Obligation de poursuite
Définition et explication du terme
Le terme Obligation de poursuite désigne un principe juridique du droit allemand de la procédure pénale, selon lequel les autorités de poursuite pénale – en particulier le ministère public – sont tenues, en présence d’un soupçon initial d’infraction, d’ouvrir une procédure d’enquête et d’élucider les faits. L’obligation de poursuite se distingue du principe d’opportunité qui, par exemple, s’applique dans le droit des infractions administratives. Cette obligation trouve notamment son fondement en Allemagne à l’article 152, alinéa 2 du Code de procédure pénale (StPO).
Fondements légaux
Réglementations de la procédure pénale
L’obligation de poursuite est avant tout régie par le Code de procédure pénale (StPO). Selon l’article 152, alinéa 2 StPO, le ministère public doit intervenir dès l’existence d’indices factuels suffisants d’une infraction poursuivable. Il en résulte une obligation d’agir pour les autorités de poursuite pénale, à la différence d’un simple pouvoir d’appréciation (principe d’opportunité).
Distinction avec le principe de légalité
L’obligation de poursuite est étroitement liée au principe de légalité qui exige que des enquêtes pénales soient obligatoirement engagées, tandis que le principe d’opportunité accorde aux autorités de poursuite une marge d’appréciation. L’obligation de poursuite concrétise le principe de légalité et exclut en principe toute considération étrangère à l’objet lors des poursuites pénales.
Champ d’application et importance
Lien des autorités de poursuite pénale
L’obligation de poursuite impose notamment au ministère public d’effectuer toutes les investigations nécessaires à l’élucidation des faits en cas de soupçon initial, et le cas échéant d’engager des poursuites publiques. La police est également soumise à l’obligation de poursuite dans le cadre des poursuites pénales (§ 163, al. 1 StPO).
Exceptions à l’obligation de poursuite
Le droit allemand de la procédure pénale prévoit exceptionnellement des dérogations à l’obligation de poursuite. Celles-ci concernent notamment les classements sans suite selon les §§ 153 et suivants StPO ainsi que les plaintes pénales pour les infractions soumises à plainte absolue. Dans de tels cas, le principe d’opportunité s’applique partiellement à la place de l’obligation de poursuite. Les motifs de classement sont par exemple la faible gravité (§ 153 StPO) ou la réparation (§ 153a StPO).
Effets de l’obligation de poursuite
Fonction de l’État de droit
L’obligation de poursuite vise à garantir une intervention étatique égale et juste en cas de violation du droit. Elle protège le principe d’égalité devant la loi (art. 3 GG) en prévenant l’arbitraire et la poursuite pénale sélective. Elle constitue ainsi un pilier important de la sécurité juridique et du respect de la loi.
Conséquences pratiques
Pour les personnes concernées, l’obligation de poursuite garantit une réaction fiable des autorités de poursuite en cas d’infraction. Pour les autorités, cela signifie qu’elles ne peuvent s’abstenir d’enquêter ou classer des procédures à leur discrétion dès lors qu’un soupçon initial existe, sauf cas d’exception prévu par la loi.
Distinction avec des notions apparentées
Différence avec le principe d’opportunité
Le principe d’opportunité s’applique en Allemagne aux procédures pour infractions administratives (§ 47 OWiG) et partiellement en droit pénal des mineurs. Il permet, sous certaines conditions, de renoncer à la poursuite. L’obligation de poursuite exclut cette possibilité en règle générale et oblige les autorités à enquêter et, le cas échéant, à prendre des mesures procédurales pénales.
Lien avec d’autres branches du droit
En droit civil et administratif, il n’existe pas d’obligation de poursuite au sens du droit de la procédure pénale. Dans ces domaines, les parties sont en principe responsables de la défense de leurs propres droits.
Critique et débats
Surcharge des autorités de poursuite pénale
Dans la pratique, l’obligation de poursuite fait parfois l’objet de critiques car elle entraîne une charge de travail élevée pour la police et le ministère public. Même en cas d’infractions mineures ou de culpabilité légère, il existe en principe une obligation de poursuite, ce qui mobilise des ressources. Les possibilités de classement prévues par la loi servent donc d’équilibre pragmatique.
Évolution de la jurisprudence
Les tribunaux ont précisé les principes relatifs à l’obligation de poursuite. Notamment concernant le soupçon initial, il a été jugé que de simples indications vagues peuvent suffire à déclencher l’obligation d’enquêter, à condition qu’elles ne paraissent pas d’emblée exclues. Parallèlement, l’étendue des enquêtes est limitée par les principes de proportionnalité et d’efficacité.
Comparaisons internationales
Au niveau international, le principe d’obligation de poursuite est principalement caractéristique des systèmes juridiques d’Europe continentale. Dans de nombreux États de Common Law, la poursuite pénale relève en grande partie d’un pouvoir discrétionnaire (Prosecutorial Discretion), tandis que l’obligation de poursuite impose un devoir impératif d’enquêter et de poursuivre.
