Notion et signification de la profession dans le contexte juridique
Le terme « profession » désigne dans le contexte juridique toute activité exercée de manière durable et destinée à assurer ou maintenir les moyens d’existence, à condition qu’elle ne soit pas contraire à la loi ou aux bonnes mœurs. La dimension juridique de la notion de profession revêt une importance centrale, notamment à travers le droit fondamental de la liberté professionnelle, qui est ancré en Allemagne dans la Loi fondamentale. Le libre choix et l’exercice de la profession comptent parmi les piliers du système économique et social ainsi que de l’épanouissement individuel.
Fondements constitutionnels de la liberté professionnelle
Art. 12 al. 1 Loi fondamentale (GG)
L’ancrage juridique du libre choix et de l’exercice de la profession se trouve principalement à l’art. 12 al. 1 de la Loi fondamentale (GG) :
« Tous les Allemands ont le droit de choisir librement leur profession, leur lieu de travail et leur centre de formation. L’exercice de la profession peut être réglementé par la loi ou en vertu d’une loi. »
Il en découle trois aspects partiels de la liberté professionnelle :
- La liberté de choix de la profession
- La liberté de choix de l’établissement de formation
- La liberté d’exercer la profession
Champ d’application du droit fondamental
Le champ de protection de l’art. 12 GG couvre, selon une jurisprudence constante, toutes les activités visant à un gain qui sont exercées de manière durable et servent à créer et à garantir une base d’existence. Il n’est pas nécessaire d’être en situation de travail subordonné ; les activités indépendantes sont également comprises, tout comme les emplois salariés et les professions libérales.
Ne sont en revanche pas protégées les activités purement occasionnelles ou exercées comme hobby, les activités de nature criminelle ou immorale, ainsi que certains services civiques (par exemple, service militaire ou service civil).
Notion de profession en droit
Définitions restreintes et élargies de la notion
La Cour constitutionnelle fédérale distingue la notion « large » et « étroite » de profession :
- Notion large de la profession: Toute activité professionnelle exercée de manière durable, indépendamment de la qualification et du statut social.
- Notion étroite de la profession: Prend en compte en particulier les exigences de formation ou de conditions d’accès particulières, telles que prévues pour les professions réglementées (par exemple, médecins).
En droit allemand, c’est la notion large de la profession qui prévaut – ce qui compte, c’est la durabilité et l’intention de gain.
Liberté de choix de la profession versus liberté d’exercice de la profession
- Liberté de choix de la profession se rapporte à la décision de la profession que l’on souhaite embrasser, donc à l’accès à la profession.
- Liberté d’exercice de la profession englobe l’organisation concrète de l’activité professionnelle (par exemple, horaires de travail, conditions de travail, indépendance).
Les atteintes au libre choix de la profession ou de l’établissement de formation ne sont admissibles que sous des conditions strictes (« par la loi ou en vertu d’une loi ») et lorsqu’il existe un intérêt public légitime, comme la protection de biens collectifs particulièrement sensibles.
Limitations légales de la liberté professionnelle
Contrôle en trois étapes de la limitation
La Cour constitutionnelle fédérale différencie les restrictions admissibles à la liberté professionnelle selon la théorie dite des trois niveaux :
- Réglementations de l’exercice professionnel
Ne concernent que le « comment » de l’activité (par exemple, horaires d’ouverture, assurances obligatoires). L’intervention nécessite simplement une utilité pratique.
- Conditions d’accès subjectives
Concernent des caractéristiques ou aptitudes personnelles (par ex., preuve de qualification, fiabilité) et ne sont justifiées qu’en présence d’un intérêt général important.
- Conditions d’accès objectives
Limitent le nombre de professionnels indépendamment de leur aptitude (par exemple, numerus clausus, constatation des besoins). Nécessitent la présence d’intérêts généraux prépondérants et particulièrement importants.
Selon le niveau, les exigences en matière de proportionnalité et de justification de l’atteinte augmentent.
Conditions d’accès et réglementation
Des dispositions légales fixent pour certaines catégories professionnelles (professions réglementées) des conditions d’accès, comme les autorisations d’exercice, examens de maîtrise ou affiliations à des chambres. Ceci repose sur des lois spécifiques (par ex., Code des artisans, Code fédéral des médecins).
Champ de protection et limites pour les professionnels étrangers
Des exigences spécifiques s’appliquent également aux étrangers de l’UE et aux ressortissants de pays tiers. La reconnaissance des diplômes professionnels étrangers est régie par la « loi sur la reconnaissance » ainsi que par diverses lois spéciales. La liberté de circulation et l’égalité de traitement des citoyens de l’Union sont garanties par le droit de l’Union (art. 45, 49 TFUE). Néanmoins, la reconnaissance des qualifications professionnelles demeure permise pour sauvegarder des intérêts collectifs légitimes (par exemple, protection de la santé).
