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Mutilation

Notion et définition de la mutilation

La notion de mutilation désigne l’infliction intentionnelle ou par négligence d’une atteinte permanente et grave à l’intégrité corporelle d’une personne ou, plus rarement, d’un animal. D’un point de vue juridique, la mutilation consiste en l’ablation, la destruction ou l’endommagement grave d’une partie du corps ou d’un organe aboutissant à une perte irréversible de fonction. Cet acte peut jouer un rôle majeur tant en droit pénal que dans un contexte civil.

Distinction par rapport à d’autres formes de lésions corporelles

La mutilation se distingue des autres types de lésions corporelles, notamment par la gravité particulière et la permanence du dommage causé. Tandis qu’une simple lésion corporelle au sens de l’article 223 du StGB peut concerner toute atteinte à l’intégrité physique, on parle particulièrement de mutilation lorsqu’il en résulte une perte durable et grave de fonctions.

La mutilation en droit pénal allemand

Code pénal (StGB), § 226 – Lésion corporelle aggravée

En droit pénal allemand, l’infraction de la mutilation est notamment régie par le § 226 StGB (« Lésion corporelle grave »). Est donc pénalement répréhensible quiconque prive durablement une autre personne d’un sens ou d’une partie du corps essentielle, ou en altère de manière significative la capacité fonctionnelle. Figurent parmi les exemples cités la perte de l’ouïe, de la vue, de la parole, de la capacité de procréation, ainsi que la mutilation ou la mise hors d’usage définitive d’une partie corporelle importante.

Éléments constitutifs de l’infraction

Pour une qualification au sens du § 226 StGB, les critères suivants doivent être remplis :

  • L’auteur doit avoir agi intentionnellement (dans les cas particulièrement graves, un dol éventuel peut suffire).
  • La victime perd une partie ou un sens corporel important, ou sa capacité d’utilisation.
  • L’état résultant est permanent et irréversible.

Peine encourue et conséquences juridiques

La peine pour lésion corporelle grave selon le § 226 StGB est nettement supérieure à celle prévue pour la lésion corporelle simple et prévoit une peine d’emprisonnement d’au moins trois ans. Dans certaines circonstances, la peine peut aller jusqu’à dix ans. La sévérité de la sanction reflète la gravité de l’atteinte portée à la victime.

Tentative et négligence

La tentative de mutilation est punissable conformément au § 226, alinéa 2 StGB. Les mutilations commises par négligence ne relèvent en principe pas du § 226 StGB, mais peuvent constituer une lésion corporelle par négligence au sens du § 229 StGB.

La mutilation en droit international

La mutilation est envisagée en droit international, en particulier dans le cadre de la prévention de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants. De nombreux traités internationaux, tels que la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et la Convention contre la torture (CAT), interdisent la pratique des mutilations.

Mutilation génitale féminine (Female Genital Mutilation – FGM)

Au niveau international, la question de la mutilation est fréquemment liée à la mutilation génitale féminine, reconnue comme une infraction spécifique par l’Organisation des Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé, qui la définissent et la condamnent de manière exhaustive. Dans de nombreux pays, la FGM fait l’objet de dispositions pénales précises assorties de sanctions lourdes.

Droit des conflits armés et droits de l’homme

Dans le cadre du droit international humanitaire, les mutilations constituent des crimes de guerre au regard des Conventions de Genève et du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Elles sont poursuivies à l’échelle internationale et peuvent entraîner la responsabilité pénale individuelle des auteurs.

Mutilation en droit civil

Droit à réparation et indemnisation pour préjudice corporel

En droit civil, la mutilation constitue une atteinte grave au droit de la personnalité et à l’intégrité physique. Selon le § 823 BGB, la victime a droit à réparation et à des dommages-intérêts pour souffrance morale. À cet égard, les conséquences durables de la mutilation ainsi que son impact sur la vie quotidienne de la personne concernée sont particulièrement prises en compte.

Action en constatation et droit à pension

Outre les demandes directes d’indemnisation et de dommages-intérêts, une mutilation peut ouvrir des droits à la constatation de futurs dommages matériels et immatériels, ou au paiement d’une pension d’incapacité ou d’invalidité professionnelle, dans la mesure où l’auteur du dommage doit y répondre.

Mutilation en droit public

Responsabilité de l’État et responsabilité administrative

Des mutilations résultant d’actes d’autorité étatique peuvent donner lieu à d’importantes actions en responsabilité administrative selon § 839 BGB en liaison avec l’article 34 GG. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une mutilation résulte illégalement d’une mesure médicale obligatoire, d’une intervention policière ou de l’administration pénitentiaire.

Droits des personnes en situation de handicap

Des mutilations permanentes peuvent entraîner la reconnaissance d’un handicap grave au sens de l’article 2 SGB IX, ouvrant alors droit à des compensations et à des protections particulières.

Mutilation animale et droit de la protection animale

Le concept de mutilation est également employé en droit de la protection animale. Selon le § 6 de la loi sur la protection animale, l’ablation ou l’endommagement permanent de parties ou organes d’un vertébré est en principe interdit, sauf exception prévue au § 6 alinéa 1 (p. ex. indication médicale).

