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Procédures judiciaires excessivement longues

Définition et qualification juridique des procédures judiciaires excessivement longues

Une procédure judiciaire excessivement longue désigne une procédure dont la durée dépasse de façon inacceptable le délai raisonnable, portant ainsi atteinte au droit à une protection juridictionnelle effective des parties, protégé par l’article 2 al. 1 en liaison avec l’article 20 al. 3 de la Loi fondamentale (Grundgesetz). Le problème de la durée excessive des procédures concerne toutes les juridictions (juridictions ordinaires, du travail, sociales, administratives et fiscales) et fait l’objet de réglementations aussi bien nationales qu’internationales par la jurisprudence et le législateur.

Contexte juridique

Fondement constitutionnel

Le droit à un procès équitable et à une protection juridictionnelle effective est consacré en tant que droit fondamental justiciable tant dans la Constitution allemande que dans les conventions internationales. Ce droit découle directement de l’article 19 al. 4 GG (garantie juridictionnelle), ainsi que de l’article 2 al. 1 en liaison avec l’article 20 al. 3 GG (liberté générale, principe de l’État de droit). Au niveau international, c’est en particulier l’article 6 al. 1 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) qui est déterminant, garantissant expressément “un procès dans un délai raisonnable”.

Réglementations légales ordinaires

Le législateur a codifié, avec la loi sur la protection juridique en cas de procédures judiciaires et d’enquêtes pénales excessivement longues (ÜberlVfG), entrée en vigueur le 3 décembre 2011, les conditions et les conséquences juridiques d’une durée excessive des procédures. Des dispositions complémentaires figurent en particulier dans les codes de procédure (notamment § 198 de la loi sur l’organisation judiciaire (GVG), § 173 du code de procédure administrative (VwGO), § 155 du code de procédure sociale (SGG), § 78 du code de procédure du travail (ArbGG), § 155 du code de procédure fiscale (FGO)).

Conditions d’une procédure judiciaire excessivement longue

Notion de « durée raisonnable »

Ce qui est considéré comme « raisonnable » est déterminé en fonction des circonstances du cas concret. Les critères principaux sont notamment :

  • Complexité de l’affaire (juridique et factuelle)
  • Comportement des parties à la procédure
  • Étendue de l’administration nécessaire de la preuve
  • Facteurs tels que la charge de travail du tribunal
  • Importance de la procédure pour les parties

La durée raisonnable d’une procédure résulte toujours d’une appréciation globale ; le dépassement d’un délai fixe et rigide ne suffit pas à lui seul à générer un droit à indemnisation ou à constatation.

Obligation de protestation

La réforme de 2011 a introduit une obligation de protester (dite « réclamation pour durée excessive ») (§ 198 al. 3 GVG). Les parties doivent formellement contester la durée (injustifiée) en cours d’instance avant de pouvoir faire valoir des droits liés à la longueur excessive. À défaut de réclamation, toute revendication ultérieure est en principe exclue.

Conséquences juridiques et recours en cas de durée excessive de la procédure

Constatation du droit à l’indemnisation

Si, après appréciation d’ensemble, il s’avère que la procédure a été déraisonnablement longue et qu’une réclamation pour durée excessive a été déposée, il existe un droit à indemnisation conformément au § 198 GVG. Ce droit peut être exercé devant le tribunal et couvre tant le préjudice immatériel que matériel.

Indemnisation immatérielle

Pour le préjudice immatériel subi, généralement le stress de la procédure (incertitude subie), la loi prévoit un montant forfaitaire de 1 200 euros pour chaque année entière de dépassement de durée (§ 198 al. 2, phrase 3 GVG). Des variations sont possibles en cas d’atteintes particulièrement graves ou de circonstances exceptionnelles.

Indemnisation matérielle

Les préjudices matériels tels que les intérêts non perçus, des charges supplémentaires, etc. peuvent être demandés à condition qu’ils soient causés directement par le retard de la procédure (§ 198 al. 2, phrase 1 GVG).

Demande de constatation en cas de risque de répétition

Si l’objet principal est la constatation d’une durée déjà achevée ou encore en cours, indue de la procédure, une demande de simple constatation est également recevable indépendamment de tout préjudice concret (§ 198 al. 4 GVG).

