Définition et qualification juridique de « privé »
Le terme « privé » n’est pas un concept juridiquement défini de manière stricte en droit allemand, mais il est utilisé dans de nombreux domaines du droit. Il sert généralement à désigner une personne ou un sujet de droit qui se situe en dehors de l’administration publique ou de la sphère étatique et qui n’est pas directement régi par des dispositions ou des institutions de droit public. Dans ce sens, le « privé » se distingue de notions telles que l’État ou les personnes morales de droit public, et joue un rôle central tant en droit privé qu’en droit public.
Distinction entre « privé » et entités de droit public
Normes juridiques de droit privé et de droit public
La distinction entre personnes ou entités privées et entités publiques constitue le fondement de la division du système juridique allemand en droit public et en droit privé. Le droit privé (droit civil) régit les rapports juridiques entre sujets de droit privés, tandis que le droit public détermine les relations entre l’État et les citoyens ainsi qu’entre les différentes institutions étatiques.
Les acteurs privés interviennent dans le cadre du droit privé sur un pied d’égalité, c’est-à-dire qu’ils agissent sur le même plan juridique. À l’inverse, l’action des entités publiques leur permet, par des actes administratifs, d’agir dans le cadre d’une relation de subordination (théorie de la subordination).
Sujets de droit et leur classification comme « privés »
Sont considérés comme personnes privées, en particulier, les personnes physiques ainsi que les personnes morales de droit privé – par exemple les associations déclarées (§ 21 BGB), les sociétés à responsabilité limitée (GmbH, § 1 GmbHG) ou les sociétés anonymes (AG, § 1 AktG). Cette distinction est notamment importante pour les questions de responsabilité, de compétence et d’application de certaines dispositions légales.
Ne sont toutefois pas considérées comme personnes privées les personnes morales de droit public, telles que les établissements publics, corporations ou fondations de droit public (par exemple universités, chambres de commerce et d’industrie).
Portée juridique en droit civil
Liberté contractuelle en droit privé
En droit civil, le statut de « privé » est à la base de l’autonomie privée. Celle-ci inclut notamment la liberté contractuelle, c’est-à-dire que les personnes privées peuvent librement conclure des contrats et en déterminer le contenu, dans les limites fixées par la loi (cf. § 311 BGB). Cela vaut tant pour la conclusion que pour la modification ou la résiliation des contrats.
Propriété et patrimoine privé
La Loi fondamentale allemande protège expressément la propriété et le droit de succession, dont les personnes privées sont titulaires (§ 903 BGB, art. 14 GG). Les personnes privées peuvent acquérir, utiliser, grever et aliéner librement des biens.
Responsabilité et devoirs des personnes privées
Les personnes privées, qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales, sont soumises dans la vie juridique à la responsabilité civile, par exemple pour les dommages résultant d’actes illicites (§§ 823 ss. BGB) ou de violations contractuelles (§ 280 BGB). Les règles de responsabilité dépendent de la faute ou, pour certains risques, sont fondées sur une responsabilité objective, indépendante de la faute.
Statut juridique des personnes privées en droit public
Les personnes privées comme concessionnaires de l’administration
Dans certaines circonstances, des personnes privées peuvent se voir confier des missions publiques, notamment dans le cadre d’une délégation par l’État. Ainsi, une personne privée peut se voir accorder le pouvoir d’exercer, en son nom propre et avec effet contraignant à l’extérieur, des fonctions de puissance publique (cf. art. 33 al. 4 GG). Néanmoins, la nature fondamentale de personne privée, non étatique, subsiste, ce qui entraîne, par exemple, différentes conséquences juridiques en matière de surveillance par l’État.
Les personnes privées dans la procédure administrative
Dans la procédure administrative, les personnes privées sont généralement des parties prenantes, des requérantes, des opposantes ou des personnes concernées par des actes administratifs. La base de la participation des personnes privées est la loi sur la procédure administrative (VwVfG), qui détermine les droits et obligations des personnes privées dans la procédure administrative.
Les personnes privées et le droit des marchés publics
En droit des marchés publics, les personnes privées jouent un rôle déterminant en tant que soumissionnaires. Les pouvoirs adjudicateurs publics sont tenus de conclure certains contrats avec des personnes privées au moyen de procédures de marché transparentes et non discriminatoires (par exemple GWB, VgV, VOL/A). Les droits des personnes privées y sont renforcés par un principe d’égalité de traitement et le droit à un recours juridictionnel effectif.