Littérature et informations complémentaires
- Code de procédure pénale (StPO), notamment § 152 alinéa 2 StPO
- Maus, Michael : « Das Legalitätsprinzip in der Strafverfolgung », 2019
- Roxin, Claus : « Strafverfahrensrecht », 30e édition, 2022
- Schmidt, Eberhard : « Strafprozess », Kommentar, 21e édition, 2023
Voir également :
- principe de légalité
- Principe d’opportunité
- Soupçon initial
- Classement de la procédure
Le terme Obligation de poursuite constitue ainsi un élément central du droit allemand de la procédure pénale, qui fixe les obligations des autorités de poursuite et protège ainsi tant les droits individuels que l’intérêt général.
Questions fréquemment posées
Quand le ministère public est-il soumis à l’obligation de poursuite dite « Verfolgungszwang » ?
L’obligation de poursuite, également appelée principe de légalité, impose au ministère public d’ouvrir une procédure d’enquête et de poursuivre une infraction dès qu’un soupçon initial existe (§ 152 al. 2 StPO). Ceci s’applique indépendamment de toute appréciation ou opportunité et constitue ainsi une différence majeure avec le principe d’opportunité, qui s’applique notamment en matière d’infractions administratives. Dès que le ministère public a connaissance d’éléments de fait suffisants d’une infraction poursuivable, il doit agir d’office. Il existe toutefois des exceptions, par exemple en matière de délits relevant de la plainte privée ou lorsque des autorisations de poursuite ou des plaintes pénales sont nécessaires.
Existe-t-il des exceptions à l’obligation de poursuite en droit allemand de la procédure pénale ?
Oui, le droit allemand de la procédure pénale connaît des exceptions à l’obligation de poursuite. En particulier, il est possible de renoncer aux poursuites pour des infractions mineures selon l’art. 153 StPO, lorsqu’il n’existe aucun intérêt public à la poursuite. D’autres cas d’exception concernent les infractions relevant de la plainte privée (§ 374 StPO), pour lesquelles le ministère public n’a à engager les poursuites que dans certaines conditions. De même, pour les infractions nécessitant une plainte pénale, une autorisation ou une autorisation de poursuite, les autorités d’enquête ne sont tenues d’agir que si ces conditions spécifiques sont remplies.
Quelles sont les conséquences d’un manquement à l’obligation de poursuite ?
Un manquement à l’obligation de poursuite peut entraîner la violation du principe de légalité de la poursuite pénale, ce qui peut avoir d’importantes conséquences juridiques. Les personnes concernées peuvent demander un contrôle judiciaire par le biais de la procédure d’action forcée conformément à l’art. 172 StPO si le ministère public ne poursuit pas suffisamment le soupçon initial. Les procureurs responsables peuvent s’exposer à des mesures disciplinaires s’ils manquent délibérément à leurs obligations légales.
Dans quelle mesure le principe d’opportunité limite-t-il l’obligation de poursuite en procédure pénale ?
Le principe d’opportunité s’applique en droit de la procédure pénale à titre subsidiaire au principe de légalité et permet au ministère public, dans certains cas, de ne pas engager de poursuites malgré l’existence d’un soupçon initial. Ceci est possible, par exemple, pour les infractions mineures selon les §§ 153, 153a StPO. Toutefois, l’application du principe d’opportunité suppose généralement une faible gravité de l’infraction ainsi que l’absence d’intérêt public à la poursuite. En cas d’infractions graves, l’obligation de poursuite continue de s’appliquer et le principe d’opportunité ne s’applique pas.
Comment l’obligation de poursuite se rapporte-t-elle aux décisions de classement selon l’art. 170 al. 2 StPO ?
L’obligation de poursuite impose au ministère public d’ouvrir une enquête dès qu’un soupçon initial existe. Toutefois, si le ministère public constate au cours des investigations qu’il n’existe pas de soupçon suffisant, il peut classer la procédure conformément à l’art. 170 al. 2 StPO. Dans ces cas, il ne s’agit pas d’une violation de l’obligation de poursuite, car cette dernière impose uniquement d’enquêter en cas de soupçon initial, et non d’engager des poursuites dans tous les cas.
Quelle est la signification de l’obligation de poursuite dans la coopération judiciaire internationale ?
Dans le domaine de l’entraide internationale en matière pénale, le principe de la double incrimination ainsi que le respect du principe de légalité par l’autorité requise s’appliquent en principe. Si une demande provenant d’un autre État est présentée et que les faits sont également punissables selon le droit allemand, le ministère public allemand est lié par le principe de légalité et doit engager ou soutenir les investigations, sauf motifs d’exclusion tels que des infractions politiques ou des obstacles à la procédure.
Les autorités de police ont-elles les mêmes obligations en matière d’obligation de poursuite que le ministère public ?
Oui, les autorités de police sont elles aussi soumises en principe au principe de légalité dans le cadre de la poursuite pénale et sont tenues, dès qu’elles disposent d’indices factuels suffisants de la commission d’une infraction, d’ouvrir une enquête et d’en informer le ministère public (§ 163 StPO). Toutefois, elles agissent ici en tant qu’agents d’enquête du ministère public et ne prennent pas de décisions propres concernant la poursuite des infractions, mais assistent les enquêtes menées par le ministère public. Il n’existe donc pas de principe d’opportunité propre à la police.