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Procédure d’asile

Définition et bases juridiques de la procédure d’asile

La procédure d’asile désigne la procédure administrative réglementée par la loi qui permet de statuer sur l’octroi d’une protection au titre du droit d’asile en Allemagne. L’objectif de la procédure d’asile est de vérifier si le demandeur remplit les conditions pour obtenir une protection internationale – notamment selon la Loi fondamentale (art. 16a GG) ainsi que la loi sur l’asile (AsylG). Cette procédure constitue un élément fondamental du droit de la migration et du droit des réfugiés et est soumise à de nombreuses réglementations nationales, européennes et internationales.

Cadre juridique

Respect des droits fondamentaux et droit international

Le droit d’asile est consacré en Allemagne à l’article 16a de la Loi fondamentale en tant que droit fondamental. À cela s’ajoutent la loi sur l’asile (AsylG) et la loi sur le séjour (AufenthG) comme fondements juridiques centraux. Des dispositions internationales, telles que la Convention de Genève sur les réfugiés (GFK) du 28 juillet 1951 ainsi que le Protocole de New York de 1967, influencent également de manière déterminante la procédure d’asile. Par ailleurs, les directives et règlements européens, en particulier le règlement Dublin III et la directive Qualification, sont applicables.

Compétences et autorités

En Allemagne, l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF) est principalement compétent pour l’instruction de la procédure d’asile. À l’échelon des Länder et des communes, les services des étrangers interviennent dans différentes étapes de la procédure, notamment pour l’octroi du séjour et la reconduite.

Déroulement de la procédure d’asile

La procédure d’asile se compose de différentes étapes, chacune étant soumise à des règles juridiques distinctes.

1. Dépôt de la demande d’asile et enregistrement

La procédure d’asile commence par le dépôt formel de la demande auprès du BAMF. Auparavant, une arrivée dans un centre d’accueil dit « de premier accueil » a lieu, où les demandeurs sont recensés et pris en charge. L’enregistrement en tant que demandeur d’asile est une condition préalable au déroulement de la procédure.

Obligations du demandeur

Une obligation de coopération existe lors du dépôt de la demande. Le demandeur doit fournir des informations sur son identité, son origine et ses motifs de fuite ainsi que présenter les documents pertinents. Des informations erronées ou un manque de coopération peuvent compromettre le droit à une protection.

2. Contrôle Dublin

Avant l’examen du fond, le règlement Dublin III permet de déterminer quel État membre de l’Union européenne est compétent pour la procédure d’asile. Si un autre État est compétent, un transfert dit “Dublin” a lieu vers l’État concerné.

3. Examen au fond de la demande d’asile

Si l’Allemagne est compétente, l’examen du fond porte ensuite sur le besoin de protection au regard du droit allemand et du droit européen dérivé.

Formes de protection

Dans le cadre de la procédure d’asile, les formes de protection suivantes sont examinées :

  • Droit d’asile selon l’art. 16a GG : Ne s’applique qu’en cas de persécution politique par l’État d’origine, à l’exclusion d’une entrée par des États tiers sûrs.
  • Qualité de réfugié (§ 3 AsylG, art. 1 GFK) : S’applique en cas de persécution pour des motifs tels que la race, la religion, la nationalité, l’opinion politique ou l’appartenance à un certain groupe social.
  • Protection subsidiaire (§ 4 AsylG) : Est accordée en cas de risque de préjudice grave, de torture, de peine de mort ou de danger de guerre et lorsqu’aucune qualité de réfugié n’est reconnue.
  • Interdiction nationale d’expulsion (§ 60 al. 5 et 7 AufenthG) : S’applique en cas de danger concret et individuel pour l’intégrité physique ou la vie dans le pays d’origine.

Audition

Le cœur de l’examen au fond est l’audition personnelle devant le BAMF, durant laquelle les motifs de fuite doivent être exposés en détail. On y accorde une attention particulière à l’individualisation, à la crédibilité et à la cohérence des déclarations.

