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Police de protection

Définition et statut juridique de la police de protection

La police de protection est une division de la police en Allemagne qui, au niveau fédéral et dans les Länder, joue un rôle central au sein des services de police d’exécution en uniforme. Elle est composée de policières et policiers chargés principalement de la prévention des dangers dans l’espace public ainsi que du maintien de la sécurité et de l’ordre publics. La police de protection se distingue, par sa terminologie et ses fonctions, d’autres divisions telles que la police criminelle et la police d’intervention.

Évolution historique de la police de protection

L’appellation « police de protection » remonte au XIXe siècle, mais c’est surtout durant la République de Weimar et sous le national-socialisme qu’elle a connu des évolutions structurelles et organisationnelles majeures. Après 1945, la police de protection a été rétablie et développée dans les Länder de la République fédérale d’Allemagne en tant que composante de la police des Länder. Ses missions et fondements juridiques évoluent continuellement en fonction des exigences en matière de sécurité intérieure.

Bases juridiques

Intégration constitutionnelle

La police de protection, en tant que partie du service de police d’exécution, fait partie de l’exécutif dans le système fédéral de la République fédérale d’Allemagne. La compétence pour l’organisation et la gestion de la police incombe essentiellement aux Länder, conformément aux articles 30 et 70 GG, tandis que la Fédération maintient avec la police fédérale ses propres forces de police dans le cadre des missions fédérales.

Lois sur la police des Länder

Les missions, compétences et l’organisation de la police de protection sont principalement régies par les lois policières respectives des Länder, telles que la loi sur la police de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (PolG NRW), la loi bavaroise sur les missions de la police (PAG) ou des réglementations comparables dans les autres Länder. Compétences : La police de protection dispose de clauses générales de police et de fondements juridiques particuliers pour écarter des dangers pour la sécurité ou l’ordre publics (§ 8 PolG NRW, art. 11 PAG). Mesures : Cela comprend la vérification d’identité, les injonctions de quitter les lieux, la mise en garde à vue, les fouilles et d’autres mesures coercitives policières. Celles-ci doivent toujours être mises en œuvre dans le respect du principe de proportionnalité et sous réserve des limites aux droits fondamentaux (notamment conformément à la Loi fondamentale).
* Compétence : La police de protection est en général responsable du service quotidien de patrouille en uniforme, du contrôle de la circulation, de la prise en charge des infractions pénales et des accidents de la route, ainsi que des patrouilles et interventions dans l’espace public.

Dispositions fédérales

Les missions de la police de protection au niveau fédéral sont exercées dans le cadre des attributions de la police fédérale, conformément à la Loi fédérale sur la police (BPolG). Cela concerne, par exemple, la protection des installations ferroviaires fédérales, le contrôle des frontières ou la protection des organes fédéraux.

Compétences de police d’intervention et de prévention

La police de protection ne peut porter atteinte aux libertés individuelles que sur la base d’une loi. Les dispositions pertinentes sont celles des lois policières des Länder ainsi que les dispositions du code de procédure pénale (StPO) dans le cadre de mesures répressives (poursuite pénale).

Principales mesures :

  • Contrôles et vérification d’identité : §§ 12 et suiv. POLG NRW, art. 13 et suiv. PAG
  • Fouilles : §§ 39, 41 POLG NRW, art. 19 PAG
  • Garde à vue : §§ 35 et suiv. POLG NRW, art. 17 et suiv. PAG
  • Usage direct de la force : Loi sur l’emploi direct de la force dans l’exercice de l’autorité publique (UZwG), réglementations des Länder

Missions et organisation

Domaines d’activité

La police de protection assume diverses missions dans le domaine de la prévention des dangers et de la répression pénale dite répressive :

  • Service de patrouille et de commissariat : Présence régulière dans l’espace public pour prévenir les infractions et troubles à l’ordre public.
  • Service de circulation : Contrôle du trafic, constatation des accidents, prévention et traitement des infractions routières.
  • Service d’intervention : Gestion des urgences et situations d’alerte, interventions immédiates en cas de menace aiguë.
  • Protection des établissements privés et publics : Protection des bâtiments, sécurisation des événements, protection des personnes exposées.
  • Services spécialisés : Cela comprend notamment la police fluviale, les unités cynophiles ou les brigades cyclistes, dans la mesure où elles relèvent du domaine de la police de protection.

Organisation interne

La police de protection est généralement organisée au sein des postes de police des Länder en groupes de service (patrouille, intervention, circulation ou service d’enquête). La direction est habituellement assurée par un commissaire principal de police ou un grade supérieur. Des structures de niveau supérieur existent au niveau des inspections et des directions de police.

