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Police

Notion et fonction de la police

La police est une institution de l’administration publique dont la mission centrale consiste à garantir la sécurité et l’ordre publics, à prévenir les dangers pour la collectivité ou les individus, à empêcher ou élucider des infractions pénales et administratives et à soutenir la poursuite pénale des délinquants. Elle agit dans le domaine préventif et répressif du droit de la sécurité. En Allemagne comme dans d’autres ordres juridiques, la police est une structure souveraine de l’État dotée de compétences et missions spécifiques, fondées sur des réglementations juridiques étendues. Sur le plan organisationnel et fonctionnel, la police fait partie de l’exécutif.


Évolution historique de la notion de police

L’évolution historique du terme « police » remonte à l’Antiquité, avec des manifestations majeures au Moyen Âge et à l’époque moderne. À l’origine, le terme englobait toutes les mesures de soins pour l’État et le bien commun (« souveraineté de la police »). Dans l’État de droit moderne, une distinction claire est opérée entre l’administration de l’ordre public (« prévention des dangers ») et la poursuite pénale.


Police au sens juridique

Police en tant qu’autorité et détenteur de fonction

Dans la conception juridique, on distingue la police en tant qu’autorité — appelée « police organique » — et le policier en tant que porteur de fonction. La police est une autorité autonome au niveau fédéral et régional, souvent structurée en police régionale, police fédérale et services spécialisés comme la police criminelle ou la police fluviale. Les autorités de police détiennent la puissance publique et disposent d’un « pouvoir discrétionnaire de police ».

Droit de la police — délimitation et réglementations

Le droit de la police constitue une branche autonome du droit administratif spécial. Il régit les compétences et limites de la police dans le domaine de la prévention des dangers et des activités préventives. Parallèlement, des dispositions de procédure pénale s’appliquent lorsque la police agit à titre répressif dans la poursuite pénale. Le droit de la police est essentiellement du ressort des Länder, à l’exception des missions fédérales de la police fédérale.


Fondements juridiques de la police

Lois de police des Länder

Les compétences et missions de la police sont principalement régies par les lois de police des Länder (loi de police, PolG, ou loi sur les missions de police, PAG). Les lois régionales sur la police déterminent ce qui est autorisé pour prévenir les dangers et préserver la sécurité et l’ordre publics. Elles définissent les pouvoirs standard de la police, les conditions et limites en matière de collecte de données, contrôle d’identité, fouille, saisie, expulsion d’un lieu, mise en garde à vue et usage de la force.

Loi sur la police fédérale

La police fédérale agit conformément à la Loi sur la police fédérale (BPolG). Elle assure des missions en matière de protection des frontières, police ferroviaire et sécurité aérienne. Les compétences entre police régionale et police fédérale sont fixées de manière exhaustive par les lois de police et des lois spéciales (par exemple, loi atomique, loi sur la sécurité aérienne).

Code de procédure pénale (StPO)

La police exerce aussi des missions dans le cadre de la poursuite pénale, principalement sur la base du Code de procédure pénale (StPO). Elle assiste le ministère public en tant qu’organe d’enquête et agit à cet égard sur instructions du parquet. Dans ce domaine dit répressif, la police est soumise aux pouvoirs d’intervention et aux règles de procédure spécifiques de la StPO.


Missions et compétences de la police

Prévention des dangers et maintien de l’ordre (activité préventive)

L’une des missions les plus importantes de la police est la « prévention des dangers ». Elle doit détecter et prévenir les dangers menaçant la sécurité et l’ordre publics. Parmi ses compétences standard figurent :

  • Contrôle d’identité (§ 12 PolG NRW et autres)
  • Fouille de personnes et d’objets (§ 39 PolG NRW et autres)
  • Expulsion temporaire d’un lieu et interdiction de séjour (§ 34 PolG NRW et autres)
  • Saisie et confiscation d’objets (§ 43 PolG NRW et autres)
  • Mise en garde à vue (§ 35 PolG NRW et autres)
  • Mesures de contrainte (contrainte immédiate, lois sur l’exécution par la police ou l’administration)

Les mesures de prévention des dangers sont soumises au principe de proportionnalité ainsi qu’à l’exigence du moindre impact.

