Lexique juridique

Wiki»Legal Lexikon»Gesellschaftsrecht»Procédure d’infraction

Procédure d’infraction

Procédure d’infraction

La procédure d’infraction est un instrument central du droit de l’Union permettant d’assurer le respect du droit européen par les États membres de l’Union européenne (UE). L’objectif de la procédure est de garantir que les États membres respectent leurs obligations découlant des traités de l’UE, de la législation secondaire ainsi que des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). La procédure d’infraction est principalement régie par les articles 258 à 260 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

Fondements juridiques de la procédure d’infraction

Article 258 TFUE – Ouverture de la procédure par la Commission

Selon l’article 258 TFUE, la Commission européenne est habilitée à engager une procédure d’infraction contre un État membre si elle estime que celui-ci a manqué à une obligation découlant du droit de l’Union européenne. La Commission est considérée comme la « gardienne des traités » et joue à cet égard un rôle central. La procédure comprend plusieurs étapes, qui visent à offrir à l’État membre concerné la possibilité de s’exprimer et à rechercher une solution amiable.

Article 259 TFUE – Procédure à la demande d’un autre État membre

En plus de la Commission, un État membre peut également, conformément à l’article 259 TFUE, engager une procédure d’infraction contre un autre État membre s’il estime que celui-ci enfreint le droit de l’Union. Avant toute action en justice, la Commission doit toutefois être consultée et avoir la possibilité de présenter ses observations.

Article 260 TFUE – Conséquences d’une infraction constatée

Si un État membre ne se conforme pas à un arrêt de la Cour de justice, l’article 260 TFUE prévoit des sanctions financières ainsi que d’autres mesures pour assurer le respect des traités.

Déroulement de la procédure d’infraction

En règle générale, la procédure d’infraction se déroule en plusieurs phases, commençant par une phase précontentieuse et, le cas échéant, se poursuivant par une phase contentieuse devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Phase précontentieuse (procédure préalable)

  1. Lettre de mise en demeure:

La procédure débute par une lettre de mise en demeure (« Letter of Formal Notice ») adressée par la Commission à l’État membre concerné. Celle-ci expose concrètement l’infraction présumée et invite l’État à présenter ses observations sur les faits dans un délai imparti.

  1. Avis motivé:

Si l’État membre ne réfute pas suffisamment les accusations, la Commission émet un « avis motivé » (Reasoned Opinion). Elle constate la violation du droit de l’Union et demande à l’État de remédier à la situation.

  1. Fixation d’un délai et possibilité de correction:

L’État membre dispose d’un délai pour mettre fin à la pratique critiquée ou adapter son droit national au droit de l’Union.

Procédure contentieuse

Si l’État membre ne propose pas de mesures correctives ou demeure inactif, la Commission peut saisir la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), conformément à l’article 258 TFUE. La procédure débute alors par un recours.

  1. Recours devant la CJUE:

La CJUE examine les faits, entend les parties et décide s’il y a effectivement infraction.

  1. Conséquences du jugement:

Si une infraction est constatée, l’État membre est tenu de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la violation. De plus, le jugement est contraignant.

Procédure en cas de persistance de l’infraction (art. 260 TFUE)

Si l’État membre ne se conforme pas à la décision de la Cour, la Commission peut engager une nouvelle action et demander l’imposition d’astreintes et/ou d’une somme forfaitaire. Le montant de ces sanctions dépend de la gravité et de la durée de l’infraction ainsi que de la capacité économique de l’État.

Objet des procédures d’infraction

Une procédure d’infraction peut être engagée pour divers manquements au droit de l’Union, notamment :

  • Non-transposition ou transposition tardive de directives de l’UE
  • Application de dispositions nationales incompatibles avec le droit de l’Union
  • Non-respect des obligations découlant des règlements européens
  • Atteintes aux libertés fondamentales du marché intérieur

Importance de la procédure d’infraction

La procédure d’infraction vise à garantir le fonctionnement uniforme et efficace du marché intérieur ainsi que le respect de l’État de droit au sein de l’Union européenne. Elle protège les droits des citoyens et des entreprises de l’Union et assure la force obligatoire du droit de l’Union dans tous les États membres.

Évolution statistique et exemples pratiques

La Commission européenne publie régulièrement des rapports sur les procédures d’infraction en cours et clôturées. Les domaines d’application typiques sont le droit de l’environnement, le droit fiscal, la protection des consommateurs ainsi que le droit des marchés publics. Des exemples marquants du passé concernent notamment des infractions aux directives sur la qualité de l’air, la non-transposition de règles de protection des données ou encore l’application discriminatoire de lois fiscales nationales à des situations transfrontalières.

Conséquences juridiques d’une infraction constatée

Une infraction constatée par la CJUE oblige l’État membre à y remédier sans délai. Par ailleurs, en cas de récidive, des sanctions financières peuvent être imposées, lesquelles bénéficient le cas échéant au budget général de l’UE. L’État concerné est obligé tant d’éliminer les circonstances immédiates de l’infraction que de traiter ses éventuelles conséquences.

Réformes et évolutions

Avec le traité de Lisbonne, les outils de la Commission pour faire exécuter ses jugements ont été renforcés ; elle peut désormais demander des sanctions financières dès la première procédure, par exemple en cas de non-transposition de directives.

Relation avec d’autres instruments du droit de l’Union

La procédure d’infraction coexiste avec d’autres mécanismes, tels que le recours en annulation (art. 263 TFUE), le recours en carence (art. 265 TFUE) ou la procédure préjudicielle (art. 267 TFUE), mais elle sert exclusivement à surveiller la fidélité des États membres aux traités.