4. Décision du BAMF

Après examen de la situation de fait et de droit, le BAMF rend une décision écrite accordant la protection ou rejetant la demande. Cette décision précise le statut accordé, d’éventuelles conditions annexes (par exemple obligation de résidence) et les délais applicables.

Conséquences juridiques et statut de séjour

En cas de décision positive, les personnes reconnues bénéficiaires d’une protection reçoivent un titre de séjour, dont la durée et les droits dépendent de la forme de protection accordée. Un refus peut entraîner l’obligation de quitter le territoire ou le lancement de mesures d’éloignement, à moins qu’il n’existe des interdictions d’expulsion.

Voies de recours et procédure juridictionnelle

Recours contre les décisions de rejet

Il existe un droit de recours juridictionnel contre les décisions du BAMF. Les tribunaux administratifs sont compétents ; ils fixent des délais et modalités selon la nature du rejet (par exemple « manifestement infondé », « infondé », « irrecevable »). Le recours a en règle générale un effet suspensif, c’est-à-dire qu’une expulsion est suspendue dans l’attente de la décision judiciaire, sauf cas d’urgence.

Autres voies de recours

Contre les décisions des tribunaux administratifs, un appel ou un pourvoi devant la Cour administrative supérieure ou la Cour administrative fédérale est possible dans certaines conditions. Les chances de succès et les exigences dépendent de la matière juridique concernée.

Procédures particulières et régimes spéciaux

Procédure aéroportuaire

La procédure dite d’aéroport constitue un cas particulier de la procédure d’asile, appliqué lors du dépôt d’une demande dans un aéroport sous certaines conditions, notamment lorsque les demandeurs entrent par des États tiers sûrs ou ne possèdent pas de papiers valides. Dans ce cas, un examen accéléré est effectué avant l’entrée en Allemagne.

Mineurs non accompagnés demandeurs d’asile

Des dispositions particulières s’appliquent aux mineurs non accompagnés, notamment en matière d’accompagnement procédural, d’audition et d’hébergement. Ils bénéficient d’un droit de représentation par un tuteur légal et d’un standard de protection accru.

Procédures ultérieures et nouvelles demandes

Les demandeurs déboutés peuvent, sous certaines conditions, présenter de nouvelles demandes, par exemple en cas de modification ultérieure de la situation factuelle ou juridique. Celles-ci sont toutefois soumises à des conditions de recevabilité particulières et sont examinées de manière autonome.

Importance de la procédure d’asile dans l’État de droit

La procédure d’asile est un élément central de la protection juridique offerte par l’État de droit aux personnes persécutées pour des motifs politiques ou liés aux droits de l’homme. Elle garantit un processus d’examen formalisé, individualisé et transparent, et sert à respecter les obligations internationales, notamment le principe de non-refoulement (interdiction de refoullement vers les États de persécution).

Littérature et dispositions complémentaires

Les sources et textes juridiques pertinents comprennent notamment :

  • Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne (art. 16a GG)
  • Loi sur l’asile (AsylG)
  • Loi sur le séjour (AufenthG)
  • Convention de Genève sur les réfugiés (GFK)
  • Règlement Dublin III (UE)
  • Directive européenne qualification

Des informations complémentaires figurent dans les commentaires actuels sur le droit d’asile, les publications de l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés ainsi que dans la jurisprudence pertinente de la juridiction administrative.


Remarque : Le présent article constitue une présentation complète et structurée de la procédure d’asile et ne remplace pas une consultation juridique personnalisée. L’exposé tient compte de l’état du droit et de la législation jusqu’à l’année 2024.

Questions fréquentes

Que recouvre la procédure dite Dublin et quelles en sont les conséquences juridiques pour les demandeurs d’asile ?