Distinction avec la police criminelle et la police d’intervention

La police criminelle est principalement chargée des enquêtes sur la grande criminalité et n’intervient généralement pas en uniforme. La police d’intervention fournit essentiellement des unités pour des situations particulières (grands événements, manifestations, catastrophes) et apporte son soutien à la police de protection sur demande. À la différence de ces services, la police de protection est la division compétente pour le service extérieur quotidien en uniforme.

Contrôle et supervision juridiques

La police de protection est soumise au contrôle hiérarchique et technique des ministères de l’Intérieur des Länder ainsi qu’aux directions de police compétentes. Pour l’activité de la police de protection, les principes de l’État de droit, à savoir la transparence, la proportionnalité et le respect de la loi conformément à l’art. 20, al. 3 GG, sont essentiels. Les personnes concernées par des mesures policières peuvent se défendre par des recours tels que l’opposition ou un recours devant les tribunaux administratifs.

Droit de la fonction publique et relation d’emploi

Les membres de la police de protection ont le statut de fonctionnaire auprès de leur autorité de tutelle (Land/Fédération). Les fondements juridiques de cette relation sont issus des lois sur la fonction publique fédérales et des Länder (par ex. Loi sur le statut des fonctionnaires – BeamtStG). L’exercice de fonctions régaliennes est soumis à des obligations spécifiques telles que l’engagement en faveur de l’ordre démocratique et libéral fondamental.

Formation et qualification

La formation pour la police de protection est régie par des dispositions spécifiques à chaque Land, généralement définies par des lois et règlements sur la formation policière. Elle comprend à la fois une formation théorique et une formation pratique approfondie et se termine par un examen de carrière. L’affectation ultérieure se fait généralement dans le service de police d’exécution de rang intermédiaire ou supérieur.

Liens internationaux

La notion et la structure d’une police de protection sont répandues dans les pays germanophones, notamment en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Dans d’autres systèmes juridiques, il existe parfois une organisation policière différente sans distinction explicite entre les différents types de police (en uniforme/pas en uniforme).

Littérature et sources (sélection)

  • Lois policières des Länder, par ex. PolG NRW, PAG Bavière
  • Loi fédérale sur la police (BPolG)
  • Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne (GG)
  • Loi sur le statut des fonctionnaires (BeamtStG)
  • Lois sur la fonction publique des Länder

Conclusion

La police de protection constitue une division centrale de la prévention des dangers et de la répression pénale en Allemagne. Ses missions, compétences et structures sont rigoureusement réglementées par la loi et soumises aux principes de l’État de droit ainsi qu’aux dispositions légales en vigueur au niveau des Länder et de la Fédération. L’activité de la police de protection allie présence opérationnelle dans l’espace public et pouvoirs étendus d’intervention et de protection, dont les bases juridiques assurent un équilibre sensible aux droits fondamentaux.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les bases juridiques qui régissent les missions de la police de protection ?

Les missions de la police de protection sont avant tout régies par les lois policières de chaque Land et la Loi fédérale sur la police. Ces lois définissent les compétences générales de la police et celles de la police de protection en particulier, notamment en matière de prévention des dangers, de poursuite des infractions et contraventions, de protection des biens juridiques privés et publics, ainsi que la mise en œuvre de mesures policières comme les injonctions de quitter les lieux, la garde à vue ou la vérification d’identité. En outre, la Loi fondamentale s’applique aussi, notamment l’article 2 (libre développement de la personnalité), l’article 10 (secret de la correspondance, des postes et des télécommunications) et l’article 13 (inviolabilité du domicile), ces droits fondamentaux ne pouvant être restreints par les pouvoirs de police que dans le respect strict des conditions légales. Ces fondements juridiques sont complétés par le Code de procédure pénale (StPO), la Loi sur les contraventions (OWiG), la Loi sur la sécurité et l’ordre publics ainsi que d’autres règles spéciales.

Dans quelles conditions la police de protection peut-elle recourir à des mesures de contrainte ?

