Rapport juridique spécial de sujétion
Das rapport juridique spécial de sujétion est un concept central du droit public allemand et décrit une relation juridique spécifique entre l’État et une personne, dans laquelle la personne concernée est soumise à une influence souveraine particulière, allant au-delà de la relation générale de puissance publique entre le citoyen et l’État. Cette relation juridique justifie, dans le cadre de certaines institutions, une obligation accrue de soumission et d’obéissance des personnes concernées envers l’autorité de l’établissement ou du supérieur hiérarchique.
Définition et distinction
Définition
Le rapport juridique spécial de sujétion désigne une relation juridique dans laquelle l’État, par une action souveraine, place une personne dans une relation particulière de proximité et de dépendance à l’égard d’un établissement public, d’une organisation ou d’une administration. Typiquement, cela s’accompagne de certaines restrictions des droits fondamentaux, découlant du but spécifique et de la fonction de l’institution en question. Le rapport juridique spécial de sujétion doit toujours être distingué de la relation générale de puissance publique, qui existe entre l’État et le citoyen dans un ordre fondé sur la liberté et la démocratie.
Origine et évolution
La notion de rapport juridique spécial de sujétion s’est développée dans la doctrine juridique depuis le XIXe siècle et a été principalement utilisée pour justifier dogmatiquement des statuts particuliers de personnes se trouvant dans une relation institutionnelle ou de service avec l’État. L’œuvre d’Otto Mayer, qui distinguait entre la relation générale et la relation spéciale de sujétion, a été particulièrement marquante. Depuis les années 1960, cette catégorie est de plus en plus remise en question et a été relativisée par la protection des droits fondamentaux au sens de la Loi fondamentale (GG).
Domaines d’application centraux
Champs d’application typiques
Le rapport juridique spécial de sujétion est particulièrement pertinent dans les domaines étatiques suivants :
- Exécution des peines (détenus en milieu pénitentiaire)
- Police et service bavarois (agents d’exécution, personnels de police)
- Domaine militaire (soldats)
- Écoles et universités (élèves, étudiants dans une relation scolaire ou universitaire de droit public)
- Droit disciplinaire des fonctionnaires
- Établissements psychiatriques et placement
Principaux exemples
- Exécution des peines : Les détenus sont liés institutionnellement de manière particulière à l’État. Le droit de l’exécution des peines accorde aux directions d’établissement des compétences étendues pour garantir la sécurité.
- Statut de fonctionnaire : Les fonctionnaires sont soumis à des obligations de service qui dépassent les devoirs des simples citoyens.
- Relation scolaire : Les élèves et les étudiants entrent dans une relation juridique de droit public avec leur établissement d’enseignement, caractérisée par des droits et obligations spécifiques.
Structure dogmatique du droit
Caractéristiques
Le rapport juridique spécial de sujétion se distingue par les caractéristiques suivantes :
- Lien juridique spécifique : La personne concernée est juridiquement liée de manière plus étroite à l’établissement étatique.
- Droits et obligations particuliers : Il existe des droits et obligations spécifiques, tels que des obligations d’obéissance, la soumission juridique au règlement intérieur et aux mesures disciplinaires.
- Restrictions des droits fondamentaux : Les droits fondamentaux sont restreints dans les limites prévues par la Constitution (par exemple, restriction de la liberté de réunion, de la liberté de communication).
Distinction d’autres relations juridiques
Contrairement à la relation générale de puissance publique, le rapport juridique spécial de sujétion implique une relation institutionnelle étroite de proximité et de subordination. Alors que la relation générale considère toute personne comme titulaire des droits fondamentaux, la protection de ces droits est, de longue date, plus restreinte et spécialisée dans le rapport juridique spécial de sujétion.
Qualification constitutionnelle
Signification constitutionnelle des droits fondamentaux
Selon la jurisprudence, en particulier celle de la Cour constitutionnelle fédérale, les limites du rapport juridique spécial de sujétion ont évolué au fil du temps. Alors qu’auparavant il était admis que les droits fondamentaux ne s’appliquaient que de manière limitée ou atténuée dans ces contextes, il est désormais reconnu que les droits fondamentaux s’appliquent ici aussi pleinement en principe. Toute restriction doit être fondée sur la loi et proportionnée.
