Lexique juridique

Plagiat

Notion et définition du plagiat

Le terme plagiat désigne l’appropriation non autorisée des œuvres intellectuelles d’autrui en prétendant en être l’auteur. Les cas de plagiat se rencontrent principalement dans les domaines de la science, de l’art, de la littérature, de la musique ainsi que dans un contexte commercial. Sur le plan juridique, le plagiat constitue une violation des droits d’auteur ou des droits voisins. Les limites et les conséquences juridiques sont essentiellement régies par le droit d’auteur national et international.


Fondements juridiques du plagiat

Qualification relevant du droit d’auteur

Le plagiat ne constitue pas une infraction pénale autonome, mais est considéré en droit allemand comme une violation du droit d’auteur (§§ 97 s. UrhG) ou comme une infraction à la législation sur la concurrence. L’enjeu central est de déterminer si l’appropriation d’œuvres protégées est concernée (§ 2 UrhG) en raison de la reprise d’une création personnelle et intellectuelle d’autrui.

Conséquences civiles

Action en cessation

Les victimes peuvent intenter des actions civiles contre les plagiaires et demander la cessation de l’atteinte. Il s’agit ici d’exiger la fin de l’utilisation illicite de l’œuvre.

Action en dommages-intérêts

En complément de l’action en cessation, l’auteur original dispose d’un droit à des dommages et intérêts . Le montant des dommages et intérêts est généralement déterminé selon l’analogie de la licence, le gain manqué et le bénéfice réalisé par l’auteur de l’infraction.

Demandes de retrait et de destruction

En outre, le titulaire des droits peut exiger que les exemplaires produits illicitement soient retirés ou détruits.

Aspects pénaux

Responsabilité pénale au titre du droit d’auteur

Selon l’article 106 UrhG, est puni quiconque reproduit, diffuse ou rend accessible au public une œuvre protégée sans l’autorisation du titulaire des droits. En cas d’infraction à caractère commercial (§ 108a UrhG), des peines aggravées sont prévues.

Infractions de tromperie et droit universitaire

Quiconque obtient indûment des titres ou grades universitaires par plagiat commet également, en règle générale, une infraction de tromperie. Les règlements universitaires prévoient pour cela des sanctions spécifiques pouvant aller jusqu’au retrait du titre académique.


Objets protégés – Quelles œuvres peuvent faire l’objet d’un plagiat ?

Œuvres au sens du droit d’auteur

Peuvent faire l’objet d’un plagiat les œuvres constituant une création intellectuelle personnelle (§ 2 UrhG). Il s’agit notamment :

  • Œuvres linguistiques (par ex. textes, livres)
  • Œuvres musicales
  • Œuvres photographiques et photos
  • Œuvres des arts plastiques et d’architecture

Cas particuliers

Toutes les reprises de contenus étrangers ne constituent pas nécessairement un plagiat illicite. Les simples idées, faits ou contenus non créatifs ne sont par exemple pas protégés par le droit d’auteur. La protection doit être vérifiée dans chaque cas particulier.


Distinction : plagiat, citation et inspiration

Citation autorisée

La loi allemande sur le droit d’auteur (UrhG) permet, sous certaines conditions, l’utilisation d’œuvres d’autrui dans le cadre du droit de citation (§ 51 UrhG), à condition qu’une œuvre scientifique propre soit créée et que la source soit correctement indiquée.

Inspiration et paraphrase

L’inspiration de certaines œuvres ou la création d’adaptations est permise sous certaines réserves. Il est impératif que l’œuvre nouvellement créée atteigne un niveau de création propre suffisant et qu’aucune reproduction illicite ne soit réalisée.


Droit international : plagiat dans un contexte international

Dans un contexte international, la Convention de Berne et d’autres accords multilatéraux sont essentiels car ils régissent la protection transfrontalière de la propriété intellectuelle. Le plagiat peut donc également avoir des conséquences juridiques à l’étranger, notamment en ce qui concerne les actions en cessation et les demandes de dommages et intérêts.


