Notion et qualification juridique de la Publicity
Dans le contexte juridique, la Publicity désigne la publication ou la diffusion d’informations, de faits ou de jugements de valeur concernant des personnes ou des entreprises auprès du public, notamment via les médias. Si, dans le langage courant, la Publicity est généralement perçue de manière neutre, voire positive, comme une attention publique, le terme revêt en droit une signification beaucoup plus nuancée. Les questions touchant aux droits de la personnalité, au droit des médias, au droit de la concurrence et au droit de la propriété immatérielle y occupent une place centrale.
Fondements juridiques de la notion de Publicity
Protection du droit de la personnalité
La Publicity touche en premier lieu au droit général de la personnalité. En Allemagne, ce droit trouve sa protection expresse dans l’art. 1 al. 1 et l’art. 2 al. 1 de la Loi fondamentale, en lien avec la jurisprudence constante de la Cour constitutionnelle fédérale.
Droits généraux de la personnalité
Le droit général de la personnalité protège le droit de chacun au libre développement de sa personnalité, à la limitation de la mise en avant non autorisée en public et à la préservation de son honneur. La publication de données personnelles, d’images ou de déclarations contre la volonté de la personne concernée peut ainsi constituer une violation de ce droit. Cette protection inclut diverses composantes telles que le droit à sa propre image (§§ 22, 23 KUG), le droit au nom (§ 12 BGB) et le droit à l’autodétermination informationnelle.
Protection de la vie privée
La sphère privée constitue un domaine particulièrement protégé. La publication d’informations privées requiert en principe le consentement de la personne concernée. Un processus de mise en balance des intérêts s’impose notamment lorsque la publication répond à un intérêt légitime du public, par exemple s’agissant de personnalités ou de personnes contemporaines.
Relations publiques et distinction avec la couverture illicite
La frontière entre la Publicity licite et la couverture médiatique illicite est définie par la tension qui existe entre la liberté d’expression et de la presse (art. 5 GG) et le droit de la personnalité. Les tribunaux procèdent régulièrement à une mise en balance des intérêts pour déterminer quand l’intérêt à l’information prime et quand la protection de l’individu doit être prioritaire.
Publicity en droit économique et en droit de la propriété intellectuelle
Le droit à l’image et la commercialisation
Dans le monde des affaires, l’exploitation commerciale de sa propre personnalité — le fameux “Right of Publicity” — prend une importance croissante. Il s’agit du droit pour une personne de contrôler et de concéder sous licence l’exploitation économique de son identité, telle que son nom, son image, sa voix ou d’autres attributs personnels.
En Allemagne, le droit à l’image (§§ 22 et suivants KUG) est régi par la loi. Aucune image ne peut être diffusée ou exposée publiquement sans le consentement de la personne représentée, sauf exceptions légales. Le droit à l’image constitue ainsi une branche spécifique du droit général de la personnalité.
Dans d’autres systèmes juridiques, comme aux États-Unis, le Right of Publicity est reconnu comme un bien économique autonome. Il peut être transmis par héritage, vendu ou concédé sous licence. En Allemagne, ce domaine est principalement encadré par le droit d’auteur, le droit de la concurrence et le droit général de la personnalité.
Droit au nom et signes distinctifs commerciaux
Les signes distinctifs d’entreprise, noms et marques bénéficient également de la protection juridique relative à la Publicity. L’utilisation non autorisée du nom de célébrités ou de marques dans le cadre de campagnes publicitaires ou autres opérations de relations publiques peut donner lieu à des actions en concurrence déloyale (§§ 3, 5 UWG), à des revendications relevant du droit d’auteur ainsi que du droit de la personnalité.
Responsabilité en cas d’atteinte aux droits de la Publicity
Demandes en dommages-intérêts et en cessation
En cas d’atteinte au droit à la Publicity, les personnes concernées peuvent notamment intenter une action en cessation ou réclamer des dommages-intérêts. Les fondements juridiques à cet effet résultent de l’art. 823 al. 1 et al. 2 BGB en lien avec les lois de protection applicables, la KunstUrhG ainsi que les dispositions légales spéciales.
Demandes de suppression et de rétractation
Outre les demandes en cessation et réparation, les victimes peuvent également exiger la suppression de la publication illicite et le retrait des fausses informations divulguées. Le risque de nouvelle diffusion joue un rôle déterminant dans l’étendue de ces prétentions.
