Qualification juridique et définition des pays en développement
Le terme « pays en développement » désigne des États qui, par rapport aux pays industrialisés, présentent un niveau de développement économique, social et technologique inférieur. Dans les contextes juridiques et de droit international, le terme est souvent utilisé, mais il n’est ni défini de manière uniforme au niveau international ni codifié de façon contraignante. Cet article décrit avec précision les aspects juridiques, les définitions et les méthodes de classification ainsi que leur importance dans différents domaines du droit.
Fondements juridiques de la classification
Droit international et classification
La catégorisation juridique des pays en développement s’oriente principalement vers des instruments de soft law et des critères non contraignants au sens du droit international. Des organisations internationales majeures telles que les Nations Unies (ONU), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) utilisent différents systèmes d’évaluation pour la classification.
- Nations Unies (ONU) : L’ONU utilise divers indicateurs, notamment le revenu national brut (RNB) par habitant, l’indice de développement humain (IDH) et la vulnérabilité structurelle. Un groupe juridiquement pertinent dans le cadre des Nations Unies est celui des « pays les moins avancés » (PMA), pour lesquels une assistance spécifique est prévue conformément aux résolutions de l’ONU.
- Banque mondiale : Pour sa détermination juridique, la Banque mondiale classe principalement les pays selon le RNB par habitant en groupes de revenus. Cette répartition sert fréquemment de base aux programmes de politique de développement.
- Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : L’OCDE publie la liste dite du CAD (Comité d’aide au développement). Celle-ci sert de référence aux États et aux acteurs à but non lucratif pour l’attribution des prestations de développement.
Législation nationale et actes juridiques bilatéraux
Dans les ordres juridiques nationaux, le terme pays en développement revêt une importance particulière dans le cadre du droit du commerce extérieur, de la promotion des exportations et de la fiscalité. Divers États adoptent pour leur réglementation interne leurs propres classifications de pays ou s’inspirent de modèles internationaux.
Exemples de domaines réglementaires :
- Avantages fiscaux dans le cadre de l’aide au développement
- Réglementations en droit du commerce extérieur pour la promotion des exportations
- Passation de marchés publics assortie de conditions d’aide pour les coopérations avec des pays en développement
Importance des pays en développement en droit international
Traitement spécial et systèmes préférentiels
Dans le contexte du droit commercial international, les pays en développement bénéficient d’un statut spécial reconnu en droit international. L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), notamment dans ses articles XXXVI à XXXVIII, ainsi que l’Accord de l’OMC, prévoient différentes mesures spéciales pour soutenir les pays en développement. Elles incluent notamment :
- Système généralisé de préférences (Generalized System of Preferences, GSP) : Les pays industrialisés accordent aux pays en développement des avantages tarifaires pour les exportations de produits.
- Traitement spécial et différencié (Special and Differential Treatment, S&D) : Permet des délais de mise en œuvre plus longs des prescriptions de l’OMC et un soutien supplémentaire pour la mise en œuvre de mesures liées au commerce.
Mécanismes de protection et soutien
Les Nations Unies ainsi que l’Union européenne prévoient des mécanismes spécifiques et des programmes financiers pour soutenir les pays en développement (par exemple, fonds de développement, transferts de technologie, annulations de dettes).
Pays en développement dans le droit de l’Union européenne
Cadre juridique
En droit de l’UE, la coopération avec les pays en développement est régie en particulier par les articles 208 et suivants du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). L’objectif est le développement durable et l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale. Les points suivants sont concrètement mis en avant :
- Coopération et aide au développement
- Préférences commerciales
- Mesures d’appui au développement des capacités institutionnelles
Droit commercial et douanier
Selon les règlements de l’UE, il existe des régimes préférentiels spécifiques pour les pays en développement qui prévoient des facilités tarifaires, commerciales et d’origine, par exemple sous forme du Règlement général sur les préférences tarifaires (règlement GSP).
Portée en droit international des traités
Accords et traités internationaux
Le statut de pays en développement est souvent explicitement fixé dans des traités bilatéraux ou multilatéraux et entraîne des obligations ou des droits modifiés (par exemple dans les accords multilatéraux sur l’environnement ou dans le domaine du droit des brevets/Accord sur les ADPIC). Les pays en développement peuvent dès lors bénéficier de règles d’exception spécifiques ou d’un soutien particulier.
Critiques et défis juridiques
Dynamique et terminologie
Le terme pays en développement n’est ni toujours juridiquement univoque ni statique. Les évolutions du statut économique ou sociétal ont un impact sur le traitement juridique. Plusieurs États rejettent la catégorisation comme pays en développement pour des raisons politiques ou éthiques et préfèrent des termes alternatifs comme « Sud global » ou « pays à revenu faible ou intermédiaire ».
Problème de flou juridique
En l’absence de définition internationale contraignante, la catégorisation peut varier selon le domaine juridique. Cela complique l’application harmonisée en pratique internationale et peut générer des conflits en lien avec les privilèges ou obligations.
Résumé
La qualification juridique des pays en développement constitue un domaine complexe qui englobe des sources et systèmes de droit international, supranational et national. Les différenciations et classifications juridiques dépendent essentiellement de facteurs économiques, sociaux et institutionnels et se concrétisent dans de nombreuses mesures spéciales et mécanismes d’aide. En l’absence de définitions contraignantes en droit international, des adaptations et différenciations continues sont nécessaires afin de garantir la légalité et l’efficacité des mesures de soutien et de protection.
Questions fréquentes
Quels accords internationaux régissent les relations juridiques des pays en développement dans les domaines du commerce et de l’investissement ?