Compétence et procédure

Pour la mise en œuvre des droits à indemnisation ou à constatation, ce sont les juridictions supérieures (cours d’appel, cours régionales du travail, cours sociales régionales, cours administratives supérieures, tribunaux financiers) qui sont compétentes, à savoir celles devant lesquelles la procédure retardée était ou est pendante.

Qualification internationale

Convention européenne des droits de l’homme

La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) joue un rôle déterminant. Par de nombreux arrêts (par exemple Kudla c. Pologne, arrêt du 26.10.2000, n° 30210/96), la CEDH a imposé aux États membres, dont l’Allemagne, de mettre à disposition des recours internes effectifs afin de prévenir les procédures excessivement longues et de garantir la réparation.

Conséquences pour la législation nationale

Les manquements constatés de la République fédérale d’Allemagne en matière de durée raisonnable des procès et de protection juridique effective ont conduit à l’introduction de l’ÜberlVfG. Auparavant, les intéressés devaient saisir la CEDH lorsqu’aucun recours national n’existait ou était inefficace.

Causes et situations types

Les procédures judiciaires excessivement longues sont souvent dues à une multitude de facteurs :

  • Sous-effectif du personnel dans les tribunaux
  • Procédures de preuve complexes et prolongées
  • Nombre de parties ou de témoins supérieur à la moyenne
  • Règles de priorité selon la nature des procédures (par ex. priorité des affaires de détention sur les affaires civiles)
  • Comportement dilatoire d’une partie
  • Déficits organisationnels ou techniques

Les procédures excessivement longues sont particulièrement fréquentes dans les domaines du droit de la famille, du droit social et du droit à l’indemnisation.

Mesures d’accélération de la procédure

Le législateur et les tribunaux disposent de divers instruments pour lutter contre la longueur excessive des procédures. Parmi ceux-ci figurent :

  • Obligation pour le tribunal d’assurer une direction active de la procédure
  • Mise en place de services judiciaires et administratifs pour alléger la charge
  • Promotion de modes alternatifs de règlement des litiges (médiation, conciliation)
  • Numérisation et optimisation des processus dans la procédure judiciaire

Collecte statistique et conséquences

Le ministère fédéral de la Justice publie régulièrement des statistiques sur la durée des procédures et les actions en indemnisation engagées. Les procédures excessivement longues ont des répercussions considérables, telles qu’une perte de confiance dans le système judiciaire, des préjudices économiques pour les parties concernées, ainsi qu’une charge financière due aux indemnités à verser.

Literature et jurisprudence

Les décisions clés de la Cour fédérale de justice (BGH), de la Cour constitutionnelle fédérale (BVerfG) et de la CEDH façonnent l’interprétation au cas par cas et l’élaboration de directives pratiques pour prévenir et sanctionner les procédures excessivement longues. Sont également conseillés les commentaires officiels du GVG ainsi que la doctrine sur l’accélération des procédures et la garantie de la protection juridique.


Les procédures judiciaires excessivement longues constituent un problème majeur dans le système juridique allemand. Grâce aux prescriptions nationales et internationales, la protection des parties a été renforcée et un droit à réparation reconnu. Le traitement pratique et doctrinal de cette institution juridique demeure, compte tenu de la complexité des procédures judiciaires, un aspect central du droit processuel.

Questions fréquemment posées

Comment se défendre juridiquement contre une procédure judiciaire excessivement longue ?

Dans le système juridique allemand, les parties à une procédure peuvent former ce que l’on appelle une “réclamation pour durée excessive” afin de contester la durée inadmissible d’une procédure judiciaire. Cette réclamation doit être adressée au tribunal compétent pour la procédure, par écrit et en indiquant les circonstances concrètes attestant du retard. Ce n’est qu’après dépôt de cette réclamation, et faute de remède, qu’une action en indemnisation peut être introduite devant les juridictions spécialisées selon le § 198 de la loi sur l’organisation judiciaire (GVG). Sans réclamation préalable, une action en indemnisation est en principe irrecevable. L’objectif de cette règle est de donner d’abord au tribunal la possibilité d’examiner et, le cas échéant, de corriger les retards allégués avant qu’un droit à indemnisation ne naisse.

Quand une procédure judiciaire est-elle considérée comme “excessivement longue” ?