Cas particuliers : Publicity des célébrités et personnages publics
Personnes contemporaines
En ce qui concerne les personnalités publiques, dites personnes de l’actualité, les atteintes au droit de la personnalité par des pratiques de Publicity sont particulièrement fréquentes. Pour ces personnes, la jurisprudence considère que l’intérêt du public à l’information prime souvent sur celui des personnes inconnues. Néanmoins, une mise en balance entre l’intérêt d’information de la collectivité et la protection de la personne concernée reste indispensable, notamment en ce qui concerne la protection de la vie privée et intime.
Transmissibilité et durée des droits de la Publicity
En Allemagne, il existe une incertitude quant à l’étendue dans laquelle les droits relatifs à la Publicity perdurent après le décès d’une personne. Le droit posthume à la personnalité est cependant généralement reconnu. Il vise essentiellement à protéger le souvenir de la personnalité du défunt ainsi que la famille contre les représentations diffamatoires ou déformantes.
Limites et restrictions de la protection de la Publicity en droit
Liberté de la presse et d’opinion
Le droit à la Publicity se trouve en tension constante avec la liberté de la presse et d’opinion. Les organes de presse revendiquent le droit de rapporter des événements d’intérêt public. Les tribunaux appliquent systématiquement le principe de proportionnalité et procèdent à une évaluation au cas par cas des intérêts en présence.
Limites fixées par la loi
Les mesures de Publicity autorisées sont en outre soumis à des restrictions légales spécifiques, telles que celles prévues par la loi sur les télémédias, le traité sur la radiodiffusion, les règles sur la protection des données (RGPD, BDSG) et le droit de la concurrence (UWG).
Aspects internationaux de la Publicity
Différences dans les droits internationaux
Le traitement juridique de la Publicity varie considérablement selon les systèmes juridiques. Alors que le droit allemand traite la Publicity principalement sous l’angle du droit de la personnalité et de la propriété intellectuelle (par exemple, via le KUG), le Right of Publicity est, aux États-Unis, un droit subjectif patrimonial à part entière. Une harmonisation au niveau international n’a pas encore eu lieu.
Droit applicable et cas transfrontaliers
La question du droit applicable ainsi que de la compétence internationale est essentielle notamment pour les entreprises médiatiques opérant à l’international. Dans ce domaine, le droit international privé et les règlements européens pertinents (par exemple, le règlement Rome II) fournissent les principales références.
Jurisprudence et développements actuels
La jurisprudence relative à la Publicity demeure dynamique, notamment en lien avec de nouveaux modes de communication et de diffusion comme les réseaux sociaux ou le marketing d’influence. Les tribunaux adaptent en permanence les critères relatifs à la protection, la commercialisation et la délimitation de la Publicity en fonction de l’évolution technique et sociétale.
Résumé
La Publicity est une notion juridique complexe qui soulève de nombreuses questions relevant du droit de la personnalité, du droit des médias, de la propriété intellectuelle et désormais aussi de la protection des données. Si la prévention de l’exploitation non autorisée d’informations personnelles constitue son cœur, les aspects économiques, notamment le droit à la commercialisation de sa propre personnalité, prennent une importance croissante. L’appréciation de la licéité ou de l’illicéité d’une Publicity se fait généralement par une mise en balance complexe des intérêts, conciliant droits de la personnalité, liberté de la presse, intérêt légitime à l’information et prescriptions légales particulières. L’évolution de la jurisprudence tient constamment compte des nouveaux moyens de communication et des besoins des personnes concernées.
Questions fréquemment posées
Quelles limites juridiques doivent être respectées lors de la publication d’images de tiers ?
Lors de la publication de photos montrant des personnes identifiables, la loi sur le droit d’auteur des œuvres d’art (§ 22, § 23 KUG) ainsi que le Règlement général sur la protection des données (RGPD) fixent les exigences légales applicables. En principe, chaque publication requiert le consentement de la personne photographiée, à moins que des exceptions ne s’appliquent, telles qu’un intérêt public prépondérant ou l’apparition de la personne comme simple accessoire dans un paysage ou un lieu. La violation de ces droits peut entraîner des actions en cessation, en dommages-intérêts, voire, dans les cas graves, des poursuites pénales. Dans le secteur en ligne, il convient en outre de respecter l’obligation d’information prévue à l’art. 13 RGPD, notamment lors de la diffusion sur des sites Internet ou les réseaux sociaux. Pour les enfants et adolescents, l’autorisation des représentants légaux est toujours requise.
