Définition et portée de la procédure de décision par ordonnance
La procédure de décision par ordonnance constitue un élément central du système judiciaire allemand. Elle désigne une forme de décision judiciaire par laquelle le tribunal statue sur certaines affaires par voie d’ordonnance – c’est-à-dire sans tenir d’audience publique ni prononcer de jugement. Elle sert en particulier à clarifier rapidement et efficacement des questions juridiques spécifiques qui ne nécessitent pas d’être traitées par une procédure contentieuse formelle. La procédure de décision par ordonnance trouve application dans différents domaines du droit, chacun disposant de règles propres concernant le déroulement et la portée de la décision.
Caractéristiques générales et distinction avec la procédure de jugement
Contrairement à la procédure de jugement, qui s’accompagne typiquement d’une audience publique et se termine par un jugement, la procédure de décision par ordonnance se déroule par écrit. La différence essentielle réside dans la forme de la décision (ordonnance au lieu de jugement) et, en règle générale, dans une procédure raccourcie. Une ordonnance a un effet contraignant, mais elle peut – selon la branche du droit applicable – faire l’objet de voies de recours spécifiques.
Forme et contenu de l’ordonnance
Une ordonnance est rendue par le tribunal ou par une chambre de jugement sous forme écrite. Les exigences légales concernant le contenu d’une ordonnance résultent des dispositions procédurales applicables. En règle générale, une ordonnance comprend :
- les parties en présence,
- les faits déterminants,
- la motivation juridique,
- la décision finale.
Les ordonnances doivent toujours être motivées, sauf si la loi prévoit une exception.
Domaines d’application de la procédure de décision par ordonnance
La procédure de décision par ordonnance est utilisée dans de nombreux domaines du droit allemand. Les domaines les plus importants sont présentés ci-dessous :
Procédures sur requête en droit du travail
En droit du travail collectif, la procédure de décision par ordonnance est notamment régie par le § 2a de la loi sur les juridictions du travail (ArbGG). Elle concerne régulièrement les litiges relatifs aux droits de codécision dans l’entreprise ainsi que les affaires opposant employeurs et comités d’entreprise, par exemple lors de l’interprétation et de l’application d’accords collectifs d’entreprise ou de plans sociaux.
Déroulement de la procédure devant le tribunal du travail
- Dépôt de la requête : La procédure débute par le dépôt d’une requête.
- Principe de l’instruction d’office : Dans la procédure de décision par ordonnance, le tribunal n’est pas lié par les arguments des parties, mais instruit les faits d’office.
- Participants à la procédure : Outre les parties classiques au procès, d’autres participants, comme les syndicats ou les représentants du personnel, peuvent être impliqués dans la procédure.
- Voies de recours : Les ordonnances des juridictions du travail sont en principe susceptibles de recours ou de réclamation immédiate.
Procédure sur requête en matière de juridiction gracieuse
En matière de juridiction gracieuse, par exemple en droit de la famille, du régime de tutelle, de protection juridique ou du droit du registre foncier, la procédure de décision par ordonnance est le format décisionnel prédominant. L’organisation de la procédure dans cette juridiction suit la loi sur la procédure dans les affaires familiales et les affaires de la juridiction gracieuse (FamFG).
Autres domaines du droit de la juridiction gracieuse :
- Affaires de succession
- Affaires relatives au registre foncier
- Affaires de registres (par ex. registre des associations, registre du commerce)
Procédure sur requête en droit pénal
La procédure de décision par ordonnance est également utilisée en droit pénal, notamment pour ordonner ou lever la détention provisoire (§ 117 StPO), lors de la procédure intermédiaire (§ 203 StPO) ou pour statuer sur des recours et autres décisions accessoires.
Procédure sur requête en droit administratif
En procédure administrative, des ordonnances peuvent notamment être rendues lors de procédures devant les tribunaux administratifs conformément à la loi sur les tribunaux administratifs (VwGO). Il s’agit par exemple des mesures provisoires ou de procédures particulières en matière de justice administrative.