Les personnes privées et le droit constitutionnel
Capacité fondamentale des personnes privées à détenir des droits fondamentaux
Les droits fondamentaux s’appliquent en principe aux personnes privées, c’est-à-dire aux personnes physiques et, sous certaines conditions, également aux personnes morales de droit privé (cf. art. 19 al. 3 GG). La distinction entre personnes privées et détenteurs de la puissance publique est essentielle, ces derniers ne pouvant se prévaloir des droits fondamentaux (les droits fondamentaux protègent contre les actions de l’État).
Protection de la « sphère privée »
La Loi fondamentale protège la vie privée et la sphère intime par divers droits fondamentaux (par exemple art. 2 al. 1 GG – liberté générale d’agir, art. 10 GG – secret de la correspondance, du courrier et des télécommunications). Les personnes privées peuvent faire valoir ces droits de protection à l’encontre de l’État.
Les personnes privées en droit international et en droit européen
Les personnes privées comme destinataires des règles en droit international privé
En droit international privé également, la distinction entre personnes privées et États est fréquente, notamment dans des situations transfrontalières. Les personnes privées peuvent être parties à des contrats internationaux mais, à la différence des États, sont soumises au droit national du for ou à la loi choisie dans le contrat.
Les personnes privées et le principe d’égalité de traitement en droit européen
En droit européen, les personnes privées bénéficient de droits de protection étendus, notamment dans le marché intérieur (liberté d’établissement, libre prestation des services, art. 49 et 56 TFUE). L’Union européenne impose aux États membres l’égalité de traitement et la non-discrimination des personnes privées dans les relations économiques.
Conclusion et synthèse
Le terme « privé » a une importance considérable en droit allemand et européen. Les personnes privées, en tant que sujets de droit, disposent de leurs propres droits et obligations et doivent être clairement distinguées des entités publiques et de l’État dans de nombreux domaines juridiques – du droit civil au droit public, en passant par le droit constitutionnel et international. Cette distinction influe sur l’application des normes, la responsabilité, la protection des droits fondamentaux et l’attribution de compétences de droit public. Comprendre la notion de « privé » et ses implications juridiques est fondamental pour l’analyse de nombreuses questions et branches du droit.
Questions fréquemment posées
Existe-t-il des exigences juridiques particulières concernant l’utilisation de terrains privés ?
L’utilisation de terrains privés en Allemagne est soumise à des réglementations légales strictes, issues notamment du Code civil allemand (BGB), du Code de la construction (BauGB), ainsi que des dispositions du droit régional. En tant que propriétaire d’un terrain, on dispose en principe de droits étendus pour l’utiliser à sa guise (§ 903 BGB). Toutefois, de nombreuses restrictions s’appliquent : les modifications structurelles et d’utilisation nécessitent généralement une autorisation administrative, notamment pour les projets de construction. Il convient de s’assurer que l’utilisation du terrain privé ne porte pas atteinte de façon disproportionnée aux droits de tiers – par exemple des voisins –, telles que des nuisances sonores ou olfactives. Par ailleurs, les exigences du droit public, telles que les prescriptions environnementales, doivent être respectées. Le non-respect de ces règles peut entraîner des actions en justice de la part du voisinage, des amendes administratives ou des injonctions de mise en conformité.
Quelles règles juridiques protègent la vie privée sur un terrain privé ?
La protection de la vie privée sur une propriété privée est un bien protégé par la Constitution en Allemagne, fondée principalement sur l’art. 13 (inviolabilité du domicile) et l’art. 2 al. 1 conj. avec l’art. 1 al. 1 GG (droit général de la personnalité). Sur cette base, il est en principe interdit aux tiers d’entrer sur la propriété privée sans le consentement du propriétaire. Le droit à l’image et à l’autodétermination informationnelle doit aussi être respecté dans la sphère privée ; par exemple, la prise ou la publication de photographies du propriétaire sans son consentement exprès est en règle générale interdite (cf. § 22 KunstUrhG). En cas d’atteinte à la vie privée, la victime peut exercer des droits civils à cessation ou, le cas échéant, à indemnisation. Par ailleurs, des conséquences pénales sont possibles en cas d’atteintes graves (par exemple violation de domicile selon § 123 StGB).
Qui est responsable juridiquement des accidents sur une propriété privée ?