Dans quelle mesure la Publicity peut-elle porter atteinte aux droits sur le nom ou les attributs de personnalité ?
Le droit au nom, à l’image, à la voix et à d’autres attributs de la personnalité est protégé par le droit général de la personnalité (art. 2 al. 1 en lien avec l’art. 1 al. 1 GG) ainsi que par des dispositions particulières comme le droit au nom (§ 12 BGB). Toute utilisation de ces attributs dans le cadre d’une publicité, de reportages ou d’autres contextes liés à la Publicity nécessite soit le consentement de l’ayant droit, soit une autorisation légale. L’utilisation non autorisée peut entraîner des actions civiles en cessation et en dommages-intérêts, porter gravement atteinte à la réputation de la personne concernée et revêtir, dans certains cas, une dimension pénale.
Quelles particularités s’appliquent à la Publicity concernant les célébrités ?
Pour les célébrités, il convient de distinguer entre la notion de “personnes de l’actualité absolues” et “relatives”. Presses et médias peuvent rendre compte des personnes de l’actualité absolues (exemple classique : hommes politiques, acteurs connus) et utiliser leur image dans des conditions assouplies, à condition qu’il existe un intérêt d’information légitime du public. Toutefois, ce droit s’arrête lorsque la sphère privée prédomine. La jurisprudence dite Springer et les décisions subséquentes de la Cour constitutionnelle fédérale précisent que la protection de la sphère intime prime en tout état de cause. Pour les fins publicitaires, ce droit reste attaché à la personne et requiert généralement une rémunération.
Quel est le rôle du droit d’auteur pour les contenus relevant de la Publicity ?
Tous les contenus publiés — textes, photos, audio, vidéo — peuvent être protégés par le droit d’auteur (§ 2 UrhG). Ce droit protège non seulement le créateur de l’œuvre contre toute utilisation non autorisée, mais confère aussi, dans bien des cas, un pouvoir d’exploitation indépendant qui doit être pris en compte dans toute stratégie de Publicity. L’obtention des licences ou des cessions de droits nécessaires est impérative, à défaut de quoi le risque d’actions en cessation et en dommages-intérêts est substantiel. Même pour les œuvres exposées dans l’espace public ou lors d’événements, ces droits doivent être respectés.
Que faut-il prendre en compte juridiquement lors de l’utilisation de témoignages (testimonials) ?
En cas de recours à des témoignages (par ex. avis de clients, évaluations ou opinions de célébrités), des obligations particulières de diligence sont requises. Outre le respect du droit de la personnalité, un consentement exprès, idéalement écrit, de la personne concernée est nécessaire. Des témoignages insuffisants ou fictifs constituent une infraction à la loi contre la concurrence déloyale (UWG) et peuvent faire l’objet d’un avertissement par des concurrents ou des associations de consommateurs. Pour les célébrités, des accords d’exclusivité sont souvent à prendre en considération et une rémunération pour l’utilisation à des fins publicitaires est obligatoire.
Comment le droit à l’image est-il appliqué dans les événements et en public ?
Pour les événements, des règles spécifiques s’appliquent. Les personnes se trouvant dans des lieux accessibles au public ou lors d’événements peuvent davantage s’attendre à ce que des images soient diffusées, mais doivent toutefois être expressément informées de l’utilisation prévue, notamment si elles sont au centre de l’image. Pour les grands groupes (« rassemblements, défilés, manifestations »), l’art. 23 KUG s’applique, mais, pour les prises de vue individuelles, le consentement de la personne concernée reste requis. Le RGPD impose en outre une information transparente sur la nature et la finalité du traitement.
Quels droits peuvent être revendiqués en cas de Publicity illicite ?
Lorsque le droit de la personnalité, le droit à l’image, le nom ou d’autres attributs protégés sont utilisés sans fondement juridique, la personne concernée peut exiger la cessation, la suppression et, en cas de faute, des dommages-intérêts (§ 823 BGB en lien avec § 1004 BGB). Pour les infractions graves, un droit à une compensation pour préjudice moral ou à une indemnisation financière pour atteinte à la personnalité peut également exister, ce que la juridiction suprême a confirmé à de multiples reprises. Sur le plan administratif, un droit de rectification ou le recours à l’autorité de contrôle de la protection des données peut également être envisagé.