liberté de la science. Cela inclut la liberté de la recherche et de l’enseignement, la définition individuelle des questions scientifiques, le choix des méthodes de recherche ainsi que la publication des résultats. La protection s’étend à la liberté formelle et matérielle de recherche, couvrant tant les personnes physiques que morales, telles que les universités ou instituts de recherche.
Limites et restrictions
La liberté de la science n’est pas accordée sans réserve. Elle trouve ses limites dans le respect d’autres droits fondamentaux et intérêts constitutionnellement protégés, comme la protection de la dignité humaine (art. 1 GG), de la vie et de l’intégrité physique (art. 2 GG), de la protection des données ou d’autres biens juridiques d’intérêt général. Plus particulièrement, pour les projets de recherche nécessitant une mise en balance entre libertés fondamentales et autres biens juridiques (p. ex. expérimentation animale, recherche sur les cellules souches), des restrictions législatives et des décisions d’arbitrage sont d’une importance particulière.
Classification dans la législation ordinaire
Droit universitaire
La recherche scientifique est inscrite comme mission centrale des universités dans la loi-cadre sur l’enseignement supérieur (HRG) et les lois universitaires des Länder. Les fondements procéduraux et organisationnels de la liberté de la recherche, l’accès aux ressources et la publication des résultats scientifiques y sont réglementés.
Protection des données et droit de la personnalité
Le traitement des données à caractère personnel dans le cadre de la recherche scientifique est régi par la Loi fédérale sur la protection des données (BDSG) ainsi que par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). La recherche scientifique bénéficie à cet égard d’une certaine dérogation afin de permettre la production de nouvelles connaissances. Ainsi, il est par exemple permis d’utiliser des données personnelles sans le consentement de la personne concernée, à certaines conditions, dès lors qu’un lien de finalité avec un projet de recherche scientifique est assuré et que des mesures de protection appropriées sont garanties (§ 27 BDSG, art. 89 RGPD).
Aspects liés au droit d’auteur
La loi sur le droit d’auteur (UrhG) prévoit des dispositions particulières pour la protection des œuvres scientifiques (§ 2 UrhG). Les travaux scientifiques peuvent être protégés en tant qu’œuvres linguistiques, bases de données ou compilations. De plus, l’UrhG prévoit des exceptions favorisant l’utilisation de matériels protégés dans le cadre de la recherche scientifique et de l’enseignement (§ 60c UrhG).
Éthique et responsabilité juridique dans la recherche
Recherche sur l’homme et sur l’animal
Les projets de recherche impliquant des êtres humains sont soumis à des exigences légales strictes. La Déclaration d’Helsinki, la loi sur les médicaments (AMG), la loi sur les dispositifs médicaux (MPG) ainsi que la loi sur la génétique (GenTG) encadrent la réalisation et le cadre éthique, notamment en ce qui concerne la dignité et l’intégrité des personnes concernées. Pour les expérimentations animales s’appliquent la loi relative à la protection des animaux (TierSchG) et de nombreux règlements subordonnés.
Bonnes pratiques scientifiques
Le respect des bonnes pratiques scientifiques est assuré juridiquement et institutionnellement par divers codes et engagements volontaires. La mauvaise conduite scientifique, telle que le plagiat, la manipulation des données ou la falsification, peut entraîner des conséquences en droit du travail et en droit civil.
Promotion, financement et liberté de la recherche
Financement public de la recherche
Le financement de la recherche scientifique est assuré par la Fédération, les Länder et l’Union européenne. Ce soutien public est soumis à des règles spécifiques, telles que le droit budgétaire fédéral ou les directives d’attribution des institutions de financement compétentes (par ex. Deutsche Forschungsgemeinschaft, DFG).
Recherche financée par des fonds tiers
La recherche financée par des fonds tiers est soumise à des règlements particuliers. La liberté contractuelle est limitée par des exigences de transparence, de liberté de publication et de règles concernant la protection de la propriété intellectuelle. Les établissements universitaires sont tenus d’assurer l’équilibre entre l’indépendance scientifique et les intérêts économiques.
