Définition et principes fondamentaux des funérailles
Le domaine funéraire englobe tous les aspects juridiques, organisationnels et techniques de la préparation, l’exécution et le suivi des obsèques de personnes décédées. En tant que partie importante du système de santé publique et de la prévention des risques, le secteur funéraire régit en particulier les questions entourant la prise en charge des défunts, l’élimination des corps, le droit funéraire ainsi que la culture du deuil. Le domaine funéraire constitue ainsi une interface entre le droit public, le droit privé et le droit de police administrative.
Bases juridiques du domaine funéraire
Dispositions fédérales
En Allemagne, il n’existe pas de « loi sur les funérailles » uniforme au niveau fédéral. La compétence réglementaire appartient principalement aux Länder. Néanmoins, on trouve des dispositions fédérales, notamment dans la loi sur la protection contre les infections (IfSG), ainsi que dans le code pénal (StGB) et le code civil (BGB).
Réglementations fédérales importantes :
- Loi sur la protection contre les infections (IfSG) : contient des dispositions relatives au transfert et à la sépulture en cas de maladies infectieuses.
- Code civil (BGB) : prévoit à l’article 1968 l’obligation de prendre en charge les frais funéraires, déterminée par la qualité d’héritier.
- Code pénal (StGB) : sanctionne la violation du repos des morts (§ 168 StGB).
Réglementations des Länder
Les dispositions concrètes concernant le domaine funéraire se trouvent dans les lois funéraires des Länder (par exemple, loi sur les funérailles de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, loi sur les funérailles en Bavière). Ces lois réglementent notamment :
- Organisation et déroulement des funérailles
- Délais d’inhumation et délais d’attente pour la déclaration du décès
- Types d’obsèques autorisées (inhumation en terre, crémation, inhumation en mer, formes alternatives)
- Dispositions sur l’autopsie et le transfert des corps
- Compétence des autorités de police administrative
- Dispositions concernant les cimetières et leurs exploitants
Obligation d’inhumation et prise en charge du défunt
Obligation d’inhumation
L’obligation d’inhumation désigne le devoir de droit public d’organiser les funérailles d’une personne décédée. Elle est indépendante des droits de succession et s’applique, pour des personnes déterminées, selon un ordre légalement établi. En général, il s’agit de :
- Conjoint ou partenaire de vie
- Enfants
- Petits-enfants
- Parents
- Frères et sœurs
- autres membres de la famille
Si la personne ayant l’obligation d’inhumation ne remplit pas son devoir ou n’est pas joignable, cette obligation est transférée à l’autorité administrative locale compétente.
Obligation de prise en charge des frais
L’obligation de prise en charge des frais est à distinguer strictement de l’obligation d’inhumation. Elle dépend, en droit successoral (BGB), de la qualité d’héritier ainsi que des dispositions légales en matière d’aide sociale si la couverture des coûts n’est pas assurée. L’organisme d’aide sociale prend, selon l’article 74 SGB XII, en charge les « frais nécessaires d’une inhumation », dans la mesure où leur paiement ne peut raisonnablement être exigé des personnes responsables.
Droit de prise en charge du défunt
Le droit de prise en charge du défunt correspond au droit de décider du type, du lieu et des modalités des funérailles. La volonté du défunt doit être respectée en priorité ; si aucune instruction n’a été laissée, les pouvoirs décisionnels reviennent aux proches selon l’ordre précédemment mentionné.
Déroulement des funérailles
Constatation du décès et examen du corps
Une inhumation ne peut avoir lieu qu’après la constatation du décès et la délivrance d’un certificat de décès. L’examen du corps est un contrôle administratif ou médical destiné à déterminer la date et la cause du décès, soumis à des exigences légales nationales et régionales.
Types de funérailles
La législation autorise principalement les formes de funérailles suivantes :
- Inhumation en terre (dans un cercueil au cimetière)
- Crémation (incinération suivie d’une inhumation de l’urne)
- Inhumation en mer (après incinération dans certaines zones maritimes)
Des formes spéciales telles que les inhumations en forêt, dans les alpages ou d’autres alternatives (par exemple, dispersion des cendres) dépendent de la législation propre à chaque Land.
Délais d’inhumation
Les Länder fixent des délais minimum et maximum pour la réalisation des obsèques. Le délai minimum garantit la certitude du décès, le délai maximum répond à des exigences d’hygiène et de sécurité publique (généralement 48 à 96 heures comme délai minimum, 4 à 10 jours comme délai maximum).
