Notion et définition de la recherche sur fonds tiers
La recherche sur fonds tiers désigne les activités de recherche qui ne sont pas exclusivement financées par des fonds institutionnels de base, mais principalement soutenues par des moyens financiers de tiers. Ces fonds tiers proviennent souvent d’entreprises privées, de fondations, d’organismes publics ou d’institutions de soutien. Parmi les formes typiques de recherche sur fonds tiers figurent la recherche sous contrat, les projets de coopération ou les programmes de recherche financés par des fonds publics.
La différence avec la recherche financée sur fonds propres réside dans l’objectif et l’origine des moyens financiers : alors que le financement de base vise à couvrir les activités générales de recherche et d’enseignement, les fonds tiers permettent la réalisation de projets de recherche spécifiques, conçus en supplément.
Fondements juridiques de la recherche sur fonds tiers
Cadre juridique en Allemagne
La mise en œuvre de la recherche sur fonds tiers s’effectue dans un cadre juridique complet, fondé notamment sur le droit universitaire, le droit d’auteur, le droit des contrats ainsi que sur les lois budgétaires applicables. Les universités, instituts de recherche et leurs membres sont tenus de respecter les dispositions légales en vigueur.
Dispositions de droit universitaire
La loi-cadre sur l’enseignement supérieur (HRG) ainsi que les lois sur l’enseignement supérieur des Länder régissent les conditions cadres de la recherche et de l’enseignement au sein des universités publiques. On y trouve notamment des dispositions relatives à l’acceptation et à l’utilisation des fonds tiers. L’acceptation des fonds tiers requiert, selon l’article 41 al. 3 HRG, l’accord de la direction de l’établissement dans le cas de membres du corps enseignant universitaire ou d’autres membres de l’établissement.
Droit budgétaire et de la commande publique
Les projets sur fonds tiers dans les universités publiques sont soumis aux dispositions budgétaires. Il convient en particulier d’assurer une comptabilité et une utilisation des fonds conformes. De plus, les prescriptions en matière de commande publique s’appliquent, notamment lors de l’acquisition de services ou de biens liés au projet de recherche.
Aspects contractuels
La structuration contractuelle des projets sur fonds tiers s’effectue généralement au moyen de contrats individuels de financement. Les principaux objets de règlement sont :
- Objet et but du projet
- Durée et financement
- Obligations de travail et de résultats
- Dispositions relatives aux droits portant sur les résultats de la recherche (par ex. brevets, savoir-faire, droits d’auteur)
- Droits de publication et confidentialité
- Responsabilité, assurance et résiliation
Dans les projets de coopération, une attention particulière doit être portée aux dispositions relatives au transfert et à l’utilisation des résultats de la recherche. Il convient ici de respecter tant les exigences du droit de la concurrence que celles relatives à la protection des données.
Droit d’auteur et droit des brevets
Dans la recherche sur fonds tiers, naissent régulièrement des œuvres protégées (par exemple, publications scientifiques) ou des inventions brevetables. Selon la loi sur les inventions de salariés (ArbEG), les inventions réalisées dans le cadre d’une mission de recherche professionnelle appartiennent en principe à l’institution. La réglementation des droits et leur transfert au bénéficiaire des fonds tiers constituent un point central du contrat de financement.
Les droits d’auteur demeurent en premier lieu auprès des personnes physiques (auteurs), mais peuvent être transférés à l’établissement ou à des tiers dans le cadre d’accords de transfert portant sur l’utilisation. Une attention particulière doit alors être accordée au principe de la liberté scientifique issu de l’article 5, al. 3 GG, notamment en ce qui concerne la liberté de publication.
Aspects fiscaux
L’acceptation de fonds tiers et la fourniture de prestations de recherche peuvent entraîner des obligations en matière de TVA. Les prestations de recherche dans le cadre de la recherche sur fonds tiers sont soumises à la TVA sous certaines conditions. La qualification dépend des §§ 1, 2, 4 UStG ainsi que du statut de l’établissement.