Dispositions particulières du droit professionnel
Mineurs
Pour les mineurs, le droit au libre choix de la profession concerne principalement le choix de la formation (voir §§ 106 et suivants BGB). L’autorité parentale inclut en principe le droit pour les mineurs de commencer une activité rémunérée, mais elle est soumise à des prescriptions légales en matière d’âge et de protection du travail (en particulier la loi sur la protection des jeunes travailleurs).
Protection constitutionnelle également pour les personnes morales
Selon l’art. 19 al. 3 GG, la liberté professionnelle s’applique également aux personnes morales de droit privé nationales (par ex., GmbH, AG, coopérative enregistrée), dans la mesure où le droit fondamental est applicable par nature.
Liberté professionnelle dans un contexte international
La liberté professionnelle est également reconnue au niveau international, notamment dans la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH, art. 15 en liaison avec l’art. 8) et dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE (art. 15). Les États peuvent intervenir pour protéger des objectifs légitimes, mais doivent toujours respecter le principe de proportionnalité et les principes de non-discrimination.
Obligations de protection et limites de la limitation
L’État est tenu non seulement de respecter la liberté d’exercice de la profession, mais aussi de la protéger activement. Cela signifie qu’il doit créer un cadre permettant l’exercice d’une activité professionnelle (par exemple, offre en matière d’enseignement, accès au marché du travail), et ne peut restreindre le choix ou l’exercice d’une profession sans motif valable.
Dans le même temps, toute limitation doit être appréciée à l’aune du principe de proportionnalité – il convient de retenir le moyen le moins attentatoire, mais adéquat et nécessaire à la protection de l’intérêt collectif poursuivi.
Conclusion
La notion juridique de profession et la garantie qui en découle du libre choix et de l’exercice professionnel sont largement protégées par la Loi fondamentale. La liberté professionnelle est essentielle pour l’autodétermination individuelle, l’épanouissement économique et la participation à la vie sociale. Elle ne peut être limitée que dans des conditions strictes, toute restriction devant faire l’objet d’un examen de proportionnalité. Le législateur a compétence pour réglementer tous les aspects essentiels, mais il doit respecter les limites constitutionnelles et notamment tenir compte du champ de protection de l’art. 12 GG.
Littérature et sources complémentaires
- Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne, art. 12
- Cour constitutionnelle fédérale : jurisprudence constante sur la liberté professionnelle
- Code des artisans, Code fédéral des médecins, Loi sur la reconnaissance
- Convention européenne des droits de l’homme (CEDH)
- Charte des droits fondamentaux de l’UE
Cet article offre une introduction complète et détaillée aux bases juridiques du libre choix et de l’exercice de la profession et met en lumière les principales réglementations légales et développements actuels en droit professionnel.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les limites juridiques au libre choix de la profession en Allemagne ?
La liberté de choix de la profession est garantie en Allemagne par l’art. 12 al. 1 de la Loi fondamentale (GG) comme droit fondamental. Chaque Allemand a le droit de choisir librement sa profession, son lieu de travail et son centre de formation. Cependant, ce droit n’est pas absolu. Des restrictions sont possibles sur une base légale lorsqu’elles sont justifiées par l’intérêt général. Ces limites peuvent résulter, par exemple, de conditions d’accès, d’exigences d’autorisation ou d’exigences de formation. La Cour constitutionnelle distingue trois degrés de restriction : les règles de choix subjectif de la profession (limitations liées à des conditions personnelles, par exemple, qualifications), les restrictions objectives d’accès (par exemple, planification des besoins dans le secteur de la santé) et des simples règles d’exercice professionnel (par exemple, horaires d’ouverture des magasins). Les limitations ne sont admises que si elles sont proportionnées, donc adéquates, nécessaires et raisonnables. Par exemple, l’autorisation d’exercer pour les médecins est légalement prescrite (§§ 3 et suivants du Code fédéral des médecins) afin de protéger l’intérêt général. Les restrictions discriminatoires ou arbitraires ne sont pas autorisées.
Quel rôle jouent les réglementations étatiques d’accès et les obligations d’adhésion à une chambre professionnelle dans l’exercice de la profession ?