Plagiat dans la recherche et l’éducation

Importance dans le domaine universitaire

Dans le contexte scientifique, le plagiat est sanctionné comme une violation des « bonnes pratiques scientifiques ». Les universités et instituts de recherche prévoient des procédures de contrôle et des sanctions particulières (par ex. retrait de grades, exclusion de l’établissement).

Procédures de contrôle et logiciels anti-plagiat

Pour détecter les cas de plagiat, des outils techniques tels que des logiciels de détection de plagiat sont utilisés. Les suspicions font généralement l’objet d’un examen individuel par des commissions d’examen ou des comités pour la fraude scientifique.


Conséquences juridiques et sanctions en cas de plagiat

En droit civil

Les sanctions vont de la demande de retrait, aux dommages et intérêts, en passant par des demandes d’information ou de reddition de comptes.

En droit pénal

Des peines d’amende ou d’emprisonnement peuvent être prononcées, en fonction de la nature et de l’importance de la violation.

Sanctions disciplinaires

En plus des sanctions civiles et pénales, des conséquences disciplinaires peuvent également s’appliquer dans le domaine académique et dans la fonction publique.


Prévention et lutte contre le plagiat

Sensibilisation et formation

L’information juridique, la formation au travail scientifique et l’apprentissage des règles de citation constituent les principaux outils permettant de prévenir le plagiat.

Mesures techniques

Les systèmes automatisés d’analyse de texte sont des moyens établis de prévention et de détection du plagiat.


Résumé

Le plagiat est juridiquement défini comme l’appropriation non autorisée d’œuvres créatives d’autrui et constitue une atteinte grave aux droits. Les conséquences juridiques comprennent de nombreuses sanctions civiles, pénales et disciplinaires. L’évaluation exacte dépend du cas d’espèce et du caractère protégeable de l’œuvre reprise. Les mesures préventives et la sensibilisation sont des piliers essentiels dans la lutte contre le plagiat.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conséquences juridiques en cas de plagiat avéré ?

Le plagiat peut entraîner diverses conséquences juridiques. Dans le domaine universitaire, ce sont principalement les règlements internes des universités qui s’appliquent, prévoyant des sanctions telles que l’exclusion des examens, le retrait de grades académiques ou l’exclusion de l’université. En droit civil, le plagiat peut constituer une violation du droit d’auteur lorsque des œuvres protégées sont reproduites sans respecter les exigences de création. Cela peut entraîner des actions en cessation, en dommages-intérêts ou en restitution du bénéfice illicite. Dans certains cas, la publication d’un plagiat relève également du droit pénal, par exemple en cas de fraude motivée par un avantage (bourses, etc.) ou en cas de violation de la loi sur le droit d’auteur (§ 106 UrhG), avec des peines de prison pouvant aller jusqu’à trois ans ou des amendes. Des conséquences professionnelles, comme un licenciement, une perte d’honneur ou une inscription au casier judiciaire, peuvent en outre survenir.

Comment évaluer juridiquement l’existence d’un plagiat ?

L’évaluation juridique d’un plagiat se déroule en plusieurs étapes. Il convient d’abord de vérifier si l’œuvre en question est protégée par le droit d’auteur, ce qui suppose une création intellectuelle personnelle (§ 2 al. 2 UrhG). Ensuite, il s’agit de déterminer s’il y a eu une reprise non libre (reproduction ou adaptation) des caractéristiques essentielles de l’œuvre. L’élément central est la comparaison entre l’original et le plagiat soupçonné (« comparaison d’œuvres »), en tenant compte de la notion dite de « petite monnaie » (même les œuvres créatives simples sont protégées). Pour prouver juridiquement l’existence d’un plagiat, la reprise délibérée ou par négligence au bénéfice du copieur doit être manifeste. En revanche, la simple « idée » n’entre généralement pas dans le champ du droit d’auteur, qui ne protège que les formes d’expression concrètes.