Particularités en droit du travail
Les collaborateurs travaillant dans des projets sur fonds tiers sont soumis à des règles spécifiquement applicables en droit du travail. Les contrats de travail à durée déterminée, liés à la durée du projet (§ 2 al. 2 Loi sur les contrats de travail à durée déterminée dans la recherche académique – WissZeitVG), sont typiques. Le financement du personnel par des fonds tiers requiert une clarification contractuelle des responsabilités, de la rémunération et des cotisations sociales.
Particularités du droit des fonds tiers dans le contexte international
Les projets de recherche sur fonds tiers internationaux, notamment dans le cadre de programmes de l’UE (par ex. Horizon Europe), sont soumis à d’autres exigences juridiques, telles que les règles d’aides publiques de l’UE, le Règlement général sur la protection des données (RGPD), les réglementations sur le contrôle des exportations et les obligations issues de traités internationaux. La coordination entre plusieurs systèmes juridiques (par exemple dans des consortiums) nécessite des accords contractuels détaillés et un examen juridique approfondi.
Transparence, conformité et bonnes pratiques scientifiques
Obligations de transparence et de divulgation
Les établissements de recherche ont, dans le cadre de l’obligation de rendre compte et de transparence, l’obligation de divulguer l’origine et le montant des fonds tiers. Cela concerne aussi bien les contrôles internes que l’information du public. Des dispositions pertinentes figurent par exemple dans les principes pour garantir la bonne pratique scientifique de la DFG ainsi que dans les lignes directrices de conformité des établissements respectifs.
Incompatibilités et conflits d’intérêt
Pour assurer l’intégrité du travail scientifique, les conflits d’intérêts doivent être évités. C’est pourquoi de nombreuses directives et réglementations prévoient des mesures de divulgation et de gestion de tels conflits, notamment en cas de participation à des projets sur fonds tiers par des membres de l’établissement.
Obligation de publication et accords de confidentialité
Un aspect essentiel dans le contexte de la recherche sur fonds tiers est la compatibilité entre la liberté de publication et d’éventuelles obligations de confidentialité du bailleur de fonds tiers. Il convient toujours de procéder à une pondération au regard du droit fondamental à la liberté scientifique. Les restrictions de la liberté de publication ne sont admissibles qu’à titre exceptionnel et nécessitent une base contractuelle conforme à la loi.
En cas de recherches commanditées par des entreprises privées, il est souvent prévu un délai de blocage de la publication des résultats de recherche, afin de préserver les intérêts de la protection de la propriété industrielle.
Contrôle, supervision et sanctions
Le contrôle légal et la supervision de l’utilisation des fonds tiers relèvent le plus souvent des autorités de contrôle comptable compétentes ainsi que des contrôles internes et externes des universités. En cas de violation des dispositions légales, il peut être prononcé des reprises de fonds, des gels de fonds tiers ou des mesures disciplinaires.
Résumé
La recherche sur fonds tiers constitue un élément central de l’activité scientifique et, en Allemagne, elle est soumise à un cadre juridique complexe. Les branches du droit les plus importantes comprennent le droit universitaire, le droit budgétaire, la contractualisation, le droit fiscal, le droit de la propriété intellectuelle ainsi que le droit du travail. Une attention particulière est portée à la sauvegarde de la liberté de la recherche, à la transparence dans la gestion des fonds tiers et à la conformité aux exigences légales et institutionnelles. La structuration juridique de la recherche sur fonds tiers exige par conséquent une observation rigoureuse de l’ensemble de la réglementation applicable et une conception contractuelle soigneuse.
Questions fréquentes
Quelles sont les exigences juridiques lors de la conclusion de contrats sur fonds tiers ?
Les contrats sur fonds tiers sont soumis à de nombreuses exigences juridiques, qui régissent notamment les parties contractantes, les conditions de financement, les durées ainsi que la valorisation des résultats. D’un point de vue juridique, il convient d’abord de noter que, selon la tutelle de l’établissement de recherche (université, institut de recherche non universitaire ou entreprise privée), des règles spécifiques relevant du droit public budgétaire, du droit de la commande publique ou du droit privé des contrats sont applicables. Dans les institutions de droit public, par exemple, il est impératif de respecter les exigences de la loi sur l’enseignement supérieur des Länder ainsi que du droit budgétaire et ses principes d’utilisation des fonds. Il convient également de s’assurer de la conformité avec les règlements d’attribution applicables (en particulier pour la recherche financée ayant plusieurs bailleurs de fonds). Lors de la conclusion du contrat, certains droits et obligations relatifs à la propriété intellectuelle, à la liberté de publication ainsi qu’à la protection des données et aux éventuelles restrictions à l’exportation sont fixés par la loi et doivent être reflétés contractuellement. Les directives internes existantes (par exemple conformité, éthique) et les directives universitaires doivent également être respectées. Des conseils juridiques externes sont généralement obtenus en coopération avec le service juridique ou le service des contrats de l’établissement.