Poursuite pénale (activité répressive)

Dans le cadre de la poursuite des infractions (secteur dit répressif), des mesures policières sont prises sur la base de la StPO, telles que :

  • Prise de plaintes et enquêtes
  • Réalisation de surveillances (observations)
  • Détermination du lieu de séjour et perquisitions (§§ 102 sqq. StPO)
  • Audition des suspects (§§ 163a, 136 StPO)
  • Arrestation provisoire (§ 127 StPO)

La police est alors soumise aux instructions du parquet et ne peut intervenir sans décision judiciaire que dans les cas légalement prévus (« situation d’urgence »).

Missions spéciales

Parmi les autres domaines d’intervention de la police figurent la protection des droits privés (dans certains cas exceptionnels), la procédure relative aux infractions administratives, la surveillance du trafic, l’aide à l’exécution pour d’autres administrations et la participation à la prévention des dangers selon des lois spéciales (par exemple, en matière de prévention des incendies).


Organisation policière

Police des Länder

Chaque Land dispose de sa propre police, organisée et structurée selon le droit régional. Les divisions types sont la police de protection, la police criminelle, les unités de réserve et les unités spéciales (par exemple, SEK).

Police fédérale

La police fédérale dépend du ministère fédéral de l’Intérieur et dispose de pouvoirs d’intervention et d’action à l’échelle nationale dans des domaines de compétences strictement définis (BPolG).

Autres forces de police fédérales

Outre la police fédérale existent des corps spécialisés tels que la police auprès du Bundestag (police parlementaire), l’administration des douanes disposant de ses propres compétences en enquête ou encore la police militaire (« Feldjäger »).


Fondements des interventions et contrôle juridique

Atteintes aux droits fondamentaux

Les mesures policières portent régulièrement atteinte aux droits fondamentaux, par exemple au droit à la liberté de la personne (art. 2 alinéa 2 GG), à l’inviolabilité du domicile (art. 13 GG), au droit général de la personnalité (art. 2 alinéa 1 GG en liaison avec art. 1 alinéa 1 GG) ou à la liberté de réunion (art. 8 GG). De telles mesures nécessitent toujours une base légale d’habilitation et sont soumises au principe constitutionnel de proportionnalité.

Protection juridique

Le recours devant la juridiction administrative est ouvert contre les mesures policières. Les personnes concernées peuvent s’opposer par voie de recours administratif ou introduire un recours devant les juridictions administratives pour contester une action de la police. Dans le domaine répressif, il existe également des voies de recours prévues par le code de procédure pénale, notamment le contrôle judiciaire par le juge d’instruction.


Relations avec d’autres autorités et devoirs de coopération

La police coopère étroitement, dans le cadre de ses compétences, avec d’autres autorités, notamment les autorités de l’ordre, le parquet, les pompiers et les services de secours. Les prestations de coopération et d’assistance sont régies par le droit de l’exécution administrative et les lois de police des Länder.


Collecte de données et protection des données

Avec la digitalisation croissante, la collecte et le traitement des données par la police prennent une place toujours plus importante, notamment pour les données à caractère personnel. Le traitement des données policières est soumis, outre les lois de police, aux réglementations relatives à la protection des données, notamment le Règlement général sur la protection des données (RGPD), la loi fédérale sur la protection des données (BDSG) ainsi qu’à des règles spéciales. Des mécanismes de contrôle juridictionnels et administratifs existent, tels que des délégués à la protection des données et le contrôle administratif en la matière.