La question de savoir si une procédure judiciaire est considérée comme excessivement longue dépend des circonstances du cas d’espèce. L’appréciation globale doit notamment prendre en compte la complexité de la procédure, le comportement des parties et l’intérêt individuel à une décision rapide. Il n’existe pas de délais fixes à partir desquels une procédure est qualifiée d’excessivement longue ; cependant, la Cour fédérale de justice a souligné dans sa jurisprudence que les affaires civiles simples devraient en principe être traitées en 1,5 à 2 ans. En matière pénale, une durée de procédure plus longue peut être justifiée en fonction de la complexité et du volume de l’affaire. Ce qui compte, c’est de savoir si la durée demeure raisonnable ou viole le droit fondamental à une procédure équitable et rapide garanti par l’art. 6 al. 1 CEDH.

Quels sont les droits juridiques en cas de durée de procédure excessive ?

En cas de retard injustifié dans les procédures judiciaires, l’article § 198 GVG prévoit un droit à une indemnisation appropriée si le tribunal ne statue pas dans un délai raisonnable. Ce droit à indemnisation peut couvrir aussi bien le préjudice immatériel (en particulier l’indemnité pour retard de procédure en raison des désagréments et de l’insécurité juridique subis) que matériel (par exemple perte de revenus, manque à gagner, frais supplémentaires). Le montant de l’indemnisation est généralement fixé par le tribunal sur la base d’une estimation ; pour les préjudices immatériels, une somme de 1 200 euros par année de durée excessive est souvent considérée comme adéquate, sauf circonstances particulières.

Quels sont les délais et modalités à respecter pour faire valoir un droit à indemnisation ?

L’action en indemnisation doit, conformément au § 198 al. 5 GVG, être introduite au plus tard dans les six mois suivant la décision devenue définitive rendue par le tribunal dans la procédure contestée. Il convient de noter qu’une réclamation préalable est une condition de recevabilité de l’action. Celle-ci doit être déposée auprès de la cour d’appel compétente pour les affaires d’indemnisation. La procédure elle-même est régie par les dispositions du code de procédure civile (ZPO), sous réserve de quelques particularités prévues aux §§ 198 et suivants GVG.

Quel rôle joue le comportement des parties dans l’appréciation d’une procédure jugée trop longue ?

Le comportement des parties constitue un critère essentiel pour l’appréciation du caractère raisonnable de la durée de la procédure. Les retards imputables aux parties, tels qu’une collaboration insuffisante, le dépôt massif de requêtes ou des absences répétées à des audiences, ne sont en principe pas imputables au tribunal. Les recours juridiques sophistiqués ou abusifs sont également pris en compte. Seuls les délais imputables à une faute ou à des carences organisationnelles du tribunal sont considérés comme excessifs. Les parties sont donc tenues, en principe, de contribuer à l’accélération de la procédure par un comportement coopératif et constructif.

Quelles sont les particularités en cas de procédures excessivement longues devant les juridictions administratives ou sociales ?

Pour les affaires administratives, sociales, fiscales et de brevets, les mêmes principes de base s’appliquent en général que pour les autres procédures judiciaires. Cependant, en raison de la complexité du droit et de la volumétrie des dossiers, la frontière de la durée excessive peut être atteinte plus tardivement. Les règles d’indemnisation de l’article § 198 GVG s’appliquent en principe à ces juridictions spécialisées. L’action en indemnisation relève de la compétence de la cour administrative supérieure compétente, la cour sociale régionale, le tribunal fiscal ou la Cour fédérale des brevets. La particularité réside surtout dans la compétence spécialisée et les critères de fond qui peuvent différer selon le type de procédure.

Quelles conséquences a le constat d’une durée excessive sur la procédure judiciaire en cours ?

Le fait que la durée excessive soit reconnue par le tribunal de l’indemnisation n’a en principe aucune influence directe sur la procédure judiciaire elle-même ; le rôle du tribunal de l’indemnisation se limite à l’examen des droits à indemnisation. Néanmoins, les juridictions sont sensibles à la nécessité d’accélérer la procédure lorsqu’une réclamation ou une action en indemnisation est en cours. Cela produit un effet indirect, car les tribunaux sont ensuite tenus de traiter les affaires avec une priorité particulière afin d’éviter de nouveaux retards et des demandes d’indemnisation supplémentaires.