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Procédures de sûreté

Notion et importance de la procédure de sûreté

La procédure de sûreté est une procédure autonome dans le droit allemand de la procédure pénale qui trouve application conformément aux §§ 413 et suivants du Code de procédure pénale (StPO). Elle sert à protéger la collectivité contre des auteurs dangereux dont l’irresponsabilité pénale est constatée au sens de § 20 du Code pénal (StGB) et à l’encontre desquels aucune sanction pénale ne peut être prononcée, mais pour lesquels des mesures s’avèrent nécessaires pour la sécurité publique. L’objectif essentiel de la procédure de sûreté est de clarifier si et quelles mesures pénales de sûreté, en particulier l’internement dans un hôpital psychiatrique (§ 63 StGB) ou dans un centre de désintoxication (§ 64 StGB), sont requises.

Fondements juridiques

Code de procédure pénale (StPO)

Les §§ 413 à 416 StPO régissent principalement la procédure de sûreté. Par ailleurs, des dispositions générales du Code de procédure pénale s’appliquent en partie de manière correspondante (§ 413 al. 2 StPO).

Code pénal (StGB)

Les §§ 20, 21, 63 et 64 StGB constituent les principaux points de référence de la procédure de sûreté. Ils déterminent les conditions et les conséquences juridiques de l’irresponsabilité pénale ainsi que le cadre légal de l’internement dans les établissements concernés.

Motifs et conditions préalables d’une procédure de sûreté

Irresponsabilité pénale et conditions procédurales

La procédure de sûreté est généralement engagée lorsqu’une personne mise en cause pour une infraction ne peut être tenue pénalement responsable, du fait d’une irresponsabilité pénale au sens du § 20 StGB ou d’une incapacité durable à comparaître. Une situation classique survient lorsqu’une infraction, normalement punissable, a été commise, mais que la personne ne dispose pas de la faculté de discerner l’injustice de son acte ou d’agir selon ce discernement.

Intérêt public et facteur de dangerosité

L’ouverture d’une procédure de sûreté suppose en outre que la personne concernée présente un danger significatif pour la collectivité, de sorte que l’on doit craindre, en raison de son état, la commission d’autres infractions graves.

Déroulement de la procédure de sûreté

Ouverture de la procédure

La procédure est engagée sur requête du ministère public, lorsqu’il estime qu’un placement dans un hôpital psychiatrique ou un centre de désintoxication peut s’avérer nécessaire. Contrairement à la procédure pénale classique, aucune demande de peine n’est formulée, mais seulement la demande d’ordonner une mesure de sûreté.

Enquête

Dans le cadre de l’enquête, la majeure partie des règles de la procédure pénale ordinaire s’appliquent, pour autant qu’elles concernent la constatation des faits et de l’auteur, et non la sanction et la peine des infractions. Notamment, des expertises portant sur l’état de la personne concernée sont sollicitées (§ 246a StPO par analogie).

Audience principale et décision judiciaire

Le déroulement de l’audience principale dans la procédure de sûreté s’apparente à celui d’un procès pénal ordinaire. La personne concernée dispose des mêmes droits qu’un prévenu dans le cadre d’une procédure pénale, notamment le droit à la défense et à être entendue. La décision d’ordonner une mesure d’internement relève du tribunal par jugement, et non par simple ordonnance.

Conséquences juridiques et mesures

Internement selon § 63 StGB

La mesure la plus importante est l’internement dans un hôpital psychiatrique. Les conditions requises sont la commission d’un acte illicite en état d’irresponsabilité pénale ou de capacité de discernement fortement diminuée ainsi qu’un danger de récidive d’actes illicites graves découlant de cette situation.

Internement selon § 64 StGB

En cas de dépendance avérée ou menaçante à des substances addictives, la personne concernée peut également être envoyée dans un centre de désintoxication. Il faut alors constater à la fois une propension à la consommation de substances et la commission d’infractions graves directement liées à ce comportement de dépendance.

Pas de fixation de la peine

Dans la procédure de sûreté, il n’y a pas de fixation de peine. Les mesures de sûreté et d’amélioration ne sont pas considérées comme des peines, mais comme des mesures de prévention destinées à protéger la collectivité et à soigner ou atténuer la maladie psychique.

Voies de recours

Voies de recours contre les décisions

Les mêmes recours sont ouverts à la personne concernée contre les décisions judiciaires rendues dans le cadre de la procédure de sûreté que dans une procédure pénale ordinaire. Elle peut notamment interjeter appel et se pourvoir en révision. Les dispositions des §§ 312 et suivants et 333 et suivants StPO s’appliquent alors par analogie.

Contrôle et poursuite de l’internement

La mesure d’internement n’est pas limitée dans le temps, mais le tribunal doit en vérifier la poursuite au moins une fois par an (§ 67e StGB). Une libération intervient lorsque les conditions de l’internement ne sont plus remplies.

Distinction d’avec les procédures similaires

La procédure de sûreté se distingue strictement des autres procédures, en particulier de la procédure accélérée (§ 417 et suivants StPO) et de la procédure pénale ordinaire. Dans la procédure accélérée, l’objectif principal est le traitement rapide d’affaires simples impliquant des prévenus pénalement responsables. La procédure de sûreté, en revanche, vise exclusivement la prévention des dangers posés par des personnes pénalement irresponsables ou inaptes à comparaître.

Signification et importance pratique

La procédure de sûreté assure un équilibre entre le principe de responsabilité pénale et les besoins de protection de la société. L’implication de diverses disciplines, notamment des experts en psychiatrie, en psychologie et en médecine, contribue à un examen différencié des mesures juridiques nécessaires. Même si le nombre de procédures de sûreté ouvertes chaque année reste limité par rapport à l’ensemble des procédures pénales, elles revêtent une importance pratique considérable, surtout en cas de délits graves de violence ou d’infractions sexuelles dans le contexte de maladies psychiatriques graves.