Police et usage de la force

Les mesures policières peuvent, dans la mesure prévue par la loi, être exécutées immédiatement par contrainte administrative. Les principales mesures de contrainte sont :

  • Contrainte immédiate (force physique, usage de moyens auxiliaires)
  • Exécution d’office par substitution
  • Astreinte
  • Détention coercitive

La nature et l’étendue de l’usage de la force sont soumises à l’exigence de proportionnalité et nécessitent en principe une menace préalable ainsi qu’une documentation.


Contrôle et supervision de la police

La police est contrôlée par les ministères de l’Intérieur, les commissions parlementaires de contrôle, les délégués à la protection des données et les tribunaux. S’y ajoutent des mécanismes de contrôle internes tels que la surveillance administrative ou les cellules de plainte. Un comportement fautif dans un cas particulier peut entraîner des poursuites pénales pour délits de fonction (par exemple coups et blessures en service).


Police au niveau européen et international

La police travaille de plus en plus au niveau international, notamment dans le domaine de la criminalité transfrontalière. Des formes importantes de coopération existent avec Europol, Interpol et les forces de police d’autres États. Les bases juridiques de cette coopération se trouvent dans des traités internationaux ainsi que dans le droit de l’UE (par exemple, accords de Schengen, mandat d’arrêt européen).


Conclusion

La police occupe une place centrale dans le système juridique allemand et international pour la protection de la sécurité et de l’ordre publics. Ses missions, compétences et limites sont fixées de façon détaillée par la loi. Les atteintes aux droits des citoyens et citoyennes sont soumises à des conditions strictes, à un contrôle judiciaire et à des restrictions propres à l’État de droit. La police, marquée par un double rôle de prévention des dangers et de poursuite pénale, évolue en permanence dans la tension entre efficacité de la prévention et protection des droits fondamentaux.

Questions fréquemment posées

Quand la police peut-elle procéder à une arrestation provisoire d’une personne ?

La police est autorisée par l’article 127 du Code de procédure pénale (StPO) à procéder à l’arrestation provisoire d’une personne en cas de « soupçon urgent » lorsqu’une infraction a été commise et qu’il existe un danger imminent, c’est-à-dire lorsque, sans intervention immédiate de la police, l’objectif des poursuites pénales serait compromis, par exemple par la fuite du suspect. L’arrestation provisoire a pour principal but d’obtenir une décision judiciaire concernant une éventuelle privation de liberté ultérieure. Elle n’est pas une mesure pénale, mais vise à garantir la procédure pénale. Les policiers doivent informer immédiatement la personne arrêtée, dans une langue qu’elle comprend, du motif de l’arrestation (§ 114a StPO) et lui permettre de contacter un avocat (§ 137 StPO). L’arrestation doit également être contrôlée par un juge dans les plus brefs délais, au plus tard le lendemain de l’appréhension de la personne (§ 128 StPO). Pour les mineurs, il existe en outre des dispositions spéciales prévoyant des mesures de protection et l’information des personnes détenant l’autorité parentale.

Dans quelles conditions la police peut-elle procéder à une perquisition ?

Une perquisition policière diffère selon son objectif : elle peut viser soit la découverte de preuves (perquisition dans le cadre d’enquêtes), soit la prévention des dangers (perquisition préventive). En procédure pénale, l’article 102 sqq. StPO en fixe les conditions : une perquisition doit en principe être ordonnée par décision judiciaire (mandat de perquisition). Des exceptions sont possibles en cas d’urgence, c’est-à-dire lorsque l’attente d’une décision judiciaire compromettrait le succès de la perquisition. Concernant la prévention des dangers (par exemple en application des lois de police des Länder), la perquisition de logements ou d’autres locaux est autorisée lorsqu’il existe un danger actuel pour la sécurité publique ou afin de prévenir une infraction. La mesure doit toujours être proportionnée et n’est permise que si des moyens plus doux ne suffisent pas. La police a également l’obligation de documenter, de sorte que les personnes concernées peuvent exiger une confirmation écrite de la perquisition mentionnant l’objectif, la base légale et le déroulement de l’opération.

Dans quelles conditions des mesures policières d’identification peuvent-elles être appliquées ?

