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Protection territoriale

Définition et bases juridiques de la protection territoriale

La notion protection territoriale désigne le droit ou la possibilité accordée par contrat d’exploiter ou de traiter économiquement de manière exclusive ou préférentielle une zone géographique déterminée. Sur le plan juridique, la protection territoriale joue un rôle important notamment en droit commercial, en droit de la concurrence, en droit de la distribution et en droit de la concurrence déloyale. Elle concerne aussi bien les accords contractuels entre entreprises que les dispositifs légaux visant à limiter ou sécuriser des activités économiques dans certaines régions.

La protection territoriale revêt de nombreuses formes pratiques, notamment dans la distribution sélective, le droit de la franchise, les obligations de distribution, la propriété industrielle (notamment en matière de marques et de brevets) et le droit de la concurrence. La mise en œuvre et l’admissibilité de la protection territoriale dépendent principalement des dispositions pertinentes, en particulier du droit national et du droit européen de la concurrence.


Formes et modalités de la protection territoriale

Protection territoriale exclusive et non exclusive

  • Protection territoriale exclusive : L’entreprise protégée se voit accorder le droit exclusif de distribuer des biens ou d’offrir des services sur un territoire déterminé. Des tiers, y compris les partenaires contractuels du concédant, ne peuvent exercer d’activité sur ce territoire.
  • Protection territoriale non exclusive : Plusieurs entreprises se voient accorder le droit d’exercer une activité simultanément sur la même zone géographique.

Protection territoriale absolue et relative

  • Protection territoriale absolue : L’exercice d’activité sur le territoire protégé est totalement interdit aux entreprises tierces. Le bénéficiaire obtient un monopole complet.
  • Protection territoriale relative : La distribution sur le territoire protégé est également autorisée à d’autres entreprises, par exemple à d’autres distributeurs agréés du même fournisseur.

Bases juridiques et admissibilité de la protection territoriale

Protection territoriale en droit civil

Dans le cadre des contrats de droit civil, par exemple des contrats de licence ou de distribution, la protection territoriale est souvent régie par des clauses spécifiques. Les contrats types incluent notamment des droits d’exclusivité pour la distribution, mais aussi des systèmes de distribution sélective, dans lesquels la protection territoriale est limitée à certains critères de distribution.

Cadre du droit de la concurrence

Le droit allemand et européen de la concurrence (notamment la loi contre les restrictions de concurrence [GWB] et l’art. 101 TFUE) posent des limites strictes à la protection territoriale. Les aspects pertinents au regard du droit de la concurrence sont :

  • Restriction de concurrence : Les obligations de territoire absolues peuvent généralement être considérées comme des restrictions de concurrence illicites.
  • Règlement d’exemption par catégorie concernant les accords verticaux (REC Vertical, Règlement (UE) n° 330/2010) : Le droit européen autorise certaines formes de protection territoriale, pour autant que des critères de parts de marché et d’autres conditions soient respectés (par exemple, l’admissibilité des ventes passives et la limitation des ventes actives dans les territoires attribués).
  • Distribution sélective : Ici, ce n’est pas la limitation géographique qui prime, mais le choix des partenaires de distribution sur la base de critères qualitatifs et quantitatifs. Des règles relatives à la protection territoriale jouent également un rôle dans ce cadre.

Protection territoriale et droit de la concurrence

Les règles de protection territoriale font l’objet d’un contrôle au regard du droit de la concurrence, notamment en ce qui concerne les entraves ou discriminations déloyales conformément à la loi contre la concurrence déloyale (UWG) ainsi qu’aux §§ 19, 20 GWB (abus de position dominante).


Protection territoriale dans des domaines juridiques spécifiques

Droit des marques et propriété industrielle

En propriété industrielle, l’enregistrement d’une marque, d’un brevet ou d’un modèle d’utilité octroie généralement une protection territoriale juridique. Celle-ci ne s’étend toutefois, en règle générale, qu’au pays de protection concerné (principe de territorialité), mais peut, dans le cas de droits de protection à l’échelle de l’Union, comme une marque de l’Union européenne, couvrir plusieurs États.

Contrats de licence

La protection territoriale est un élément fréquent des contrats de licence. Les concédants accordent à leurs partenaires contractuels le droit d’utiliser des droits de propriété intellectuelle (tels que brevets, marques, savoir-faire) de manière exclusive sur certaines zones. L’élaboration de ces accords doit respecter les exigences du droit de la concurrence et de la concurrence déloyale.