Résumé

La mutilation est une notion juridique d’une grande portée, qui prend une importance centrale en droit pénal, civil, public, mais aussi en droit international et en droit de la protection animale. Sont protégés, outre l’intégrité physique, la capacité fonctionnelle durable des parties corporelles ou sens affectés. La menace de sanction en cas de mutilation est élevée et reflète la protection juridique de l’intégrité corporelle. En droit civil et social, les victimes disposent de larges droits à indemnisation, réparation du préjudice moral et à des mesures protectrices spécifiques. L’évaluation juridique de la mutilation est essentielle pour la sauvegarde de la dignité humaine, de l’intégrité corporelle et de la santé – tant au niveau national qu’international.

Questions fréquemment posées

La mutilation d’une personne est-elle punissable en Allemagne ?

Oui, en Allemagne, la mutilation d’une personne est en principe punissable au regard du Code pénal (StGB). Les principaux éléments constitutifs se trouvent notamment dans les infractions de blessures corporelles aux §§ 223 et suivants StGB. Plus spécifiquement, la « lésion corporelle grave » (§ 226 StGB) vise expressément la mutilation ou l’atteinte grave à des parties du corps ou à des organes. Cette disposition sanctionne notamment quiconque blesse intentionnellement ou par négligence une autre personne au point de la défigurer durablement ou de lui faire perdre un membre essentiel. Selon les circonstances, d’autres qualifications peuvent être retenues, telles que l’atteinte au droit à l’intégrité physique (art. 2, al. 2 GG), l’homicide ou les blessures corporelles dangereuses. La « mutilation génitale » est, selon § 226a StGB, particulièrement sévèrement punie, car passible de peines d’emprisonnement élevées.

Quelles peines risquent les auteurs de mutilations avérées ?

La gravité de la sanction dépend de l’infraction retenue. Pour la lésion corporelle grave (§ 226 StGB), la loi prévoit une peine minimale de trois ans d’emprisonnement. En cas de circonstances aggravantes, notamment si la victime est un enfant ou en cas de cruauté particulière, la peine peut être plus lourde encore. Concernant la mutilation génitale féminine visée au § 226a StGB, la peine minimale est également d’un an et peut aller jusqu’à 15 ans dans les cas les plus graves. Il peut en outre être prononcé une peine pécuniaire supplémentaire ainsi que la perte de certains droits (par exemple, l’exercice d’une profession déterminée).

Des tentatives ou une complicité de mutilation peuvent-elles être sanctionnées ?

Oui, selon le droit allemand, non seulement l’acte accompli mais aussi la tentative de mutilation est punissable (§ 23 StGB). De même, les personnes qui participent à une mutilation, l’encouragent ou y incitent, peuvent être poursuivies et punies sur le fondement de la coaction (§ 25 StGB) ou de la complicité (§ 27 StGB). Cela concerne également la fourniture d’outils, l’organisation de l’acte ou la persuasion de la victime.

Existe-t-il des dispositions spécifiques pour la protection des enfants contre la mutilation ?

Oui, le droit allemand accorde une protection renforcée aux mineurs. Selon § 226a StGB, la mutilation des organes génitaux féminins est expressément tenue pour infraction pénale, quel que soit l’âge de la victime. Lorsque la victime est un enfant ou une adolescente, l’infraction est habituellement qualifiée de cas particulièrement grave, entraînant un durcissement de la peine. Des réglementations spéciales du droit de la protection de l’enfance et de l’aide à la jeunesse organisent en outre les obligations de prévention et d’intervention des autorités (§ 8a SGB VIII).

Les mutilations réalisées à l’étranger peuvent-elles être poursuivies en Allemagne ?

En principe, oui. Selon § 5 n° 9 StGB, une mutilation commise à l’étranger est punissable si la victime a sa résidence habituelle en Allemagne ou est de nationalité allemande. Ainsi, l’auteur ne peut échapper à des poursuites pénales en déplaçant la commission des faits à l’étranger, dès lors que des poursuites sont possibles en Allemagne. Il s’agit là de la protection des personnes issues de l’immigration et de la prévention des « voyages de mutilation ».

Les victimes de mutilations ont-elles droit à indemnisation ?

Les victimes de mutilations ont, selon la loi sur l’indemnisation des victimes (OEG), droit à une indemnisation par l’État. Ces prestations couvrent un soutien médical et psycho-social. Il est en outre possible de déposer une demande d’adhésion au procès pénal (§ 403 et suivants StPO), ainsi que de faire valoir des prétentions civiles en réparation et indemnisation auprès de l’auteur. Les modalités concrètes et le montant des droits varient selon le cas et l’étendue des blessures.

Quel rôle joue le consentement de la victime dans la responsabilité pénale de la mutilation ?

Le consentement pénalement valable suppose que la victime soit pleinement capable de contracter et informée de toutes les conséquences de l’acte. Pour les interventions graves et irréversibles, telles que la mutilation, on considère généralement que ce consentement est contraire aux bonnes mœurs et donc juridiquement nul (§ 228 StGB). S’agissant des enfants et des adolescents, le consentement est en principe exclu, car ils ne sont pas en mesure d’appréhender pleinement la portée et les conséquences d’une mutilation. La responsabilité pénale demeure donc en tout état de cause.