La procédure Dublin est un instrument juridique central du système d’asile européen, fondé sur le règlement Dublin (UE) n° 604/2013. Il définit quel État membre de l’Union européenne (et certains États associés) est compétent pour examiner une demande d’asile. Son objectif est d’éviter les demandes multiples dans différents pays et d’assurer un examen du fond de chaque dossier. Sur le plan juridique, la procédure repose principalement sur le règlement Dublin III, qui tient également compte du système Eurodac pour l’identification.
Cela signifie pour les demandeurs d’asile que, s’ils ont par exemple été identifiés biométriquement en Italie et souhaitent demander l’asile ensuite en Allemagne, ils seront dans la plupart des cas transférés vers l’Italie, car, selon le principe du premier point d’entrée, l’Italie est compétente pour l’examen de la demande d’asile. Toutefois, il est possible de faire valoir, dans le cadre d’un entretien personnel, des objections (par exemple, des motifs humanitaires ou des liens familiaux), ce qui peut conduire, au cas par cas, à la prise en charge de la demande par un autre État membre. Les intéressés reçoivent une décision de transfert, contre laquelle un recours peut être introduit dans un délai bref. Si aucun recours n’est formé à temps ou si la procédure n’est pas contestée avec succès devant les tribunaux nationaux, le transfert vers l’État compétent est exécuté et la demande d’asile n’est pas instruite en Allemagne.

Quand et comment a lieu l’audition personnelle dans la procédure d’asile et quelles exigences juridiques s’appliquent ?

L’audition personnelle constitue un élément central de la procédure d’asile et est régie par l’article 25 de la loi sur l’asile (AsylG). Elle a lieu en règle générale après le dépôt de la demande d’asile auprès de l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF). L’audition est l’occasion la plus importante pour le demandeur d’exposer de façon exhaustive les raisons de sa fuite.
D’un point de vue juridique, le BAMF est tenu d’examiner attentivement toutes les déclarations et d’organiser l’audition par une personne qualifiée et formée. Le demandeur a droit à une traduction individuelle et linguistiquement suffisante ; des malentendus ou des erreurs peuvent rendre la procédure incomplète. Les mineurs ou les personnes particulièrement vulnérables ont, le cas échéant, droit à un représentant procédural ou un tuteur légal. Durant l’audition, tout le parcours de fuite doit être décrit en détail, des preuves doivent être fournies et les motifs de protection éventuels (par exemple, persécution politique, menace de peine de mort, risque de traitement inhumain) doivent être précisés. Une assistance d’un avocat n’est en principe pas obligatoire, mais peut être organisée à l’avance. Les déclarations faites lors de l’audition sont décisives pour la décision ultérieure et sont consignées dans un procès-verbal qui sert de base pour la suite de la procédure.

Quelles possibilités juridiques existent après une décision de rejet d’une demande d’asile ?

Si un demandeur d’asile reçoit une décision de rejet, différentes voies de recours sont ouvertes. Le droit allemand prévoit, selon l’article 74 de la loi sur l’asile (AsylG), la possibilité de former un recours contre la décision de rejet. Le recours doit être introduit par écrit devant le tribunal administratif compétent, en général dans un délai de deux semaines à compter de la notification de la décision ; en cas de rejet comme « manifestement infondé », le délai est réduit à une semaine.
Par ce recours, il est possible de demander la révision de la décision administrative, notamment de vérifier si le BAMF a à juste titre refusé le droit d’asile, la protection des réfugiés, la protection subsidiaire ou l’interdiction d’expulsion. Le contrôle judiciaire porte aussi bien sur le bien-fondé que sur la légalité formelle de la décision ; des vices de procédure ou d’audition sont également pertinents. En cas de rejet pour « caractère manifestement infondé », une demande en référé complémentaire selon l’article 80, al. 5 VwGO doit être déposée, afin que l’effet suspensif du recours soit rétabli et qu’aucune expulsion ne puisse intervenir durant la procédure. Les chances de succès dépendent essentiellement de la motivation individuelle, des preuves et du respect de toutes les formalités procédurales. Une représentation par un avocat est fortement recommandée, mais n’est pas obligatoire.

Quelles formes de protection distingue la loi allemande sur l’asile et quels droits en découlent ?