Littérature et informations complémentaires

Pour approfondir, il est recommandé de consulter les commentaires sur le Code de procédure pénale, notamment ceux relatifs aux §§ 413-416 StPO, ainsi que les monographies et manuels sur le droit des mesures et la psychiatrie médico-légale. Une jurisprudence complémentaire peut être trouvée dans les décisions de la Cour fédérale de justice et des Cours d’appel régionales concernant les conditions préalables et le déroulement de la procédure de sûreté.


Remarque : Cet article propose un aperçu détaillé de la procédure de sûreté en droit pénal allemand. Les informations présentées sont conformes à la législation en vigueur à la date de juin 2024. Un examen individuel au cas par cas demeure toujours nécessaire.

Questions fréquentes

À quelles conditions une procédure de sûreté est-elle menée ?

Une procédure de sûreté est engagée lorsqu’une personne fait l’objet d’une accusation pénale mais, en raison d’un état durable tel qu’une irresponsabilité pénale (§ 20 StGB) ou une incapacité à comparaître, n’est pas en mesure d’être jugée comme prévenu dans une procédure pénale ordinaire et d’assurer sa défense. C’est typiquement le cas d’un auteur souffrant de troubles psychiques pour lequel doit être examinée la nécessité d’un internement selon le § 63 ou le § 64 StGB. La condition déterminante pour la mise en œuvre d’une telle procédure est l’existence d’un acte illicite, pas nécessairement d’une infraction pénale commise avec faute. Le ministère public sollicite l’ouverture de la procédure de sûreté auprès du tribunal, qui fixe une audience principale, consacrée exclusivement à l’examen de l’acte et de l’état du mis en cause. L’objectif est de statuer sur l’internement de la personne dans un hôpital psychiatrique ou un centre de désintoxication afin de protéger la collectivité.

Quels droits procéduraux sont accordés à la personne concernée dans la procédure de sûreté ?

La procédure de sûreté prévoit aussi de nombreuses garanties et droits procéduraux pour protéger la personne concernée de mesures injustifiées. Il s’agit notamment du droit à l’assistance d’un avocat, de la consultation du dossier, de l’audition et du droit d’être entendu et de s’exprimer personnellement durant l’audience principale. Étant donné les graves atteintes aux droits fondamentaux comme la privation de liberté, il s’agit d’un cas de défense obligatoire au sens du § 140 al. 1 n°2 StPO, ce qui signifie qu’un avocat est impérativement désigné. De plus, le principe du procès équitable selon l’art. 6 CEDH (Convention européenne des droits de l’homme) s’applique, ce qui requiert en particulier une enquête judiciaire approfondie et la prise en compte de l’état de santé du concerné.

En quoi la procédure de sûreté diffère-t-elle de la procédure pénale ordinaire ?

La procédure de sûreté diffère de la procédure pénale classique en ce qu’elle ne vise pas la condamnation à une peine, mais l’édiction d’une mesure de sûreté et d’amélioration – en particulier selon les §§ 63, 64 StGB. Il n’est pas statué sur la culpabilité ni sur la peine, mais uniquement sur la question de savoir si, et quelle mesure doit être ordonnée pour prévenir des dangers pour la société. L’acte n’est pertinent qu’en tant que point de départ de la mesure ordonnée ; aucune condamnation formelle n’a lieu. Par ailleurs, l’intervention d’un expert en psychiatrie ou d’un expert médico-légal pour déterminer l’état psychique du concerné est généralement prescrite de manière obligatoire.

Un internement à des fins thérapeutiques peut-il aussi être ordonné dans la procédure de sûreté ?

Oui, dans le cadre de la procédure de sûreté, l’internement dans un hôpital psychiatrique selon le § 63 StGB peut être complété, selon les conditions requises – notamment une toxicomanie en lien avec l’acte –, par un internement dans un centre de désintoxication selon le § 64 StGB. Une telle mesure thérapeutique est envisageable si le risque d’autres infractions graves résultant de l’état psychique du concerné est à craindre et qu’il existe une perspective d’amélioration. Le choix et la nature de la mesure se fondent sur les conclusions concrètes relatives à la personne et à l’acte dans la procédure.

Quel rôle jouent les experts dans la procédure de sûreté ?

Les experts, généralement des médecins spécialisés en psychiatrie ou en psychologie, jouent un rôle central dans la procédure de sûreté. Ils rédigent, à la demande du tribunal, des expertises visant à apporter des réponses étayées aux questions de la responsabilité pénale, du diagnostic et du pronostic de dangerosité du concerné. Ces expertises constituent le fondement décisif de la décision judiciaire d’internement selon le § 63 ou le § 64 StGB. L’audition de l’expert lors de l’audience est obligatoire, mais le tribunal n’est pas lié par son appréciation et statue selon son intime conviction.

Existe-t-il des possibilités particulières de contrôle de détention ou de recours dans la procédure de sûreté ?

Toutes les voies de recours ordinaires existant en matière pénale sont également ouvertes contre les décisions prises dans la procédure de sûreté. Ainsi, un recours ou un pourvoi en révision peut être formé contre la mesure d’internement provisoire ou la mesure définitive, en fonction du niveau d’instance ayant statué. De plus, il existe un droit régulier à la révision de l’internement à intervalles fixés, garantissant ainsi un contrôle constant du bien-fondé de la mesure. Ces contrôles judiciaires protègent la personne concernée contre toute intervention disproportionnée ou excessive dans sa liberté.