Qui a la charge de la preuve en cas d’allégation de plagiat ?

En principe, c’est la partie qui allègue le plagiat qui supporte la charge de la preuve quant à l’existence d’une appropriation illicite. La preuve s’effectue souvent par une confrontation entre l’œuvre et le plagiat présumé, parfois assistée par des expertises, des logiciels de détection de plagiat ou des experts. Ce n’est que lorsqu’une similitude suffisante est constatée et qu’aucune utilisation légitime (par exemple via une licence) n’est établie que la personne accusée doit produire une explication à décharge, par exemple sur son propre processus de création ou une éventuelle méconnaissance de l’original.

Dans quelle mesure une « utilisation libre » ou des citations sont-elles juridiquement autorisées ?

La loi sur le droit d’auteur prévoit des exceptions permettant la reprise de matériels étrangers. L’« utilisation libre » (§ 24 ancienne version UrhG ; jusqu’en 2021, désormais § 51a UrhG) permettait des adaptations lorsque la nouvelle œuvre s’écartait suffisamment de l’original, au point que celui-ci s’efface. Aujourd’hui, la limite est plus stricte : l’adaptation requiert l’accord de l’auteur original, sauf s’il s’agit d’une œuvre nouvelle et indépendante. Les citations sont admises sous certaines conditions (§ 51 UrhG) : le contenu cité doit être clairement identifié, une analyse de fond doit avoir lieu et l’étendue de la citation doit être « dictée par l’objectif particulier ». Si l’une de ces conditions manque, une violation du droit d’auteur peut être commise même si la source est indiquée.

Quel rôle jouent les titulaires de droits et exploitants dans la poursuite des accusations de plagiat ?

La légitimation active pour invoquer un plagiat appartient en principe à l’auteur lui-même. Toutefois, les titulaires des droits (par exemple les éditeurs, sociétés de gestion collective) peuvent également faire valoir leurs propres droits en se fondant sur un droit d’utilisation qui leur a été accordé et agir en leur propre nom (§ 31 s. UrhG). Les institutions de gestion collective telles que la VG Wort sont aussi habilitées à poursuivre les actions en cessation et les demandes d’indemnisation au nom de leurs membres. En pratique, cela signifie que tant les auteurs que leurs licenciés ou ayants droit peuvent engager des démarches juridiques contre les plagiaires.

Quels sont les délais pour faire valoir des droits d’auteur en cas de plagiat ?

L’exercice des droits d’auteur est soumis au délai de prescription ordinaire de l’article 195 BGB, qui est de trois ans et commence à courir à la fin de l’année où le titulaire des droits a eu connaissance ou aurait dû avoir connaissance sans négligence grave de la violation et de l’identité de l’auteur de l’infraction (§ 199 BGB). En matière pénale, des délais plus courts s’appliquent généralement selon la nature de l’infraction. Une action tardive peut entraîner une perte de droits (prescription), bien que des délais plus longs soient possibles dans certains cas, notamment en présence d’infractions continues (délits permanents).

Quelles différences existent entre le plagiat scientifique, littéraire et artistique d’un point de vue juridique ?

Sur le plan juridique, la portée de la protection n’est pas déterminée par le genre de l’œuvre (scientifique, littéraire ou artistique) mais par le degré de création de chaque œuvre. Cependant, les méthodes de contrôle et la présentation de la preuve diffèrent dans la pratique : dans le domaine scientifique, l’accent est mis sur le droit d’auteur mais aussi sur le droit des examens et des universités, tandis que dans le domaine artistique, des adaptations plus subtiles (collages, sampling, etc.) relèvent souvent du droit de l’art. Le domaine littéraire prévoit en outre des exceptions spécifiques pour les parodies, pastiches et citations. Dans l’ensemble, les principes fondamentaux du droit d’auteur s’appliquent à toutes les catégories d’œuvres, mais leur interprétation varie selon le cas d’espèce.