Conditions des interventions
Les restrictions des droits fondamentaux dans le rapport juridique spécial de sujétion doivent reposer sur une base légale formelle et respecter le principe de proportionnalité (Cour constitutionnelle fédérale, BVerfGE 33, 1 – Arrêt Lebach). Même dans l’exécution des peines, le droit disciplinaire, le droit de la fonction publique ou le droit scolaire, les interventions ne peuvent être réalisées que sur une base légale.
Importance pratique
Voies de recours et protection juridique
Autrefois, la protection juridique dans le rapport juridique spécial de sujétion était limitée. De nombreuses interventions étaient considérées comme des « mesures internes de service », échappant au contrôle des tribunaux. Cela n’est plus le cas aujourd’hui. Selon la jurisprudence constitutionnelle, les personnes concernées par le rapport juridique spécial de sujétion ont également accès au contentieux administratif général (§ 40 al. 1 VwGO), par exemple concernant des mesures disciplinaires scolaires ou des mesures en exécution des peines.
Réformes et actualité
Le rapport juridique spécial de sujétion reste en vigueur, mais avec une protection sensiblement renforcée des droits fondamentaux. L’ancien « ordre juridique spécial » a été largement abandonné. La conception moderne privilégie une interprétation conforme à la Constitution de toutes les mesures étatiques, y compris dans le cadre du rapport juridique spécial de sujétion.
Critiques et débats actuels
Questions problématiques
La jurisprudence et la doctrine antérieures ont été critiquées pour avoir admis une application restreinte des droits fondamentaux dans le rapport juridique spécial de sujétion. Cela contredit les principes fondamentaux de la Loi fondamentale. Aujourd’hui, on exige une pondération différenciée des droits fondamentaux, qui équilibre les nécessités institutionnelles avec les libertés individuelles.
Portée pour la protection juridique
Il est désormais clairement souligné que toutes les mesures dans le rapport juridique spécial de sujétion doivent être évaluées au regard des droits fondamentaux et sont soumises au contrôle juridictionnel.
Littérature et indications complémentaires
- Meyer, Otto : Deutsches Verwaltungsrecht, Band I, Tübingen 1921.
- Maunz, G., Dürig, G. et al. (éditeurs) : Grundgesetz Kommentar, München, laufend.
- Härting, Niko : Das besondere Gewaltverhältnis und seine Dogmatik, JuS 2002, 565-570.
- Bundesverfassungsgericht (BVerfGE) 33, 1 – Lebach-Urteil
- Wolff, Heinrich : Das besondere Gewaltverhältnis : Entwicklungslinien und aktuelle Tendenzen, NVwZ 2009, 1134-1140.
Résumé
Le rapport juridique spécial de sujétion est une institution centrale du droit public allemand et régit les relations État-personne dans des domaines institutionnels tels que l’exécution des peines, la police, l’armée, l’école ou le droit des fonctionnaires. Alors qu’autrefois une forte réduction de la protection des droits fondamentaux était admise, la conception actuelle insiste pour que toutes les mesures soient soumises à la protection des droits fondamentaux et au contrôle juridictionnel. La jurisprudence et la doctrine exigent une analyse différenciée qui concilie soigneusement les besoins fonctionnels particuliers des institutions avec les droits fondamentaux individuels.
Questions fréquemment posées
Quelles différences juridiques existent entre un rapport juridique spécial de sujétion et la relation générale de puissance publique en droit allemand ?
Alors que la relation générale de puissance publique garantit une protection complète des libertés individuelles face à l’État, le rapport juridique spécial de sujétion se caractérise par une relation spécifique de proximité ou de dépendance entre l’État et certaines personnes placées dans un lien particulier de droit public. Exemples : fonctionnaires, détenus, soldats. Dans le rapport juridique spécial de sujétion, les personnes concernées subissent des restrictions plus fortes de leurs droits fondamentaux en raison de dispositions légales particulières, car elles s’inscrivent dans un cadre fonctionnel spécifique avec l’État. L’intensité du contrôle juridictionnel administratif peut être restreinte dans ces cas, notamment en matière de mesures internes de service ou disciplinaires, cependant les atteintes aux droits fondamentaux ne peuvent jamais être arbitraires, même ici.