En cas d’accident sur une propriété privée, le propriétaire ou le détenteur du terrain est en principe responsable du fait de l’obligation de sécurité des lieux (§ 823 BGB). Cette obligation implique de sécuriser ou d’éliminer convenablement les sources de danger présentes sur le terrain pouvant causer des dommages corporels, matériels ou à la vie d’autrui. Voici quelques exemples courants : allées mal éclairées, verglas en hiver ou défauts de construction. Si le propriétaire ou l’ayant-droit manque à ce devoir par négligence ou intentionnellement et qu’il en résulte un dommage, il/elle peut être obligé(e) de verser des dommages et intérêts. Toutefois, la responsabilité peut être limitée dans certains cas, par exemple si la victime a agi de manière gravement négligente ou si une faute partagée du propriétaire peut être établie.
Quelles sont les obligations de déclaration et d’autorisation applicables à la location de logements privés ?
La location de logements privés est soumise à plusieurs obligations de déclaration et d’autorisation. Le bailleur doit d’abord remettre une attestation de résidence au locataire afin que ce dernier puisse remplir son obligation légale de déclaration conformément à l’art. 19 de la loi fédérale sur l’enregistrement des résidents (BMG). En cas de location temporaire – comme dans le cadre de locations de vacances –, des règlements spéciaux peuvent s’appliquer. Dans de nombreuses communes, une autorisation de changement d’usage est requise, car la location durable ou répétée à court terme est soumise à la législation sur la protection du logement. L’activité de location à titre professionnel entraîne aussi des obligations fiscales – par exemple, la déclaration en tant que bailleur professionnel auprès de l’administration fiscale. Le non-respect de ces obligations peut entraîner des amendes et, dans certains cas, une interdiction de location.
Quelles restrictions juridiques particulières s’appliquent à la vidéosurveillance privée ?
La vidéosurveillance privée est en principe autorisée, mais elle est soumise à des règles strictes en matière de protection des données, notamment selon le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et la loi fédérale allemande sur la protection des données (BDSG). La surveillance ne doit concerner que la sphère privée propre (par ex. sa propre propriété) et ne pas inclure de voies publiques ou de terrains voisins. Les personnes concernées doivent être informées de la surveillance de manière appropriée. Les enregistrements ne doivent être réalisés qu’aux fins de la préservation d’intérêts légitimes, tels que la protection de la propriété contre les effractions. En cas de non-respect de ces règles, des amendes administratives peuvent être infligées par les autorités de protection des données, ainsi que des demandes civiles d’interdiction formulées par les personnes concernées.
Dans quelle mesure l’usage de biens privés à des fins professionnelles est-il juridiquement limité ?
L’utilisation de biens privés à des fins professionnelles ou commerciales est juridiquement très sensible. Selon les règlementations de construction des Länder et le BauGB, l’utilisation et les modifications structurelles d’une habitation ou d’un terrain privé sont soumises à autorisation dès lors qu’elles excèdent l’usage d’habitation ordinaire. Les droits des voisins, tels que l’obligation de respect (§ 15 BauNVO) ou les réglementations sur la protection contre les nuisances, doivent fréquemment être pris en compte. Par exemple, si une maison d’habitation privée est régulièrement utilisée comme cabinet, bureau ou accueille une clientèle, il peut s’agir d’un changement d’usage nécessitant une autorisation administrative et déclenchant les règles de droit de la construction ou du commerce. Les infractions peuvent entraîner des amendes, des interdictions d’utilisation ou des ordres de remise en état.
Qui peut consulter le registre foncier privé en Allemagne ?
En Allemagne, l’accès au registre foncier est, pour des raisons de protection des données et de la propriété, réservé à un cercle restreint de personnes. Selon l’art. 12 du règlement sur le registre foncier (GBO), l’accès n’est autorisé qu’à ceux qui démontrent un « intérêt légitime ». Il s’agit typiquement du propriétaire, des titulaires de droits sur le bien (par ex. créanciers hypothécaires), des notaires, des avocats ainsi que des autorités dans le cadre de leurs fonctions légales. La simple curiosité ou un intérêt économique ne suffit pas. Chaque demande d’accès est examinée par les bureaux du registre foncier afin de vérifier la légitimité de l’intérêt invoqué. Un accès non autorisé aux données du registre foncier privé est illégal et peut entraîner des sanctions en vertu de la législation sur la protection des données.