Statut des parties et principes procéduraux
Les parties à la procédure de décision par ordonnance varient selon le domaine du droit. En droit du travail, il s’agit notamment des employeurs, des représentants du personnel ainsi que, le cas échéant, de tiers concernés. En juridiction gracieuse et en droit de la famille, il s’agit des personnes requérantes et d’autres parties dont les droits sont directement affectés.
Le principe de l’instruction d’office caractérise de nombreuses procédures de décision par ordonnance. Ainsi, le tribunal est souvent tenu d’élucider les faits de manière exhaustive, indépendamment des allégations des parties. D’autres principes procéduraux peuvent concerner notamment l’implication d’autres intervenants, le respect de formes particulières ou des règles spécifiques en matière de recours.
Voies de recours et force exécutoire dans la procédure de décision par ordonnance
Les ordonnances peuvent en principe faire l’objet de divers recours. Le type de recours admissible dépend du domaine de la procédure et de la réglementation légale :
- Recours : Le recours est dans de nombreuses procédures la voie de recours principale contre les ordonnances de première instance, notamment devant le tribunal du travail ou en juridiction gracieuse (§§ 58 et suivants FamFG).
- Recours en cassation : Dans certains cas, la loi admet une nouvelle révision dans le cadre d’un recours en cassation.
- Recours immédiat : En cas d’urgence particulière, un recours immédiat est prévu, comme, par exemple, lors de l’ordonnance d’une mesure provisoire.
Avec l’acquisition de la force exécutoire, l’ordonnance acquiert un effet contraignant. La force de la chose jugée ne s’applique en règle générale qu’à la décision concernant l’objet du litige soumis.
Résumé
La procédure de décision par ordonnance est une composante complexe et largement utilisée du droit processuel allemand. Elle garantit un règlement efficace et formalisé de questions juridiques spécifiques en dehors de la procédure contentieuse classique. Par sa structure particulière, elle contribue à alléger la charge des tribunaux et permet des décisions rapides et appropriées. Les règles procédurales exactes et les modalités de recours dépendent toujours du domaine juridique pertinent et des dispositions légales correspondantes.
Questions fréquemment posées
Qui est habilité à déposer une requête en procédure de décision par ordonnance ?
En règle générale, les parties à la convention collective, les employeurs, les comités d’entreprise ou de personnel, ou les salariés concernés, sont habilités à déposer une requête dans la procédure sur requête. Les conditions précises de recevabilité dépendent de la compétence du tribunal du travail et de la réglementation légale applicable, comme la loi sur la constitution des entreprises (BetrVG) ou la loi sur la représentation du personnel (PersVG). En principe, toutes les parties disposant de droits de codécision, de participation ou d’information dans le cadre de la codécision d’entreprise peuvent introduire une procédure sur requête lorsque, par exemple, il s’agit de questions d’interprétation de règlements internes ou de litiges concernant l’application et l’interprétation d’accords collectifs d’entreprise. Les représentants des personnes lourdement handicapées sont également habilités à présenter une requête dans des cas spécifiques. En cas d’implication de tiers, comme la commission de conciliation, celle-ci peut également devenir partie à la procédure dans certaines circonstances.
Quels sont les principes de procédure applicables à la procédure de décision par ordonnance ?
La procédure sur requête est régie par les dispositions de la loi sur les juridictions du travail (ArbGG), en particulier les §§ 2a, 80 et suivants ArbGG, sous réserve des principes de la « procédure accélérée et matériellement axée sur le fond ». Elle diffère fondamentalement de la procédure de jugement, par exemple par l’application du principe d’instruction d’office : le tribunal n’est pas lié par les requêtes et les faits présentés par les parties, mais instruit les faits de sa propre initiative, de manière indépendante et complète. De plus, les règles de preuve y sont moins strictes, de sorte que tous les moyens de preuve servant à élucider les faits sont admis. Les parties ont suffisamment d’occasions de présenter leurs observations et de se faire entendre. Néanmoins, des exigences procédurales minimales s’appliquent, notamment en ce qui concerne le dépôt de la requête, la motivation et le respect des délais légaux.
Quels sont les objets de litige typiques dans la procédure sur requête ?