Droit de la franchise

En droit de la franchise, un territoire de distribution exclusif ou partiellement exclusif est souvent attribué au franchisé. La mise en œuvre de ces dispositions doit respecter les exigences du droit de la concurrence et, en particulier, ne pas entraîner de cloisonnement illicite du marché.


Problématiques et défis posés par la structuration de la protection territoriale

Risques d’abus et cloisonnement du marché

Une protection territoriale excessive ou illicite peut entraîner une restriction de la concurrence et entraver l’accès d’autres acteurs du marché, ce qui peut conduire à un cloisonnement du marché et potentiellement à une infraction aux règles de concurrence.

Force exécutoire et sanctions

Les violations contractuelles relatives au territoire peuvent entraîner des actions civiles telles que des demandes de dommages et intérêts ou d’injonction. Les infractions aux règles de la concurrence sont passibles d’amendes importantes et de la nullité des clauses concernées dans le contrat.

Complexité dans un contexte international

Dans le cadre de relations de distribution transfrontalières, différents règlements nationaux et européens s’appliquent. Le respect de l’ensemble des prescriptions pertinentes constitue un défi particulier.


Conclusion : Importance et fonction de la protection territoriale en droit

La protection territoriale est un instrument complexe de régulation économique des marchés et des structures de distribution. Sa conformité juridique dépend étroitement des exigences du droit de la concurrence, du droit de la concurrence déloyale et du droit de la propriété intellectuelle. Une conception soigneuse et juridiquement sécurisée est nécessaire pour garantir les effets de protection escomptés et éviter des désavantages juridiques. Une attention particulière doit être portée à la compatibilité avec le droit de la concurrence en vigueur afin d’éviter des restrictions de concurrence illicites et des sanctions.

Questions fréquemment posées

Une protection territoriale contractuelle est-elle toujours valable ?

Une protection territoriale convenue par contrat est en principe valable si l’accord entre les parties a été valablement conclu et ne contrevient à aucune interdiction légale ni aux bonnes mœurs (§§ 134, 138 BGB). Cela suppose un accord clair et suffisamment déterminé, délimitant explicitement la zone protégée et décrivant précisément le cercle des parties obligées. Il convient en particulier de prendre en compte, dans le cadre du droit de la concurrence, le § 1 GWB (interdiction des accords limitant la concurrence) ainsi que l’art. 101 TFUE, qui interdisent les accords entre entreprises limitant la concurrence. Un accord de protection territoriale est donc notamment admissible dans le cadre de systèmes de distribution sélective, à condition que l’accord ne restreigne pas la concurrence au-delà de ce qui est nécessaire. En cas de doute, les restrictions dites essentielles, telles que le cloisonnement total du territoire, peuvent être invalides. Les contrats de distribution doivent donc être examinés au regard du droit de la concurrence afin de garantir l’efficacité de la protection territoriale et d’éviter des désavantages juridiques.

Quelles sont les limites posées par le droit de la concurrence à la protection territoriale conventionnelle ?

Le droit de la concurrence fixe des limites strictes à la structuration contractuelle de la protection territoriale. Selon les conditions du règlement d’exemption par catégorie applicable aux accords verticaux (REC Vertical, Règlement (UE) n° 330/2010), certaines formes de protection territoriale sont autorisées tant que les seuils de parts de marché ne sont pas dépassés (les deux parties ≤ 30 % en général). Sont notamment autorisées les interdictions de vente active, c’est-à-dire l’interdiction de démarcher activement des clients finaux ou des acheteurs dans le territoire protégé d’un partenaire contractuel. Une interdiction stricte de toute relation commerciale, y compris des ventes passives (par exemple commandes sur Internet), constitue une restriction essentielle inadmissible et est réputée, conformément à l’art. 4 b) REC Vertical, illicite et donc nulle. Les entreprises doivent donc soigneusement évaluer les mesures contractuelles à prévoir, car des restrictions injustifiées peuvent entraîner la perte de la protection contractuelle et des sanctions administratives.

Les accords de protection territoriale existants peuvent-ils être modifiés ou supprimés unilatéralement ?

La modification ou la suppression unilatérale d’un accord de protection territoriale existant n’est juridiquement, en règle générale, pas possible. Les accords de protection territoriale reposent sur le consentement des deux parties et font partie intégrante du contrat de base (le plus souvent contrat d’agent commercial, de distributeur ou de franchise). Toute modification ou suppression requiert donc en principe un accord – idéalement écrit – des deux parties. Une exception existe uniquement si l’accord initial de protection territoriale contient une clause d’amendement ou de révocation correspondante, autorisant la modification unilatérale dans des conditions claires et définies. À défaut, toute modification unilatérale du contrat serait généralement invalide. En cas de conflit, la partie lésée a droit au maintien de l’accord initial de protection territoriale.