Propriété intellectuelle et droit des brevets
Les résultats de la recherche scientifique peuvent constituer des inventions susceptibles de protection et relever du droit des brevets (loi sur les brevets – PatG) ou du droit des modèles d’utilité. Pour les inventions de service dans le domaine universitaire, des règles particulières s’appliquent conformément à la loi sur les inventions des salariés (ArbnErfG), qui fixe les droits et obligations des chercheurs et des universités.
Liens juridiques internationaux et supranationaux
Le cadre réglementaire de la recherche scientifique est complété par des accords internationaux et des directives de l’UE. La liberté de recherche, les normes éthiques et le traitement des données personnelles sont régis par des conventions européennes et internationales, telles que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (art. 13).
Résumé
La recherche scientifique est en Allemagne un domaine largement réglementé et protégé par la Constitution. Elle est placée sous le principe de liberté scientifique, qui connaît cependant ses limites du fait d’autres biens juridiques et dispositions légales. Outre les règles principales concernant la protection des données, le droit d’auteur, l’éthique et la propriété industrielle, des prescriptions particulières s’appliquent à la recherche financée par des fonds publics ou tiers. L’ordre juridique garantit tant la pérennité des connaissances scientifiques que la protection des intérêts individuels, sociétaux et économiques.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les conditions juridiques applicables à la conduite de la recherche scientifique en Allemagne ?
La conduite de la recherche scientifique en Allemagne est soumise à de nombreuses conditions juridiques issues de la législation européenne, fédérale et des Länder. Les principales normes sont notamment la Loi fondamentale (art. 5, al. 3 GG – liberté scientifique), les lois sur la protection des données (par ex. RGPD et BDSG), le droit d’auteur ainsi que des lois particulières comme la loi sur la génétique ou la loi sur les médicaments, selon le domaine de recherche. Les règles en matière de droit du travail, de contrat et de responsabilité doivent également être respectées. Les projets traitant de données personnelles doivent se conformer aux dispositions relatives à la protection des données, tandis que les études cliniques requièrent un accord éthique ainsi qu’un agrément des comités d’éthique et, le cas échéant, des autorités compétentes. Les organismes financeurs publics (DFG, UE) exigent en outre le respect des standards d’éthique de la recherche et des règles de conformité, dont la violation peut entraîner des conséquences pénales ou civiles.
Quelles sont les exigences en matière de protection des données à respecter lors d’une étude scientifique ?
Pour la planification et la conduite d’études scientifiques impliquant le traitement de données à caractère personnel, il convient surtout de respecter les prescriptions du Règlement général sur la protection des données (RGPD), de la Loi fédérale sur la protection des données (BDSG) ainsi que, le cas échéant, des lois sectorielles spécifiques. Parmi les obligations essentielles figurent la collecte d’un consentement valide des participants conformément aux articles 6 et 9 RGPD, la réalisation d’une analyse d’impact sur la protection des données (DPIA) en cas de risques élevés pour les droits des personnes concernées, ainsi que l’information complète de ces dernières selon les articles 13/14 RGPD sur l’objet, l’étendue et la durée du traitement des données. Des mesures techniques et organisationnelles pour la sécurité des données doivent également être mises en œuvre (art. 32 RGPD) et celles-ci ne doivent pas être conservées plus longtemps que nécessaire (art. 5 § 1 e RGPD). Lors de coopérations internationales, les règles relatives au transfert dans des pays tiers doivent aussi être respectées.
Quelles autorisations et consentements sont requis pour des projets de recherche médicale ?