L’identification judiciaire comprend des mesures telles que la prise d’empreintes digitales, de photographies, de mensurations et la collecte d’autres caractéristiques extérieures. Selon l’article 81b StPO, la police peut appliquer de telles mesures envers les personnes mises en cause si cela est nécessaire pour le déroulement de la procédure pénale, par exemple pour établir l’identité ou permettre une reconnaissance ultérieure. Dans le domaine préventif, les lois de police des Länder autorisent le relevé d’identité pour prévenir de futures infractions, s’il existe des faits permettant de supposer que la personne pourrait commettre des infractions à l’avenir. Là aussi, le principe de proportionnalité s’applique, et les personnes concernées ont en principe un droit d’accès aux données enregistrées ainsi qu’à leur suppression lorsque les conditions de conservation ne sont plus réunies.

Dans quelles circonstances des policiers peuvent-ils contrôler l’identité d’une personne ?

Le contrôle d’identité vise à obtenir les données personnelles par examen des papiers d’identité ou interrogatoire. L’article 163b StPO l’autorise dans le cadre d’une procédure pénale pour les suspects et les personnes susceptibles d’être témoins. Indépendamment d’une procédure pénale précise, la police peut, selon les lois de police des Länder, contrôler l’identité dans une optique de prévention, par exemple lors de grands événements, pour élucider des infractions dans des zones sensibles ou en cas de comportement suspect. Les mesures peuvent aller de la demande de présentation des pièces d’identité à l’interrogatoire voire, à titre exceptionnel, à une retenue temporaire. En Allemagne, l’obligation de détenir une pièce d’identité ne concerne que les citoyens allemands âgés d’au moins 16 ans, qui doivent posséder une carte d’identité, mais ne sont pas contraints de la porter sur eux en permanence — toutefois, elle doit être présentée à la demande de la police.

Quels sont les pouvoirs de la police lors d’une expulsion d’un logement ?

Lors d’une expulsion d’un logement, la police intervient généralement pour aider à l’exécution d’une décision de justice. Elle agit alors en « assistance à l’exécution » pour l’huissier, qui agit sur la base d’un titre exécutoire (§ 885 du code de procédure civile). La police peut permettre l’accès forcé au logement, par exemple en ouvrant ou, le cas échéant, en forçant les portes, si cela est nécessaire pour l’exécution de la mesure et proportionné. Les policiers sont en outre habilités à empêcher toute résistance et, le cas échéant, à prononcer des expulsions temporaires ou à recourir à la contrainte immédiate. L’intervention de la police se limite alors à garantir le bon déroulement de la procédure, à empêcher des infractions en lien avec l’expulsion et à faire respecter le droit de propriété. La police ne dispose cependant d’aucun pouvoir décisionnel autonome quant à l’expulsion elle-même.

Quels sont les droits des citoyens lors de mesures policières ?

Les citoyens ont, lors de toute mesure policière, le droit au respect de leurs droits fondamentaux, en particulier au respect du principe de proportionnalité. Ils ont le droit d’être informés de l’objectif, de la base juridique et des circonstances essentielles de la mesure policière (§ 104 Loi sur la procédure administrative, §§ 52 et suivants Lois sur la police des Länder). Les personnes concernées ont le droit de former un recours contre une mesure policière ou de solliciter une protection judiciaire (recours administratif devant le tribunal administratif, § 40 Code de procédure administrative). En cas de mesures entraînant une privation de liberté, il existe également un droit à être informé par un proche ou un avocat. En procédure pénale, l’assistance d’un avocat peut être requise ; le droit de garder le silence et de refuser de donner des renseignements sur sa personne s’applique (§ 136 Code de procédure pénale). En cas de violence à l’encontre de la personne concernée, une plainte pour blessures corporelles dans l’exercice des fonctions peut être envisagée. En outre, tout citoyen estime, en cas de mesures perçues comme illégales, avoir le droit de demander un examen par un service de réclamation ou sous la forme d’un recours hiérarchique.