Le droit d’asile allemand distingue quatre formes de protection principales : l’asile selon l’article 16a GG, la protection des réfugiés selon l’article 3 AsylG combiné à la Convention de Genève sur les réfugiés, la protection subsidiaire selon l’article 4 AsylG et l’interdiction nationale d’expulsion conformément à l’article 60, alinéas 5 et 7 de la loi sur le séjour (AufenthG).
L’asile selon l’article 16a GG correspond à une protection constitutionnelle contre la persécution politique en Allemagne ; il est très rarement accordé et considérablement limité en raison des « États tiers sûrs ». La protection des réfugiés est fondée sur des accords internationaux et accordée aux personnes menacées de graves persécutions en raison de leur race, religion, nationalité, opinion politique ou appartenance à un certain groupe social. La protection subsidiaire s’applique lorsque ni le droit d’asile ni la protection des réfugiés ne sont accordés, mais que des dangers individuels graves existent dans le pays d’origine, notamment du fait de la guerre ou de traitements contraires aux droits humains.
Enfin, il existe une interdiction nationale d’expulsion, si un retour ferait courir un danger important à la santé, à la vie ou à la liberté dans des cas concrets, par exemple en raison d’une maladie grave ou de dangers individuels.
Chaque forme de protection ouvre des droits différents tels que le titre de séjour, le regroupement familial, des offres d’intégration ou l’accès au marché du travail, dont la portée et la durée varient selon le statut de protection.

Quelles sont les exigences en matière de preuve dans la procédure d’asile ?

La procédure d’asile en Allemagne est régie par le principe de l’enquête d’office, ancré à l’article 24 AsylG. Cela signifie que l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés est tenu de rechercher d’office tous les éléments pertinents pour la décision, indépendamment de la production de preuves par le demandeur. Le demandeur d’asile est toutefois tenu de collaborer activement à l’établissement des faits et d’apporter, dans la mesure du possible, des éléments de preuve tels que documents, témoignages ou toute autre preuve.
Des particularités existent lors de la vérification de l’identité et de la nationalité : l’absence de papiers ne doit pas automatiquement nuire à la procédure, à condition que des raisons compréhensibles soient présentées. L’appréciation de la crédibilité des allégations se fait au cas par cas, en tenant compte de la personnalité du demandeur, de la cohérence des propos et de la situation générale dans le pays d’origine. Des expertises et avis, par exemple du ministère des Affaires étrangères, du HCR ou d’ONG, sont régulièrement utilisés comme sources d’information spécifiques aux pays. La charge de la preuve pour les conditions du statut de protection incombe en principe au demandeur, mais le BAMF est tenu à une clarification équitable et approfondie.

Quelles sont les conséquences du rejet définitif d’une demande d’asile au regard du droit au séjour ?

Si une demande d’asile est rejetée de manière définitive, le droit de séjour de la personne concernée en Allemagne prend fin avec la force exécutoire de la décision, à moins que d’autres motifs de séjour ne s’appliquent. Dès lors, le demandeur est en principe tenu de quitter le territoire (§ 59 AufenthG, § 34 AsylG) et se voit fixer un délai de départ, au terme duquel il risque une expulsion. L’autorité compétente des étrangers peut procéder à l’éloignement sauf s’il existe un motif de tolérance (par exemple, incapacité de voyager, absence de papiers, raisons personnelles graves). Jusqu’à l’expulsion, l’autorisation provisoire de séjour est révoquée ; seule subsiste alors la « tolérance » pour la période dite de l’« expulsion suspendue ». Pendant cette phase, l’accès aux prestations sociales est limité et l’accès au marché du travail n’est possible, à titre exceptionnel, que sur autorisations individuelles. Une nouvelle demande d’asile (demande ultérieure) est certes possible, mais juridiquement prometteuse uniquement en présence de nouveaux éléments de preuve importants ou de faits nouveaux. La clôture de la procédure d’asile par un rejet définitif restreint ainsi de manière significative toutes les possibilités relevant du droit de séjour dans le système juridique allemand.