Définition et signification de la recherche dans le contexte juridique
Le terme « Research » (recherche ou investigation) désigne, dans le contexte juridique, la collecte, l’évaluation, la documentation et l’analyse systématiques d’informations en vue de clarifier ou de préparer des questions juridiques. La recherche englobe toutes les activités visant à recueillir des informations nécessaires à la consultation juridique, à la prise de décision, à la préparation de procédures judiciaires ou à l’élaboration législative. Elle est menée aussi bien dans le secteur privé que public et s’applique à de nombreux domaines du droit.
Types de recherche juridique
1. Recherche juridique (Legal Research)
La recherche juridique désigne la recherche ciblée et l’analyse de lois, règlements, actes administratifs, décisions de justice, publications scientifiques ainsi que d’autres sources pertinentes. Les tâches principales sont notamment :
- Identification des sources juridiques pertinentes : L’identification et l’analyse des lois, règlements et directives au niveau national et international.
- Analyse de la jurisprudence : Examen et classification des décisions judiciaires pertinentes pour l’interprétation des normes juridiques ambiguës.
- Recherche de la doctrine et des commentaires : Recherche d’articles scientifiques, de monographies et de commentaires pour étayer l’évaluation juridique.
Pertinence pratique
La recherche juridique est indispensable notamment dans le traitement des dossiers, la rédaction contractuelle, la conduite des procédures judiciaires et les audits de conformité, servant de fondement à des avis et évaluations juridiques fondés.
2. Recherche factuelle (Factual Research)
En plus de l’examen des sources juridiques, la recherche porte souvent sur l’obtention et la vérification de faits. La recherche factuelle comprend notamment :
- Enquête sur les faits : Collecte de documents, dossiers, correspondance et autres éléments de preuve.
- Vérifications d’antécédents : Vérification d’entreprises, d’organisations et de personnes physiques dans le cadre de procédures de due diligence ou de KYC (« Know Your Customer »).
- Analyses de marché et informations économiques : Collecte de données sur les entreprises, d’extraits de registres du commerce, de bilans annuels et d’autres informations pertinentes sur le marché ou le secteur d’activité.
Pertinence dans le domaine juridique
La recherche factuelle est particulièrement importante dans les domaines du droit des affaires, du droit des sociétés, du droit du travail, du droit fiscal et du droit pénal afin, entre autres, d’élucider des fraudes ou de vérifier des partenaires commerciaux.
Cadre juridique de l’activité de recherche
1. Protection des données et recherche
Lors de la réalisation de recherches, il convient de respecter les exigences du droit de la protection des données. En particulier lorsqu’il s’agit de données à caractère personnel, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et la loi fédérale sur la protection des données (BDSG) s’appliquent. Les exigences essentielles comprennent :
- Base légale pour le traitement des données : Le traitement de données à caractère personnel dans le cadre de la recherche nécessite une base légale ou le consentement de la personne concernée.
- Respect des obligations d’information : Les droits à l’information et les obligations de transparence envers les personnes concernées doivent être respectés.
- Mesures de protection et de sécurité : Des mesures techniques et organisationnelles doivent être prises pour garantir la sécurité des données collectées.
2. Limites liées au droit d’auteur
La recherche concerne fréquemment des règles de droit d’auteur, notamment lors de l’accès à des œuvres publiées ou non publiées :
- Utilisation de bases de données et de sources : De nombreuses bases de données et publications sont protégées par le droit d’auteur ; leur utilisation requiert un contrat de licence ou une autorisation légale.
- Droit de citation : La citation de contenus protégés par le droit d’auteur est autorisée, dans le cadre de la recherche, sous réserve du respect des limitations légales (§ 51 UrhG) et si la provenance et la source sont clairement indiquées.
- Droits de reproduction : La reproduction, la diffusion ou la mise à disposition publique de contenus nécessite généralement une autorisation expresse.
3. Aspects professionnels et obligations de confidentialité
Les prestataires juridiques doivent respecter des obligations professionnelles particulières. Dans le cadre d’activités de recherche, il convient de noter :
- Respect de l’obligation de confidentialité : Les informations liées au mandat obtenues dans le cadre de la recherche sont soumises à de strictes exigences de confidentialité.
- Distinction entre prestations juridiques autorisées et non autorisées : L’activité de collecte d’informations doit être conforme aux exigences légales de la loi sur les services juridiques (RDG) et à la réglementation professionnelle.
4. Limites en droit pénal et en droit de la concurrence
La recherche peut revêtir un caractère pénal lorsque des méthodes interdites sont utilisées pour l’obtention d’informations, par exemple :
- Violation de secrets d’affaires et d’entreprise : L’obtention ou la divulgation non autorisées de données confidentielles est punissable en vertu de la loi sur la protection des secrets d’affaires (GeschGehG).
- Infraction au droit de la concurrence : Des pratiques d’acquisition déloyales, telles que l’exploitation de secrets ou la tromperie intentionnelle, sont interdites par la loi contre la concurrence déloyale (UWG).