Qui est responsable en cas de dommages causés dans le cadre d’un projet sur fonds tiers ?
La responsabilité des dommages survenant dans le cadre de la recherche sur fonds tiers doit en principe être expressément réglée dans le contrat. En règle générale, la responsabilité de l’établissement de recherche ou du responsable du projet peut être engagée, en cas de violation fautive d’obligations contractuelles ou légales. Dans les établissements de droit public, la responsabilité se limite généralement à l’intention et à la faute grave, la simple négligence étant le plus souvent exclue. Dans le cadre de la recherche contractuelle entreprise, des réclamations contractuelles supplémentaires de la part du donneur d’ordre sont souvent prévues. Il convient en outre de vérifier s’il existe et dans quelle mesure une couverture d’assurance (par exemple, assurance responsabilité civile d’entreprise, responsabilité du fait des produits) pour les cas de sinistre. En cas de projet avec plusieurs partenaires de coopération, des dispositions doivent être prévues contractuellement concernant la répartition de la responsabilité, les droits à compensation et les cas de faute partagée. Les donneurs d’ordre publics exigent parfois également une preuve d’assurance ou la constitution de garanties pour les projets de grande envergure. Pour les dommages causés à des tiers, les règles générales de responsabilité civile s’appliquent (par exemple, § 823 BGB), ainsi que des dispositions spécifiques, telles que la loi sur la responsabilité du fait des produits ou la loi sur les dommages environnementaux.
Comment les droits de propriété intellectuelle (DPI) et les droits de valorisation sont-ils réglementés dans les projets sur fonds tiers ?
La réglementation des droits portant sur les résultats de la recherche est un élément central des contrats sur fonds tiers et fait souvent l’objet d’intenses négociations. En principe, il existe des possibilités de transfert, d’utilisation commune ou d’utilisation exclusive des droits de protection nés (par exemple, brevets, droits d’auteur, savoir-faire). Dans la recherche financée publiquement, s’appliquent en particulier les dispositions de la loi sur les inventions de salariés qui régit les droits de l’établissement sur les inventions déclarées par le personnel, ainsi que les règlements universitaires de valorisation. Dans les projets communs, une propriété conjointe ou un partage en fonction de l’origine de l’invention est souvent convenu. Il est également nécessaire d’attribuer précisément par contrat les droits et obligations afférents aux droits d’antériorité (background-IP) ainsi que les droits d’utilisation sur les développements ultérieurs (foreground-IP). Des restrictions existent lorsque les fonds publics prévoient que les résultats doivent être mis à disposition d’une large communauté scientifique (« Open Access »). En cas de valorisation économique des résultats, des redevances et des droits de participation peuvent être fixés en faveur de l’établissement et des chercheurs impliqués.
Quelles sont les exigences en matière de protection des données applicables aux projets de recherche sur fonds tiers ?
La gestion des données personnelles et sensibles de la recherche est soumise à des exigences strictes en matière de protection des données. En Allemagne et dans l’UE, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) fait foi. Dès la phase de planification d’un projet sur fonds tiers, une analyse d’impact relative à la protection des données doit être réalisée si un risque élevé pour les droits et libertés des personnes concernées existe. Le contrat avec le bailleur de fonds doit préciser si celui-ci est à considérer comme responsable du traitement, sous-traitant ou responsable conjoint au sens du RGPD. Il est nécessaire de fixer contractuellement des mesures relatives à la sécurité, au stockage, au transfert et à la suppression des données (art. 32, 35 RGPD). Les obligations d’information et de transparence envers les personnes concernées, ainsi que leur consentement ou d’autres bases légales (par exemple, § 27 BDSG pour la recherche scientifique), doivent également être clairement abordées. Pour les projets impliquant des partenaires internationaux, il convient éventuellement de tenir compte des règlementations concernant le transfert de données personnelles dans des pays tiers. Enfin, les concepts de protection des données internes à l’université ou à l’institut doivent également être appliqués et les délégués à la protection des données respectifs doivent être consultés.