Obligation d’inhumer au cimetière
Pour les inhumations en terre et de l’urne, il existe en Allemagne une quasi-obligation générale d’inhumation au cimetière : les défunts doivent généralement être enterrés dans un cimetière autorisé par l’administration. Des exceptions existent pour les inhumations en mer et, plus rarement, pour des formes alternatives.
Droit funéraire
Le droit funéraire réglemente l’exploitation, l’utilisation et la gestion des cimetières. Les exploitants peuvent être des établissements communaux ou des corporations religieuses. Le règlement du cimetière précise les droits d’utilisation, les prescriptions d’aménagement, les périodes de repos et les types de sépultures. Le droit d’usage d’une sépulture constitue un droit d’usage public à durée limitée.
Transport et transfert du corps
Le transfert des défunts est également strictement réglementé par le droit régional et la loi sur la protection contre les infections. Cela inclut des exigences relatives aux cercueils, aux obligations de documentation et de déclaration, aux réglementations sur le passage des frontières (surtout pour les transferts internationaux) et aux obligations des transporteurs.
Protection de la santé et hygiène
Le système funéraire sert aussi à la protection contre les infections. Les règles sur la conservation des corps, l’utilisation des morgues et les mesures de désinfection sont codifiées tant dans les règlements régionaux que dans la loi sur la protection contre les infections.
Protection des données et de la personnalité
Même décédées, les personnes bénéficient d’une protection post-mortem de la personnalité. Les informations concernant la cause du décès et les données de santé sont considérées comme données les plus privées et ne peuvent être divulguées que selon les dispositions légales.
Mesures d’ordre public
En l’absence de personne tenue à l’inhumation ou si celle-ci n’organise pas l’inhumation dans les délais, l’autorité administrative prend les mesures nécessaires pour assurer une sépulture respectueuse et établit éventuellement l’avis correspondant pour la prise en charge des frais.
Entreprises de pompes funèbres et leur autorisation
Les entreprises de pompes funèbres doivent respecter les prescriptions en matière de sécurité au travail et de droit commercial. Dans certains Länder, des conditions spécifiques d’agrément existent et l’exercice de cette activité dépend de l’autorisation de commerçant dans ce domaine.
Dispositions particulières dans un contexte international
Le transfert de défunts vers ou depuis l’étranger est réglementé par des accords internationaux (par ex. Convention de Berlin 1937, Convention de Strasbourg 1973) et par des dispositions complémentaires nationales.
Dispositions pénales
La violation du repos des morts (§ 168 StGB) ainsi que d’autres actes répréhensibles en lien avec les funérailles (par ex. falsification de certificats de décès) constituent des infractions visant à protéger la piété publique et la dignité du défunt.
Indication bibliographique
Pour approfondir et pour plus d’informations, il est recommandé de consulter, outre les lois funéraires des Länder, des ouvrages spécialisés en droit administratif, en droit de police administrative ainsi que des commentaires sur la loi sur la protection contre les infections et le code civil.
Remarque : Les cadres juridiques du domaine funéraire peuvent évoluer en raison de modifications législatives ou jurisprudentielles. En cas de questions spécifiques, il convient de se référer aux lois en vigueur des Länder ainsi qu’aux dispositions fédérales actuelles.
Questions fréquemment posées
Qui est légalement tenu d’organiser des funérailles ?
Selon le droit funéraire allemand, les personnes dites tenues à l’inhumation sont obligées, en cas de décès d’un proche, d’organiser les obsèques. L’ordre d’obligation est fixé principalement par la loi funéraire du Land concerné : en principe d’abord l’épouse ou l’époux, ensuite les enfants majeurs, puis les parents, ensuite les frères et sœurs, et enfin d’autres membres de la famille, comme les petits-enfants ou grands-parents. Si aucune de ces personnes n’existe ou ne peut être retrouvée, l’autorité administrative ou la commune peut exceptionnellement organiser les funérailles. L’obligation d’organiser les funérailles est indépendante du statut d’héritier ; même les personnes ayant renoncé à l’héritage restent tenues à cette obligation. Son non-respect peut constituer une infraction administrative, entraîner une intervention d’office par l’autorité et la prise en charge des frais par les personnes responsables. Il convient également de respecter les obligations de transport et de déclaration, telles que la notification immédiate du décès à l’état civil.
Quelles dispositions légales s’appliquent au choix du mode d’inhumation ?