Les projets de recherche médicale, en particulier ceux portant sur l’être humain, nécessitent généralement un avis favorable d’un comité d’éthique indépendant. En outre, les essais cliniques médicamenteux requièrent une autorisation de l’Institut fédéral des médicaments et des dispositifs médicaux (BfArM) ou de l’Institut Paul-Ehrlich (PEI). Les expérimentations animales nécessitent une autorisation administrative conformément à la loi sur la protection des animaux (§ 8 TierSchG). D’autres exigences peuvent découler de la loi sur le diagnostic génétique, de la loi sur la radioprotection ou de prescriptions spécifiques des Länder. L’obtention du consentement libre et éclairé des participants reste toujours indispensable. Les violations de ces règles peuvent entraîner des sanctions pénales et administratives, ainsi que l’invalidité des résultats de la recherche.
Quelles sont les contraintes juridiques liées à la publication scientifique ?
Dans le cadre des publications scientifiques, il convient de respecter le droit d’auteur (protection des œuvres, citation d’après les bonnes pratiques scientifiques et les §§ 51, 60a UrhG), le droit à la protection des données, le droit de la personnalité ainsi que les règles applicables à la diffusion (données sous embargo, règlementations Dual Use). L’utilisation de contenus tiers tels qu’images, graphiques ou ensembles de données nécessite l’acquisition des droits d’utilisation correspondants. En cas de résultats de recherche contenant des données personnelles, une anonymisation ou une pseudonymisation préalable est requise. Les résultats brevetables ne doivent être publiés qu’après le dépôt du brevet, sous peine de perdre la brevetabilité (« protection de la nouveauté »). Les projets financés par des fonds tiers peuvent être soumis à des obligations supplémentaires d’Open Access ou à des conditions de confidentialité.
Dans quelles conditions les résultats de la recherche peuvent-ils être brevetés ?
La brevetabilité de résultats scientifiques est en principe possible, à condition que l’invention soit nouvelle, inventive et applicable industriellement (§§ 1-3 PatG). Ne sont toutefois pas brevetables les découvertes portant uniquement sur des principes scientifiques ou des substances naturelles (§ 1 § 2 et 3 PatG). La protection peut être limitée si les résultats ont déjà été publiés avant le dépôt (exigence de nouveauté). Le dépôt s’effectue auprès de l’Office allemand des brevets et des marques (DPMA) ou de l’Office européen des brevets (OEB). L’établissement ou l’employeur détient, conformément à la loi sur les inventions des salariés, la priorité pour le dépôt (« invention de salarié »). Dans les domaines médicaux et diagnostiques, des motifs d’exclusion supplémentaires s’appliquent.
Quelles sont les conséquences juridiques en cas de falsification ou manipulation des résultats de recherche ?
La fabrication (Fabrication), la falsification (Falsification) ou le plagiat (Plagiarism) des résultats de recherche constituent de graves violations des obligations légales et éthiques de la bonne pratique scientifique. Selon la gravité, des conséquences en droit du travail allant jusqu’au licenciement sans préavis, le retrait de titres académiques, l’exclusion d’associations scientifiques ou des actions en responsabilité civile peuvent intervenir. Sur le plan pénal, il peut être question d’infractions telles que l’escroquerie (§ 263 StGB), la falsification de documents (§ 267 StGB) ou la violation du droit d’auteur (§ 106 UrhG). Les subventions peuvent être réclamées et la réputation scientifique durablement et souvent irrémédiablement compromise.
Quelles sont les particularités de la propriété intellectuelle dans les projets collaboratifs ?
Dans le cadre de projets de coopération, par exemple entre universités, instituts de recherche et entreprises, la propriété intellectuelle (Intellectual Property, IP) doit être précisée contractuellement en amont. Les questions essentielles concernent notamment les droits portant sur les résultats de la recherche (inventions, brevets, droits d’auteur), leur valorisation (par ex. licences), les obligations de publication ainsi que les règles de confidentialité. Les accords de consortium doivent indiquer précisément à qui reviennent les droits sur les résultats nouvellement générés et comment les droits antérieurs (« Background IP ») peuvent être utilisés. En l’absence de règlementation expresse, l’attribution obéit à la loi, par exemple à celle sur les inventions des salariés ou à l’article 43 UrhG. Les violations peuvent entraîner des actions en cessation, en dommages et intérêts, voire des poursuites pénales.