La procédure d’infraction est un élément essentiel pour préserver l’intégrité de l’espace juridique européen. Elle garantit non seulement l’effectivité du droit de l’Union, mais aussi l’égalité juridique de tous les citoyens sur le marché intérieur européen et la cohésion des États membres autour des valeurs européennes communes.

Questions fréquemment posées

Quelles instances participent à une procédure d’infraction ?

Dans le contexte juridique de l’Union européenne, plusieurs institutions clés participent à la procédure d’infraction. Elle est généralement ouverte par la Commission européenne, qui supervise les manquements des États membres à leurs obligations issues des traités de l’UE. Les États membres eux-mêmes sont au centre de la procédure comme éventuels défendeurs. Par la suite, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) peut être saisie en tant qu’instance décisionnelle si l’État membre concerné ne remédie pas à la violation constatée. Dans des cas exceptionnels, des États membres peuvent également entreprendre une action contre d’autres États membres pour infraction, mais cette option est rarement utilisée. Toutes les phases de la procédure sont encadrées par des délais précis et des échanges entre les parties, afin de permettre aux parties concernées de présenter leurs observations et de remédier à la situation avant qu’une décision judiciaire ne soit rendue.

Quelles sont les étapes de la procédure d’infraction ?

La procédure d’infraction comporte plusieurs phases clairement définies. Lors de la première phase, dite phase précontentieuse, la Commission informe l’État membre, via une lettre de mise en demeure, de l’infraction présumée et l’invite à présenter ses observations et, le cas échéant, à y remédier. En l’absence de mesures, suit la deuxième phase, dans laquelle la Commission émet un avis motivé qui fixe un dernier délai de régularisation. Si l’État membre n’y répond pas, la Commission engage la troisième phase et forme un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne. Celle-ci examine alors l’affaire et rend un arrêt qui lie l’État concerné. Si l’exécution du jugement fait défaut, une nouvelle action peut être intentée, accompagnée de sanctions financières.

Quels sont les droits et obligations des États membres concernés dans la procédure ?

Les États membres impliqués dans une procédure d’infraction disposent tant de droits étendus de participation que d’obligations. Ils ont le droit de soumettre, par écrit et, si nécessaire, oralement, des explications sur toutes les allégations et mesures. Ils peuvent présenter leur point de vue à chaque étape, fournir des preuves et répondre aux propositions de la Commission. En contrepartie, l’État membre est tenu de fournir à la Commission toutes les informations nécessaires, de collaborer activement à l’établissement des faits et, le cas échéant, de remédier rapidement à la situation illicite. Si l’État ne respecte pas une décision définitive de la Cour, il doit également appliquer les sanctions prononcées dans le jugement ou lors d’une nouvelle procédure.

Quelles sanctions peuvent être imposées dans le cadre d’une procédure d’infraction ?

Si la Cour de justice de l’Union européenne constate une infraction et que l’État membre concerné ne la corrige pas dans le délai fixé, la Commission peut demander une nouvelle évaluation, comprenant l’imposition de sanctions financières. Celles-ci peuvent prendre la forme de sommes forfaitaires (Lump Sum) ou d’astreintes (Penalty Payment), dont le montant dépend de la gravité, de la durée de la violation et de la capacité économique de l’État membre. Ces paiements visent à assurer l’effectivité du droit de l’Union et à avoir un effet dissuasif envers d’autres États. L’obligation de payer prend fin dès que la situation illicite est corrigée.

Quelles sont les conséquences d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne pour les juridictions nationales et le droit national ?

Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne dans le cadre d’une procédure d’infraction lie l’État membre concerné. Il oblige non seulement le gouvernement, mais aussi l’ensemble des autorités et des juridictions nationales à remédier à la violation constatée et à prévenir toute infraction future. Les juridictions nationales doivent appliquer le droit de l’Union selon l’interprétation de la Cour et en conformité avec sa décision. Si le droit national demeure incompatible avec le droit de l’Union, les juridictions nationales doivent écarter la norme nationale ou veiller à une application conforme au droit de l’Union.

Y a-t-il un recours possible contre un arrêt rendu dans le cadre d’une procédure d’infraction ?

Les décisions de la Cour de justice de l’Union européenne dans le cadre des procédures d’infraction sont en principe définitives et ne peuvent être contestées par des voies de recours ordinaires. Toutefois, il est possible, dans certains cas, de demander la réouverture de la procédure si, après le prononcé du jugement, des faits nouveaux et déterminants apparaissent, qui, s’ils avaient été connus plus tôt, auraient pu conduire à un autre arrêt. Les conditions juridiques pour une telle réouverture sont toutefois strictes et s’interprètent restrictivement. Une procédure d’appel ordinaire n’est pas prévue dans la procédure d’infraction.

Quels sont les délais particuliers applicables à la procédure d’infraction ?

La procédure est encadrée par plusieurs délais parfois stricts, qui structurent significativement la durée et le déroulement. Après réception de la lettre de mise en demeure de la Commission, l’État membre dispose en général de deux mois pour présenter ses observations. Après, le cas échéant, la remise d’un avis motivé, un nouveau délai, également en général de deux mois, peut être accordé. Après la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne, les délais généraux du règlement de procédure de la CJUE s’appliquent au dépôt des mémoires et autres actes de procédure. Le respect de ces délais est essentiel pour éviter les retards et assurer l’application effective du droit de l’Union.