Procédures et méthodes de la recherche juridique
1. Recherche de sources primaires et secondaires
Dans la recherche juridique, on distingue les sources primaires (lois, décisions de justice) et les sources secondaires (commentaires, articles). L’utilisation systématique des deux types de sources est nécessaire pour une évaluation juridique complète.
2. Techniques et outils de recherche
Parmi les techniques de recherche courantes, on trouve :
- Bases de données en ligne : Systèmes d’information juridique (par ex. Beck-Online, juris).
- Services de bibliothèques : Utilisation des bibliothèques universitaires ou de droit public/régional.
- Demandes auprès des administrations et registres : Obtention d’informations auprès des autorités.
3. Documentation et justification
La traçabilité des résultats est une condition préalable à la valeur probante de la recherche. Les références, emplacements des sources et obligations de documentation doivent être respectés.
Importance de la recherche pour la jurisprudence et la législation
La recherche contribue de manière décisive à l’évolution de la jurisprudence ainsi qu’à l’élaboration et au contrôle de la législation. Les activités législatives s’appuient sur des évaluations exhaustives de l’existant, des analyses d’impact et des comparaisons juridiques internationales établies dans le cadre des processus de recherche.
Particularités dans un contexte international
En plus des règles nationales, les situations transfrontalières exigent la prise en compte de droits étrangers et internationaux ainsi que d’accords multinationaux. L’activité de recherche implique alors l’analyse de sources étrangères, de jurisprudence internationale et de traités internationaux.
Résumé
Dans le domaine du droit, la recherche est un instrument indispensable pour l’acquisition et l’évaluation d’informations présentant une importance pratique et juridique considérable. Elle est encadrée par de nombreuses dispositions légales, notamment en matière de protection des données, de droit d’auteur, de déontologie et de droit de la concurrence, et nécessite une réalisation attentive et méthodique. Dans un contexte international, les exigences de sélection et d’évaluation des sources augmentent encore. Le respect des cadres juridiques est déterminant tant pour la qualité que pour la licéité de la recherche.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les exigences juridiques à respecter lors de la réalisation de recherches dans le contexte d’une entreprise ?
Dans le contexte de l’entreprise, la recherche est soumise à de nombreuses exigences légales, notamment en matière de protection des données, de droit de la concurrence et de droit d’auteur. Il convient d’abord de s’assurer qu’en cas de collecte et de traitement de données à caractère personnel, par exemple lors d’études de marché, d’utilisateurs ou d’employés, les dispositions du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et de la loi fédérale sur la protection des données (BDSG) sont respectées. Il doit exister une finalité légitime, le principe de minimisation des données doit être respecté, et les personnes concernées doivent être informées en toute transparence sur la nature et l’objectif du traitement des données. Il faut en outre recueillir un consentement éclairé, révocable à tout moment, lorsque aucune autre base légale ne s’applique. Lors de la recherche d’informations sur les concurrents, la loi contre la concurrence déloyale (UWG) doit être respectée : l’obtention de secrets d’affaires par des moyens illicites (§ 17 UWG) ou des pratiques trompeuses est interdite. Si des contenus protégés par le droit d’auteur sont utilisés, la loi sur le droit d’auteur (UrhG) s’applique, en particulier pour les exceptions de citation (§ 51 UrhG) et les droits d’utilisation. Les employés chargés de la recherche devraient également signer une déclaration de confidentialité ; les directives de conformité sont à respecter. En cas de recherches internationales, des dispositions spécifiques au pays concerné peuvent s’ajouter.
Quelles sont les particularités à prendre en compte lors de la gestion de données à caractère personnel dans le cadre d’une recherche ?
Lorsque des données à caractère personnel sont collectées, traitées ou utilisées dans le cadre d’une recherche, des exigences juridiques strictes doivent être respectées pour garantir les droits des personnes concernées. Le traitement n’est autorisé que s’il repose sur une base légale, généralement un consentement conformément à l’art. 6, al. 1, lit. a RGPD ou pour la réalisation d’un intérêt légitime. Les personnes concernées doivent être informées de leurs droits, notamment d’accès, de rectification, d’effacement et d’opposition. Un registre des traitements doit être tenu ; des analyses d’impact sur la protection des données peuvent également être nécessaires. La sécurité des données doit être assurée par des mesures techniques et organisationnelles. En cas de traitement par un tiers (sous-traitant), un contrat conforme à l’art. 28 RGPD doit être conclu. Les transferts vers des pays tiers hors Union européenne ne sont autorisés que dans le respect du chapitre V du RGPD. Les infractions peuvent entraîner des amendes et des demandes de dommages-intérêts.
Est-il possible de mener librement des recherches sur les concurrents ?
Non, la recherche sur les concurrents est soumise à de nombreuses restrictions juridiques. Il convient de respecter en particulier la loi contre la concurrence déloyale (UWG) ainsi que la loi sur la protection des secrets d’affaires (GeschGehG). Les informations accessibles au public ou issues de sources généralement disponibles peuvent être utilisées en principe. Il est par contre interdit d’espionner, de tromper ou de divulguer illégalement des secrets commerciaux ou d’entreprise, notamment par tromperie, corruption ou accès non autorisé à des systèmes informatiques (§ 17 UWG, §§ 4 et suivants GeschGehG). Le débauchage ciblé de collaborateurs dans le but d’obtenir du savoir-faire peut également être illicite. Il en va de même pour le recours à des tiers pour mener des méthodes de recherche illégales (agences, détectives). En revanche, une recherche secondaire fondée, par exemple à travers des rapports d’activité, des registres publics ou des communiqués officiels d’entreprise, est autorisée.