Les relations juridiques des pays en développement dans les domaines du commerce et de l’investissement sont régies par une multitude d’accords internationaux. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) joue un rôle central à travers ses accords, notamment l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) ainsi que l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (TRIPS). Les pays en développement bénéficient souvent, au sein de l’OMC, de mesures spéciales et préférentielles (« Special and Differential Treatment », SDT), qui leur accordent par exemple des délais de transition prolongés ou des obligations moins strictes lors de l’ouverture des marchés. Dans le domaine des investissements internationaux, il n’existe pas d’instrument global uniforme, mais de nombreux pays en développement concluent des accords bilatéraux de protection des investissements (API) ou des traités multilatéraux comme la Convention du CIRDI (Règlement des différends relatifs aux investissements entre États et ressortissants d’autres États). A cela s’ajoutent des accords régionaux, tels l’Accord de Cotonou entre l’Union européenne et des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), qui régit des cadres non seulement économiques mais aussi juridiques.
Dans quelle mesure les pays en développement sont-ils tenus juridiquement de respecter les normes internationales des droits de l’homme ?
Les pays en développement sont en principe liés par les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, dans la mesure où ils les ont ratifiés. Parmi les conventions les plus importantes figurent le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). Dans le cadre de ces instruments, il appartient aux États de protéger, respecter et garantir les droits fondamentaux de l’homme. Néanmoins, la mise en œuvre de ces droits se heurte souvent, dans les pays en développement, à des difficultés financières, infrastructurelles ou administratives. Le droit international prévoit à cet égard certains aménagements, notamment la possibilité de réaliser progressivement les droits « en fonction des ressources disponibles ». De plus, il existe des protocoles facultatifs permettant d’introduire une plainte individuelle – ceci toutefois uniquement si le pays a ratifié les protocoles additionnels correspondants.
Quelles obligations juridiques incombent aux pays en développement dans le domaine de la protection de l’environnement et du développement durable ?
Les pays en développement sont légalement tenus de promouvoir la protection de l’environnement et le développement durable à travers divers accords multilateraux sur l’environnement. Parmi les exemples importants figurent la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’Accord de Paris. Ces instruments reconnaissent souvent expressément la situation particulière et les ressources économiques limitées des pays en développement et prévoient des obligations différenciées. Par exemple, l’Accord de Paris requiert des efforts de réduction des émissions de la part des pays en développement mais leur accorde un soutien financier et technique de la part des pays industrialisés. Les principes de « responsabilités communes mais différenciées » et de « capacités respectives » sont fermement ancrés en droit international et permettent une application sur mesure des obligations environnementales.
Comment les droits des peuples autochtones dans les pays en développement sont-ils protégés par le droit international ?
Des accords internationaux tels que la Convention n° 169 de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) obligent les pays en développement à protéger spécifiquement les droits des communautés autochtones. Cela inclut le droit à l’autodétermination culturelle, aux terres traditionnelles, à la participation à l’exploitation des ressources naturelles ainsi que l’accès à la justice. Le droit international coutumier reconnaît de plus en plus ces droits, tandis que certains États sont tenus, par la ratification des conventions susmentionnées, de prendre des mesures législatives et de protection internes concrètes. En pratique, l’application laisse souvent à désirer, mais des mécanismes de suivi et de rapports internationaux permettent de traiter ces déficits.
Quels mécanismes existent pour le règlement des différends internationaux impliquant des pays en développement ?
Les pays en développement peuvent avoir recours à divers mécanismes pour régler les différends internationaux. Dans le cadre de l’OMC, la procédure de règlement des différends centrée sur les États est en particulier disponible ; en cas de litiges en matière d’investissement, il s’agit fréquemment de l’arbitrage CIRDI ou d’autres tribunaux d’arbitrage internationaux tels que la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI). En cas de violations des droits de l’homme, divers organes conventionnels prévoient des procédures de plainte individuelle ou interétatique, par exemple auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU ou devant des juridictions régionales comme la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Le recours à ces instances est toutefois souvent subordonné à la ratification des protocoles additionnels correspondants ou à la reconnaissance explicite de la compétence des tribunaux concernés.
Quel rôle jouent la coopération et l’aide au développement dans le contexte du droit international ?
La coopération et l’aide au développement ne sont pas strictement obligatoires en droit international, mais elles sont fortement encouragées par des cadres tels que l’Agenda 2030 pour le développement durable et les Objectifs de développement durable (ODD) qui en découlent. De nombreux accords multilatéraux ou bilatéraux prévoient des obligations de soutien, notamment par des transferts de technologie, le renforcement des capacités et l’allègement de la dette. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a élaboré à cet effet des standards tels que l’aide publique au développement (APD). Toutefois, le montant et la conception concrets de l’aide au développement relèvent en grande partie de la volonté politique des pays donateurs, si bien que les pays en développement ne disposent que d’un droit limité à obtenir un soutien.
Dans quelle mesure les pays en développement sont-ils soumis aux règles internationales économiques et monétaires ?
Les pays en développement sont, comme tous les États membres, soumis aux statuts et directives des institutions économiques et financières mondiales, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, à condition d’en être membres. Ces organisations définissent des normes en matière de transparence, de discipline budgétaire, de stabilité monétaire et de viabilité de la dette, et conditionnent souvent l’octroi d’une aide financière au respect de certaines exigences (« conditionnalité »). Les normes internationales des paiements et les réglementations, notamment par le biais du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent du Financial Action Task Force (FATF), sont de plus en plus appliquées aussi dans les pays en développement. L’application juridique passe par l’engagement contractuel des États membres ; les violations peuvent entraîner des sanctions ou une suspension de la coopération.