Existe-t-il des obligations légales de publication et de diffusion des résultats de recherche en matière de recherche sur fonds tiers ?
Sur le plan juridique, la décision de publication des résultats doit respecter aussi bien les exigences des organismes de financement que celles du droit d’auteur. Pour les projets financés sur fonds publics, une obligation de publication peut exister, en particulier lorsque la collectivité, en tant que financeur, a un intérêt légitime à la diffusion ouverte de nouvelles connaissances scientifiques. En Allemagne, de nombreux organismes de financement (par exemple DFG, BMBF) exigent expressément dans leurs directives une publication opportune et adéquate des résultats, souvent dans le respect des principes de l’Open Access. En revanche, il peut être convenu contractuellement, notamment pour la recherche sous contrat, que les résultats de recherche doivent d’abord être traités comme confidentiels et ne peuvent être publiés qu’avec l’accord du donneur d’ordre. Parallèlement, les limites du droit d’auteur en faveur des publications scientifiques, telles que le droit de seconde publication (§ 38 UrhG), doivent être prises en compte. L’obligation de préserver les secrets d’affaires et d’entreprise du donneur d’ordre ou des entreprises impliquées peut restreindre ou retarder la publication. Dans les projets internationaux, le contrôle des exportations et les embargos doivent également être considérés lorsqu’il s’agit de technologies ou connaissances sensibles.
Quels sont les droits de codécision et les obligations de déclaration vis-à-vis de sa propre institution ?
Les chercheurs sont tenus de signaler, avant leur démarrage, les projets de recherche sur fonds tiers à la direction de l’établissement concerné (par exemple, rectorat, décanat, direction de l’institut). Cela vise notamment à contrôler le respect des prescriptions budgétaires, éthiques et statutaires. Dans de nombreux Länder, il existe pour les universités des obligations spécifiques de notification prévues par la loi sur l’enseignement supérieur, selon lesquelles l’acceptation de fonds tiers doit être autorisée. La participation des instances de représentation du personnel (p. ex. comité du personnel, chargé de l’égalité) concerne également l’embauche du personnel sur fonds tiers et l’aménagement des conditions de travail. De plus, les instances internes de contrôle (par exemple, comité d’éthique, délégué à la protection des données) doivent être sollicitées en cas de risques particuliers. Un examen documenté des projets pour les risques éthiques et juridiques (notamment expérimentations animales, recherche sur données à caractère personnel, recherche à enjeux sécuritaires) est également requis avant toute signature de contrat. Le non-respect de ces obligations de déclaration et de codécision peut entraîner des conséquences sur le plan du droit du travail et du service.
Comment les conflits d’intérêts sont-ils traités en droit dans le cadre de la recherche sur fonds tiers ?
Dans la recherche sur fonds tiers, le risque de conflits d’intérêts est accru, par exemple lorsque des chercheurs ou du personnel de direction sont liés économiquement au bailleur de fonds ou poursuivent des activités entrepreneuriales parallèles. Il est juridiquement impératif que les conflits d’intérêts potentiels soient déclarés et documentés dès le début. Les dispositions de droit universitaire et les lignes directrices en matière de conformité imposent aux chercheurs de signaler toute forme de gain personnel, par exemple par le biais d’activités de conseil ou accessoires, et d’obtenir l’autorisation de l’employeur. Les institutions de droit public disposent régulièrement de réglementations de service et sur les activités accessoires spécifiques, dont la violation peut entraîner des conséquences statutaires allant jusqu’aux mesures disciplinaires. La participation à la prise de décision relative à des projets sur fonds tiers est exclue en cas de conflit d’intérêts (interdiction de participer au vote). De même, les bailleurs de fonds exigent parfois expressément, dans un souci de transparence, la divulgation des relations d’intérêt et des intérêts financiers propres des chercheurs dans le contrat.