Les mesures de contrainte de la police de protection, telles que les fouilles, arrestations ou immobilisations, sont strictement soumises à des conditions formelles et matérielles. Le principe fondamental est celui de la proportionnalité (§ 3 PolG), qui impose une balance entre l’atteinte aux droits fondamentaux et l’objectif de protection poursuivi. L’usage de la contrainte n’est autorisé que si des moyens moins sévères sont inefficaces (principe de nécessité) et si l’intérêt de la police prime sur le droit individuel fondamental (principe de proportionnalité). Une habilitation légale issue de la loi sur la police ou du code de procédure pénale est également requise. Selon la mesure, une menace préalable est parfois obligatoire, et la mise en œuvre est soumise à d’importantes obligations de documentation et de contrôle. Les mesures particulièrement graves, telles que la fouille du domicile ou les interventions corporelles, nécessitent selon le Land et la mesure souvent une décision judiciaire, sauf en cas d’urgence.

Quels sont les droits de contrôle de la police de protection à l’égard des citoyennes et citoyens ?

La police de protection dispose de pouvoirs étendus en matière de contrôle, tels que la vérification d’identité conformément à l’art. 163b du StPO ou aux lois policières des Länder (généralement § 12 PolG), le contrôle des papiers d’identité, ainsi que des contrôles lors d’opérations policières (par ex. dans les zones à forte criminalité). Néanmoins, ces contrôles doivent reposer sur un motif concret, comme un danger pour la sécurité publique ou l’élucidation d’un délit. Il existe toutefois des contrôles sans motif précis, par exemple dans le cadre de la prévention des dangers dans les gares ou les aéroports, sur la base de dispositions spéciales (§ 23 BPolG, par ex.), mais même ici, le principe de proportionnalité doit être respecté et toute sélection arbitraire est interdite. Les personnes contrôlées sont en principe tenues de présenter leurs papiers d’identité, mais peuvent généralement refuser de répondre à d’autres questions, à moins de risquer de se rendre coupables d’entrave à la justice.

Quels mécanismes de recours sont à la disposition des citoyennes et citoyens en cas de comportement illégal de la police de protection ?

Si des citoyennes ou citoyens estiment que leurs droits ont été violés par des actions de la police de protection, différents mécanismes de recours existent. D’une part, la plainte hiérarchique est possible, adressée sans forme particulière au service de police supérieur, et vise à la vérification du comportement professionnel. D’autre part, le droit au recours juridictionnel garanti par l’art. 19 al. 4 GG s’applique : contre les mesures policières (actes administratifs), la procédure d’opposition et, ensuite, un recours devant le tribunal administratif peuvent être utilisés. En cas de comportement pénalement répréhensible, une plainte peut être déposée contre les agents concernés. Dans plusieurs Länder existent enfin des médiateurs de la police, indépendants, comme interlocuteurs pour les plaintes relatives aux fautes policières, permettant un examen extrajudiciaire. Dans tous les cas, des délais et des conditions de recevabilité (par ex. qualité à agir) sont à respecter.

Dans quelle mesure la police de protection est-elle soumise aux principes de proportionnalité et de l’État de droit lors de ses interventions ?

Le principe de proportionnalité est la règle directrice essentielle pour toute mesure de police, y compris pour la police de protection. Il contraint la police, tant dans le choix des moyens que dans l’évaluation de l’intensité de l’atteinte, à déterminer si une intervention est nécessaire, appropriée, indispensable et proportionnée. Ainsi, par exemple, une injonction de quitter les lieux ne doit être prononcée que si des moyens moins sévères ne permettent pas de prévenir le danger. Le principe de l’État de droit oblige également la police de protection à un strict respect des normes légales, à la transparence, à une pratique d’intervention équitable et objective, ainsi qu’à une documentation complète et traçable des mesures prises. Les manquements peuvent entraîner des conséquences juridiques (civiles, pénales ou disciplinaires).

La police de protection peut-elle mener des enquêtes ou surveillances secrètes ?

Les compétences pour mener des enquêtes secrètes ou des surveillances s’étendent, dans une certaine mesure, également à la police de protection, bien qu’il s’agisse de mesures juridiquement particulièrement encadrées. Les enquêtes secrètes et les surveillances de longue durée relèvent en général de services spécialisés (par ex. police criminelle, LKA), mais peuvent aussi être exercées par la police de protection dans l’exercice de ses missions, sous réserve d’une habilitation légale (§§ 163f, 163e StPO ou les lois de police concernées) ainsi que des conditions telles qu’un danger imminent, le soupçon d’un crime grave et une ordonnance judiciaire. La mise en œuvre et le traitement de ces mesures doivent être scrupuleusement documentés et sont soumis à un contrôle judiciaire. Le droit à la protection des données (loi fédérale et lois des Länder sur la protection des données) doit être strictement respecté, en particulier pour la collecte et le traitement de données à caractère personnel.