Les règles légales sur le choix du mode d’inhumation (par exemple, inhumation en terre, crémation ou en mer) varient entre les Länder, mais se fondent sur les lois funéraires de chacun. En principe, la volonté du défunt prévaut : la volonté exprimée ou documentée quant au type d’inhumation souhaitée est obligatoire. En l’absence de directive, les proches légalement responsables peuvent décider. Certaines restrictions légales doivent cependant être respectées, comme la conformité du mode de sépulture aux règlements locaux ou l’existence de conditions particulières pour les inhumations en mer (par exemple, justification de l’absence d’appartenance à une communauté religieuse liée à un cimetière ou justification de zone maritime autorisée). La crémation requiert en outre un second examen du corps par un médecin légiste.
Quelles sont les prescriptions légales en matière de délais pour les funérailles ?
Les délais applicables à la tenue des funérailles sont fixés par la loi de chaque Land. En général, il existe un délai minimum (par exemple au plus tôt 48 heures après le décès, pour permettre la vérification d’un décès apparent) et un délai maximum pour l’inhumation (par exemple entre 4 et 10 jours après le décès, selon le Land et le type de sépulture). Des prolongations ne sont possibles qu’à titre exceptionnel, notamment pour organiser un transfert, pour des raisons religieuses particulières ou lors d’enquêtes officielles. En l’absence de mesures prises dans les délais, le service de santé ou l’autorité administrative peut intervenir rapidement et ordonner les mesures d’office.
Qui supporte juridiquement les frais d’obsèques et quels droits existent à ce titre ?
La prise en charge des frais d’obsèques incombe en premier lieu à l’héritier ou l’héritière selon l’article 1968 BGB. Si l’héritage a été refusé ou ne suffit pas, les parents légalement tenus à l’inhumation selon la législation du Land deviennent redevables à titre subsidiaire. L’obligation d’inhumation et l’obligation de prise en charge des frais peuvent, indépendamment l’une de l’autre, reposer sur des personnes différentes. En cas de situation de précarité, il est possible, sur la base de l’art. 74 SGB XII, de solliciter des prestations sociales pour les obsèques auprès de l’organisme compétent. Le remboursement a alors lieu dans la limite du nécessaire et du raisonnable. Les personnes ayant supporté les frais peuvent demander remboursement à d’autres obligés et, dans certains cas, déduire les frais engagés fiscalement.
Quelles règles particulières s’appliquent à la gestion des urnes funéraires ?
La gestion des urnes (cendres issues d’une crémation) est régie par les lois funéraires des Länder qui imposent généralement une obligation d’inhumation au cimetière (dite « obligation de dépôt »). Conserver une urne à domicile, dans un jardin ou sur une propriété privée est en Allemagne – contrairement à d’autres pays – en principe interdit. Certaines exceptions existent toutefois, par exemple pour les inhumations en forêts agréées (Friedwald, Ruheforst) ou en mer (immersion de l’urne dans des zones maritimes désignées). Le transfert d’une urne à l’étranger est soumis à des règles internationales et nationales spécifiques, incluant la délivrance de documents d’accompagnement, le scellement du contenant et la preuve d’une incinération régulière.
Quels sont les droits et obligations relatifs à l’utilisation et à l’entretien des tombes ?
Les droits d’utilisation des tombes découlent en principe du droit funéraire de la commune ou du règlement du cimetière. Le droit d’usage (souvent appelé droit de concession ou emplacement) est généralement limité dans le temps (par exemple 20 à 30 ans) et attaché à certaines personnes. Il s’agit d’un droit d’usage public, et non de propriété de la tombe. Les devoirs d’entretien, de maintenance et de restitution ou de nivellement à la fin de la concession sont également décrits dans les règlements de cimetière, et passent souvent aux titulaires du droit d’usage ou à leurs ayants droit. En cas de manquement, l’administration du cimetière peut, après fixation d’un délai, prendre des mesures, telles que l’entretien ou le nivellement aux frais du titulaire du droit.
Quelles prescriptions juridiques doit-on respecter pour le transfert de défunts à l’étranger ?
Le transfert international des corps répond à des exigences juridiques complexes, en particulier la nécessité d’un passeport mortuaire ou d’une autorisation de transfert correspondante. En Allemagne, ce document est délivré par les services de santé ou les autorités administratives après présentation de toutes les pièces nécessaires, telles que le certificat de décès, l’acte de décès et, le cas échéant, l’autorisation du cimetière. Il convient également de respecter les règles du pays de destination relatives à l’importation, au transport et à l’inhumation. S’y ajoutent des accords internationaux tels que la Convention de Berlin (1937) sur le transport des corps, qui pose des exigences spécifiques quant à la nature du cercueil, aux conditions de transport et aux documents d’accompagnement. Pour les crémations, des règles spécifiques s’appliquent au transport des urnes, dépendant du lieu d’inhumation.