Existe-t-il des spécificités concernant la protection territoriale en droit de l’agent commercial ?

En droit de l’agent commercial (§§ 84 et suivants HGB), la protection de district constitue une forme typique de protection territoriale. L’entreprise peut attribuer à l’agent commercial un territoire (exclusif ou partiel) dans lequel il exerce son activité. Selon § 87 al. 2 HGB, une commission est également due pour les affaires conclues sans la participation de l’agent commercial avec des clients situés dans le territoire attribué (commission territoriale). Un accord contractuel de protection territoriale ne peut être modifié ou retiré postérieurement que dans des conditions spécifiques. En cas de violation par l’entreprise, l’agent commercial peut, le cas échéant, prétendre à des dommages et intérêts ou à une commission. Les limites du droit de la concurrence s’appliquent également aux contrats d’agent commercial, même si, contrairement aux distributeurs, ceux-ci sont en règle générale considérés comme une partie économique de l’entreprise et soumis à des restrictions moins strictes.

Quelles sont les conséquences en cas de violation de la protection territoriale convenue ?

Les violations de la protection territoriale convenue contractuellement peuvent donner lieu à diverses sanctions : Sur le plan civil, la partie lésée peut en principe réclamer une injonction, le cas échéant des dommages et intérêts, voire une pénalité contractuelle si elle a été prévue. Ces demandes doivent être exercées au cas par cas et devant les tribunaux. Si l’accord de protection enfreint des restrictions illicites prévues par la loi (par exemple REC Vertical, GWB, TFUE), il est nul à cet égard et ne produit aucun effet de protection. En outre, les infractions à la concurrence peuvent être sanctionnées par les autorités compétentes (par exemple, Bundeskartellamt, Commission européenne) par des amendes. Une infraction peut également entraîner la perte des privilèges d’exemption par catégorie et avoir de graves conséquences pour les parties contractantes.

Quelles exigences s’appliquent à la rédaction d’une protection territoriale efficace dans un contrat ?

Les clauses contractuelles de protection territoriale doivent être rédigées de manière transparente, claire et suffisamment précise afin d’éviter tout litige. Il est conseillé de délimiter le territoire protégé par des villes nommément désignées, des codes postaux, des régions ou des coordonnées GPS. Le type de protection territoriale (exclusive, partielle, sélective) doit être explicitement stipulé et documenté, de même que les droits éventuels relatifs à des relations clients existantes ou futures. Des accords imprécis, trop généraux ou contradictoires peuvent rendre la clause inopérante. En outre, il convient, dans la mesure du possible, de définir précisément les activités autorisées et interdites (par exemple, vente active vs passive) ainsi que les mécanismes de sanction en cas de violation.

Existe-t-il un droit à la protection territoriale sans accord contractuel exprès ?

En règle générale, il n’existe pas de droit à la protection territoriale sans accord contractuel exprès. Exceptionnellement, une protection territoriale peut découler de la bonne foi (§ 242 BGB), par exemple dans le cadre d’une collaboration exclusive de longue date où l’exclusivité territoriale a été tacitement présupposée et où la suppression de la protection territoriale serait inéquitable pour le partenaire contractuel (par exemple, mise en péril de l’activité). En principe, un accord contractuel exprès est cependant obligatoire pour fonder valablement des droits à la protection territoriale. Même les dispositions légales – à l’exception de la protection de la commission de l’agent commercial pour son secteur – ne confèrent pas de droit autonome à la protection territoriale.

Quelle est la durée d’une clause de protection territoriale convenue contractuellement ?

La durée d’une clause de protection territoriale dépend en principe des stipulations contractuelles des parties. À défaut de limitation temporelle, la clause est valable pendant la durée du contrat principal (par ex. contrat d’agent commercial, de franchise ou de distributeur). À la cessation du contrat principal, la protection territoriale prend également fin, sauf clause post-contractuelle contraire. Une poursuite post-contractuelle n’est admise qu’exceptionnellement et, généralement, de manière limitée dans le temps, par exemple pour la protection d’un savoir-faire particulier ou dans le cadre d’obligations de non-concurrence qui doivent cependant respecter les dispositions du § 90a HGB ou du droit de la concurrence et être proportionnées. Sinon, une clause à long terme ou à durée indéterminée serait contraire au droit de la concurrence et donc nulle.