Les règlements d’accès de l’État déterminent souvent l’accès auxdites professions réglementées, notamment dans les professions libérales comme les médecins, pharmaciens, Rechtsanwalt, notaires ou experts-comptables. Généralement, la réussite à un examen ainsi que la preuve de qualifications personnelles et professionnelles particulières sont requises. De plus, beaucoup de ces professions sont soumises à une obligation d’adhésion à une chambre : l’adhésion à une chambre professionnelle est imposée par la loi et constitue une condition préalable à l’exercice de la profession. Les chambres assurent le contrôle professionnel, organisent la formation continue, protègent les intérêts de leurs membres et veillent au respect des règles professionnelles et de la déontologie. Les Rechtsanwalt, par exemple, doivent être membres d’une chambre régionale des Rechtsanwalt, § 60 BRAO. Toutefois, l’appartenance à une chambre ne peut être refusée arbitrairement – les restrictions d’accès doivent toujours être légalement claires et objectivement justifiées.
Dans quelle mesure une interdiction d’exercer peut-elle être imposée pour des raisons juridiques ?
Une interdiction d’exercer constitue une grave atteinte à la liberté professionnelle et nécessite toujours une base légale. En droit allemand, une interdiction professionnelle peut être prononcée comme conséquence accessoire d’une infraction pénale (§§ 70 et suivants du StGB) ou pour des raisons d’ordre public, comme la protection de biens collectifs importants (par exemple, interdiction d’exercer une activité commerciale selon § 35 GewO en cas de manque de fiabilité du commerçant). Les interdictions doivent être proportionnées, c’est-à-dire ne prononcées que lorsque et aussi longtemps qu’elles sont indispensables à la protection de biens juridiques essentiels. L’État doit, dans sa décision, mettre en balance les droits fondamentaux à l’exercice professionnel et l’intérêt public à protéger. Un recours juridique contre une interdiction d’exercer est ouvert ; une révision judiciaire peut être engagée.
La liberté professionnelle s’applique-t-elle aussi aux ressortissants étrangers ?
La liberté professionnelle selon l’art. 12 GG s’applique en principe aux Allemands ; les citoyens de l’Union sont dans une large mesure assimilés en raison de la liberté de circulation des travailleurs et du droit d’établissement européen, art. 45 et 49 TFUE. Les ressortissants de pays tiers ne peuvent exercer une profession que si la loi le prévoit, en particulier par la loi sur le séjour et les règlements y afférents. Pour certaines professions, des procédures spécifiques de reconnaissance (par ex., pour les diplômes étrangers) sont prévues – réglementées notamment par la loi fédérale sur la détermination de l’équivalence des qualifications professionnelles (BQFG). Pour les professions réglementées, des évaluations d’équivalence et, le cas échéant, des mesures compensatoires sont exigées.
Quelles exigences juridiques s’appliquent à l’exercice d’une profession libérale par rapport au commerce ?
Les professions libérales comprennent en particulier les activités scientifiques, artistiques, littéraires, d’enseignement ou d’éducation exercées de façon autonome et indépendante, sur la base d’une qualification professionnelle particulière. Leur base juridique se trouve notamment à l’art. 18 EStG. Contrairement aux commerçants, qui sont soumis à l’obligation de déclaration commerciale selon l’art. 14 GewO et, le cas échéant, relèvent de la chambre de commerce, les professions libérales n’ont en principe pas à s’enregistrer en tant qu’entreprise et relèvent de règles professionnelles spécifiques, comme l’obligation d’adhésion à une chambre. Leur activité est souvent réglementée par des ordres professionnels, des codes déontologiques et des lois spécifiques. Alors que les commerçants sont assujettis à la taxe professionnelle, les professions libérales en sont exemptées, à condition qu’il s’agisse réellement d’une activité indépendante au sens de la loi.
Quelles réglementations du droit du travail influencent l’exercice effectif d’une profession ?
Les dispositions relevant du droit du travail s’appliquent principalement dans le cadre de relations de travail et déterminent de manière significative les conditions d’exercice professionnel, par exemple via la loi sur le temps de travail (ArbZG), la loi sur la protection de la maternité (MuSchG), la loi fédérale sur les congés payés (BUrlG) et la loi sur la protection contre le licenciement (KSchG). Par ailleurs, les conventions collectives, les accords d’entreprise et les contrats de travail individuels définissent les droits et obligations des employés et employeurs, par exemple en ce qui concerne les horaires de travail, la rémunération, les congés et la protection contre le licenciement. Des règles spéciales de protection s’appliquent également aux apprentis (§§ 8 et suivants BBiG), aux personnes handicapées (SGB IX) et aux femmes enceintes (MuSchG). Ces règlements s’appliquent également lorsque le lieu de travail ou l’employeur change dans le cadre de la liberté professionnelle et garantissent le respect de standards minimaux. L’exercice effectif de la profession peut également être influencé par des droits de codécision des comités d’entreprise.