Quels aspects du droit d’auteur doivent être respectés lors de l’utilisation de sources dans le cadre d’une recherche ?
Dans le cadre d’une recherche, les œuvres protégées par le droit d’auteur telles que textes, images, graphiques ou logiciels ne peuvent pas être librement copiées ou réutilisées. La loi sur le droit d’auteur (UrhG) prévoit certaines protections et droits d’utilisation. L’utilisation d’œuvres originales n’est permise que si l’on dispose de droits d’utilisation propres, d’une licence, d’une exception légale (par exemple le droit de citation selon § 51 UrhG) ou si l’œuvre est dans le domaine public. En particulier lors de la reprise de longs extraits, d’illustrations ou de bases de données, un examen juridique s’impose. En matière de citation, il convient de ne reprendre que ce qui est nécessaire et d’indiquer systématiquement la source. Des analyses scientifiques indépendantes peuvent elles-mêmes être protégées par le droit d’auteur (§ 4 UrhG). Les violations peuvent donner lieu à des actions en cessation et en réparation. Pour les sources internationales, il faut respecter le droit d’auteur national concerné.
Quel est le rôle du droit du travail dans les recherches effectuées dans le cadre d’un contrat de travail ?
Toutes les activités de recherche menées dans le cadre d’une relation de travail sont soumises aux dispositions applicables du droit du travail. Les résultats des travaux et des recherches relèvent en règle générale du « droit aux inventions de l’employeur », c’est-à-dire qu’ils appartiennent à l’employeur, sauf disposition contractuelle contraire. Les salariés sont tenus à la confidentialité sur les résultats internes de recherche ; toute violation peut entraîner des conséquences disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement sans préavis. Les conventions collectives, accords d’entreprise ou contrats de travail individuels peuvent prévoir d’autres règles, par exemple en matière de publications, d’utilisation de ressources de l’entreprise ou de protection des données. Le droit de codécision du comité d’entreprise peut s’appliquer lors de l’introduction de nouveaux logiciels de recherche ou de nouvelles méthodes de travail, notamment pour le contrôle de la performance et du comportement, conformément au § 87 al. 1 n° 6 BetrVG. Il convient également de noter que le traitement des données personnelles des employés est soumis à des garanties particulières conformément au § 26 BDSG.
Existe-t-il des limites juridiques à la collecte d’informations sur Internet à des fins de recherche ?
La collecte d’informations librement accessibles sur Internet est en principe autorisée, tant qu’aucun droit de protection ou interdiction légale particulière ne s’y oppose. Cependant, l’utilisation des contenus est souvent soumise à des restrictions liées aux droits d’auteur. Les sites internet peuvent comporter des conditions d’utilisation ou des mentions de droits d’auteur interdisant la copie, l’enregistrement ou l’utilisation ultérieure. Pour les publications sur les réseaux sociaux ou les forums, il convient tout particulièrement de respecter le droit à la protection de la personnalité des auteurs ; les données personnelles ne doivent être utilisées que dans le cadre des dispositions légales. Le « scraping » (extraction automatisée de données), notamment s’il porte sur de grands volumes de données ou contourne des mesures de protection, peut également poser des problèmes juridiques. Des lois spécifiques à certains secteurs (ex : § 111 TKG pour les données de télécommunications) peuvent restreindre la collecte d’informations. Sur le plan du droit de la concurrence, l’extraction ciblée de données de concurrents à des fins concurrentielles doit être analysée (mot-clé : entrave et espionnage déloyal).
Quelles règles juridiques s’appliquent à la recherche internationale, notamment au transfert de données ?
La recherche internationale est soumise à des réglementations complexes, notamment concernant la protection des données et le transfert de données vers des pays tiers. Lorsque des données à caractère personnel sont transférées hors de l’UE, il faut appliquer strictement les prescriptions du RGPD, en particulier le chapitre V. Cela signifie que le pays destinataire doit offrir un niveau de protection adéquat (décision d’adéquation de la Commission européenne) ou des garanties appropriées doivent être mises en place, telles que des clauses contractuelles types, des règles internes contraignantes d’entreprise (Binding Corporate Rules) ou un consentement exprès de la personne concernée. Il convient également de vérifier si des réglementations nationales en matière de contrôle des exportations, par exemple pour les technologies sensibles, ou des règles de confidentialité sont concernées. De plus, beaucoup de pays imposent des obligations spécifiques de déclaration ou d’autorisation, notamment pour des résultats de recherche à double usage ou en cas de coopération avec des institutions de recherche locales. Les différences en matière de droits d’auteur et de concurrence d’un pays à l’autre doivent être soigneusement prises en compte, par exemple pour l’Open Access ou les droits de publication.