La procédure de décision par ordonnance traite en principe des litiges relevant du droit collectif. Les objets de litige typiques portent donc sur des questions relatives à la codécision d’entreprise, telles que l’interprétation et l’application d’accords collectifs d’entreprise, les droits et obligations des parties en présence (par ex. droits de participation du comité d’entreprise conformément à l’article 87 BetrVG), la validité et la portée des accords internes ainsi que la désignation et la compétence de la commission de conciliation. Figurent également fréquemment des litiges relatifs à la mise en œuvre de plans sociaux, de directives ou dans le cadre des lois sur la représentation du personnel. Sont également couverts l’efficacité de la nomination ou de la révocation de membres du comité d’entreprise ainsi que les questions de capacité juridique et de fonctionnement régulier du comité d’entreprise.
Comment se déroule concrètement la procédure de décision par ordonnance ?
La procédure est ouverte par une requête écrite adressée au tribunal du travail territorialement et matériellement compétent. Après réception, le tribunal vérifie la recevabilité, donne à la partie adverse la possibilité de présenter ses observations et fixe une audience en chambre. Avant cette audience, une séance de conciliation peut avoir lieu afin de parvenir à un accord entre les parties. Le tribunal peut de sa propre initiative ouvrir des investigations et convoquer des témoins ou désigner des experts. En cas de litige complexe, il n’est pas rare que la commission de conciliation soit saisie, mais sa décision peut ensuite être contrôlée par le tribunal. La procédure se termine généralement par une ordonnance contre laquelle un recours auprès du tribunal régional du travail, et dans certains cas un recours en cassation devant la Cour fédérale du travail, est ouvert.
Quelles voies de recours existent contre les ordonnances dans la procédure de décision par ordonnance ?
Contre les décisions (ordonnances) dans la procédure sur requête, le premier recours possible est la réclamation prévue par les §§ 87 et suivants ArbGG, à déposer auprès du tribunal régional du travail. La réclamation doit être formée par écrit dans le mois suivant la notification de l’ordonnance, avec une motivation. Contre la décision du tribunal régional du travail, le recours en cassation devant la Cour fédérale du travail est possible dans certaines conditions, notamment lorsqu’une question de droit fondamentale est en jeu ou en cas de décisions divergentes. La réclamation et le recours en cassation sont soumises à des conditions de forme et de délai spécifiques. Une réclamation immédiate est également possible contre certaines décisions intermédiaires (par exemple, le refus de la commission de conciliation).
Qui supporte les frais de la procédure de décision par ordonnance ?
Une particularité de la procédure sur requête réside dans la répartition des frais. En principe, chaque partie et chaque participant supporte ses propres frais, indépendamment de l’issue de la procédure (§ 2 al. 2 GKG en liaison avec § 80 ArbGG). Les frais de justice sont faibles pour les parties comparativement à la procédure civile classique, car la procédure est gratuite devant le tribunal lorsqu’elle porte sur la codécision d’entreprise en droit du travail. Il en va autrement pour les litiges relevant du droit de la représentation du personnel dans la fonction publique, où des règles de frais particulières peuvent s’appliquer. Il est important de noter qu’aucune partie n’est tenue de prendre en charge les frais de la partie adverse et que les honoraires nominaux d’avocats ne sont pas remboursés.
En quoi se distinguent la procédure sur requête et la procédure de jugement en droit du travail ?
La procédure de décision par ordonnance est exclusivement prévue pour les litiges de droit collectif, tandis que la procédure de jugement concerne les litiges individuels (par exemple entre employeur et salarié sur le salaire, le licenciement, etc.). Dans la procédure d’ordonnance, le principe d’instruction d’office s’applique et il n’y a pas d’obligation d’audience publique, alors que dans la procédure de jugement, le principe de présentation et des audiences obligatoires s’appliquent. De plus, les procédures sur requête sont tranchées par ordonnance et non par jugement, et les voies de recours se réfèrent à d’autres dispositions (réclamation au lieu d’appel, recours en cassation au lieu de pourvoi en révision). Cette séparation systématique est d’une importance fondamentale pour la pratique.